Affaire(s) Éric Woerth. Le ministre roulerait-il pour Peugeot ?
Voyons : Éric Woerth jure la main sur le cœur que le ministre du budget qu’il fut n’a pu intervenir dans une « quelconque » affaire Bettencourt, pas même pour demander une enquête de l’administration, a-t-il martelé. Et de préciser : aucun ministre ne le pourrait, pas davantage mon successeur.. Or celui-ci, François Baroin, a annoncé dimanche sur Europe 1 que l 'administration fiscale va examiner les comptes bancaires suisses de l’héritière de L'Oréal et les éléments de fortune qu'elle pourrait détenir à l’étranger…
Le gouvernement fait bloc et la droite politique aussi, mais en moins assertif que le président, surtout, qui en fait bien beaucoup sur la protection de Woerth. Il lui renouvelle sa confiance «totalement et complètement» parce que… «c’est un remarquable ministre du travail». Est-ce le sujet ? En tout cas c’est l’axe de défense et donc celui des «éléments de langage» : accuser la gauche, en s’en prenant au ministre, de vouloir torpiller la réforme des retraites.
Mais les faits sont têtus : voilà que M. Woerth trempe maintenant dans une histoire de dîner, en décembre dernier, avec l’héritier de Peugeot et une affaire de lingots d’or volés… Tandis que le même ministre, en juin, décorait de la légion d’honneur le même Robert Peugeot…
M. Woerth semble affectionner la fréquentation des riches héritie(e)s qu'il honore de médailles (pas en chocolat).
Notons en passant que la dernière révélation a été publiée par le Journal du dimanche (JDD) du «frère» Lagardère. Y aurait-il quelque chose de vraiment pourri dans le royaume de France ?
On a connu un autre « meilleur d’entre nous » et « droit dans ses bottes », passé à la trappe en moins de deux. Woerth doit trimballer de sacrées casseroles pour se voir défendre avec autant d’insistance pas sa clique. Le scénario de la victimisation est usé jusqu’au fond du portefeuille. Dehors !
Dieu sait que Marianne m’a souvent gonflé, voire dégoûté par son côté racoleur, mais je découvre aujourd’hui sur le blog de Jean-François Kahn une analyse intéressante de l’affaire Woerth – les affaires.
Kahn met explicitement en relation le mécénat des grandes fortunes dont a bénéficié l’UMP et les décorations, cadeaux fiscaux, facilités d’évasion de capitaux qu’ils ont connu en retour. Les soutiens politiques jusqu’au plus « haut » niveau dont bénéficie Woerth visent moins à protéger le ministre qu’à respecter la parole donnée aux « sponsors » et maintenir la crédibilité du système auquel ils participent. Le Ministrésorier doit être parfaitement fiable, sinon les donateurs pourraient se montrer moins généreux lors de la prochaine présidentielle. C’est vital : à défaut d’un bilan faisant l’unanimité, il faudra des sous, beaucoup de sous…
http://www.jeanfrancoiskahn.com/
Dernière minute, on apprend que Woerth a aussi décoré l’héritier Citroën « dans un souci d’équité et d’honnêteté » et que le partage des lingots s’est fait « à la loyale ».…
Décorons, décorons, il en restera toujours quelque chose, (avant de partir dans le décor et de se trouver bête en cour.…)
J’entendais à midi le « gentil » Xavier Bertrand exorter la gauche à cesser de persécuter ces pauvres ministres. Car, disait-il, cela nuirait à la démocratie.
Mais p… de b… de m…!
Ce qui risque de se passer au contraire, c’est que le bon peuple n’en retienne que le « tous pourris » qui permettrait à ces salopards de prédateurs de bénéficier d’une abstention… en leur faveur !