Le showbiz, degré Royal de la poltique
En plus d’une grosse flemme blogoïde – plus d’un mois, et personne pour réclamer… puisque Faber veillait au bon grain –, je me demandais qui-quoi allait me faire sortir du bois. Sortir de ma torpeur en fait, tant les bras me tombent devant l’actuel spectacle du monde. Spectacle, justement, tel est le mot déclencheur. Détonateur même. Voire déconnateur, comme on disait jadis (en déconnant). Tandis que là, c’est du sérieux dans le genre ! Pas pire que la Crise (ouah, la crise ! – j’entends Coluche d’ici), juste attristant dans le tragi-comique. Je veux parler du « show » de la Ségolène. Passons sur la « prestation » – prestance, jean-tunique, djeune-tonic, jeu de rôle, jeu pas drôle, breuching-l’oréal et l’attirail spectaculaire.
Passons ? Justement ça qui ne passe pas ! : ce défrocage devant le « show », la monstration minable, vulgos, porno au sens premier (affaire de prostitution) ; la concession à la danse du ventre, ou celle de la vente – sans l’air de, mais vrai baratin de camelote. L’alternative politique ramenée à un échange de « show », entre celui-ci d’un fort en gueule agité et petits bras, et celui-là d’une exhibi piquée à l’héroïne du pouvoir – en fait à l’ivresse de sa mise en spectacle, celle qui tourneboule tant le monde du showbiz, celle par lequel le petit peuple se prend à espérer, là où il devrait tant désespérer de cette poltique-là, en sa forme abâtardie autant que trompeuse. D’un bon désespoir de fond de puits, où il n’y a plus d’illusions qui surnagent, où la probable noyade doit céder à l’ardente nécessité de vivre.
Au lieu de quoi, 4.000 paires d’yeux fascinés, éberlués. Autant de gogos au zénith de la non-politique, au degré zéro de la conscience d’être au monde et pas chez Disney et sa Blanche-Neige adulée par des nains ! Quatre mille gogos happés par la machine à fumée, celle qui gouverne désormais, puisque tout est devenu showbiz, cette alliance abominable du spectacle et des affaires.
Et là dessous, bien sûr, travaillant au noir de l’ignorance naïve, pointons du poing ces officiants d’officine de com’, ces faiseurs-trompeurs-baiseurs, ces domestiques modernes forgeant les nouveaux maîtres, ces sous-traitants de l’industrie du «tout à l’égo», selon le mot de Régis Debray.
Même d’archaïques potentats cèdent à ces sirènes. Ainsi cet Alexandre Loukachenko, maître de la pauvre Biélorussie – tant éprouvée par le communisme et par la catastrophe de Tchernobyl –, vient-il de remporter ses législatives à la mode soviétique. Et le journal m’apprend que cet ancien directeur de kolkhoze se trouve conseillé depuis peu par… l'agence de communication Bell Pottinger, créée par Lord Tim Bell, le publicitaire du Parti conservateur britannique à l'époque de Margaret Thatcher… « Il veut, précise Le Monde du 28/9/08, donner l'illusion du changement. » Brave homme. Comme il est de braves femmes
En vous lisant, je me suis rassurée : je n’étais pas la seule à avoir été estomaquée par tant de Zénithude. Ce « show » je l’ai trouvé à mi-chemin entre « Emilie Jolie » (en beaucoup moins frais, pour ne pas dire plus, parce que l’on est poli et que l’on ne parle pas de l’âge des dames) et Anne Roumanoff (en beaucoup, beaucoup moins drôle), je me suis même prise à me demander quand elle allait débuter son sketch et à quel moment elle allait entonner son dernier tube, mais en me pinçant je me suis rappelé que les tubes c’était la spécialité d’une autre un peu plus grande, toujours accompagnée d’un monsieur nettement plus petit.
Donnez moi vite une bonne raison pour ne pas faire des cocottes en papier avec mon prochain bulletin de vote.