Gaza. « Un scandale du point de vue moral et un acte criminel » s’indigne Ban Ki-moon
Il existe, hélas, des chirurgiens qu’on qualifie de bouchers. Parce qu’ils ne sont pas dignes de leur métier consistant par principe à soigner, ou à tenter de le faire, au mieux de son savoir et de son éthique. C’est même injuste de comparer ceux-là à des bouchers, infâmant à l’égard de ceux-ci qui, le plus souvent, font bien leur métier, c'est-à-dire avec conscience et l’amour du travail bien fait.
En fait, je parle ici, pour les dénoncer autant que je peux, avec le souci du travail bien fait de l’informateur-citoyen indigné : je ne parle pas à la légère d’impressions subjectives. Je dénonce avec rigueur et détermination ces mauvais et terrible bouchers militaires agissant au nom d’Israël et sous couvert de "frappes chirurgicales", non plus seulement pour se défendre donc, mais désormais pour se venger et causer du mal, du grand mal, du terrible mal : de la mort, de la douleur, de la misère. L’abomination.
Voilà ce que j’entends ce matin dans le poste, puis ce que je lis :
Après un nouveau bombardement sur une école de l'ONU, qui a tué au moins dix Palestiniens, Israël fait face à l'indignation internationale, alors même que l'Etat hébreu opérait dimanche un début de retrait de ses troupes au sol dans la bande de Gaza. En guise de défense, l'armée israélienne a déclaré qu'elle avait "pris pour cibles trois terroristes du Djihad islamique [...] à proximité d'une école de l'UNRWA [Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient] à Rafah" et qu'elle examinait les "conséquences" de cet acte, sans en reconnaître formellement la responsabilité. Au vingt-septième jour de conflit, 71 personnes ont péri dans le seul secteur de Rafah, à la suite du pilonnage intensif de la ville, selon les services de secours locaux. C'est la troisième fois qu'une école de l'ONU est ainsi touchée, après les bombardements visant Beit Hanoun et Jabaliya, les 24 et 31 juillet, qui ont fait une trentaine de morts, alors qu'Israël affirme procéder à des frappes "chirurgicales" (C’est moi qui souligne). "C'est un scandale du point de vue moral et un acte criminel", ainsi qu'une "nouvelle violation flagrante du droit humanitaire international", s'est indigné le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon. Les Etats-Unis, principaux alliés d'Israël, se sont dits "consternés" par un "bombardement honteux". Face au tollé international, Israël a annoncé une trêve de sept heures ce lundi, entre 9 heures et 16 heures, heure française). Le cessez-le-feu exclut l'est de Rafah, où les affrontements continuent. [lemonde.fr]
Le coup des « frappes chirurgicales », on connaît ! Côté « chirurgiens-bouchers », on a été servis avec George W. Bush en Irak et pour venger le 11 septembre. On a vu, on voit le résultat !
Qu’espère donc ce gouvernement ultra de « néo-conservateurs » israéliens ? Justement, à quelle espérance pourrait-il prétendre encore ? En la paix ? En la sécurité ? En la dignité ? En la divinité – pendant qu’on y est !
Le mur des dieux uniques
Quelle peut bien être la hiérarchie des valeurs qui déterminent les antagonismes meurtriers de ce conflit séculaire (millénaire ?) ? Car il ne saurait être question, dans ce dérèglement monstrueux, d’absoudre les extrémistes de l'autre bord, les islamistes. La partie archaïque des « frères ennemis » remontant aux mythes fondateurs des deux systèmes théocratiques, on peut se demander en quoi et comment des aménagements « modernes » pourraient conduire à la paix sans éradiquer – à la racine – cette pathologie ?
« Aménagements modernes », autrement dit : le partage des territoires tel qu’il fut en principe décidé et acté par les accords internationaux, estampillé par l’ONU, etc. – et aussi peu respecté que toujours bafoué ; donc l’établissement de frontières communes entre deux États reconnus, à commencer par eux-mêmes ; donc une coopération économique basée sur les partages équitables de l’eau et des richesses du sous-sol, dont le pétrole (aie aie !), les accès à la mer ; donc… une utopie totale, stérile, venant se fracasser contre ce mur – au propre comme au figuré – dressé entre Yahvé et Allah, au nom du monothéisme… qui postule l’existence d’un Dieu unique !
Si, comme je le pense, les hommes ont inventé les dieux, et non l’inverse, le sens de l’évolution en direction d’une Humanité digne de ce nom devrait viser l’affranchissement des croyances ancestrales. Mais nous touchons là à un processus relevant du temps long de l’évolution. Processus de l’évolution dont on sait, depuis Darwin notamment, qu’il dépend à part inégales et aléatoires du hasard et de la nécessité. La tâche est donc rude pour l’Homo sapiens de s’ériger [erectus] en sage. Voir à ce propos la notice littéralement renversante de Wikipedia consacrée aux actuels conflits dans le monde. Où l’on découvre deux tableaux (et quels tableaux !) dressant la litanie des guerres à l’intérieur de l’espèce humaine, classées (par commodité…) entre celles qui causent plus ou moins d’un millier de morts par an. C’est là, sous l’intitulé « Liste des guerres modernes ». En voici un aperçu illustré :
Rony Brauman - Régis Debray - Christiane Hessel - Edgar Morin viennent d'adresser, via Le Monde de ce jour, un appel à Hollande, en gros pour qu'il se bouge le cul sur le drame de Gaza. Auront-ils plus de poids que des zigues dans mon genre ? [On peut rêver…]. En attendant, cet appel se trouve ci-dessous :
Merci Gérard pour ce nouveau coup de gueule.
La religion est un des facteurs principaux de guerres entre les humains. Le nationalisme en est un autre.
Lorsque les deux se conjuguent, c’est la pire des justifications que nous donnent cette oligarchie qui décide de tuer des êtres humains pour imposer leurs points de vue.
La solution pour moi passera par l’apparition d’une nationalité terrienne, où les frontières n’existeront plus, et où les croyances diverses qu’elles soient religieuses, sectaires, ou autres seront encadrées par une législation mondiale.
L’ONU actuelle est en faillite, elle n’a plus aucun pouvoir, et je plaide pour la constitution d’un parlement mondial à sa place, avec des députés élus à la proportionnelle, qui donnerait un véritable pouvoir à une force internationale chargée de faire régner la paix entre tous les citoyens du monde.
Utopie, qui je le parie sera réalité d’ici quelques décennies, si d’ici là, l’humanité ne s’est pas autodétruite dans un conflit nucléaire.
Salut Denis et merci à toi aussi de prendre le relais sur cette dure route… Les utopies sont créatrices et donc nécessaires ; elles sont même le propre de l’Homme qui pense, désire, oeuvre au mieux du bien commun. J’aime bien la version jauressiène : « Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel ».