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Élection présidentielle. Ces journalistes enrôlés dans le Camp du Bien

Comme deux amis dépités par le spectacle d’un journalisme communautarisé, John et Gérard se retrouvent dans un entretien sur ce métier d’informer réduit à un enrôlement partisan et politicien.

Gérard Ponthieu : Ainsi, tu es revenu en France pour les élections ?

– John MacGregor : Pas tant pour les élections proprement dites, que pour leur traitement médiatique, notre marotte commune…

GP : Surtout la tienne, comme chercheur[ref] Pour rappel : John MacGregor, vieux complice américano-canado-écossais, chercheur au MIT (Massachusetts Institute of Technology – Cambridge, États-Unis), sociologue des médias et astrophysicien, le type qui lit à la fois dans les gazettes & dans les étoiles…[/ref], tandis que pour ma part j’ai plutôt décroché de ce champ auquel je me sens de plus en plus étranger, après quarante de pratique active. Je dois dire que cette fois, j’ai éprouvé comme un relent critique, un dégoût. Nos « camarades » des médias y ont spécialement contribué par ces temps électoraux, en enfreignant les règles les plus élémentaires du métier d’informer. Certes, rien de nouveau, sinon peut-être dans le degré. Qu’as-tu observé de tout coté depuis ton retour en France il y a environ un mois ?

JMG : Nous sommes convenus de ne pas aborder l’aspect directement politique, ou politicien, des enjeux électoraux, du moins pour ce qui des deux candidats et de leurs programmes.[ref]On s’en tient ici au second tour de l’élection ; mais le regard critique vaut pour toute la période, les comportements étant les mêmes, juste un peu moins exacerbés que pour le premier « round »…[/ref] Pour répondre à ta question, j’ai pu en effet observer, comme tu l’as dit d’emblée toi-même, un emballement dans la dérive partisane de la grande majorité des journalistes des médias dominants – quotidiens, magazines, radios et télés. Nous ne parlerons pas ici de la « galaxie » internet.

GP : …Bien que celle-ci ait sa part de responsabilité dans les dérives des médias « historiques »…

JMG : Certes ! Je pointais notre souci de ne pas nous égarer dans cette myriade de sources inondant les prétendus « réseaux sociaux », désormais sortis du champ des sciences sociales, dès lors qu’ils se sont étendus dans l’infini de la toile sous la forme de services, voire d’entreprises hyper dominantes – les GAFAM – reliant, non pas tant des personnes, que des identités virtuelles. Donc, pour revenir à « nos » médias préférés, français en l’occurence, je n’ai pas manqué de relever, en le déplorant, leur engagement partisan, les amenant, sans plus aucune retenue – ou alors bien mal dissimulée – à choisir un camp et à le défendre contre l’autre. C’est tellement flagrant !

GP : À tel point qu’on peut se demander qui cela peut-il tromper ?

JMG : Mais les journalistes en premier lieu ! Du moins ceux qui se prétendent dignes et honnêtes informateurs, bardés de leur carte de presse [ref]Rappel : Premier critère d’attribution de la carte professionnelle : être salarié d’une entreprise de presse ; le directeur de l’entreprise, nullement journaliste pour autant, a droit à cette carte…[/ref] et de la basique déontologie censée aller avec, vite balayée de surcroît dans les conditions de la pratique de ce métier en voie de précarisation, dans des entreprises soumises au rendement, donc au spectaculaire. La plupart d’entre eux sont, au fond, d’honnêtes ouvriers appliqués à produire un bon produit en échange de sa force de travail, voire de corvéage… Le mot existe en français ?

