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Richard Labévière : Daech et le terrorisme indispensables au capitalisme

Richard Labévière est journaliste et écrivain. Ancien rédacteur en chef à RFI (licencié de RFI en 2008 par Christine Ockrent pour divergence d’options éditoriales), chef du service étranger, puis éditorialiste ; créateur et présentateur du magazine géopolitique L’envers des cartes en 2003, il est aujourd’hui rédacteur en chef de Proche et Moyen-Orient.ch/Observatoire géostratégique.. Dans cet entretien publié hier (24/06/15) sur le site du quotidien libanais L'Orient-Le Jour,  il analyse le changement de posture des États-Unis dans le traitement des questions liées au terrorisme. Son analyse se prolonge sur les rapports entre terrorisme et capitalisme, indissociables complices dans la course folle à la mondialisation par l'argent.

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Daech, nécessaire au "chaos constructif".

• Vous considérez que le « terrorisme » est devenu le stade suprême de la mondialisation, cette évolution dans le traitement du phénomène serait selon vous liée à la transformation du système capitaliste ?
– Oui, le terrorisme rapporte et s'inscrit dans la logique de la mondialisation économique parce que la lutte contre le terrorisme génère des millions d'emplois dans les industries d'armement, de communication, etc. Le terrorisme est nécessaire à l'évolution du système capitaliste lui-même en crise, mais qui se reconfigure en permanence en gérant la crise. Cette idée de gestion sans résolution est consubstantielle au redéploiement du capital. Dans un brillant essai, La Part maudite, Georges Bataille avait expliqué à l'époque, en 1949, que toute reconfiguration du capital nécessite une part de gaspillage qu'il appelle la consumation et aujourd'hui on peut dire que le terrorisme est cette part de « consumation » organiquement liée à l'évolution du capitalisme mondialisé. Si Daech n'existait pas, il faudrait l'inventer. Ça permet de maintenir une croissance du budget militaire, des millions d'emplois de sous-traitance dans le complexe militaro-industriel américain, dans la communication, dans l'évolution des contractors [société militaire privée, Ndlr], etc. La sécurité et son maintien est devenue un secteur économique à part entière. C'est la gestion du chaos constructif. Aujourd'hui des grandes boîtes, comme Google par exemple, supplantent l'État et les grandes entreprises en termes de moyens financiers pour l'investissement et la recherche dans le secteur militaire américain en finançant des projets de robots et de drones maritimes et aériens. Tout cela transforme le complexe militaro-industriel classique et rapporte beaucoup d'argent. Pour cette transformation le terrorisme est une absolue nécessité, Daech n'est donc pas éradiqué mais entretenu parce que cela sert l'ensemble de ces intérêts. Et là nous ne tombons pas dans la théorie du complot, c'est une réalité quand on examine l'évolution de l'économie.

• Quelles sont les conséquences de cette logique ?
C'est surtout qu'on encourage les causes et les raisons sociales de l'émergence du terrorisme. On ne dit pas suffisamment que ceux qui aujourd'hui s'engagent dans les rangs de Daech et reçoivent un salaire proviennent des lumpen prolétariat de Tripoli ou autres zones où les gens vivent dans une extrême pauvreté parce que l'évolution du capitalisme affaiblit les États, les politiques sociales, et les classes les plus défavorisées sont dans une situation de survie de plus en plus complexe. Sans réduire le phénomène à une seule cause, le mauvais développement et la déglingue économique constituent tout de même une raison importante de l'expansion de Daech. Face à cela, les États-Unis ont entretenu la situation de faillite des États de la région sahelo-saharienne et favorisé la création de micro-États mafieux. Cette logique de traitement sécuritaire montre que l'argent est devenu le facteur principal des relations internationales aujourd'hui. La raison pour laquelle l'Arabie saoudite, le Qatar sont devenus des partenaires tellement importants pour les pays occidentaux c'est parce qu'ils ont de l'argent et dans leur logique de Bédouins, les Saoudiens pensent que l'on peut tout acheter. L'argent a supplanté l'approche politique des relations internationales, c'est la donnée principale et la direction de la gestion des crises. D'où ce poids totalement démesuré de l'Arabie saoudite, du Qatar, des Émirats, du Koweït, dans la gestion des crises du Proche et Moyen-Orient. Quand on voit que les Saoudiens arrosent d'argent le Sénégal, et que ce dernier envoie 200 soldats au Yémen on sent le poids de l'argent. On voit aussi comment cette course à l'argent explique la nouvelle diplomatie française.

