ActualitéC de coeur, C de gueule

Thierry BRETON. Enfin un philanthrope au service de l’État

1bretonAvec la démission de Gaymard, la République a donc perdu un naïf désintéressé, un honnête serviteur tellement pris par les affaires de l’État («120 heures par semaine») qu’il ignorait tout de son logement – enfin, surtout le loyer. Avec son remplaçant, nous gagnons un philanthrope.

En effet, hier [27/02/05] au JT de 20 heures, France 2 a précisé que Thierry Breton, en condescendant à devenir ministre de l’Économie, allait gagner six fois moins qu’à la direction de France Télécom.

Et après ça, des grincheux diront encore que « les Français » n’ont pas le sens du sacrifice !

Mais comment cet homme en est-il venu, en quelques mois, à une telle abnégation ?

Car, en novembre 2004, lors du départ de Nicolas Sarkozy de Bercy, Thierry Breton était « celui qui a le plus tenu la corde » [Le Monde 27/02/05].

« Mais, ajoutait le journal dans le même article, l'État et, par conséquent, M. Breton [s’étant] engagés à redresser France Télécom, [celui-ci avait] donc dû renoncer. Les décalages entre le traitement d'un ministre (140 000 euros net par an pour le ministre de l'économie) et celui du PDG de France Télécom (900 000 euros annuels + jetons de présence) ont, à l'époque, largement joué. »

Et de préciser : « Matignon reconnaissait en privé que le salaire d'un Thierry Breton ministre n'aurait pas suffi à payer les impôts d'un Thierry Breton grand patron

Ces obstacles bassement matériels auront donc été levés en quelques heures… Un miracle ! Où est la clé de l’énigme ? Deux hypothèses contradictoires :

Pour Libération : « […] selon le rapport annuel de [France Télécom], il [Breton] a reçu en 2003 une rémunération totale de 1,34 million d'euros. Et le rapport précise qu'en cas de départ, il toucherait une indemnité équivalente à 21 mois de sa dernière rémunération totale: soit 2,357 millions d'euros. »

Le Monde confirme les chiffres mais pas l’indemnité: « Les statuts prévoient une indemnité de départ de 21 mois de salaire mais comme M. Breton part de son plein gré, il ne la percevra pas. »

« Par ailleurs, rapporte Le Monde, son porte-parole à France-Télécom expliquait, samedi, que M. Breton "est propriétaire de son appartement dans le 14e arrondissement et continuera à l'occuper." »

Ouf !, cette fois les choses sembleraient « clean ».

Tout de même, ces 2,357 millions d'euros continuent à me turlupiner… A une telle altitude, j’ai besoin de la calculette pour traduire en francs : 15,46 millions… Soit plus que le patrimoine estimé de son pauvre prédécesseur : 2 millions d’euros, selon le même Libé du même jour, de la même page.

On en restera là pour aujourd’hui, dans l’attente d’un prompt, net et ferme démenti. Histoire de ne pas alimenter ce funeste syndrome du « tous pourris » et de parer de vertu le sens de l’État enfin recouvré.

--> Image : Comme le souligne Le Figaro [25/02/05]; "Le dirigeant influent sillonne la France pour vendre l'entreprise aux maires, aux députés, aux présidents de conseils régionaux. De gauche et de droite."

Partager

Une réflexion sur “Thierry BRETON. Enfin un philanthrope au service de l’État

  • Effectivement la socié­té que nous alli­men­tons aujourd’­hui connais qua­si exclu­si­ve­ment l’argent comme mode d’ex­pres­sion du pou­voir. Existe aus­si le pou­voir poli­tique, la facul­ter de dépla­cer les lois pour per­mettre les petits arran­ge­ments. Qui a les deux est omnipotent.
    Concernant le pou­voir de l’argent j’ame bien la maniére dont il est mis en lumiere dans « les inva­sions bara­bares » Sebastien le fils obtiens tout, ne connais pas de limite grace à son argent. Quand au poli­tique je conseil de ne pas mettre son cer­veaux sur veille lors de JT du soir.
    Sans décon­ner le pro­bléme est que tout est fait pour nous pous­ser vers pus de pos­se­sion, avoir une plus grosse voi­ture, un plus gros appar­te­ment une mai­son, des vacances au soleil, des implans capi­laires posés durant ces vacances. Du café Segafredo per expres­so en dosette a 1€ le café. Aucune limite, si vrai­ment vous ne savez pas quoi faire de tout l’argent que vous avez vous pou­vez tou­jours dor­mir dans des hotels a 2000€ la nuit et ache­ter des tongues a 650€… jamais l’en­vie ne sera tota­le­ment assou­vis, car pour ache­ter cor­rec­te­ment les dites tongs il faut garer une Ferari devant le maga­sin, pour que le show soit total.
    Car voi­la bien le pro­bleme, le show. Tout le monde s’ex­pose, comme dans une espece de grand hap­pe­ning pla­nai­taire. Tout le monde se bal­lade son pou­voir d’a­chat en accroche coeur ce qui entre­tiens le phé­no­mene. Voila com­ment baby­lone nous alliene, en nous fai­sant croire que les choses que l’on peux s’a­che­ter valent que l’on tra­vail contre soit. Alors on rève d’al­ler chez Dolce Gabana en rolls, d’en­trer ache­ter des tongues et on va s’a­che­ter un sys­teme home cine­ma chez saturne. Le mois pro­chain ce sera la table en fer for­gé, et si tout se passes bien a la fin de l’an­née une Saab.
    Je crois mal­heu­re­se­ment que ce phe­no­mene n’est pas plus mas­cu­lin, que femi­nin. Même si les femmes sont (evi­de­ment) moins connes devant (mais ca c’est juste par­ceque les femmes sont moins connes). Jamais vue une femme peter le nez de quel­qu’un pour une rayure sur sa carrosserie.
    Par conre elles vont pas­ser de mau­vaises semaines par­ceque leur col­legue a pu s’a­che­ter le der­nier petit haut de chez Zara…
    Tous egaux devant le phé­no­méne. La névrose est bien là, on l’en­tre­tiens, de toute facon actuel­le­ment c’est elle qui donne sa cohé­rence au monde sans elle nous conai­trions un effron­dre­ment socié­tal sans pré­cé­dent… drole dira l’a­gi­ta­teur … alors conti­nuons à la regar­der sauter.

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


Translate »