ÉcologieMarseille

Marseille. 298 arbres sur l’autel du bizness

Par Georges Aillaud, président du Comité du Vieux-Marseille

[dropcap]Marseille[/dropcap]. Près de 150 000 signatures ont déjà été recueillies par une pétition lancée contre le projet d’extension de Kedge Business School[ref]Une école de commerce selon les dogmes anglo-saxons du libéralisme marchand. En anglais, “kedge” désigne une sorte d’ancre de marine. Notice Wiki ici.[/ref]. Ce projet  prévoit de tronçonner 298 arbres dont une partie centenaire, ainsi que le décapage de plus de 11 000 m2 de bois et de garrigue dans la cuvette de Luminy à Marseille, classée zone d’adhésion du Parc National des Calanques (alors que c’est en réalité son centre géographique).

calanques-marseille

J’ai commencé ma carrière d’universitaire à la faculté des sciences à St-Charles et à Luminy, puis j’ai été professeur associé à l’école d’Architecture de Marseille-Luminy , je connais donc bien le lieu. J’ai participé au GIP Calanques pour la création du Parc National des Calanques pendant plus de dix ans.

Je suis révolté par les atteintes à l’ensemble de ce site merveilleux depuis les Boues ”rouges” jusqu’à l’extension de Kedge et la destruction de garrigues boisées.

  Les associations soussignées disent, par conséquent :

1) Non à la remise en question du Parc National des Calanques par des constructions nouvelles avec un fort impact visuel et par des destructions sur la végétation préjudiciables à son existence ;

2) Non au précédent que constituerait le maintien de ce permis, contre l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France, pour le Parc National des Calanques et sa zone d’adhésion ;

3) Non à la sur fréquentation (qui passerait de 4 000 à 7 000 personnes) d’un site fragile et dangereux en cas d’incendie (car doté d’un unique accès) ;

4) Non aux mesures faussement compensatoires d’une dalle de béton agrémentée de
« trèfle fraise », de « plantain corne de cerf » ou de « verveine officinale sauvage » : il s’agit d’une végétalisation artificielle sous perfusion, pas d‘un réel maintien de la biodiversité ;

5) Oui à la revitalisation des centres villes désertifiés et paupérisés par l’étalement urbain ;

En tant que défenseurs du Patrimoine naturel, nous dénonçons ainsi la supercherie de ce projet écocide – prétendant être « éco responsable » – et exigeons une étude d’impact environnemental indépendante. L’actuel permis de construire doit être retiré.

Pétition soutenue par:

– Union Calanques Littoral – Comité du Vieux Marseille – Sites & Monuments – collectif de défense du littoral 13 – France Nature Environnement BdR – Atelier Marseillais d’Initiatives en Ecologie Urbaine – Association A.R.B.R.E.S (Arbres Remarquable : Bilan , Recherche , Etudes et Sauvegarde)

En savoir plus ici.

Signer la pétition. 

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2 réflexions sur “Marseille. 298 arbres sur l’autel du bizness

  • Bérilley Gérard

    A chaque fois que je vois ou entends parler d’une destruction d’arbres(s), je ne peux m’empêcher de penser à ce magnifique texte de Krishnamurti :
    Près de la rivière, il y a un arbre…

    « Près de la rivière, il y a un arbre que nous avons regardé jour après jour, pendant plusieurs semaines, au lever du soleil. Quand l’astre s’élève lentement au-dessus de l’horizon, au-dessus des bois, l’arbre devient brusquement tout doré. Toutes ses feuilles rayonnent de vie, et vous voyez, au fil des heures, une qualité extraordinaire émaner de lui (son nom importe peu, ce qui compte, c’est ce bel arbre) ; elle semble s’étendre par tout le pays, au-delà de la rivière. Le soleil monte encore un peu, et les feuilles se mettent à frissonner, à danser.
    Avant l’aube, l’arbre est sombre, silencieux et distant, empreint de dignité. Au point du jour, les feuilles illuminées et dansantes, il vous donne le sentiment de percevoir une grande beauté. Vers midi, son ombre est profonde, et vous pouvez vous y asseoir à l’abri du soleil. Alors s’établit un rapport profond, immuable et sécurisant, avec une liberté que seuls les arbres connaissent.
    Vers le soir, quand le soleil couchant illumine l’ouest, l’arbre peu à peu s’assombrit, se referme sur lui-même. Le ciel est rouge, jaune, vert, mais l’arbre reste silencieux, retranché, il se repose pour la nuit.


