Ça baigne. Les dividendes distribués dans le monde ont augmenté de 30 % en sept ans
Du haut de ses 200 ans, Marx n’en reviendrait pas ! Le rapport d’Oxfam publié le 14 mai consacré notamment aux entreprises françaises du CAC40 dépasse l’entendement marxien. Non pas sur la réalité du capitalisme, certes, mais sur son outrecuidante santé.
[dropcap]Ce[/dropcap] rapport prend en compte les 1 200 plus importantes entreprises mondiales en termes de capitalisation boursière. Il y apparaît que la masse globale des dividendes distribués dans le monde en 2017 a augmenté de 30 % en 7 ans.
Comme on s’y attend, ce sont les États-Unis qui mènent cette danse indécente. Les entreprises américaines distribuent à elles seules plus du tiers des dividendes mondiaux, près de 40 %, contre 27,3 % en 2011. En 2017, les entreprises américaines et canadiennes ont ainsi distribué 475 milliards de dollars de dividendes, devant les européennes (323 milliards). En seconde position, le Royaume-Uni est le pays européen qui en distribue le plus (95,7 milliards). Suivent le Japon (70), l’Australie (53,3) et la France : 52,1.
Extraits du rapport : « En 2017, 82 % des richesses créées dans le monde ont bénéficié aux 1 % les plus riches, alors que les 50 % les plus pauvres n’en ont reçu que des miettes. La France n’échappe pas à cette tendance : les 10 % les plus riches détiennent plus de la moitié des richesses nationales quand les 50 % les plus pauvres ne se partagent que 5 % du gâteau.
« Cette répartition inégale des richesses s’organise d'abord là où elles se créent : au sein des entreprises. Les entreprises du CAC 40, un des principaux indices boursiers au monde, viennent d’annoncer un bénéfice record pour l’année 2017 de plus de 93 milliards d’euros et pèsent aujourd’hui plus de 1 300 milliards d’euros de chiffre d’affaires, soit plus de la moitié du PIB de la France.
« Un tel niveau de bénéfices ne pourrait être atteint sans les salariés qui sont au coeur de la création de valeur ni sans les contribuables qui – par l’impôt - financent des infrastructures et des services publics de qualité (la santé, l’éducation, la recherche…), conditions de développement très recherchées par les grandes entreprises. Ce rapport démontre une tendance lourde : les choix économiques des entreprises du CAC 40 nourrissent une véritable spirale des inégalités. Afin de maximiser leurs bénéfices et la rémunération de leurs actionnaires, les entreprises exercent une pression à la baisse sur les salaires au sein de leurs groupes et dans leurs chaînes d’approvisionnement et multiplient les techniques pour échapper à l’impôt, y compris en utilisant les paradis fiscaux pour des montages d’évasion fiscale. Résultat : les richesses n’ont jamais été aussi mal partagées entre les différentes parties prenantes des entreprises du CAC 40, les actionnaires et PDG d’un côté, et les salariés de l’autre côté. »
Alors que le gouvernement de Macron vient de faire cadeau de millions d'euros aux plus riches en supprimant l'impôt sur la fortune, il réfléchit à « demander » aux citoyens qui sont déjà en grande précarité économique de travailler une deuxième journée gratuitement afin de financer l'autonomie des personnes âgées et des handicapés.
• Le rapport d’Oxfam (84 pages) est disponible ici.
« Un tel niveau de bénéfices ne pourrait être atteint sans les salariés… » que tu notes, cher Ponthieu. Que les actionnaires se rassurent, bientôt les robots feront le boulot et les syndicats resteront sur le quai. Les syndicats mais surtout les pauvres diables qui mendiaient leur revenu pour des boulots de misère. Parce que le monde change, comme dit la pub…
Pauvre petite fille riche https://www.youtube.com/watch?v=8Yotobgj2mc
Un article essentiel, clair, net et précis. Les chiffres sont indiscutables et il nous faut les apprendre par cœur pour les ressortir à toute bonne occasion. Le problème est là, et bien là. La destruction de notre Planète en est la conséquence. Aucune société inégalitaire, surtout à ce point, ne peut être écologique.
Je viens d’envoyer le lien de cet article à tous mes correspondants réguliers.
Longue Vie à C’est pour dire.