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Tomi Ungerer. Il observait, il comprenait il dessinait, toujours juste

Par André Faber

Jean-Thomas Ungerer, dit Tomi Ungerer
né le 28 novembre 1931 à Strasbourg,
mort le 9 février 2019 à Cork en Irlande.
© Portrait de Faber. Cliquer pour agrandir.

[dropcap]L’artiste[/dropcap] Tomi Ungerer vient de refermer son carnet de crobars à 88 ans. Non, Tomi Ungerer n’était pas une tête de nœud (voir portait). Dessinateur, écrivain, poète, provocateur, il plantait sa plume là où ça chatouille, là où ça dérange. De ses albums illustrés pour enfants (Les Trois brigands, le plus connu) à ses dessins érotiques pour grands enfants, sa palette était vaste, son art un hymne à la liberté.

Trait académique ou lâché, fusain, plume, pinceau, tout était bon dans le Tomi. Quel talent ! Quelle maîtrise ! Quel rire dans le trait ! Impossible de manger des grenouilles sans penser à son Kamasoutra des batraciens.

Ses affiches humanistes, ses portraits monstrueux de la jet set américaine, ses prostituées des bordels de Hambourg, rien n’échappait à son crayon. Il observait, il comprenait, il dessinait, toujours juste.

Qu’on en fasse le premier Alsacien comme l’indique Rottner, président de la région Grand Est… Ouaf, ouaf. Tomi était un citoyen du monde, inclassable. Les Alsacos n’avaient pas su retenir ce cancre génial. Heureusement pour le reste du monde ! Car Tomi voyait nettement au-delà des drapeaux tricolores de l’oncle Hansi. Bon vent, l’artiste !

[dropcap]Dans[/dropcap] son livre-récit, Acadie, Tomi Ungerer raconte son séjour en Nouvelle Ecosse, à trois kilomètres d’un petit port de pêche du bout du monde. Sous forme d’un journal dans la lignée de Thoreau, et, plus près de nous, de Kerouac, il raconte ce « retour à la nature » avec toute la verve qui le caractérise. « L’Enfer est le paradis du Diable », écrit-il à propos de cette aventure où il lui a fallu vivre en quasi-autarcie, apprendre les métiers de fermier, d’éleveur, de boucher, de botaniste, de vétérinaire. Et le tout dans une région d’alcoolos, où les armes sont en vente libre, et où même la police ne se hasarde pas. On est bien loin de l’Acadie mythique. Celle de Tomi Ungerer est extrême, dangereuse, sauvage. [Le Cherche-Midi, 2002, trad. Edith Ochs] Ph. Claude Truong-Ngoc / Wikimedia Commons – cc-by-sa-3.0.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

2 réflexions sur “Tomi Ungerer. Il observait, il comprenait<span class="pt_splitter pt_splitter-1"> il dessinait, toujours juste</span>

  • Gérard Bérilley

    Encore une perte, une de plus. Reposez en Paix Tomi Ungerer, et merci.

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  • gaby@saint-sever.net

    Que de nos larmes naissent des sourires….

    Répondre

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