Le « talibanisme », tempête géopolitique aux plus graves conséquences
En congé de blog, pour ne pas dire en retrait… En tout cas pour mener à bien le recueil d’une quinzaine d’années d’articles… Bref, « ils » auront aussi réussi à me faire sortir de ma tanière. « Ils », ces talibans[ref]Taliban veut dire « étudiant » ou « chercheur »… Comme au CNRS en somme…[/ref] victorieux, venus cueillir Kaboul, et le reste du pays, presque la fleur à la kalach’. Pays bientôt déserté de ses gêneurs d’Occident, pays re-conquis par et avec la grâce d’Allah. Pas plus qu’en Irak, en Libye, en Somalie – pour se limiter à la sphère mahométane – on n’implante la Démocratie, surtout avec sa majuscule sacralisante. Car ce Sacré, touchant à la transcendance, renvoie à la séculière venue d’ailleurs, et surtout des infidèles, mécréants, matérialistes – et obsédés de la femme satanique et du sexe – pas comme eux encagés dans le refoulement, portant leurs bites en bandoulière, éjaculant des mitrailles mortifères…
Kamel Daoud, ce Voltaire de l’islam, les a cernés depuis longtemps. Pas plus tard qu’en ce dernier numéro du Point dans lequel il interroge : « À terme, le projet d’une liberté en terre de barbarie politique finit en psychanalyse : la démocratie universelle est-elle, pour l’Occident, une projection positive au sens freudien ? « La réponse est dans la question. L’universel occidental ne vaut pas pour l’autre moitié du monde ; il n’est donc qu’un relativisme prétentieux, conquérant, impérialiste et colonisateur. Et encore, faut-il au préalable exclure de ce décompte la moitié première – je n’ose pas dire la « matière première», facteur de reproduction de la « race » islamiste, c’est-à-dire la Femme. Il ne reste donc pas grand-chose à considérer de cette vision du monde étriquée, amputée.
Ce talibanisme vainqueur change radicalement, en l’accélérant, l'espace géopolitique ; il pose, en quelque sorte, la première pierre du djihad comme conquête planétaire en ligne de mire. Il marque la prééminence du djihad « par l’épée » sur le djihad « par le cœur ». ll réduit le déjà infime espace entre islam et islamisme – il faudrait désormais écrire islam-isme, marquant ainsi l’idéologie ouvertement affichée. D’autant plus facilement que les musulmans, au-delà de leurs croyances intimes, sont peu enclins à faire entendre leur « différence ». Y en a-t-il réellement dans la mesure où le Coran demeure la pierre angulaire et noire (la Kaaba, le cube en sa géométrie intouchable) qui fixe symboliquement et définitivement le dogme coranique. Hors le Livre sacré, point de salut ! D’aucuns, très rares parmi les musulmans, prêchent avec prudence pour une sorte d'aggiornamento du dogme islamique, lui-même tiraillé entre chiites et sunites, sans parler des multiples sectes revendiquant l’héritage du Prophète.
Ce 15 août et l’entrée triomphale des talibans à Kaboul marquent aussi, en la soulignant avec force, une défaite criante de l’empire états-unien. À l’approche du vingtième anniversaire des attentats du 11 Septembre à New York et à Washington, les talibans signent une revanche posthume de Ben Laden, qui avait pour objectif de « détruire le mythe de l’invincibilité américaine », selon ses écrits retrouvés au Pakistan. Le «leadership » américain s’en trouve sérieusement écorné, de même que Joe Biden, si peu déterminé et réactif sur ces événements. Dans sa course à la domination mondiale via sa «route de la soie » et sa quête effrénée des matières premières, la Chine aura pris les devants : dès le 28 juillet, à Tianjin, en Chine, Wang Yi, ministre des Affaires étrangères chinois, rencontrait Abdul Ghani Baradar, cofondateur du mouvement des talibans… Convergence des dictatures. > Photo.
Autre conséquence, et non des moindres : le bouleversement prévisible des flux migratoires vers l’Europe et ses interférences dans les champs politiques en désarroi, englués qu’ils sont dans leurs oppositions idéologiques, destructrices des notions d’identité(s) désormais fractionnées en communautés et en replis individuels. Un qui n’aura pas non plus tardé à se réjouir, c’est Idriss Sihamedi, le fondateur de BarakaCity, une association proche des Frères musulmans, dissoute en novembre 2020. « Qu’Allah descende sur le peuple Afghan les plus belles richesses, les plus beaux hôpitaux, plus belles écoles et le plus bel avenir que le pays n’a jamais pu rêver. Amin ya Rabb ! » (Amen en arabe), a-t-il posté dimanche 15 août sur son compte Twitter. Et il se trouve des faux-naïfs, ou des imbéciles, pour accuser Macron d’« extrême-droitiser » ses propos sur les risques, bien réels, liés à cette nouvelle donne ! Comme si les précédents dus aux conflits libyen et syrien n’avaient pas servi de leçon…
Certes, en parler ici ne changera sûrement rien à la face du monde. Quand bien même ma modeste audience se limiterait… à moi-même. Au moins me serais-je mis au clair, ou aurais-je tenté, de m’y retrouver un tant soit peu dans ma troublée vision de notre monde en désarroi.
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Et aussi cette histoire belge, pas bien drôle : C’en est fini des « Journées du patrimoine » à Bruxelles. En effet, le terme « patrimoine » (qui renvoie à l’héritage transmis par le père), étant jugé sexiste, voire peu inclusif, les autorités bruxelloises ont décidé de rebaptiser ces journées « Heritage Days » ! Selon le secrétaire d’État chargé de l’Urbanisme et du Patrimoine, Pascal Smet, cette nouvelle appellation devrait permettre « une nouvelle dynamique, plus inclusive et élargie ». Sans commentaires (on n’en finirait plus de se désoler, doublement, de cette lamentable soumission au nouvel ordre « wokiste» autant qu’à la parlure d'outre-Atlantique.)
Non Gérard, tu n’es pas seul à lire tes articles toujours très éclairés, et merci pour celui-ci qui n’est pas fait pour égayer notre profonde tristesse de mécréants.
Cette prise de pouvoir par les passions tristes est une catastrophe pour l’humanité.
Les discours apaisants des conquérants ne sont que des menteries crasseuses. Je pressens une terrible répression et, bien évidemment, les femmes en bénéficieront en premier.
La situation n’est pas inquiétante, elle est affolante. Cette victoire va donner des ailes à tous les autres prétendants à la domination islamique mondiale…
Tout ceci est entrain de nous tirer vers le bas…
Un autre mécréant…
Non tu n’es pas seul avec les talibans… de plus j’ai retrouvé des souvenirs de jeunesse avec les girafes de Kouré. Merci. Daniel
Le retour à l’islam des origines, primitif, que nous qualifions d’archaïque, de moyenâgeux, d’obscurantiste : c’est aussi le refus de la modernité du capitalocène, de son « progrès », largement devenu « régrès » avec sa course échevelée à l’épuisement des ressources et l’extinction d’innombrables espèces vivantes. Le talibanisme comme tentative inconsciente de survie.