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Un beau dimanche, donc. Et un trouble aussi…

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Florence et Hussein libérés. Comment ne pas en être heureux ? Comment ne pas célébrer le retour en vie, saine et sauve, d’un être doublé d’un symbole avec lesquels tout un pays – et même au-delà – s’est rassemblé et en partie identifié ? Tout cela se comprend. Mais avec un peu de recul sur la forme de l’événement, force est de constater, une fois de plus, que le spectacle s’est emballé et avec lui, la machine médiatique dans ce qu’elle a d’infernal. C’était à craindre, comme une malédiction annoncée – d’ailleurs énoncée par Florence elle-même.

Sur ce blog, ça n’a pas tardé : des tirailleurs embusqués m’ont déjà pris de vitesse [voir les commentaires] sur ce dérèglement qui, de nouveau, a saisi le système des médias. C’est qu’en peu de temps, nous aurons subi des orages médiatiques ravageurs – quoi qu’il en soit des causes soutenues : tsunami, papes, Airbus-380… Sans oublier le référendum. Ni, bien sûr, la libération de Chesnot-Malbrunot dont j’ai plusieurs fois pointé les limites de la décence journalistique, en particulier le 24 décembre, [OTAGES. Du journalisme autoglorifié, à la « Star Academy » de la communication].

Car trop c’est trop, une fois de plus. Même si Florence n’y est pour rien, sa libération a été littéralement sanctifiée et célébrée en direct, en continu, en boucle et en auto-célébration frisant la complaisance politique, journalistique et même corporatiste.

S’agissant d’un dénouement heureux qui, du même coup, clôt un événement, des records d’inflation ne sont toutefois pas à craindre. Déjà le lendemain, lundi, l’ordre des choses tendant à la normale avec des journaux qui avaient un peu recouvré la vue et le sens de la hiérarchie de la marche du monde.

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Une réflexion sur “Un beau dimanche, donc. Et un trouble aussi…

  • Gérard nous rappelle cette ancienne réflexion de Florence Aubenas: «Résister à la virtualisation ne consiste pas seulement à se “positionner” contre elle. Le journalisme doit opérer une révolution en son sein […] Aujourd’hui, une rupture de ce type est nécessaire pour résister à la domination écrasante du monde spectaculaire de la communication. »

    Ces propos me font penser à la fameuse formule : “il faut plus d’éthique dans” (… dans “la politique”, “l’économie”… ici “le journalisme”…). Comme si cette question de la virtualisation du monde n’était qu’affaire de déontologie, comme si elle ne concernait pas D’ABORD chacun d’entre nous, comme si la responsabilité n’était pas une affaire d’individu AVANT que d’être celle d’une quelconque corporation.

    Cette question de la mise en spectacle du monde ne peut donc se résoudre que lorsque chacun d’entre nous balaie devant sa porte et commence par répondre à cette “petite” question: “qu’est ce qui fait sens chez moi ?”. En clair, en quoi ce qu’a écrit Florence Aubenas dans le passé fait-il sens pour elle avec la manière dont elle joue aujourd’hui avec les médias ? Non seulement, comme le fait remarquer justement Milan, rien ne l’obligeait à “répondre aux sollicitations post-libératoires”, mais beaucoup de choses (à commencer par ses propres réflexions sur les dérives de la presse) pouvaient laisser supposer qu’elle n’y aurait pas cédé. Or, elle l’a fait.

    A ce niveau de constat, de deux choses l’une. Ou bien cette discordance entre ce qui est DIT et ce qui est FAIT est personnel à la journaliste, et alors il faut simplement laisser celle-ci s’entretenir avec sa conscience – ce qui lui est de toute façon indispensable après la terrible épreuve qu’elle vient de subir. Dans ce cas, notre discussion s’arrête là. Ou bien ce genre d’attitude est généralisable à un grand nombre d’individus, à commencer par ceux-là mêmes qui se disent aujourd’hui critiques – hypothèse que je formule – et alors il faut nous demander si la première source de dysfonctionnement de nos sociétés ne réside pas dans ce que Karl Marx appelait jadis la “conscience fausse”. Mais qui ose, aujourd’hui, disserter sur cette “conscience fausse” ? Qui ose surtout avancer le fait que celle-ci, autrefois l’apanage de la classe dominante, est à présent la chose la mieux partagée dans le corps social ?

    L’empathie manifestée pour Florence Aubenas, avant et après sa libération, pour louable qu’elle soit, cessera d’entretenir la “spectacularisation” du monde, sa virtualisation, que lorsque chacun d’entre nous aura mesuré sur sa propre pensée l’impact de ce qu’un Jacques Ellul nommait il y a 30 ans le “système technicien”.

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