Le Pétillon ne pétillera plus, par Faber
Temps de lecture ± 1 mn 20 – plus les dessins !
Le terme dessinateur est toujours un peu réducteur pour ce genre de Monsieur. Son trait bien gras servait de fines idées. Observateur pertinent de la politique intérieure ou faits de sociétés, journaliste, éditorialiste, son dessin au pinceau (semble-t-il), sans tralala et à l’économie, soutenait le bon mot. Ça tombait vite, juste, fort, intelligent, jamais vulgaire.
Car ce qu’on appelle le dessin de presse, se lit en quelques secondes. Il ne s’agit pas de peindre la Joconde ou écrire un roman. Pétillon, entré tardivement au Canard enchaîné en 1993, était certainement la meilleure recrue du journal, voire l’une des deux meilleures avec Lefred Thouron (dessinateur nancéen). Le reste de l’équipe fait pâle figure. Pétillon, comme Lefred Thouron, dessinent avant tout avec leur caboche, leur bide, leur âme. Le temps que d’autres aiguisent leur crayon ou décalquent la tronche de Macron, les deux artistes balancent leur truc. Bam !
Que retient le lecteur d’un dessin de presse ? Le nombre de hachures, l’avant plan, l’arrière-plan, le modelé ? Nein ! Le dessin qu’il retient c’est celui qu’il peut raconter devant la machine à café à un pote : alors le mec dit à l’autre… Et crac, boum, on se marre, on partage une idée, on est d’accord, on est en connivence, on parle le même langage.
Voilà ce dont était capable le Pétillon, de connivence. À 72 ans il rejoint quelques camarades dessinateurs, pas des moindres, flingués en 2015. On compte ceux qui restent.
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LE CHIEN DES BASKERVILLE de René Pétillon : Très drôle !
Un peu jeune, quand même, pour disparaître.
Le Canard est en deuil. Demain sans doute ses derniers dessins, en effet toujours pétillants.