JOURNAUX. La crise atteint le cœur des rédactions
La crise de la presse est si vive qu’elle atteint aujourd’hui le cœur-même des rédactions. Le phénomène remonte à deux ou trois ans. Pour la première fois, en tout cas de manière aussi soudaine et concentrée, on a vu paraître à la file des ouvrages critiques émanant, non plus de sociologues des médias, mais de journalistes. Depuis quelques mois, voire quelques semaines, surgissent des mouvements internes aux rédactions. Des journalistes se rebiffent. Une révolution ? Non, sire, mais une révolte sans doute.
N’allons pas mettre dans un même sac des mouvements divers aux causes multiformes. Auraient-ils cependant quelques dénominateurs communs ? Les crises que traversent Le Figaro, Le Monde, Le Parisien ont-elles à voir entre elles ? Ont-elles aussi des rapports, plus ou moins directs, avec ce qui secoue Le Progrès de Lyon, La Voix du Nord et Nord-Éclair, Le Maine Libre et Ouest-France? Oui !
Oui, car elles relèvent d’une même crise systémique relevant à la fois de l’économie générale des médias et de la financiarisation galopante qui touche – aussi – ce secteur. La plupart des journaux se portent mal individuellement mais les perspectives du marché laissent entrevoir de belles rentabilités pour peu que des mesures drastiques, suivez mon regard, finissent d’achever les entreprises de presse en tant qu’industries à part, productrices de biens spécifiques à valeur autre que seulement marchande. Ce qu’en un mot on appelle encore l’information.
Au Figaro, 93% des journalistes se rebiffent
Oui, il y a un rapport entre cette réalité-là et le malaise qui saisit toute la profession d’informer et dépasse ses clivages corporatistes. Le doute s’instaure dans de nombreuses rédactions, au point même de les gagner toutes, peu ou prou, y compris les plus sereines – elles deviennent si rares qu’on les invoque comme des miraculées –, car nul ne peut être aujourd’hui tenu à l’abri d’une déferlante financière.
Elles n’en meurent pas toutes, mais toutes sont atteintes. Leur syndrome commun s’appelle « perte de confiance » ; il provoque un même courant qui transcende les référents politiques ou seulement identitaires.
Ainsi au Figaro, lorsque Dassault le rachète et avance son projet «idées saines», les journalistes du quotidien et de ses magazines se rebiffent. Le 20 septembre 2004, ils votent, à 93 %, une motion envoyée au nouveau proprio pour lui dire notamment : «Le Figaro ne peut en aucun cas se transformer en un journal militant. Il doit demeurer un grand journal d'informations nationales et internationales, un journal de référence ouvert à tous les courants de pensée, dans sa tradition longue de plus de 150 ans».
Les journalistes de L’Express, eux aussi, ont dû mettre le holà. Mais peut-on apprendre à Dassault, et le droit du public (fût-il de droite) à l’information, et le principe démocratique qui le fonde ?
Au Monde, Plenel poussé vers la sortie, Colombani sévèrement critiqué
Au Monde, la situation apparaît des plus confuses. Certes, les deux tiers des 315 journalistes actifs ou retraités, représentant 1 164 parts, ont approuvé le plan de recapitalisation – et un tiers l’a rejeté, ce qui n’est pas rien. L’assemblée générale du 8 mars a donné lieu à d’âpres débats. Colombani y a été sévèrement critiqué pour sa gestion générale – pertes, plan social, acquisitions, recapitalisation – et particulière, concernant son salaire et jusqu’à son « parachute doré » d’un million d’euros d’indemnités en cas de départ… Le tout dans une atmosphère délétère qui a même conduit la Société des rédacteurs du Monde à assortir son vote d’une mise en garde : «Ce oui à la recapitalisation n’est pas un chèque en blanc. Bien au contraire».
Atmosphère tendue donc, mais digne – on est au Monde. Les opposants se réfrènent, y compris Plenel, l’ex-directeur de la rédaction, qui n’appelle pas implicitement au vote négatif. C’est un de ses partisans, Laurent Mauduit, qui le fera.
On n’ira donc pas jusqu’à la défiance – «on a tous aussi la trouille d’un dépôt de bilan», déclare une journaliste à Libération [28/03/05] –, mais personne n’aura ouvertement défendu Jean-Marie Colombani.
Puis, ce vendredi, Plenel a été «invité» à quitter la rédaction. Le nouveau directeur général du groupe lui a offert un placard (s’occuper d’une «Fondation Le Monde»…), renouvelant une proposition précédente de Colombani. Plenel ne serait alors plus salarié direct du journal. L’ex-directeur de la rédaction peut aussi choisir la porte, via le plan de départs volontaires… Côté direction, on dément avec vigueur. Ce qui n’empêche pas une pétition de commencer à circuler pour demander une AG sur cette nouvelle affaire.
Au Parisien, malaise sans précédent
Au Parisien enfin, le licenciement du directeur adjoint de la rédaction, Jacques Espérandieu, a provoqué un malaise sans précédent dans ce journal. Le 17 mars, 85% des journalistes ont voté une motion de défiance à l’encontre de la direction. Contre vents et marées, celle-ci veut maintenir Christian de Villeneuve à la tête de la rédaction, alors que ses méthodes et ses intérêts dans une société hippique font apparaître des dérives déontologiques. Tout ce tintouin contrarie fortement le propriétaire, Philippe Amaury, dont la rigidité de sa position en faveur de Villeneuve ne fait que jeter de l’huile sur le feu.
Je m’en tiens pour aujourd’hui à ces seuls titres nationaux. Mais on peut dire qu’un malaise diffus se répand dans de nombreux titres de la presse quotidienne, nationale, régionale et départementale. Un malaise qui se noue, on l’a dit, autour de plusieurs faits qui, aujourd’hui, semblent se coaguler. Comme si une prise de conscience s’opérait chez les journalistes – pourtant plus généralement enclins à voir la paille dans l’œil du vaste monde que la poutre dans celui de leur microcosme…
Il est vrai que les fondements mêmes du métier d’informer se trouvent menacés. Et avec eux, soit dit en passant, rien moins que la démocratie.
→ D’autres titres aussi se trouvent fortement secoués. En nous gardant de tout amalgame, citons néanmoins, parmi eux : Libération, L’Alsace, L’Express et jusqu’à Témoignage chrétien, dont le directeur de la rédaction vient d’être démis.
→→ Images : Comme d’habitude, ce sont les titres concurrents qui renseignement sur les misères des autres. Le Monde tartine sur le Parisien, mais pas sur lui. Libé sur le Monde. Le Figaro, etc. Vive le pluralisme de la presse !
le gouvernement français est derierre le mal des africain sous titre d example l’lgerie est un pays riche mais le peuple vis toujour dans la precarite et la miser je voudrais savoir pour quoi tous les opposants qui sont contre le pouvoir çentrale on ete lequide assassine en france avec la complicite du pouvoir français’je voudrais savoir qui a arabise et islamise la l’algerie”¡