GP : On comprend bien l’idée résumée dans l’expression « taillable et corvéable à merci ». Retenons ce néologisme !…

JMG : S’ils sont corvéables[ref]60% des pigistes sont à peine au Smic ; 20% d'entre eux gagnent moins de 1000 euros bruts par mois… (Selon une enquête de Jean-Marie Charon relevant qu'entre 2010 et 2020, le nombre de cartes de presse a diminué de 10%.)[/ref], disons, c’est à la fois par nécessité de gagner leur vie, et également en raison du faible niveau de conscience de leurs conditions de travail et des finalités sous-tendues par le système médiatique dominant. Là, je désigne en quelque sorte le prolétariat – CDD, pigistes, stagiaires… Desquels on distinguera une aristocratie – les « plumes », éditorialistes, « grands reporters », en tête d’une sorte d’armée mexicaine, à l’image d’une profession des plus hiérarchisées – voir la grille des salaires dans les médias ! Mais ces « aristos », fort bien payés, sont d’autant plus complices objectifs du processus médiatique et de ses finalités. Si bien lotis, en revenus comme en notoriété, ils n’ont surtout pas envie de compromettre leur carrière : pas de vagues, là non plus, et les vaches seront bien gardées, comme vous dites en France – et qui vaut partout ailleurs !

GP : Oui, c’est bien le cas de le dire ! ils se sont retrouvés sur un même champ de bataille, contre la même« tête de Turc », si j’ose dire, en la personne de Marine Le Pen – la personne et pas seulement la candidate. Haro sur le Diable ! À un niveau inimaginable… et selon un bel ensemble qui, une fois de plus, dénote du conformisme moutonnier de la corporation – une sorte de communautarisme journalistique !

JMG : Visiblement, nombre de journalistes ont du mal à cacher leur antipathie à l’égard de la candidate qu’ils ont affublée une fois pour toutes de l’étiquette d’extrême droite ; ils sont plus regardants avec la « gauche radicale », donc pas si extrême… Ces qualifications relèvent de filtres idéologiques masqués ; les journalistes se disent volontiers « indépendants », comme si leur vision du monde pouvait être indemne de toute influence : origines sociale ou ethnique, culture, mode de vie, hiérarchie, patron… L’objectivité dont ils veulent se parer est une prétention de principe. Mieux vaut avoir affaire à un journaliste engagé, qui annonce sa couleur sans abuser son public. Or, ce qu’on constate, en le déplorant, c’est l’attitude des journalistes des médias du service public – donc des chaînes de radio et télévision –, par définition tenus à une certaine neutralité au nom de l’information, ce qui n’empêche pas pour autant l’expression d’opinions, dès lors qu’elles sont présentées comme telles, et dans un certain équilibre partisan. En fait, on s’en remet à un règlement comptable des temps de paroles des candidats, imposé par l’autorité de régulation ; un paravent derrière lequel on envoie ses coups bas.

GP : Le seul fait de choisir, de sélectionner un fait, est une interprétation. Une déontologie digne de ce nom devrait se baser sur cette réalité de l’esprit humain et ainsi délimiter le cadre de l’honnêteté du journaliste. Le « penser contre soi-même » de Péguy est devenu un slogan creux dès lors qu’un Edwy Plenel a osé se l’accaparer dans sa démarche de justicier.

JMG :Au moins peut-on le reconnaître comme tel ! Mais quand je regarde les télévisions publiques – en particulier France 2 et France 5, leurs journaux et plus encore leurs magazines –, je ne peux m’empêcher de penser à Fox News, cette chaîne états-unienne pro-Trump, la différence portant sur les cibles respectives et aussi sur une plus « subtile » dissimulation de leur inféodation, par contre-coup, à Macron.

GP : Paradoxalement, je trouve que la télé la plus marquée à droite, CNews, porte davantage d’attention à une certaine équité, même quand il s’agissait de parler d’Éric Zemmour. Ils ne voulaient pas apparaître comme son faire-valoir, même si on n’en était pas dupe.

JMG :Jusqu’à sa candidature officielle, Zemmour était le chroniquer attitré de cette chaîne privée qui a eu l’intelligence de le remplacer par Mathieu Bock-Coté, ce sociologue et essayiste québécois particulièrement au fait de la société française sur laquelle il porte un regard des plus pertinents. Je n’en vois pas d’équivalent sur France Télévision. Ainsi quand il interroge le qualificatif d'extrême-droite dont il s’emploie à définir le contenu actuel et lui préférant ainsi celui plus précis de « droite nationale », écartant aussi, du même coup, les anathèmes de fasciste, facho, raciste, voire nazie, antisémite toutes catégories relevant du fameux « point Godwin » et de l’argumentaire « ad hitlerum », point de clôture de toute discussion réelle.

