Ah oui, parlons-en de la « Journée de la Laïcité » !
Ils disent, dans le poste, qu’aujourd’hui c’est la journée de la Laïcité. Ah bon, ce n’est donc pas « chaque jour que Dieu fait » ? Comme la journée de la Bonté, de la Femme, de l’Air pur et du Bonheur en pilules.
Toujours est-il qu’on en entend de toutes sortes et de toutes sornettes surtout. Qui viennent non pas tant des laïcs de conviction que des cléricaux effarouchés par les dernières « affaires », les plus atroces il est vrai comme celle de Créteil. Et les voilà soudain trop empressés de saisir cette perche du Destin, même satanique, à laquelle ils s’évertuent à raccrocher l’innocence « pur Dieu » de leurs officines menacées. Le danger, même fantasmatique, ressoude les combattants de jadis, ennemis inconciliables devant l’Histoire connue, jamais à court d’étripages, de bûchers et de langues arrachées, de Giordano Bruno au chevalier de la Barre, sous la hargne des Torquemada innombrables, ornés de sabres, goupillons, faucilles, marteaux et autres cols Mao. Ou bien, désormais, au nom de la modernité tolérante, de la Marchandise et du Tiroir-caisse, qui n’ont de religion que celle du Profit. Avez-vous vu, sur nos écrans consensuels, ces rangs resserrés des imposteurs monothéistes prêcher cette tolérance qu’au long des siècles ils n’ont eu de cesse de combattre ? Je parle des cléricaux, non des croyants. Je parle de leurs soi-disant porte-parole, de leurs « bergers » prétentieux, avant-gardes des militaires et des colonisateurs de tous poils, ravageurs des forêts, exploiteurs de la Terre entière, des bêtes et des hommes, bâtisseurs d’empires et de fortunes et, au bout du Compte, agents de la grande Misère à l’œuvre sur toute la planète.
Avez-vous vu, sur nos écrans consensuels, ces rangs resserrés des imposteurs monothéistes prêcher cette tolérance qu’au long des siècles ils n’ont eu de cesse de combattre ?
Même perfidie, sinon pire, que celle de ces « laïcs » arguant de la Tradition pour justifier l’installation de la Crèche de Noël – un oxymore entre christianisme et paganisme, soit dit en passant * – dans une mairie (en l’occurrence celle de Béziers et de son maire, Robert Ménard et ses nouvelles frontières frontistes **. Puisqu’avant 1905 et la loi sur la laïcité, la « tradition », en effet, justifiait la présence de crucifix dans les écoles et les tribunaux, pas seulement dans les églises. Puisqu’avant le 21 janvier 1793, le Roi représentait Dieu sur Terre, tandis que sa décapitation a aussi tranché le fil divin, sans que le Chaos s’abatte sur l’humanité (en plus du désordre historique !) Puisque, jusqu’à présent, l’indigne spectacle de la corrida se trouve maintenu au nom de la « tradition tauromachique », sans rien enlever à son horreur.
Où l’on voit que la laïcité, tout comme les trois piliers fondateurs de la République, reste un acquis fragile, à préserver et à renforcer tant les forces anti-vie, voire mortifères, restent à la manœuvre.
J’en profite pour extraire un passage sur le sujet du fameux Journal de Jules Renard :
« -- Moi, dit Borneau, je n’ai pas de religion, mais je respecte celle des autres. La religion, c’est sacré.
« Pourquoi ce privilège, cette immunité ? Un croyant, c’est un homme ou une femme qui croit à ce que dit un prêtre et ne veut pas croire à ce que dit Renan ou Victor Hugo. Qu’y a-t-il là de sacré ? Quelle différence entre ce croyant et tel imbécile qui préférerait la littérature du feuilleton à celle de nos grands poètes ?
« Un croyant crée Dieu à son image ; s’il est laid, son Dieu est laid, moralement. Pourquoi la laideur morale serait-elle respectable ? La religion d’un sot ne le met pas à l’abri de notre dédain ou de notre raillerie.
« Soyons intolérants pour nous-mêmes !
« Que le troupeau de nos idées file droit devant cette grave bergère, la Raison ! Effaçons les mauvais vers de l’humanité. » [26 septembre 1903]
–––
* Bien avant l’apparition du christianisme, l’époque du solstice d’hiver était déjà une période charnière de l’année, qui regroupait de nombreuses croyances païennes relatives à la fertilité, la maternité, la procréation et l’astronomie.
** Se méfier tout autant de ces "hyper-laïcs" nostalgiques des croisades… dont le fond de commerce abrite les moins reluisants des anti-musulmans – et donc anti-arabes – autant que des antisémites.
