Pédophilie. Hypothèses sur le dérapage de Finkielkraut à la télé
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[…] L’association féministe intersectionnelle Les Effronté.es[ref]…qui a de sérieuses raisons d’en vouloir à Finkielkraut. Ndgp.[/ref] a rappelé, sur le même réseau, qu’en 2009 déjà M. Finkielkraut, également présentateur de l’émission « Répliques » sur France Culture, avait estimé que Samantha Geimer « n’était pas une petite fille, une fillette, une enfant » lorsqu’en 1977 Roman Polanski l’avait violée. La victime avait alors 13 ans. »
Dans mon livre sur Matzneff et la pédophilie[ref]Pédophilie. De la chute de Matzneff à une lecture sexo-politique de l’après-68 – dans les bonnes librairies et directement aux Éditions libertaires : https://editions-libertaires.org/?p=1740 [/ref], j’ai publié un chapitre intitulé « Finkielkraut “stimulé” par Tony Duvert ». Extraits :
En 1979, passant la vitesse supérieure, les mêmes auteurs citent à nouveau Duvert, estimant qu’il est « en tant que pédophile, l’héritier des grands mythes amoureux », victime de « l’ordre collectif ancienne manière [qui] ne renaît que pour faire la chasse aux amours pédérastiques. […] Regrettez-vous ces temps barbares et lointains où la foi faisait violence à l’amour? Désirez-vous connaître l’intensité des passions impossibles? Une seule solution: éprenez-vous d’un(e) enfant. » Pascal Bruckner, Alain Finkielkraut, Au coin de la rue, l’aventure, Seuil, 1979, p. 91. Pas étonnant dès lors que le philosophe-académicien-producteur- écrivain en vienne à prétendre à propos de l’affaire Matzneff, sur CNews ce 7 janvier 2020: « Il n’y a pas eu de viol puisqu’il y a eu consentement, mais il y a eu en effet détournement de mineur », se plaçant ainsi dans le continuum normal de la violence sexuelle envers les enfants et les femmes. Position qui fut déjà la sienne lorsqu’il a pris, lui aussi, la défense de Roman Polanski suite à son viol par sodomie d’une mineure, objectant que sa victime « n’était pas une enfant » car elle « posait pour Vogue » ! Loin de moi de vouloir porter ici le coup de pied de l’âne à un homme pour qui j’ai par ailleurs de la considération. Son émission hebdomadaire, Répliques, sur France Culture est des plus intéressantes par la qualité de son questionnement. Mais, là encore, le « talent » ne saurait tout excuser, sauf à le considérer comme un paravent. Nul n’est parfait, pas même l’auteur de ces lignes… Mais le droit à la faute, ne vaut pas droit à l’erreur. « Errare humanum est, perseverare diabolicum » Oui, persévérer est diabolique ! J’insiste, en revenant sur l’académicien, si souvent moraliste, et son « argument » en défense de Polanski. Sa victime, ose-t-il avancer « n’était pas une enfant » car elle « posait pour Vogue » ! Quelle hypocrisie! Ainsi, Vanessa Springora n’était pas davantage l’adolescente de 13-14 ans puisqu’elle dînait en compagnie d’un écrivain invité par sa mère… Et Eva Ionesco, dont la mère prenait des photos à caractère incestueux, qu’on qualifiait alors d’art ? Et Flavie Flament, adolescente violée par David Hamilton, le si talentueux photographe britannique ? »
Ceci peut expliquer cela.
GP
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Un bémol toutefois : Finkielkraut a bien le droit de s’exprimer, librement, même pour se fourvoyer dans une argumentation injustifiable. Pourquoi donc LCL s’est-elle cru tenue de le virer ? Le politiquement correct, là encore. Détestable tout autant.