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L’école, la commune, l’État comme une entreprise ! Et Sylvestre sur nos ondes…

Mon Journal – 15/01/2005.

Au fait, France Inter du matin a repris ses couleurs d’antan avec le retour des caciques, donc non engloutis par le tsunami. Ça va quand même mieux car, y a pas à tortiller, ce métier exige de la bouteille. Telle était bien la question ici posée de l’inconsistance de la génération suivante. C’est un fait: hors génie, on ne peut sauter les étapes de l’expérience et de la culture. Le talent, il peut toujours s’inviter en prime – d’ailleurs on ne le voit pas venir, il s’installe, c’est tout.

Cette exigence de niveau ne met pour autant pas à l’abri de toute critique. Ainsi Laurence, qui m’écrit: “Je partage tout à fait ton analyse au sujet de la désertion rédactionnelle du 7h-9h de France Inter engendrée par les vacances de Paoli; parfois, il m’agace sacrément, notamment lorsqu’il est particulièrement faussement bien-pensant, mais je reconnais que le pauvre Pierre Weil était bien meilleur correspondant de France Inter à Jérusalem qu’animateur de Question directe (aïe aïe aïe!)“.

Continuons sur la radio, la même, mêmes heures. Mais le vendredi, attention, c’est jour béni! Parce que le Sylvestre Jean-Marc n’est plus lâché seul dans son marigot ultra-libéral. Rejoint par Maris Bernard, il en a le caquet tout rabattu. Hmm, un délice! Exemple, vendredi dernier, à propos de la baisse des impôts serinée par l’économiquement correct… Admettons, par hypothèse; mais alors où rogner sur la dépense publique? Pas difficile, anone Sylvestre, y a qu’à “augmenter la productivité des fonctionnaires”; par exemple, et par hasard aussi, “faire en sorte que les clients de l’Éducation nationale…” “Clients? Ah, vous avez dit clients!” L’autre, les doigts dans la confiote: “Mais, non, c’était pour rire”… Tu parles Charles!Entreprise

Voilà bien le poison, le dogme: l’Entreprise comme totem, le Medef comme Vatican et le Profit comme religion. Du haut en bas de l’Etat surgit le même cri de ralliement néo-libéral. Tenez, dans ma commune, tenue par un dévot de Madelin, l‘Office municipal de la culture et de la jeunesse va être contraint de fermer, sa subvention étant amputée de moitié. Respectueux du Dogme, le maire veut ainsi “réduire les dépenses publiques”. Donc il tape sur le pas trop visible, l’électoralement pas trop risqué (croit-il). A la culture et à la jeunesse, il préfère donc sa police municipale; aussi n’a-t-il pas manqué de leur brosser le poil dans le bon sens lors de ses vœux publics: n’avaient-ils pas, ces braves agents, mis la main au collet sur un de ces jeunes détrousseurs de grands-mères? Certes, on ne doit pas, en civilisation, s’en prendre aux plus faibles. Et ce précepte, ne vaudrait-il pas pour tous les niveaux de l’échelle sociale – et même mondiale? Le fond du fond de la question n’est-elle pas celle de la Justice? Considérer le bien culturel comme un divertissement secondaire – d’ailleurs la télé y pourvoit largement… – implique en effet de renforcer la police, puisque la violence tiendra lieu de mode d’expression.

Alors, mon maire – qui préfère l’aïoli au rock, au jazz ou au théâtre –, ben quoi, ne fait jamais que jouer la rengaine dominante: l’école comme une entreprise, la commune comme une entreprise, l’État comme une entreprise. D’ailleurs, qu’on se le tienne pour dit : tout n’est qu’Entreprise! Ou comment un parti pris politique, devenu un dogme, s’est érigé en “pensée” dominante, celle du néo-libéralisme mondialisé. Ou comment un Jean-Marc Sylvestre, rouage médiatique de cette machinerie funeste, ne devrait pas, ne devrait jamais, à la radio comme à la télé publiques, être lâché seul. Qu’il sévisse tant qu’il veut dans Les Échos, mais pas sur nos ondes financées par notre impôt!

J’en reviens à France Inter et à ce que j’ai appelé ici (16 décembre 04 – Lire) son pâté d’alouette: justifier les homélies matinales de Sylvestre par les audaces (parfois démago d’ailleurs) du Daniel Mermet vespéral. La formule existe bien, puisque c’est celle du vendredi-jour-béni… où l’information économique devient enfin contradictoire. Et pourquoi rien que le vendredi? Ben, y a l’exception. Et pis y a la règle.

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Une réflexion sur “L’école, la commune, l’État comme une entreprise ! Et Sylvestre sur nos ondes…

  • je n’aime ni le medef ni jean marc sylvestre.

    d’accord sur l’analyse, sauf qu’il ne faudrait faire l’inverse.
    L’attitude des dirigeants français est de prendre des décision complètement décalées des réalisée.
    Ex. : jospin expliquant (comme beaucoup d’autres) que le politique commnendait à l’économique, justifiant par la même sa totale incompétance dans le domaine.
    (chirac et miterrand, pantouffles de platines tous les deux) ne sont pas mieux.

    Alors je dirais “la france comme une entreprise … ethique” (ce qui exclut JM sylvestre)

    je te laisse une lien (qui pourrait te plaire) :
    “L’avenir de la france ; les vieux”
    http://www.blogwaves.com/2005/01/lavenir_de_la_f.html

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