Texte auquel j’adhère sans vergogne.
S’il y a des crèches à installer dans les villes il vaudrait mieux qu’elles soient laïques et « bambinnières » plutôt que santonnières!!!
J’en profite, c’est un peu tôt mais de circonstance, pour te souhaiter une bonne Athée 2015 !
Bien vu pour les crèches ! À la tienne aussi !-)
Oui, oui, oui, c’est bien vu, à ceci près que les défenseurs de la crèche « culturelle » – avec leur bonne foi habituelle – prétendent que si leur petit théâtre doit être retiré des lieux publics, il faut également nommer autrement les crèches « bambinnières ».
On pourrait dire « mangeoire pour les bestiaux » mais ça nous ramène XIIème siècle !
Tu te réfères à l’étymologie de « crèche » qui, par extension, a désigné l’étable, puis celle de la naissance supposée du Christ. Ce qui répond du même coup au commentaire précédent de Dominique Dréan.
Non : selon son étymologie « crèche » désigne une mangeoire pour bestiaux, pas l’étable de la Nativité, sinon par extension.
Étymol. et Hist. 1. Début xiies. « mangeoire pour les bestiaux » (Ps. Oxford, 241, 29 ds T.-L. [Habacuc III, 17]); 2. 1223 « mangeoire où le Christ fut déposé au moment de sa naissance » (G. de Coincy, Miracles, éd. F. Kœnig, t. IV, 559, 322); 3. 1803 « représentation de l’étable de la Nativité » (Chateaubr., Génie, t. 2, p. 317); 4. 1782 – 88 « asile de nouveau-nés » (Mercier, Tableau, CCLXXI ds Brunot t. 6, p. 1357); 5. 1793 « couche garnie d’une paillasse » (d’apr. Esn.); 1905 « gîte misérable » (ibid.). De l’a. b. frq. *krippia (germ. *kribjon) correspondant à l’all. Krippe « crèche ».
http://www.cnrtl.fr/etymologie/cr%C3%AAche
Ils disent « la religion est amour », je dis « devrait »… Et il y a loin de la coupe au calice. Ou alors : amour du pouvoir spirituel, de la domination sur les faibles, de la connivence avec les riches, etc.
La seule vraie question que pose la religion, c’est celle de l’angoisse de mort. Supprimez cette dernière, il n’y a plus de raison de croire en un au-delà où il n’y aura que l’éternité, accessoirement avec 72 houris. Comment supprimer l’angoisse de mort ? En exauçant ses voeux sur Terre, en en finissant avec l’illusion d’un assouvissement sempiternellement différé de ses désirs, bref, au prix d’un grand travail rationnel sur soi et sans un quelconque opium, qui est devenu la religion du peuple.
Croyances contre ou & Connaissances (manque de)?
Sens contre ou & Sciences (excès de)?
Depuis déjà fort longtemps (…) l’homme est confronté à ce contexte (cf. positivisme).
Ceci ne semble-t-il pas laisser percevoir une certaine prégnance de l’Absurde dans tout cela …?
Heureusement que l’on ne peut se fier réellement que sur les incertitudes, n’est-il pas ? Cette conclusion restant donc incertaine …
L’humain placé, esseulé, devant l’immensité du monde dans lequel il se saisit alors seul, ressent de stabiliser son angoisse par la soumission à ce qui le dépasse : il est sûr alors de ne pas se mettre à côté de la plaque. Mais en se rassurant de n’y être plus seul, cette solitude intérieure demeure, qu’il partage, en image, avec d’autres. Il rajoute une couche par l’affirmation qu’il détient, lui et son groupe, les clés de l’univers en matraquant qu’il est le seul à les détenir, et la forme et le fond.
Cette angoisse profonde est facile à entretenir, il suffit de faire perdre le contact avec soi et avec autrui selon les modalités de l’amour transformée d’abord en rage et ensuite, par macération en haine d’autrui, même pour le groupe qui vous insère et dont la force est la prison de cette haine.
Ce qui agace un peu les gens dans cette histoire de crèche, est qu’une « crèche » symbolise un « renouveau de l’amour », un espoir de sortir de cette haine. Et pour les gens dans la cage, c’est un espoir de moins que de voir une telle « innocence » disparaître pour raison administrative : ils y voient de l’intolérance. Pourtant, c’est la base de leur espoir qui est rigide, obtuse, et c’est cet « espoir » qui est malade, affectivement, car il demande sans fin que le monde de m.rd.e dans lequel il se formule, la manifestation d’un SAUVEUR, alors que c’est eux, les gens, qui sont responsable de leur propre malheur, par pensée, par intention et par omission !