GP : J’en reviens aux magazines que tu viens d’évoquer. Je pense en particulier aux discussions autour d’une table, voire d’un repas en bonne compagnie, et qui mêlent une certaine prétention informative à de la légèreté – du divertissement – l’infotainement, comme vous dites dans le monde anglo-saxon, l’info-divertissement. Ce déplorable mélange des genres est devenu une sorte de norme en télé comme en radio, avec notamment le recours à des « humoristes », des comiques, des amuseurs. Un pâté d’alouette : une alouette de « sérieux », un cheval de « légèreté »… Une recette qui plaît beaucoup, et qui rapporte plus en termes d’audience, depuis que ces médias s’adressent désormais à des clients – ce terme que même les entreprises publiques des énergies et des transports ont préféré à usager, trop ringard…

JMG : C’est la « magie du verbe », en fait la manipulation des esprits au profit du spectacle et de la marchandise, l’un allant avec l’autre. C’est la recette-même du libéralisme réduit au marché, à la libre circulation des produits auquel les idées sont également assimilées, d’où le soin porté à leur emballage – le packaging cultureux dont relève en particulier l’« art contemporain » – contemporain comme la globalisation marchande ! Ce glissement a bien sûr touché la presse écrite dont le magistère lié au sérieux dans l’établissement des faits, à leur vérification, au recoupement des sources a fondu sous le double effet de l’irruption du spectacle et de l’internet. Ainsi, les « grands médias » historiques ne sont plus dominants, devant faire face à la concurrence « déloyale » de l’émotion spectaculaire, monopole de l’audio-visuel. Ils tentent de résister en produisant aussi « de l’internet », avec des bonheurs inégaux. Parallèlement, ils ont aussi dû adapter leurs formules, se soumettre audit marché, s’aligner.

GP : Je repense à ce credo des conférences de rédaction où il s’agit de « vendre des sujets » – à son rédacteur en chef d’abord et, par-delà, à son public considéré comme un gogo à appâter pour mieux l’hameçonner… J’ai connu cela jadis et je me demande s’il n’a pas encore plus cours aujourd'hui, alors que les médias dits d’information n’ont plus le privilège d’annoncer les faits. Ils en sont dépossédés par les chaînes d’info continue et les « réseaux sociaux » qui « alertent » en permanence. Les événements étant connus « en temps réel », il s’agit d’en concocter le meilleur habillage – prédominance de la forme sur le fond. Ce qui laisse peu de marge de « créativité », surtout quand on a déserté le « terrain » ou que celui-ci se résume au micro-trottoir, ce degré zéro du journalisme.

JMG : C’est pourquoi les « JT » en viennent à s’aligner sur les magazines de leurs chaînes et à en sous-traiter les sujets selon un système d’auto-références – le serpent qui se mord la queue… À cette banalité menaçante, et pour s’en différencier, les « infos » se doivent de recourir à l’émotion via une dramaturgie mettant en scène le malheur, la détresse, le dénuement, les pleurs, la misère au sens large. Ainsi se répandent, par contre coup, et pour s’inscrire dans les inconscients la colère, la haine, la pitié, l’indignation – autant de sentiments qui, à leur tour, butent sur l’inhibition d’action et la culpabilité ou le déni. Reconnaissons par ailleurs que cette dégradation de la qualité de l’information s’explique aussi par la demande même du public, plus précisément par le fait qu’il se satisfait globalement de l’offre médiatique : séparé du réel par sa représentation spectaculaire et virtuelle, le public se complaît dans la passivité du client consommateur. Une même boucle fermée dans laquelle chaque partie se justifie sur l’autre… Tel rédacteur en chef pourra déplorer le manque de curiosité du public à l’égard du vaste monde, sans s’interroger sur sa responsabilité propre dans ce phénomène et ainsi continuer à diffuser de cette info-spectacle qui renforce ledit phénomène en cercle vicieux.