    Si vous établissez un rapport avec lui, vous êtes en rapport avec l’humanité. Vous devenez responsable de cet arbre et de tous les arbres du monde. Mais si vous n’êtes pas en relation avec les êtres vivants de la terre, vous risquez de perdre votre rapport à l’humanité, aux êtres humains. Nous n’observons jamais profondément la qualité d’un arbre, nous ne le touchons jamais pour sentir sa solidité, la rugosité de son écorce, pour écouter le bruit qui lui est propre. Non pas le bruit du vent dans les feuilles, ni la brise du matin qui les fait bruisser, mais un son propre, le son du tronc, et le son silencieux des racines. Il faut être extrêmement sensible pour entendre ce son. Ce n’est pas le bruit du monde, du bavardage de la pensée, ni celui des querelles humaines et des guerres, mais le son propre de l’univers.
    Il est curieux que nous ayons si peu de rapports avec la nature, avec les insectes, la grenouille bondissante, et le hibou qui hulule d’une colline à l’autre, appelant un compagnon. Il semble que nous n’éprouvions pas de sentiment à l’égard de tous les êtres vivants de la terre. Si nous pouvions établir une relation profonde et durable avec la nature, nous ne tuerions jamais d’animaux pour nous nourrir, nous ne ferions jamais de mal aux singes, aux chiens ou aux cochons d’Inde en pratiquant la vivisection dans notre seul intérêt. Nous trouverions d’autres moyens de soigner nos blessures et de guérir nos maladies. Mais la guérison de l’esprit est tout autre chose. Cette guérison s’opère peu à peu au contact de la nature, de l’orange sur sa branche, du brin d’herbe qui se fraie un passage dans le ciment et des collines couvertes, cachées par les nuages.
    Ce n’est pas le produit d’une imagination sentimentale ou romanesque, c’est la réalité de celui qui est en relation avec tous les êtres vivants et animés de la terre. L’homme a massacré des millions de baleines et il en tue encore. Il y a d’autres moyens d’obtenir tout ce pourquoi il les massacre. Mais apparemment il adore tuer le cerf fuyant, la merveilleuse gazelle et le grand éléphant. Nous aimons aussi nous tuer les uns les autres. Depuis le début de leur histoire sur la terre, les êtres humains n’ont jamais cessé de s’entre-tuer. Si nous parvenions, et nous le devons, à établir une relation immuable avec la nature, avec les arbres, les buissons, les fleurs, l’herbe et les nuages, alors nous ne tuerions jamais un être humain pour quelque raison que ce soit. Le meurtre organisé est la guerre. »

    Jiddu Krishnamurti (Extrait du blog Perspectives Gorziennes de Daniel PAUL)

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  • Cette magnifique et prospère école de management ne pourrait-elle pas s’installer dans les quartiers Nord de Marseille ? Trois bénéfices évidents invitent à ce déplacement géographique : 1/ Un avantage pécuniaire aux espèces très trébuchantes par l’octroi institutionnel d’un pécule non négligeable sous forme de franchise créée pour attirer les entreprises ; 2/ Un contact direct avec la population plus vivante quand même que la nature et qui sait propre demain à fournir de nouveaux étudiants ; 3/ une image de marque solidaire pouvant être valorisée sans difficulté par une Com’ vantant l’engagement et la volonté de rompre avec les facilités de confort d’un vieux monde révolu. Bref rien que du bon sens.

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