Japon. L’élection d’un gouverneur rebat les cartes du nucléaire
La centrale de Kashiwasaki avait été sérieusement bousculée par un important séisme en juillet 2007 qui avait provoqué un incendie et des fuites d’eau radioactive. Depuis, alors que la centrale est toujours à l’arrêt, huit incendies se sont déclarés dans les différentes unités [Source : The Japan Times, 6/3/2009]. Pour autant, les autorités ont donné le feu vert en février 2009 pour le redémarrage (désormais compromis) de l'unité n°7. L’Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA) avait alors dépêché une mission dirigée par le Français Philippe Jamet, haut dirigeant de l'Autorité de sûreté nucléaire française (ASN). Le rapport publié s'était contenté de quelques recommandations anodines, assurant que les centrales japonaises pouvaient résister à tout événement sismique ou climatique. La catastrophe de Fukushima a dramatiquement rabaissé le caquet de nos arrogants experts. [ref]On peut prendre la mesure de cette arrogance lors d’un débat télévisé de « C dans l’air » diffusé sur la Cinq en 2007, peu après le séisme qui avait secoué la centrale de Kashiwasaki. Débat auquel participait Stéphane Lhomme, de l'Observatoire du Nucléaire, préconisant la fermeture d’urgence d’au moins 20 réacteurs au Japon si l'on voulait éviter un nouveau Tchernobyl. Avertissement bien sûr non pris en compte. À peine quatre ans plus tard, c'était Fukushima.[/ref]En provenance du Japon, la nouvelle n’a pas ému nos médias : la région où se trouve la plus puissante centrale atomique du monde, Kashiwazaki-Kariwa (sept réacteurs), va désormais être dirigée par un gouverneur antinucléaire. Ce qui rebat les cartes de l'énergie atomique – pas seulement au Japon.
Ryuichi Yoneyama, 49 ans, a en effet remporté, hier dimanche, les élections dans la préfecture de Niigata (nord-ouest du Japon). L'autorisation du gouverneur étant requise pour la remise en service des réacteurs arrêtés depuis Fukushima, cette nouvelle donne constitue un coup dur pour Tepco, l’exploitant qui espérait sauver ses finances en relançant ces sept réacteurs, les seuls lui restant après l'arrêt des deux centrales de Fukushima, suite à la catastrophe de mars 2011. Dès ce lundi, le cours de Tepco a dévissé de 8 % à la bourse de Tokyo (la plus forte chute du Nikkei : -7,89% à 385 yens).
Aujourd'hui, trois seulement des 54 réacteurs nucléaires japonais sont en service mais le gouvernement de l'ultranationaliste (et ultra pronucléaire) Shinzo Abe use de toutes les pressions pour essayer d'obtenir la redémarrage d'autres réacteurs, malgré l'opposition de la population.
Ces réouvertures sont contrecarrées par des décisions de justice ou par le veto de certains gouverneurs régionaux. Voilà pourquoi l'élection de Ryuichi Yoneyama à la tête de la région de Niigata est un coup terrible porté aux projets fous des pronucléaires (et au cours en bourse de Tepco) : ce courageux nouveau gouverneur va refuser la remise en service des sept réacteurs de Kashiwasaki.
Sous peu, les trois réacteurs japonais en service devront s'arrêter pour maintenance et, comme ce fut déjà le cas pendant près de deux ans en 2014 et 2015, le Japon fonctionnera à nouveau avec 0% de nucléaire. Si 130 millions de Japonais peuvent vivre sans nucléaire, comment prétendre encore que c'est "impossible" pour deux fois moins de Français ?[ref]Bien sûr, c'est là qu'on ressort le contre argument de l'effet climatique (tant nié par les mêmes avant son évidence) provoqué par les énergies fossiles. Tandis que le "tout nucléaire" a freiné le développement, en France notamment, des énergies alternatives renouvelables.[/ref]
Notons encore que cette élection et ses conséquences constituent une mauvaise nouvelle pour les nucléaristes français – entre autres – et en particulier pour EDF et Areva qui misent sur le retour de la droite au pouvoir pour relancer leur offensive sur le marché mondial de l’énergie, y compris en France, bien entendu !
C’est vraisemblablement pour cette raison de prospective politique (pour ne pas dire de probabilité) qu’EDF s’est engagée, dans un contrat franco-chinois, à livrer à Hinkley Point, sud de l’Angleterre, d’ici à fin 2025 – sans dérapage du calendrier et des coûts – deux réacteurs nucléaires EPR de 1 650 mégawatts chacun pour un devis de près de 22 milliards d’euros. Cela, alors que les chantiers EPR en cours dérapent sur les coûts et les délais, et que les finances de l’entreprise française sont au plus bas.
Le Japon n’aurait jamais dû implanter sur ses terres des centrales nucléaires et en plus forcément au bord de mer ..Le risque sismique est grand..
La nécessité d’une nouvelle politique énergétique s’impose . On ne peut qu’être soulagé que soit élu ce gouverneur anti nucléaire. .Et on ESPÈRE QUE le Japon n’imposera pas à sa population l’angoisse permanente d’un nouveau Fukushima. .
En France il va falloir se battre pour contrecarrer l’offensive des pro nucléaires. ..
On se battra..
Merci pour cette très bonne nouvelle.
Certaines centrales en France sont implantées sur de zones sismiques… Areva ce qui Areva disent les experts…