GP : S’il en fallait une autre preuve, elle serait aussi dans la soupe publicitaire déversée « en prime time », c’est-à-dire spécialement au moment des repas, le plus souvent pris devant les écrans. Gavage concordant de produits de consommation et d’« infos » de divertissement, au sens de Pascal : ce qui éloigne de l’essentiel et de la vérité, mission théorique du journalisme. Comment ne pas être frappé par la structure de base d’un journal télévisé et de ses séquences successives ? La fameuse hiérarchie de l’info… À savoir : en tête les sujets « graves », selon la charge spectaculaire des images proposées [ref]Le marché des images télé s’organise autour de l’EVN, Exchange Video News, banque vidéo états-unienne dont la plupart des chaînes occidentales sont clientes. Pas d’images, pas de sujets ! De nos jours, les téléphones portables et les réseaux viennent boucher les trous…[/ref] – la guerre et les élections en cours, les enjeux économiques et sociaux, les menaces écologiques, les faits divers saignants… Puis, passage à l’andante avec ce qu’il faut de sport, avant de finir par la carte postale touristique ou la bizarrerie du moment, histoire de passer l’onguent sur la « misère du monde »[ref] La Misère du monde, Pierre Bourdieu, Alain Accardo, Le Seuil, 1993.[/ref] et remettre les compteurs à zéro, jusqu’au prochain « JT »…Le paroxysme étant atteint lors des fins de semaine quand le journal de France 2, en particulier, se voit « augmenté » d’une séquence « variétés » avec des vedettes de la chanson ou du cinéma…

JMG : Tu me tends la perche en invoquant indirectement Pierre Bourdieu qui, l’un des premiers et dans son registre sociologique, avait théorisé la « circulation circulaire de l’information » – notre sujet du jour –, notamment dans ce milieu si corporatiste des journalistes, se reniflant les uns les autres et s’accordant au point de rendre flagrant la notion de médias dominants ainsi que leurs effets dans la recherche du consentement. Autrement dit de la servitude et qui plus est, pour citer Aldous Huxley, de l’amour de la servitude. [ref]« La dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. » Le Meilleur des mondes, 1932 [/ref]

La dernière et remarquable livraison (n°8) de la revue de Michel Onfray, Front populaire, est intitulée Propagandes - Formation de la désinformation. 150 pages d'articles – enquêtes, analyses et propositions d'une grande richesse, opportunément assortis à la période de confusion politique. Il y est fait, entre autres, référence à l'un des pionniers dans ce domaine : Jacques Ellul, auteur de Propagandes, paru en 1962 (éd. Armand Colin). Parmi les nombreuses contributions, relevons celles de Jacques Julliard (l'influence chez les journalistes), Robert Redeker (les émotions de synthèse…), Ingrid Riocreux (le politiquement incorrect), Jérôme Fourquet (le bombardement des sondages), Michel Iturria sur le dessin de presse, Stéphane Simon sur l'univers numérique, Jean-Baptiste Roques sur Médiapart et France 2, David Colon sur la manipulation des masses, Sabine Prokhoris sur #MeToo, Sami Biasoni sur le fast-checking, Henri de Monvallier sur "Karl Kraus, le grand précurseur". Et bien sûr, de Michel Onfray sa substantielle réflexion "Tout journalisme est propagande". 

GP : N’oublie pas avant lui, notre La Boétie et sa Servitude volontaire…, en un temps où le mot média n’existait pas ! La servilité, elle, est sûrement aussi vieille que l’humanité… Son antidote a fluctué dans le temps – ce qu’on appelle l’Histoire. En 2020, selon Médiamétrie, 44,3 millions de Français ont allumé leur poste chaque jour pendant 3 heures 58 minutes, autant dire quatre heures… Ceci explique cela.

JMG : L’analyse de Bourdieu était implacable. La télévision, disait-il, peut cacher en montrant ; de même qu’à travers leurs « lunettes particulières » les journalistes « voient certaines choses et pas d’autres ; et voient d’une certaine manière les choses qu’ils voient. Ils opèrent une sélection et une construction de ce qui est sélectionné. »

GP : Certes, mais c’est la définition même du journalisme : trier, retenir, hiérarchiser, construire un récit du vrai apparent. Comment pourrait-il en être autrement ? Le meilleur, le plus honnête des journalistes, ne peut jamais que tendre vers l’objectivité – à moins de renoncer… et de s’en remettre à la post-vérité, à l’intelligence artificielle. On serait bien avancés !

