Marseille. Le Point de Bascule, clap de fin
N'oubliez surtout pas...
pour avant, c'est trop tard
pour après, c'est trop tôt
la vie est là où l'on est..
vivement maintenant !
Hier soir, donc, jusqu’à nuit noire, résistait encore, le dernier carré des fidèles du 108, rue Breteuil qui, au fin fond d’une arrière-cour du VIe arrondissement de Marseille, de l’autre siècle, avaient amarré leurs utopies à la façon, va savoir, dont les Phocéens jetèrent l’ancre dans la calanque du Lacydon– qui deviendra Massilia.
« A l’origine, racontent les historiens locaux, un collectif marseillais de plasticiens cherche un atelier, tombe sur ces 500 m2 de la rue Breteuil, et sent d’emblée que ce lieu pourrait être le nid de bien des possibles... et l’aventure commence !
Six mois de travaux intensifs, une inauguration tonitruante en se refusant à imaginer ce que sera le Point de Bascule. Tout de suite, c’est la demande extérieure spontanée qui définit ce que sera ce lieu : résidence d’artistes émergents et en marge, espace pour associations citoyennes.
La demande est claire et appelle un fonctionnement accordé : gratuité d’accueil et équipe d’accompagnement du lieu bénévole.
Neuf ans d’activités et de liberté, plus de 300 résidences d’artistes accueillies (soit plus de 1000 artistes pluridisciplinaires), et une foultitude d’actions citoyennes avec rencontres, débats, projections, soirées de soutien.
Plus de 1 000 soirées proposées, 10 000 adhérents avec ce plaisir de vous accueillir dans la simplicité et vous proposer l’insolite, l’inattendu, parfois le nécessaire.
Ah si... le Point de Bascule a tout de même décidé quelque chose : pas de communication média pour nos activités. Par les temps qui courent, un peu de radicalité ne fait pas de mal ! »
Telle fut la profession de foi de ce temple païen animé – il en fallut de l’anima ! – par un grand « prêtre », François Pecqueur, grand et pas que par la taille, voix de barde, rire ravageur, artiste multi-instrumental de la machine à dépasser le temps (voir le slogan maison ci-dessus) de la tireuse à bière, dénicheur d’enculette * et de talents multiples, utopiste de compétition, compétiteur de rien, ce qui est déjà tant.
Ça ne pouvait pas durer plus que la crise ! Alors, le François, le plus belge des Marseillais et donc le plus marseillais des Belges – il naquit à Liège, une fois – ayant jeté l’ancre ; ayant trouvé compagne et indispensable pilier dans l’aventure en la personne d’Anne-Marie Reymond, reine du sourire et des meilleures assiettes bio ; ayant labouré cette riche terre de rencontres ; étant revenu quelque peu de certaines illusions ; mais sans amertume aucune, ce grand échalas a donc tiré l’échelle et s’en va, avec sa reine à lui, explorer d’autres horizons.
Une page se tourne. La Bascule a basculé. Des burlingues vont « investir » cette colline inspirée ; encore des burlingues, oui mais « paysagers », jurent-ils – ah bon, on est rassurés ! –, pour des bipèdes assis, bulbes calculateurs, blanchis sous le pixel, profiteurs de la misère du monde. Oyez les potes, la terre se réchauffe mais il fait bien froid tout à coup, ne trouvez-vous pas ?
* Enculette, n. fém. du bas latin enculo. Invention marseillaise d’origine indéterminée. Machine de comptoir inspirée de la roulette de casino, destinée à faire casquer le pastis apéro par le couillon du jour.
Ni fleurs ni couronnes, mais courriels d’amitié possibles ici : accueil@lepointdebascule.fr
Un entre-soi, comme d’habitude… Une tribu réveuse, nébuleuse.
Jusqu’à aujourd’hui, nulle communication ou information ne m’était parvenue sur ce lieu, aux 1000 artistes.
Des vrais « artistes », du « Marché de l’Art », je n’en connais qu’une dizaine en France, sur 2 ou 3 centaines ?…
Des créatifs pros (ou profs), il y en a quelques milliers, …qui survivent ou du moins essaient.
Des gens qui s’expriment, il y en a des millions ; dans des associations loi 1901, dites sans bénéfices. Plus ou moins régentées, souvent bobo rive gauche, voire plus ou moins babacool. Toujours soumise au chef.
Bah… quand ça bascule, on esquimote et on pagaie.
Respects, Gérard, allez-vous bien ?
Oui, je pense aussi que l’entre-soi a fini par gagner – mais en quelque sorte par défaut, et pas du fait des initiateurs il me semble, dans la mesure où les « usagers » de lieux de ce genre se sont finalement comportés en clients, en consommateurs. De plus, et surtout, comme souvent dans les modes de consommation culturelle, ces clients réclament ce qui les confortent dans leurs goûts et leurs habitudes : ne pas risquer les aventures qui dérangent. Ça vaut pour les idées aussi ! Politiques ou philosophiques. Pas de remise en cause ! Pas d’écart avec ses propres et confortables certitudes.
Oui, ça va, merci ! Et vous ?-)
Marseille capitale européenne de la monoculture.
La calotte fond et le conformisme gagne… Fait ièch.
🙁
J’y suis allé quelques fois, c’était super ; mais c’est vrai que je n’ai pas été un pratiquant fidèle, un client quoi, quand ça m’arrangeait ou que ça tombait bien ; mais je ne suis jamais militant en rien…