Journalisme. Une lecture critique à base de quelques fondamentaux
Au fond, elle est simple ma critique des médias dominants et de ses journalistes… Elle se base sur les fondamentaux du métier d’informer :
• Recherche de l’ (impossible) objectivité, donc :
– multiplicité des sources et des questionnements ;
– exercice du doute méthodique (tout informateur a une intention ; ma vision du monde, mes valeurs sont partielles et partisanes – données que je me dois d'intégrer comme telles) ;
– établissement rigoureux des faits, séparés des commentaires (non seulement autorisés mais nécessaires, en particulier pour ne pas accréditer l’idée d’objectivité ou de neutralité).
• Décryptage de la complexité du monde et des humains :
– prise de recul, mise en perspective ;
– recherche de problématique ; contextualisation des sujets traités (exemple typique : Iter ne saurait se réduire à son aspect technique ; il apparaît dans un contexte de crise environnementale, énergétique, économique, écologique) ;
– rejet des (fausses) évidences, de la naturalisation («les choses ont toujours été ainsi»), de la généralisation et, à l’inverse, de la catégorisation réductrice ; de la superficialité ; du détournement anecdotique ; de l’exploitation spectaculaire.
• Fondamentaux auxquels s’ajoutent – cela va mieux en le disant – les critères éthiques constitutifs de l’honnête homme, a fortiori s’il se sent investi du Droit à l’information par lequel des citoyens le mandatent pour témoigner de l’actualité du monde et ainsi mieux s’y diriger. C’est bien pourquoi la presse, les médias d’information, les journalistes sont à l’exacte mesure du niveau démocratique d’une société.
Certes, il revient aux journalistes aguerris de passer le flambeau de ces valeurs à la relève des "âmes bien nées", que l'expérience ne manquera pas de nourrir… Cette transmission devrait se passer dans les lieux de formation, autant que dans les rédactions. Ce qui ne semble pas toujours être le cas, reconnaissons-le. Tandis qu'une crise existentielle chamboule la plupart des grands médias, tant sur le plan économique que sur celui de cette fonction d'informer. Tandis qu'un public citoyen ne manque pas de mettre ses pieds dans le plat de l'exigence de son Droit à l'information.
Rappelant cela – ces principes basiques –, je n’ai cependant pas l’impression d’enfoncer des portes ouvertes. Car elles se sont trop souvent, et insidieusement, refermées dans les courants d’air plus ou moins vicié des pouvoirs politique, économique, financier, marchand, spectaculaire, et même médiatiques!
Illustration en passant, avec des images, ajoutant seulement que j’ai rassemblé ces unes de quotidiens régionaux consacrées à la décision d’implanter Iter à Cadarache selon trois approximations : les indifférents, les questionnants, les triomphants. Donc, rien d’autre qu’une vitrine en ordre alphabétique…
→ Le format vignette ne permet pas d'agrandissement; on s'en tiendra aux gros titres et à la forme générale.
Il me semble que votre définition du journalisme, et donc du journaliste, activité journalistique, ne soit valable que sur le papier, et qu’en fait(s) et dans la pratique, c’est bien plus un journalisme de la « rentabilité » auquel nous sommes confrontés, journalistes et lecteurs, c’est à dire une activité qui ne (per)met plus la relecture et la vérification, par manque de temps,- en exergue -, mais se situe dorénavant dans un shéma marchand de journalisme de consommation « vite lu déjà jeté », pas le temps de digérer comme il se doit une information dans ces conditions, et que dire du glissement du « Monde » vers un journalisme d’investigation à l’anglo-saxone sinon qu’il répond aux exigences d’une certaine tendance : coller à la demande permet de s’affranchir d’une réelle alternative tout en ramassant la monnaie à court terme. Et que dire, encore, du rôle néfaste que joue le journaliste dans la propogation de « fausses nouvelles », de faits non vérifiés mais qui conforte une thèse, et comme véhicule boîteux de la langue française : réf aux mots employés pour d’autres (ex : le verbe « initier » utiliser à tort pour « lancer », dérivé d’initiative)