JMG : On touche là à des questions d’ordre philosophique, qui nous feraient remonter à Platon et à son mythe de la caverne qui pose la question de la perception de la réalité quand on n’en reçoit qu’une projection, une représentation. Or, la plus grande part des humains étant reliés à toutes sortes d’écrans, ils en arrivent à ne plus percevoir que des images virtuelles identifiées au vrai. Lequel restant de surcroît, conforté par tout le jeu des croyances, convictions, influences, mimétismes, etc.

GP : Je me suis maintes fois référé ici à Guy Debord et à son concept de la séparation. Quand il écrit « Le vrai est un moment du faux »[ref] «Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux.», La Société du spectacle, éd. Buchet-Chastel,1967. [/ref] détournant par inversion la formule de Hegel : «Le faux est un moment du vrai.», Debord réunit les deux bouts du problème : celui de la séparation par la représentation [ref] Le medium, au sens de la médiologie selon Régis Debray. [/ref] qui annihile l’un et l’autre, l’un par l’autre. J’aime citer cette séquence de fin de « JT » montrant à la proue d’un navire de croisière un couple s’extasiant devant le spectacle d’un glacier polaire, et la femme, levant les bras au ciel, de s’exclamer : « On se croirait dans un film ! ». Plus récemment, dans le même genre, à la télé, un jeune couple découvrant New York en bus touristique et lui : « On se croirait dans une série ! ». On en arrive à l’oxymore de « réalité virtuelle » et,  pour très bientôt, au « Métavers » de Zuckerberg, monde d’avatars et de lunettes à « vision augmentée » – retour à la caverne de Platon !

JMG : Rappelons que dans le mot même de télé-vision est contenu la chose que tu exposes : la distance qualifie la vision. Je voudrais en revenir – bien que nous n’en ayons jamais été très loin – à notre discussion autour de l’élection en France et du positionnement farouchement anti-Le Pen de la plupart des médias… Du temps de la guerre de Bush en Irak, les journalistes sur place étaient dits « embedded », c’est-à-dire embarqués, incorporés – c'est le lot des reporters de guerre. Je vois les journalistes français de maintenant s’enrôler en nombre dans le Camp du Bien. L’élection vue comme une guerre contre le Diable en la personne de Marine Le Pen[ref]Pour s'être par trop dédiabolisée au goût de la classe médiatico-politique, il s'agit d'urgence de la re-diaboliser ![/ref]. On ne discute plus de son programme avec des arguments, de la réflexion, mais par des anathèmes tirées par des lance-roquettes !

GP : Tu vois juste : nos journalistes comme reporters de guerre, enrôlés « comme en 14 », la fleur vénéneuse au fusil de leur « plume » moralisatrice, en invoquant les Grands Principes du Bien – ce sont eux les illibéraux !

JMG : Ils n’avancent même plus masqués derrière des engagements réels – ils en auraient bien le droit, dès lors qu’ils se présenteraient comme de vrais partisans, et non comme des Jean Moulin en peau de lapin !

Entretien du 19/04/22, revu, annoté et récrit par les auteurs.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

5 réflexions sur “Élection présidentielle. Ces journalistes enrôlés dans le Camp du Bien

  • Martial Maurette Photographe

    Bonjour Gérard,
    Je ne com­prends pas bien où vous sou­hai­tez en arri­ver. Les jour­na­listes « …dans le camp du bien ? » alors que toute cette « usine à com­mu­ni­quer » (infor­mer n’est plus le bon mot) , en sa *géné­ra­li­té, s’est com­pro­mise à créer , (voire frayer avec), les monstres extré­mistes (droite et gauche), qui ont désor­mais appro­ché le trône présidentiel.

    * reste quelques vrais jour­na­listes, trop sou­vent expé­ri­men­tés donc âgés, qui ne cor­res­pondent plus à la demande de spec­tacles de l’audimat, sou­ve­rain. Et quelques fran­çais, culti­vés, qui ont les pos­si­bi­li­tés de les lire ou écouter.

