Ceux qui rêvent de guerre civile
En sommeil depuis quelques mois pour cause de gestation…, « C’est pour dire » ne se disait pas moins « à l’affût des soubresauts du monde et de la folie des hommes ». Nous voilà en plein chaos – violence, haine, démesure, démence : ce que les sages antiques dénommaient l'hubris. Dans le texte ci-dessous, mon ami Daniel Chaize apporte sa pertinente analyse, tout en se référant à deux articles également très éclairants de Mathieu Bock-Côté et de Eric Delbecque, publiés dans Le Figaro. Gérard Ponthieu. 01/07/23
Daniel Chaize : Ceux qui rêvent de guerre civile
Éric Delbecque : Il n’y a pas de convergence des luttes mais une concurrence des violences
Il n’y a plus à discuter sur les principes. Un jeune homme a été tué, c’est à notre système institutionnel, aux ministres compétents, à la justice de réaliser le travail nécessaire et d’établir les responsabilités ; il reviendra aux magistrats de prononcer les sanctions adéquates. Tout le reste est inqualifiable et injustifiable, relève de la récupération partidaire, et provient de femmes et d’hommes qui fragilisent consciemment la démocratie. Certains le font, dans la rue, pour des raisons tout à fait personnelles, où se mêlent le goût de la violence, la protection du « business » criminel et des considérations séparatistes indicibles mais franchement lisibles, que la récupération effectuée par le clan Traoré illustre à merveille. Les autres, qui peuplent une alliance politique devenue indigne, le font par pur opportunisme et cynisme électoral (et passion doctrinale révélant d’immenses carences personnelles, humaines, qu’il faudra bien un jour examiner), au bout du compte parce qu’ils veulent le pouvoir désespérément, pathologiquement, et, à défaut, interdire aux autres de l’exercer dans des conditions minimales de rationalité démocratique et juridique. Bref, plutôt le chaos qu’un autre que moi ministre ou président... Tout cela baigne dans la haine et la misère existentielle, le mépris des autres et de son propre pays, de ses concitoyens et de tous ceux qui observent la loi et comprennent que c’est l’unique voie pour demeurer des êtres humains et ne pas sombrer dans la bestialité, la violence dont on ne revient pas. Comment justifier plus longtemps des parlementaires et des politiciens qui défendirent, pour le plus ancien d’entre eux, les pires contradictions mitterrandiennes et le pire travail de sape que l’on ait jamais vu d’un État libéral et démocratique (au profit des pires communautarismes et intérêts micropoliticiens) ? Comment tolérer que ces gens osent dorénavant se faire gloire de ne pas appeler au calme dans l’espoir mesquin de faire avancer leur petite cuisine partisane ?
Car ce comportement d’une partie des « élites » politiques qui ont accès aux médias et participent à la production législative fait partie du problème : il en constitue même un paramètre majeur.
Ce n’est pas une guerre civile qui a lieu, comme on l’entend parfois. C’est une régression civilisationnelle qui s’inscrit dans cette fameuse décivilisation dont on ne mesure pas toutes les formes. Loi du Talion ? Pas non plus, finalement, car ce n’est pas « œil pour œil, dent pour dent », mais une barbarie qui cherche des prétextes pour s’exprimer, tout bêtement, pour brûler, agresser, piller, saccager. Quel lien entre la mort de Nahel et le pillage des magasins, la destruction du mobilier urbain ou du service public ? Ce n’est pas davantage une vraie « détestation de la police », au fond du fond, que l’on affronte en vérité parce qu’elle est perçue comme une « bande rivale » qui empêche de dévaster en rond, de « tenir » l’immeuble, la rue, le quartier, ou de dominer les femmes et/ou de dealer... Il convient désormais de voir les événements pour ce qu’ils sont, à savoir une tentative de faire perpétuellement reculer les lois de la République, d’étendre le domaine de la lutte, l’espace de la loi du plus fort, de l’émancipation des activités criminelles, dans la plus parfaite impunité.
Convergence des radicalités, diront quelques commentateurs, « intersectionnalité des luttes » entre l’islamiste, le voyou, l’ultragauchiste, les islamogauchistes, que sais-je encore... Pas comme on l’interprète ordinairement, pas dans les principes, l’idéologie. Il n’y a pas d’islamo-gauchisme cohérent, pour prendre cet exemple. Pas plus qu’il n’y a de convergence ultradroite-ultragauche parfaitement logique d’un point de vue doctrinal, mais il existe en revanche, plus que jamais, une concurrence fortifiante des violences, une alliance objective des unes et des autres articulée sur la mauvaise pensée que la « bordélisation » générale, la progression de la violence et des émeutes servira son objectif et sa stratégie. Cette tactique de l’alliance contre-nature qui peut faire avancer (à la manière d’un pacte germano-soviétique) se trouve sans aucun doute à la racine du mal.
