Abyssinie. Ils étaient fous ces Romains qui volèrent l’obélisque d’Axoum
Carnet de voyage depuis la corne de l’Afrique (5/11/05)
[dropcap]Djibouti[/dropcap], vendredi 4 novembre. Quid de ce raffut soudain dans mon hôtel ? Un groupe de rastas US faisant escale avant le pèlerinage à Addis-Abeba ? Non point : cinq Italiens en goguette touristique, débarquant tout juste de la capitale éthiopienne où ils ont été servis question tourisme : grèves, manifestations, émeutes, fusillades. De vingt à quarante morts selon la télé d’Addis – au moins deux cents, selon leurs estimations et recoupements… Pas de taxis et aucun transport, toutes les boutiques fermées, ainsi que les musées. Ils ont été servis, ces visiteurs de la péninsule – en fait, des enseignants du lycée italien d’Asmara, en Erythrée, seule vraie colonie italienne durant une trentaine d’années.
L’Italie mussolinienne et fasciste avait tenté, en vain, de coloniser l’Abyssinie de 1935 à 1941. Cet épisode reste vivace dans les mémoires éthiopiennes,, d’autant qu’un des symboles de l’Éthiopie antique, une des obélisques d’Axoum, volées par les Italiens qui l’emmenèrent à Rome, ne fut restituée qu’en avril dernier…
Le premier tronçon de l'obélisque, dont le retour avait été annoncé à maintes reprises, est finalement arrivé à Axoum à bord d'un Antonov, accueilli par des centaines de personnes qui ont défilé aux rythmes de tambours pour manifester leur joie. Les deux autres tronçons ont été acheminés dans les jours suivants.
L'obélisque, une stèle funéraire de plus de 150 tonnes, haute de 24 mètres, avait été emportée en Italie en 1937, lors de la conquête de l'Ethiopie par les troupes de Mussolini. Depuis, Addis Abeba n'avait cessé de réclamer la restitution de cet important vestige historique, témoignage de la grandeur passée de la civilisation d'Axoum qui, du IIIe siècle avant Jésus-Christ au VIIIe siècle, a rayonné dans la région.
Axoum fut la capitale d'un empire qui dominait la corne de l'Afrique, du Soudan jusqu'au Yémen. Les historiens décrivent cette période comme l'apogée d'un pays regorgeant d'ivoire, de poudre d'or, d'esclaves, d'aromates et d'émeraudes, destinés au commerce avec les autres puissants royaumes de l'époque. Selon les archéologues, l'obélisque fut érigé au IVe siècle, sous le règne du roi Ezana, pour faire office de stèle funéraire. Ezana était alors surnommé le Constantin de l'Ethiopie, en référence au puissant empereur romain qui était son contemporain.
Si elle n'est plus qu'une petite ville de la province du Tigré, Axoum profite largement de ce glorieux passé. Inscrite au patrimoine mondial de l'humanité en 1980, elle demeure le coeur identitaire et historique du pays. D'où l'obstination des Ethiopiens à récupérer la Flûte de Dieu, expression forgée par un poète local pour désigner l'obélisque.
* La stèle du roi Ezana, premier roi chrétien d'Axoum, relate en grec ses victoires, vers 330. L’obélisque restituée n’a pas encore été redressée.
Un jour je te raconterai qui couchait ( oui oui ) dans un cercueil à Axum, et comment je m’y suis retrouvé un soir la cervelle en-tatchée , meroulant dans les flaques au son d’un opéra de Wagner sous l’oeil narquois de pixote !
Parce qu’à axum en ce temps là : y avait pas que des obélisques qui se dressaient en l’honneur de la reine de Saba.
amications journésabatiques
db