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    • Bonjour Martial,
      Nous n’a­vons pas dû être assez clairs…
      La plu­part des jour­na­listes, « en vogue » disons, tout comme des gens de « culture » – spec­tacle, show­biz, uni­ver­si­té, science – se sont publi­que­ment ran­gés dans ce « Camp du Bien » dont ils ont défi­ni les contours, selon leurs visions idéo­lo­giques, en géné­ral « de gauche », sur des bases mora­li­santes. Ce qui leur suf­fit, me semble-t-il, hors argu­ments fon­dés sur une démarche objec­tive, ils rejettent cette droite extrême en la dia­bo­li­sant par ana­thèmes – fachos, racistes, voire nazis. Auraient-ils agi de même envers un diable de gauche extrême ? Non, bien sûr, puisque leurs lignées idéo­lo­giques et his­to­riques ont, selon les époques et au choix, véné­ré les Lénine, Trotski, Staline, Pol-Pot, Mao, Castro, Chavez, Ahmadinejad – sans oublier Poutine ! La droite et ses extrêmes ne valent pas mieux, mais j’au­rais plus de peine à égre­ner leurs réfé­rents vedettes – les chantres des natio­na­lismes – et je me retien­drai de ris­quer le « point Godwin »…

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  • Denis Guenneau

    Bonjour Gérard,
    Je reviens sur ce que tu appelles « l’in­fo-tai­ne­ment » , ce mélange d’in­for­ma­tions et d’hu­mour qui m’ir­ri­tait, le mot est faible, depuis de nom­breuses années lorsque j’é­cou­tais le 7 – 9 de France Inter, la pre­mière radio fran­çaise entre 7 heures et 9 heures en audience Médiamétrie, où après des infor­ma­tions sérieuses voire graves, les édi­to­ria­listes ou jour­na­listes pas­saient à une séquence de franche rigo­lade entre eux à écou­ter un ou une humoriste.
    J’écoute main­te­nant le jour­nal de France Culture, qui a une audience Médiamétrie bien moins impor­tante le matin que France Inter pour évi­ter ce mélange des genres.
    Mon choix de sta­tion radio du matin est mal­heu­reu­se­ment très mino­ri­taire par­mi la popu­la­tion fran­çaise, ce qui est dom­ma­geable, car la poli­tique fran­çaise est ponc­tuée par France Inter à une heure de grande écoute par une sorte de bébête show. Ce mélange des genres entre l’in­for­ma­tion et l’hu­mour à par­ti­ci­pé je pense à ame­ner le taux du total à l’ex­trême droite le 10 avril der­nier, à un niveau extrê­me­ment pré­oc­cu­pant pour l’a­ve­nir de notre démo­cra­tie, et que ce taux ne fera que pro­gres­ser si rien ne bouge sur ce mélange d’in­for­ma­tions et de calembours.

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    • Pleinement d’ac­cord avec toi, Denis ! J’ai aus­si renon­cé à F Inter, lui pré­fé­rant F Culture qui sait évi­ter cet écueil. Comme toi, je trouve dom­ma­geable, pénible cette forme du conten­te­ment rigo­lard, ce ren­for­ce­ment de l’entre-soi qui marque un mépris pour « les autres », ces gens de peu qui, d’ailleurs, ne leur ren­voie même pas du mépris : ils les ignorent. Ce qu’on peut faire aus­si ! Mais com­ment cela chan­ge­rait-il alors qu’ils ont leurs fans ?

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  • Merci Gé pour cette contri­bu­tion indi­recte à la fabrique du consen­te­ment, qui pour­suit l’a­na­lyse appro­fon­die et auto­ré­flexive des pages « médias » du tome 3 de ton robo­ra­tif « Le tour d’un monde avec un blog, C’est pour dire 2005 – 2021 », Le Condottiere éd., 2021.
    Question sub­si­diaire : existe-t-il des jour­na­listes non « embed­ded » (lit­té­ra­le­ment : noyés dans du béton) qui ont droit à la parole publique ?

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