Tunisie. La révolution doit rester en marche face à la dictature
Comme un clou chasse l’autre, il ne faudrait pas que, sur la scène et dans l’opinion internationales, la révolution égyptienne chasse la tunisienne pour laquelle il reste tant à accomplir. Les Tunisiens en sont pour la plupart bien conscients, en particulier quand ils affirment haut et fort : « Le dictateur est parti mais la dictature est toujours là. » C’est ce que souligne le Collectif pour les libertés et la démocratie en Tunisie* dans l’appel ci-dessous :
« L’année 2011 restera dans l’histoire comme celle de la formidable révolution populaire tunisienne. Pour la première fois un dictateur est contraint par son peuple de s’enfuir. Cette victoire des masses populaires de Tunisie est porteuse d’un espoir immense pour tous les peuples opprimés. Elle montre la voie et annonce de nouvelles révoltes populaires dans le monde arabe et africain et dans toute l’Afrique. Partout les tyrans tremblent et ont peur que leurs peuples tirent les leçons de l’exemple tunisien.
« En Algérie après plus d’une semaine d’émeutes des centaines de manifestants restent incarcérés et l’état d’urgence est en vigueur. Au Maroc les manifestations de solidarité avec le peuple tunisien sonnent comme un avertissement aux oreilles du régime du Maroc. Au Yémen, des affrontements ont eu lieu dans plusieurs villes. Dans la capitale Sanaa, les manifestants appelaient les populations du monde arabe à prendre exemple sur la révolution tunisienne. En Algérie, au Yémen, en Égypte, en Mauritanie, au Caire des citoyens se sont immolés pour dénoncer l’absence de libertés et de droits démocratiques. Partout la colère gronde.
« Après la grande manifestation en Algérie du samedi 22 janvier 2011 ; c’est au tour de l’Égypte de se révolter contre la tyrannie du président Moubarak et de son parti. Dans ce contexte de réveil des peuples, on comprend la tentative de reprise en main par le premier ministre tunisien. Le dictateur est parti mais la dictature est toujours présente. Au nom de l’impératif de « stabilité », les dirigeants tunisiens tentent de confisquer la révolution populaire.
« Le gouvernement provisoire soutenu par toutes les grandes puissances compte ainsi de nombreux complices de Ben Ali et des membres de son parti d’assassins, le RCD. Le peuple tunisien n’est pas dupe et continue son combat. Nous devons continuer à soutenir le combat du peuple tunisien car il est en même temps celui de tous les peuples opprimés. Avec le peuple tunisien, nous devons exiger :
- la dissolution du RCD, l’arrestation et le jugement des responsables des assassinats qui ont endeuillés la révolution, et ceux des crimes politiques et économiques durant les 23 ans passés,
- le respect de la volonté du peuple tunisien pour un État démocratique, populaire et laïc,
- En Algérie, nous devons exiger la libération immédiate et l’amnistie des centaines de manifestants encore emprisonnés et la levée immédiate de l’état d’urgence. »
* Collectif pour les libertés et la démocratie en Tunisie. Soutenu par : Association des Tunisiens du Nord de la France, Collectif Afrique, La Voie Démocratique, CSP 59, Mémoire Vive, Les Amis de l’Association Marocaine des Droits Humains, ADN, MRAP, Coordination communiste, Cordillera, LDH, UL CGT Tourcoing, Europe Ecologie- les verts NPDC , NPA, CGT Educ’Action, PCF Nord, Actus/prpe (Tchad)
Ce même collectif organise Six heures de solidarité avec les révoltes populaires, ce dimanche 6 février de 14 h à 22 h, salle Concorde, 65 boulevard St-Bernard à Lille