Hommage

Pour saluer Jean-Claude Carrière. De la fragilité

Jean-Claude Carrière. Sa belle voix grave teintée du soleil méridional le destinait à devenir conteur – ce qu’il fut en effet, dans les variations les plus diverses – scénariste, dramaturge, adaptateur, écrivain et, à ces titres, grand questionneur de l’état du monde et des humains. Il vient de mourir à 89 ans, sans trop de peine, espérons-le. Ayant beaucoup donné pour le spectacle et, par contrecoup, pour les médias, les éloges n’ont pas manqué. Il se trouve que je lisais, ces derniers temps, son Fragilité, un livre de 2006 dans lequel il fait l’éloge de la vulnérabilité des humains et de l’inutilité « qui nous sauve ». Extrait :

« J’ai rencontré quelques grands ancêtres, Shakespeare et Dostoïevski, les auteurs inconnus du Mahâbhârata, Corneille, Chateaubriand, Balzac, Proust. Ils m’ont appris ce que je savais sans doute déjà : un personnage ne peut nous toucher que lorsque nous avons trouvé en lui ce que nous appelons vulnérabilité. Tout le théâtre, tout le cinéma, toute la littérature, toute forme d’expression repose sur la fragilité. Elle est notre source cachée, le moteur de toute émotion et de toute beauté. Acceptons-la. Revendiquons-la. Soyons frêles mais souples. Et calmes devant l’inconnu. Nous devons préserver notre fragilité comme nous devons sauver l’inutile. L’inutile, parce qu’il nous sauve du simple calcul productif, maître du monde. Il nous permet de nous en évader, il est notre issue de secours. La fragilité, parce qu’elle nous rapproche les uns des autres, alors que la force nous éloigne »

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

2 réflexions sur “Pour saluer Jean-Claude Carrière. De la fragilité

  • Sophie Chambon

    Lumineux cet extrait Gérard. Merci. Je me disais ce matin que l’hommage à CARRIERE était discret, à l’image du personnage, observateur pourtant malicieux et en prise avec son époque.

    Rien à voir mais au sujet de Chick Corea?

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  • Merci Sophie ! Nos amis de Citizen Jazz ne vont pas manquer de saluer Chick Corea, l’un des grands du piano. Je me souviens de plusieurs de ses concerts, dont l’un au festival de La Roque-d’Anthéron, je ne sais plus quand. Je me souviens aussi de ses « Children Songs » que ma fille a joués au conservatoire. Et je n’oublie pas non plus son engagement auprès de l’Eglise de Scientologie, ce qui est un autre genre de zizique…

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