TRICASTIN. Et Mme Areva but l’eau du lac…
Je vous épargne la photo AFP style « le préfet aux champs », préférant sa légende, bien plus parlante : « La présidente d'Areva, Anne Lauvergeon, boit l'eau d'un lac prêt du site du Tricastin, vendredi 18 juillet, pour prouver que l'incident nucléaire n'a pas eu d'incidence sur l'environnement. »
Tailleur gris perle, brushing qui le vaut bien, la patronne d’Areva a ainsi fait don de son corps à la science nucléaire – la fameuse preuve. Ce serait plus fort encore si elle décidait d’habiter dans le rayon des cinq kilomètres autour des installations de Tricastin et de leurs poubelles nucléaires. Habiter là et donc boire l’eau des puits ; prendre des douches des mêmes sources si pures ; manger du bon poisson des rivières, accommodé aux légumes si verts des riches terres locales ; faire son jogging sur les berges du canal ; et tout le reste comme les indigènes… Ça me rappelle lorsque Jean Giono, protestant en 1961 contre l’installation du CEA (Commissariat à l’énergie atomique) à Cadarache, en face de Manosque, questionnait sur ce registre : mais si « tout ça » est si inoffensif, que ne l’installe-t-on dans les jardins de l’Élysée ?
Pourtant la dame Lauvergeon, derrière son sourire télé-guidé, ne semblait pas en mener si large… Trois séries d’incidents en si peu de temps et autour des mêmes lieux, voilà qui ne redore guère le blason écorné du nucléaire – pourtant remonté à la bourse des alternatives au baril si sale et si cher… Et son couplet en langue morte sur la si fameuse et arlésienne Transparence… Tandis que les alertes sonnent douze heures après coup… que les riverains pataugent comme ils peuvent dans les données obscures de la com’ la plus suspecte… Paroles puissantes de Mme Areva au 20 heures de France 2 : « Alors, si à chaque fois qu’on est transparent on suscite une inquiétude colossale… euh-euh-euh… ça pose problème ». En effet. Et gare à l’abus de transparence, qui rappelle le si fameux « plus blanc que blanc » d’un certain Coluche qui, lui, nous faisait vraiment marrer.