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Attentats de Paris. Ni prier, ni plier

attentats_paris« Pray for Paris ». De grandes âmes, sans doute, appellent à « prier pour Paris ». Est-ce bien le moment ? Que chacun prie ou non selon ses (in)croyances, pourvu que ce soit dans l’intimité de ses convictions. Or, l’injonction se veut publique ; elle s’exprime, dans la langue de Shakespeare – émanant donc du monde anglo-saxon qui ignore la laïcité –, selon le mode graphique et récupérateur, du « Je suis Charlie » des attentats de janvier. La manœuvre empeste plutôt de ces « bonnes intentions » dont l’enfer est pavé. Plutôt que solution, l’incantation religieuse ne relève-t-elle pas précisément du problème ? Celui qui justement jette une grande partie du monde dans les illusions de l’au-delà – ce qui s’appelle l’obscurantisme, au nom duquel agissent les assassins hallucinés.

Appeler à « prier » renvoie, en symétrie, dans les arrière-mondes de ces « fous de Dieu » qui parsèment l’Histoire de leur démence de sanguinaires. Plus que jamais nous avons besoin d’allumer les lumières, avec et sans majuscule, celles qui ont besoin du grand air frais de la vie pour nous donner à respirer la liberté et ce qui s’ensuit : égalité, fraternité, laïcité et joyeuseté par conséquent et de manière indissociable.

Ni prier, ni plier. Il nous faut être debout et, au nom de l’humanité, nous élever et nous maintenir au-dessus de la sauvagerie. L’élévation, bien sûr, ne saurait exclure le recueillement et la spiritualité, formes laïques de la prière.

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Lundi 16 novembre sous l'ombrière du Vieux port à Marseille. Recueillement lors de la minute de silence en mémoire des victimes des attentats de Paris. [Ph. gp]
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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

6 réflexions sur “Attentats de Paris. Ni prier, ni plier

  • Robert Blondin

    Toutes les reli­gions se sont épa­nouie sur le ter­reau sécu­laire de la peur de la mort et de l’in­con­nu. Deux des prin­ci­pales armes des socionihilistes.

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    • Gian

      Prier, s’a­bais­ser, s’hu­mi­lier, cette més­es­time de soi qui affai­blit dans la crainte, qui infan­ti­lise sans la joie de l’en­fant, cette pen­sée magique de l’es­prit pri­mi­tif. Come for Paris (Jouir pour paris).

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  • Cette confu­sion est la même que de dire que nous sommes « en guerre » alors qu’il ne s’a­git « que » de cri­mi­nels. Nous ne sommes pas en guerre, il y a des cri­mi­nels déments, qui relèvent de la psy­chia­trie, qui ont la pos­si­bi­li­té de se déployer, de déployer leur folie. 

    Il ne s’a­git que d’in­di­vi­dus que la socié­té a reje­tés, soit par indif­fé­rence soit par puni­tion, à quoi s’a­joute l’im­pos­si­bi­li­té de s’a­dap­ter à ce qu’on vous demande d’être. Car ce qu’on vous demande d’être est pro­pre­ment imbé­cile : tra­vail, bou­lot, dodo sans pos­si­bi­li­té de se réa­li­ser, de réa­li­ser sa vie dans une acti­vi­té sociale deve­nue cor­rom­pue par le tra­vail obligatoire.

    Tous ces gens ont reçus, dès leur enfance un offense ter­rible : la cir­con­ci­sion qui ôte pour moi­tié la confiance qu’on peut avoir en ses congé­nères ; à quoi s’a­joute les coups, les bri­mades, les remon­trances et par­fois l’os­tra­cisme et la mal­chance de n’a­voir pas ren­con­trer les bonnes per­sonnes au bon moment. 

    Plus tard, le patron qui s’ac­ca­pare de la moi­tié de votre salaire (parce qu’il prend des risques, lui…) vous brime pour un TRAVAIL géné­ra­le­ment minable, sinon rétro­grade. Pour peu que vous ayez joui d’un sem­blant du goût de la liber­té d’al­ler-et-venir, toutes ces contraintes deviennent débi­li­tantes. Il faut bien noter que je ne fais pas le par­don de ces gens, mais ne par­donne pas non plus à la socié­té qui les a créés ! qui a créé les condi­tions d’exis­tence qui déter­minent la conscience de soi dans le monde.

    L’humain est une éponge affec­tive : que cette affec­ti­vi­té sorte de l’é­gout ou des champs, qu’im­porte : il faut avoir une recon­nais­sance affec­tive et on prend par­fois celle qui est dans le cani­veau pour exis­ter, car on ne peut exis­ter sans affec­ti­vi­té. C’est cela qu’il faut répa­rer. Mais non… on pré­fère modi­fier la Constitution, aug­men­ter le nombre des poli­ciers et des auxi­liaires de justice. 

    Ne serait-ce que dans le cadre de cette socié­té de tra­vail : il y en aurait pour tous, que cela cal­me­rait tout le monde. Mais non : on pré­fère que cer­tains crèvent au bou­lot et que d’autres ne puissent pas avoir accès à du bou­lot plu­tôt que de dimi­nuer le temps d’emploi des uns pour le répar­tir aux autres. C’est CETTE socié­té : elle est pour­rie et pour­rit tout ce qu’elle touche. Elle nous emporte tous dans son sillage, avec son inhumanité.

    Et elle engorge toutes les têtes de ses manière de « sau­ver » le monde en aug­men­tant encore l’en­tro­pie de son élan. Le résul­tat immé­diat de ces crimes sont une aug­men­ta­tion de la police, une res­tric­tion de l’al­ler-et-venir selon son goût, une relé­ga­tion des pro­blèmes cru­ciaux à d’autres temps (cop 21, pol­lu­tions, objec­ti­vi­té du tra­vail, etc.), musa­lage des éven­tuelles contes­ta­tions par des lois et du fli­cage sans néces­si­té de man­dats ad hoc.

    Un autre disait en son temps « Société du Spectacle » intégré.

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    • Gian

      La cir­con­ci­sion qui ôte pour moi­tié la jouis­sance en insen­si­bi­li­sant le gland. Un ami kurde (pour­tant !) m’a dit qu’on cir­con­cit dans tout le MO à 7 ans, quand les gamins com­mencent à ban­der, de quoi les dis­sua­der de se tripoter…

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  • Oh !là ! Oh ! la la ! Restons libre de prier, de plier comme le roseau qui ne rompt pas ! SVP ! Merci.

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