Par conséquent, aucune radicalité idéologique violente n’a d’intérêt à la pacification de l’espace social et politique. Les ultras se nourrissent les uns des autres... Dynamique effrayante que nous n’arrivons pas à casser pour le moment. Et qu’aucun des participants à ces radicalités, dans la sphère médiatique ou cagoulés dans nos villes, n’assume en adulte responsable mais entretient en enfant capricieux assoiffé de domination sur autrui, de lynchage de l’ennemi et d’extermination de la nuance et des mécaniques de protection des libertés individuelles et de la parole libre. Tous ceux qui ne soutiennent pas depuis quelques jours le rétablissement de l’ordre avaient le choix entre la barbarie et la défense de la République, avec ses forces et ses faiblesses : chaque jour davantage, les Françaises et les Français les verront à la fois comme les symboles de la brutalité et du déshonneur.
Éric Delbecque est l’auteur de « L’Insécurité permanente » (Cerf) et des « Ingouvernables » (Grasset). Il considère que le climat général, renforcé par les invectives des députés LFI à l’Assemblée nationale, favorise ces débordements.
Mathieu Bock-Côté : Ce n’est pas une guerre civile
Les scènes de violence, de pillage et les agressions contre les policiers dont nous sommes témoins depuis mercredi soir n’ont rien de surprenant. La France, depuis vingt ans, redoute une réédition des émeutes de 2005. Tous les éléments sont rassemblés pour qu’il en soit ainsi. Le drame de la mort du jeune Nahel a été immédiatement instrumentalisé par ceux qui cherchent toutes les occasions possibles pour semer le trouble.
Mais, dans la nuit de jeudi, les émeutiers qui saccageaient les banlieues ont décidé de mener des raids sur Paris, pour s’y adonner au pillage, pour y semer la terreur aussi. Nulle surprise : depuis des années, il suffit de regarder la carte de Paris pour constater qu’elle est en quelque sorte assiégée. On pourrait dire la même chose des autres grandes villes du pays. La fracture identitaire engendrée par l’immigration massive et la mutation démographique qu’elle entraîne s’expose à qui veut bien la voir.
Ceux qui s’imaginaient protégés dans des métropoles forteresses et digicodisées découvrent qu’on pourra demain tirer à balles réelles sous leurs fenêtres, et que les « jeunes » perdus de la République, grimés en martyrs de la France postcoloniale par la sociologie progressiste, entrent dans les villes convaincus d’avoir le droit de les piller, poussés par une pulsion qui relève moins de l’agressivité idéologique que de l’instinct de conquête. Comment nommer la présente situation, sans céder à la tentation médiatiquement recommandée de l’édulcoration ?
La référence à la guerre civile est pour plusieurs raisons tentantes et s’impose dans le vocabulaire politique ordinaire, comme si un tabou venait de sauter et qu’il était enfin permis de parler d’une réalité que tous ressentent plus ou moins intimement. Mais cette référence est pourtant inexacte. Car une guerre civile se vit au sein d’un même peuple, divise les familles, fracture les communautés et brûle d’abord du feu de la passion idéologique. C’est même ce qui la caractérise.
Or, à moins de réduire la nation française à une simple entité juridique, il faut convenir que la présente séquence met justement en scène des populations qui ne croient pas appartenir au même peuple. On s’en désolera, naturellement. Mieux vaudrait parler d’émeutes au sein de territoires qui se vivent comme des enclaves étrangères, que la France a tout fait pour ramener dans son sein, à coups de dépenses publiques pharaoniques, sans y parvenir. D’autres y verront peut-être les prodromes d’un choc des civilisations.
De ce point de vue, certains parleront tout à la fois de sécession et de conquête. La sécession est indéniable. L’agression de plusieurs journalistes en marge des émeutes est révélatrice : les médias français sont traités comme des médias étrangers. C’est aussi pour cela que les symboles de l’État sont partout rejetés et incendiés.
Mais c’est aussi une guerre pour la maîtrise du territoire qui se dévoile sous nos yeux. Elle se mène depuis longtemps, d’ailleurs, pour peu qu’on comprenne que le harcèlement sexuel dans les transports par les « racailles » s’inscrit dans cette volonté d’exercer une souveraineté nouvelle sur le corps des femmes, qui ont d’ailleurs pris l’habitude d’y porter des vêtements amples, en espérant qu’en adoptant les mœurs nouvelles qui s’imposent en France, elles retrouveraient une certaine sécurité.
On y revient : ces raids ne sont pas ceux de militants, même si ces derniers ont cherché à encadrer la marche blanche, en l’inscrivant sous le signe de l’indigénisme, et même si on peut être certain que trente ans de propagande antifrançaise aujourd’hui relayée par LFI et la gauche radicale ont assurément joué un rôle central dans le pourrissement de la situation, cette dernière rêvant ouvertement d’une France s’embrasant.
Il n’existe pas, en France, de zones de non-droit, seulement des zones où s’exerce une souveraineté nouvelle, qui s’exprime en détruisant tous les symboles représentant les autorités françaises. De même, les territoires perdus de la République sont d’abord des territoires où la France est rejetée. Mieux vaudrait parler de territoires en situation de partition ethnoculturelle dominés par les dealers et les islamistes que certains voudraient pousser vers une dynamique insurrectionnelle. La population locale désireuse de s’intégrer est prise en otage par ce nouvel ordre.
