Attentats de Paris. Ni prier, ni plier
« Pray for Paris ». De grandes âmes, sans doute, appellent à « prier pour Paris ». Est-ce bien le moment ? Que chacun prie ou non selon ses (in)croyances, pourvu que ce soit dans l’intimité de ses convictions. Or, l’injonction se veut publique ; elle s’exprime, dans la langue de Shakespeare – émanant donc du monde anglo-saxon qui ignore la laïcité –, selon le mode graphique et récupérateur, du « Je suis Charlie » des attentats de janvier. La manœuvre empeste plutôt de ces « bonnes intentions » dont l’enfer est pavé. Plutôt que solution, l’incantation religieuse ne relève-t-elle pas précisément du problème ? Celui qui justement jette une grande partie du monde dans les illusions de l’au-delà – ce qui s’appelle l’obscurantisme, au nom duquel agissent les assassins hallucinés.
Appeler à « prier » renvoie, en symétrie, dans les arrière-mondes de ces « fous de Dieu » qui parsèment l’Histoire de leur démence de sanguinaires. Plus que jamais nous avons besoin d’allumer les lumières, avec et sans majuscule, celles qui ont besoin du grand air frais de la vie pour nous donner à respirer la liberté et ce qui s’ensuit : égalité, fraternité, laïcité et joyeuseté par conséquent et de manière indissociable.
Ni prier, ni plier. Il nous faut être debout et, au nom de l’humanité, nous élever et nous maintenir au-dessus de la sauvagerie. L’élévation, bien sûr, ne saurait exclure le recueillement et la spiritualité, formes laïques de la prière.
Toutes les religions se sont épanouie sur le terreau séculaire de la peur de la mort et de l’inconnu. Deux des principales armes des socionihilistes.
Prier, s’abaisser, s’humilier, cette mésestime de soi qui affaiblit dans la crainte, qui infantilise sans la joie de l’enfant, cette pensée magique de l’esprit primitif. Come for Paris (Jouir pour paris).
Cette confusion est la même que de dire que nous sommes « en guerre » alors qu’il ne s’agit « que » de criminels. Nous ne sommes pas en guerre, il y a des criminels déments, qui relèvent de la psychiatrie, qui ont la possibilité de se déployer, de déployer leur folie.
Il ne s’agit que d’individus que la société a rejetés, soit par indifférence soit par punition, à quoi s’ajoute l’impossibilité de s’adapter à ce qu’on vous demande d’être. Car ce qu’on vous demande d’être est proprement imbécile : travail, boulot, dodo sans possibilité de se réaliser, de réaliser sa vie dans une activité sociale devenue corrompue par le travail obligatoire.
Tous ces gens ont reçus, dès leur enfance un offense terrible : la circoncision qui ôte pour moitié la confiance qu’on peut avoir en ses congénères ; à quoi s’ajoute les coups, les brimades, les remontrances et parfois l’ostracisme et la malchance de n’avoir pas rencontrer les bonnes personnes au bon moment.
Plus tard, le patron qui s’accapare de la moitié de votre salaire (parce qu’il prend des risques, lui…) vous brime pour un TRAVAIL généralement minable, sinon rétrograde. Pour peu que vous ayez joui d’un semblant du goût de la liberté d’aller-et-venir, toutes ces contraintes deviennent débilitantes. Il faut bien noter que je ne fais pas le pardon de ces gens, mais ne pardonne pas non plus à la société qui les a créés ! qui a créé les conditions d’existence qui déterminent la conscience de soi dans le monde.
L’humain est une éponge affective : que cette affectivité sorte de l’égout ou des champs, qu’importe : il faut avoir une reconnaissance affective et on prend parfois celle qui est dans le caniveau pour exister, car on ne peut exister sans affectivité. C’est cela qu’il faut réparer. Mais non… on préfère modifier la Constitution, augmenter le nombre des policiers et des auxiliaires de justice.
Ne serait-ce que dans le cadre de cette société de travail : il y en aurait pour tous, que cela calmerait tout le monde. Mais non : on préfère que certains crèvent au boulot et que d’autres ne puissent pas avoir accès à du boulot plutôt que de diminuer le temps d’emploi des uns pour le répartir aux autres. C’est CETTE société : elle est pourrie et pourrit tout ce qu’elle touche. Elle nous emporte tous dans son sillage, avec son inhumanité.
Et elle engorge toutes les têtes de ses manière de « sauver » le monde en augmentant encore l’entropie de son élan. Le résultat immédiat de ces crimes sont une augmentation de la police, une restriction de l’aller-et-venir selon son goût, une relégation des problèmes cruciaux à d’autres temps (cop 21, pollutions, objectivité du travail, etc.), musalage des éventuelles contestations par des lois et du flicage sans nécessité de mandats ad hoc.
Un autre disait en son temps « Société du Spectacle » intégré.
La circoncision qui ôte pour moitié la jouissance en insensibilisant le gland. Un ami kurde (pourtant !) m’a dit qu’on circoncit dans tout le MO à 7 ans, quand les gamins commencent à bander, de quoi les dissuader de se tripoter…
Oh !là ! Oh ! la la ! Restons libre de prier, de plier comme le roseau qui ne rompt pas ! SVP ! Merci.
…Silence…