Afrique(s)

SILENCE. Une minute pour Auschwitz, trois pour le tsunami, dix ans pour le Rwanda…

Rwanda2Reconnaissons à quel point l’indignation peut être sélective, donc injuste. Elle s’explique, comme tout ou presque. Mais ne saurait cependant se justifier. Que dire du quasi silence médiatique qui mure l’Afrique dans ses frontières de souffrance? J’y pense et le dis souvent – c’est une de mes obsessions. L’Afrique se traite comme en dehors d'elle-même, par l’ex-ception, l’extra-ordinaire, l’ex-otisme.

Durant ces semaines de presque «sur-information» consacrée au raz de marée, quid de ses conséquences sur les côtes africaines ? Quelques bribes sans suite. Ce qui n’empêcha nullement [dans un journal télévisé du soir], la diffusion d’un « sujet » sur les problèmes génétiques du guépard… Et, bien entendu, les rendez-vous quotidiens sur le scandaleux «Paris-Dakar»!

Survivante du génocide au Rwanda, Yolande Mukagasana s’est déjà exprimée ici –––> (B)REVES D’AFRIQUE – RWANDA. « Comme si c’était hier »). Elle le fait à nouveau, de toute sa sensibilité de rescapée du massacre. Elle me rappelle la parole sans haine de ce survivant d’Auschwitz entendu ce matin à la radio et qui parle aussi ci-dessous.

« Survivante d'une catastrophe qui n'était pas naturelle, je vous rappelle le génocide dans mon pays. Est-ce parce que le génocide est un crime de l'humain sur l'humanité, que la mise en question de soi est aussi difficile jusqu'à paralyser beaucoup de médias, et que l'humain ait eu des difficultés de se sentir concerné ? Le couple politique-média, qui, d'habitude nous mobilise et nous sensibilise sur les situations n'a pas fait son devoir d'informer et de mobiliser pour sauver la mémoire collective sur ce génocide. Le résultat est là aujourd'hui.

« Comme tout habitant de l'Union européenne, comme tout citoyen interpellé et sensibilisé de cette catastrophe humaine, comme toute personne représentée pas les Nations-unies, comme africaine d'Afrique noire, comme survivante du génocide, j'ai gardé les trois minutes de silence. Comme je l'ai gardé un certain 11 septembre pour marquer mon respect envers les innocents, victimes d'une mort injuste. Pour marquer ma solidarité et inscrire tous ces morts dans une mémoire collective pour ne jamais les oublier. Poser un acte pour la mémoire en soutien aux survivants à l'usage des générations.

« Mais, je ne comprends toujours pas pourquoi, nous n'avons pas pu tous ensemble marquer cet instant de silence qui aurait permis à tous de se rappeler plus d'un million de mères, d'enfants, de vielles personnes, d'hommes, torturés, humiliés et tués au Rwanda dans l'ombre du silence et l'abandon. Un moment de silence collectif aurait été magique car il aurait conscientisé le monde pour la reconnaissance et la justice du génocide des tutsis du Rwanda.

« Même aujourd'hui la Communauté internationale reste divisée sur l'idéologie de division et de crime qui ravage l'Afrique. Ce signe d'engagement aurait permis l'éradication de la violence en Afrique où l'on tue encore des humains pour ce que l'homme a fait d'eux. S'il y a un silence depuis 1994, on parlerait plutôt d'une amnésie, d'un abandon, d'un silence complice du crime, un silence d'une violence inouïe qui dure depuis plus de dix ans. Ce silence est encore là, il n'est pas le même que celui que nous gardons par solidarité pour les victimes des tsunamis.

« Combien ont gardé silence par respect pour nos morts et par solidarité pour les survivants, à l'usage des générations humaines pour le Rwanda de demain et pour l'humanité ? Pourquoi deux poids deux mesures quand il s'agit des êtres humains ? Excusez-moi, l'homme ne me laisse aucun choix, vu ce qu'il continue à faire de moi et tous les autres survivants rwandais. »

Yolande MUKAGASANA, survivante du génocide au Rwanda

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Une réflexion sur “SILENCE. Une minute pour Auschwitz, trois pour le tsunami, dix ans pour le Rwanda…

  • Marie Magume

    Est – ce que vous connais­sez cette yolande muka­ga­sa­na ? Une trom­peuse de haute qua­lite ? Comment vrai­ment accep­ter tout ce qu, elle dit ? Elle avec le gou­ver­ne­ment de Kigali veulent que tous les hutus soient elimines.

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