Ni Lola, ni Shaina, ni Alban Gervaise n’ont suscité dans le pays une réaction semblable à celle dont nous sommes actuellement témoins. Ce n’est pas un détail. Ils furent nombreux, ces dernières années, à annoncer que le choc entre ces deux mondes viendrait. Hommes de gauche, de droite, de centre, le confessaient volontiers à micro fermé, tout en fustigeant publiquement ceux qui confessaient la même chose publiquement. Mais le déni de réel ne tient plus, et le courage élémentaire, pour bien des politiques, consistera demain à redire publiquement ce qu’ils disaient en privé. Je serais hélas surpris qu’ils le fassent.
« chiens perdus sans colliers » ? Là est l erreur ! Ni perdus ni sans collier avec un support ideologique tres structuré ‚de longue date , qui ne semble pas etre compris dans le logiciel republicain de nos têtes pensantes qui vivent la democratie francaise , loin de l orient compliqué par un Leviathan politico religieux qui releve de l impensable pour notre elite hexagonale post coloniale ! Rappelez vous de la photo de l Ac de Triomphe avec le slogan « l#s Gil#ts Jaun#s triomph#ront .
Trouvez la lettre qui manque dans cette » adresse a l exterieur » ! Si Florence Berjaud Blackler est sous surveillance policière il doit y avoir des raisons elle avait deja démonté l escroquerie du Hallal ! Mais nous sommes heureux de Voir que l analyse quebecoise éclaire le débat aussi !
N oublions jamais qu avant Khomeni c est Bidault qui a fait exfiltrer Husseini de sa villa de Saint Maur avec un passeport français ! On a toujours été roulé dans la semoule !
Georges Bensoussan L’historien, spécialiste de la Shoah et de l’antisémitisme, avait dirigé en 2002 l’ouvrage collectif Les Territoires perdus de la République, livre alertant sur la situation dans les banlieues. À l’époque, il avait été accueilli avec gêne et déni. Alors que ces territoires perdus s’enflamment, il analyse vingt ans de refus de voir par peur de « faire le jeu de l’extrême droite ». Un antiracisme dévoyé nous a empêchés pendant des années de nommer la réalité. Contre les discours moutonniers invoquant le « racisme » ou les conditions socio-économiques pour expliquer les émeutes, il faut selon lui faire appel à l’anthropologie culturelle pour entendre les soubassements de cette crise. Voir son remarquable article dans Le Figao du jour (évidemment pas dans « Libé »…)
Je suis loin du niveau culturel que Michel Onfray qui dit en substance, une partie de ce qui est dit ici, mais insiste sur des points particuliers. La gauche a disparu du paysage politique, la religion Chrétienne est réduite à une portion congrue. Qu’avons nous à la place ? Le vide. La nature a horreur du vide. C’est du « pain béni » (désolé de « béni » pour Michel Onfray) pour les Salafistes, aidés par toutes les idéologies de déconstruction de l’Occident qui après s’être attaqués aux racines Judéo-chrétiennes, s’attaque au siècle des Lumières et aux idéaux de la Révolution Française.
J’ajouterais à titre personnel que depuis le XVIII siècle les complotistes se méfient des révolutions et particulièrement celle des USA (le Grand Satan) suivi par la Révolution Francaise, résultat d’un complot Judéo Maçonnique. A l’époque du marxisme florissant, on aurait parlé « d’alliance objective »avec le Salafisme dont le cynisme va jusqu’à se servir des combattants Chiite pour arriver à ses fins, certes à l’étranger, mais il serait naïf de croire que l’aide permanente des financiers du Qatar pour combler nos déficits structurels est désintéressée.
Selon le philosophe J.F Mattei qui ne parle pas de guerre de civilisation mais du refus de beaucoup de pays musulmans d’appliquer La Déclaration universelle des droits de l’homme car calquée sur les conceptions européennes et américaines, donc héritée du Judeo Christianisme et du Siècle des Lumière, sans aucune référence à la charia. Certains ne se contentent pas de faire du prosélytisme chez eux.
Ayant dans une autre vie travaillé dans des quartiers difficiles et avoir quitté mon premier métier à cause de ces problème qui étaient dans l’Oeuf du Serpent (film de Bergman sur la montée du nazisme), l’abandon des quartiers n’est pas du coté des moyens comme, je l’entends trop souvent. J’ai en mémoire les budgets, les écoles, les collèges, les service sociaux et publics, sans compter les aides de toutes sortes qui auraient fait rêver beaucoup de petites commune de France à population égale. Pour terminer par une autre référence cinématographique, les tristes événements comme la mort de ce jeune me font penser à la saga du Parrain où tous les mafieux se retrouvent comme s’ils étaient amis et victimes, en mettant en avant, les mères, les valeurs familiales et humaines.