• C'est- à-dire ?
– Du temps du général de Gaulle et de François Mitterrand, on parlait d'une politique arabe de la France, aujourd'hui on parle d'une politique sunnite de la France. La diplomatie française colle aujourd'hui aux intérêts saoudiens, parce que la France vend de l'armement, des Airbus à Riyad, aux Émirats, au Koweït... Ça représente 35 milliards de dollars lourds pour le Cac 40. C'est une diplomatie de boutiquier où la vision stratégique de l'intérêt national et de la sécurité nationale est supplantée par la course à l'argent. Les élites administratives et politiques ne parlent plus de la défense de l'intérêt national mais de la défense de leurs intérêts personnels. L'argent explique leur démission et leur trahison des élites. Dans ce contexte-là, la liberté d'expression s'est réduite à une simple alternative être ou ne pas être Charlie. S'exerce aujourd'hui une « soft » censure qui fait que dans les médias mainstream on peut difficilement faire des enquêtes ou critiquer l'Arabie saoudite ou le Qatar. La diplomatie est gérée par une école néoconservatrice française qui a substitué à la politique et l'approche internationale, une morale des droits de l'homme qui est un habillage à la course à leurs intérêts financiers.

Propos recueillis par Lina Kennouche | OLJ

Lire tout l'entretien : « Si Daech n’existait pas, il aurait fallu l’inventer »

😉 Un mois exactement que « C’est pour dire » n'a rien dit… et personne pour s'en plaindre. Un hymne à l'humilité – salutaire – et qui n'empêche pas la persévérance…

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5 réflexions sur “Richard Labévière : Daech et le terrorisme indispensables au capitalisme

  • Oui, j’a­vais déjà lu ça, grâce à « les obser​va​teurs​.ch », à moins que ce soit « riposte laïque.fr ».« La ges­tion du chaos construc­tif » : c’est tout moi, ça !Et puis­qu’il faut une réfé­rence US pour leur logique fou­teuse de merde, rap­pe­lons J. K. Galbraith, « La paix indé­si­rable ? », Calmann-Lévy, Paris, 1968 (sic).
    PS : ça y est, tu as fini d’a­mé­na­ger, tu te remets à penser ?

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  • Bien… Il va fal­loir tra­vailler l’op­ti­misme jubi­la­toire pour ne point tom­ber dans la dépres­sion bien plus moné­ti­sée que le précédent !
    Quant à l’en­cart joli­ment ombré : on ne peux que très dif­fi­ci­le­ment uti­li­ser le cla­vier quand le bureau du nou­veau logis n’est pas encore bien installé !!!

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  • Un autre article : Pourquoi l’is­la­misme ne peut pas être expli­qué à par­tir de la religion :
    http://​www​.palim​-psao​.fr/​2015​/​05​/​p​o​u​r​q​u​o​i​-​l​-​i​s​l​a​m​i​s​m​e​-​n​e​-​p​e​u​t​-​p​a​s​-​e​t​r​e​-​e​x​p​l​i​q​u​e​-​a​-​p​a​r​t​i​r​-​d​e​-​l​a​-​r​e​l​i​g​i​o​n​-​p​a​r​-​n​o​r​b​e​r​t​-​t​r​e​n​k​l​e​.​h​tml

    Maintenant, dès qu’un type pète des plombs, c’est un ter­ro­riste, sur­tout quand c’est un prolo.

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  • L’islam est une reli­gion essen­tiel­le­ment cen­trée sur la PEUR, pous­sée à un tel point qu’elle en devient haine, DE LA FÉMINITÉ dont la femme est déten­trice, que cette reli­gion assi­mile à satan et qu’e la femme doit cacher.

    Et la femme trinque de cette peur issue de l’homme que l’homme ne com­prend pas et ne veut pas com­prendre sous peine de com­pro­mettre le pou­voir qu’il s’in­surge sur la femme, LA déten­trice de la féminité. 

    Et tant qu’on ne com­pren­dra pas cette angoisse que la fémi­ni­té sou­lève chez ces hommes asso­ciés contre Elle à tra­vers les moyens d’une reli­gion – ici l’is­lam –, rien ne pour­ra être fait, sinon que des cau­tères sur les jambes de bois de cette religion.

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  • PM

    Non Richard , pas indis­pen­sable au Capitalisme , mais indis­pen­sable au grand Capitalisme US , ses Pétroliers , ses Banquiers ‚et par exten­sion tous ceux qui ont inté­rêt à la main mise sur les matières pre­mières ( éner­gie et ali­men­taire ) , à un rap­port de force en leur faveur vis à vis de la Chine et de la Russie , à un dol­lar comme devise prin­ci­pale d’é­changes etc etc .…..
    Le Capitalisme est un mode d’ac­tion pour l’é­co­no­mie : le pb c’est quand l’é­co­no­mie dicte son action au Politique .

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