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La Provence, ou le journalisme au sens (dé)figuré

Certes La Provence voyait hier son choix de Une restreint. Pas question de monter en tête de page – comme le journal s’y adonne cent fois par an – l’ « exploit » de l’OM « ridiculisé par Carquefou ». Alors va pour la mort de Chantal Sébire. Et, tant qu’à faire fort, ce sera en « montant » la photo du visage défiguré. Plein pot et gros plan.

1prov.1206051822.jpgUne revue de presse des unes du jour fait monter le quotidien marseillais sur la plus haute marche. Même Le Parisien n’a pas donné dans le si sordide (la malade est vue de loin, assise sur une chaise). La Dépêche de Toulouse se rapproche de l’exploit marseillais – même catégorie d’image mais placée en bas de page, comme pour excuser l’inexcusable.

La majorité des quotidiens régionaux, à relever, n’ont pas publié d’image de cette malheureuse femme. Ceux qu’ils l’ont fait se sont plutôt retenus. Exception notable, et positive, celle du Républicain lorrain publiant l’aimable portrait de Chantal Sébire avant sa maladie, tout en sourire. On retrouve cette même photo dans Libération (page 15) et à la une du Figaro.

111.1206052063.jpgCertes, la défunte avait en quelque sorte fait don public, et médiatique, de sa difformité en échange de son combat pour l’euthanasie. Sa mort cependant change la donne du contrat implicite passé avec les journaux et télévisions. La première concernée n’étant plus, ce contrat aussi s’annihile. Un changement qui aura échappé aux marchands de sensationnel.

La Provence décroche ainsi la timbale dans le registre exhibitionniste dont certains médias, surtout des feuilles «spécialisées », aiment se délecter. On peut toujours éditorialiser – c’est-à-dire moraliser – en dernière page (« Nous devons nous confronter à ces questions de l’intime », écrit sans rire Philippe Larue), le passage par la une aura produit son effet, celui des basses œuvres d’un sous-journalisme. Celui qui se mesure en proportion inverse à la retenue éthique – respectueuse des êtres et de leurs souffrances – qu’il accorde au traitement des « faits divers », d’ailleurs si ignoblement dénommés.

Il est vrai que La Provence vient de se doter d’une nouvelle direction. Au propre et au (dé)figuré.

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21 mars. Au courrier des lecteurs de la même Provence, une lectrice s’indigne : “Je suis scandalisée par le choix journalistique qui vous a conduit”, etc. “Quel manque de respect!”, ajoute cette lectrice. Mais le mieux dans le pire c’est la note de la rédaction, signée Philippe Larue, le même qui dans l’édito de la veille osait poser la question “de l’intime” : “Mme Sébire, avec le respect que nous avons pour elle [sic], a choisi de médiatiser son mal, de montrer son visage. […] Pour l’association Droit à mourir dans la dignité, il faut choquer pour la cause de l’euthanasie. Dans cette affaire, la pudeur n’est pas précisément le coeur du débat.” La légéreté des mots, le choc des photos : toute une éthique en effet.

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Une réflexion sur “La Provence, ou le journalisme au sens (dé)figuré

  • dibrazza@wanadoo.fr

    T’énerves pas Gégé. Sans La Provence, avec quoi mon crémier envelopperait-il ses fromages? Hein? Dis moi? Toujours ça de pris sur les sacs en plastique.

    A part ça, tout va (b)(r)ien*, m’arrive encore de penser à toi, au café des Alpes et à Venelles.

    Amications trèbienatoittes
    dB

    * au choix.

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