Marseille-Luminy. Massacre à la tronçonneuse
« On me tue mon infini. »
C’est la beauté du monde qui se trouve ainsi outragée, chaque jour, à chaque minute. Un ami de blog, Gérard Bérilley, indigné lui aussi par cette nouvelle, m’a adressé la citation qui suit, de Robert Hainard, citoyen suisse, graveur sur bois, artiste, écrivain, autodidacte : « J’ai l’infini à ma portée, je le vois, je le sens, je le touche, je m’en nourris et je sais que je ne pourrais jamais l’épuiser. Et je comprends mon irrépressible révolte lorsque je vois supprimer la nature : on me tue mon infini. » (Et la nature ?, 1943)
Le comité de résistance entend continuer son combat pour, cette fois, la protection des végétaux, insectes et toute la biodiversité pouvant encore être maintenue. Un appel est lancé pour un rassemblement ce vendredi 25 Mai à 17 heures devant la Chambre de commerce et d’industrie de Marseille Provence, sur la Canebière, pour protester contre ce massacre.
Où l’on voit que les grands discours des « responsables » ne sont que baratinades destinés à masquer l’imperium du bizness, c'est-à-dire la prédominance du fric, sainte valeur de nos sociétés qui n’en ont aucune autre.
Je ne pourrai pas me rendre à ce rassemblement, habitant bien trop loin, mais j’y serai par la pensée et le cœur. Je crois qu’il va nous falloir créer des ZAD – des Zones A Défendre – partout.
Enfin, enfin… La démocratie actuelle, jonchée sur l’amas putride du mépris, n’a aucune raison de prendre en considération 150 000 gribouillages d’empêcheurs de tourner en rond !!!
Travaux pratiques dès avant l’ouverture de l’école de bizness !
C’est ça le « management » appliqué à tous les domaines : ici « optimiser » les espaces = les rendre rentables, là exploiter la machine humaine à produire plus avec moins, et jeter ce qui dépasse.
Le débardage des 300 pins a été réalisé en une journée ! Chapeau les machines « high-tech » qui abattent un pareil boulot, comme en Amazonie, au Congo, en Australie, à Bornéo. Quelques heures, et hop ! les arbres centenaires alignés au bord de la route, comme des cadavres. La pétition a montré ses limites. 150 000 signatures n’ont rien changé à la loi du bizness. La manif encore moins, elle n’a mobilisé que deux dizaines de personnes…
C’est effarant ! Encore un combat de perdu, perdu avant même d’être mené. Encore un morceau de notre infini qui disparaît…
Ces infernales machines, à chaque fois que je les vois ou que tout simplement je les sais à l’oeuvre (le mot « oeuvre » ne convient pas du tout), je ne peux que penser au tracteur à chenilles qui traverse et détruit la maison de Muley dans le chef-d’oeuvre de John Ford « Les Raisins de la Colère ». Le même machinisme monstrueux, destructeur, le rouleau compresseur du capital et du profit en action, de l’Etat, contre les petites gens et contre ce qui reste encore de Nature. Le déni aussi de toute possibilité de partage des vraies richesses et de la vraie démocratie. Ces machines, ou d’autres du même acabit, on les a vu aussi récemment s’en prendre à de petites maisons, des cabanes de Vie, à Notre-Dame-des-Landes. C’est la même monstruosité qui ravage la Terre et les hommes.