Alerte !Écologie

Bayer-Monsanto. L’héroïsme du pissenlit, hommage au Grand Résistant

Temps de lecture ± 2 mn

Carnet de montagne. Je pourrais aussi bien écrire « carnet de campagne », saluant ainsi l’émission quotidienne de Philippe Bertrand sur France Inter. Sortant de mon P’tit coin (à vocation quotidienne… et ci-contre, en haut à droite), j’emmène mon chien pour notre hommage (fermement quotidien) à la prairie merveilleuse. En quoi je me suis senti pousser des ailes de naturaliste en herbe (drôle d’oiseau…)

Pissenlit
Hier dans le Champsaur (Hautes-Alpes) - Ph. GP
[dropcap]Donc[/dropcap], je venais d’écrire sur l’affreux couple Bayer-Monsanto pour en dénoncer la tare historico-génétique – je me recopie : 

Par leur satané mariage, Bayer et Monsanto ont engendré le plus monstrueux des rejetons chimico-industriels. Tous deux chargés d’une lourde hérédité. Pour Bayer : gaz Zyklon B pour les chambres à gaz ; trafic d’êtres humains avec achat des déportés du camp d’Auschwitz… Pour Monsanto : l’agent orange pour la guerre du Vietnam ; herbicides, pesticides, Gaucho, Round up, semences OGM… Un rejeton taré, génétiquement appelé à périr – mais Phénix reste à l’affût.

L’emblème de Larousse

La fleur de pissenlit isolée dans un cercle représentatif du globe terrestre, et dispersant les akènes du savoir, ainsi que la devise « Je sème à tout vent », remontent à 1876, quand le dessinateur Émile-Auguste Reiber en fait l'emblème de Larousse, le choix de cette fleur suggérant que le dictionnaire se propose de dispenser une science familière et sans prétention. Associée à la devise, l'allégorie de La semeuse (une nymphe qui a la main droite sur le cœur et qui tient de la main gauche un pissenlit, soufflant sur le pappus) apparaît en 1890 et est due à l'affichiste Eugène Grasset. [Wikipedia]

Et me voilà, tout en joie béate, dans « mon » champ de pissenlits. Comment ne pas s’extasier devant une telle luxuriance, tant de beauté la plus simple ? Le pissenlit, héros résistant du champ d’honneur ! Le pissenlit qui aime à tout vent, qui sème à tout vent. Une forte pensée, ici, pour le grand humaniste Pierre Larousse et son Grand dictionnaire universel.

Le pissenlit, salade des dieux et fleur solaire, abondance de la semence céleste, ancrage profond de la racine terrestre. Comment ne pas s’extasier devant tant de beauté nue ?

Encore appelé dent-de-lion [ref] Cette expression a donné : en anglais dandelion, en italien dente di leone, en catalan dent de lleó, en espagnol diente de león, en portugais dente-de-leão, en gallois dant y llew, en allemand Löwenzahn, en espéranto leontodo, etc. Il existe d'autres appellations régionales, notamment en Franche-Comté : des cramaillots. [/ref]par analogie avec la dentelure de sa feuille, le pissenlit demeure, en français, identifié à ses qualités diurétiques, une affaire de pipi. 

On doit aussi – et surtout en ce qui me concerne – le voir sous l’angle du résistant ancien & moderne aux bandits envahisseurs, aux barbares de la légion Round up. Résistant « anti-monsantien » à l’Attila de l’agro-chimie, pour autant il devrait aussi alerter le paysan : bon indicateur de prairies riches tant que la plante n'est pas dominante, mais révélateur d'aggravation des engorgements lorsqu'elle explose. Donc, ami de la terre, gaffe aux engrais et aux épandages de lisier !

Tant qu’il y aura des pissenlits… Et peut-être nous survivront-ils, si nous ne les avons pas tous bouffés… par la racine.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

4 réflexions sur “Bayer-Monsanto. L’héroïsme du pissenlit, hommage au Grand Résistant

  • Détail crous­tillant : le Zyklon B de Bayer a été mis au point par quelques chi­mistes dont Fritz Haber (prix Nobel de chi­mie en… 1918, pour des tra­vaux sur la syn­thèse de l’am­mo­niac, bien utile pour fabri­quer des explo­sifs, entre autres). Haber avait déjà bien aidé sa patrie alle­mande en met­tant au point le chlore uti­li­sé pen­dant la Grande Guerre pour gazer nos grands-pères (j’ai 73 ans). Sa fra­gile épouse Clara éga­le­ment chi­miste, qui lui repro­chait ses man­que­ments quant à l’é­thique scien­ti­fique, se sui­ci­da de désespoir.
    Haber était juif, du moins selon les cri­tères raciaux nazis, et réus­sit à émi­grer pour aller mou­rir en Suisse en 1934. J’imagine quelle aurait été sa der­nière pen­sée si, n’ayant pu fuir, il s’é­tait retrou­vé dans une chambre à gaz…

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  • Gérard Bérilley

    Tant d’é­ru­di­tion sur le pis­sen­lit, c’est for­mi­dable ! Par contre, tu ne dis rien sur la pré­sence ou non des abeilles en Champsaur, car le pis­sen­lit est une plante très mellifère !

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    • Tu as rai­son : pas d’abeilles dans mon pro­pos, alors que j’aurais dû par­ler de leur rare­té appa­rente. Comme si j’avais inté­gré cette rare­té dans la réa­li­té « natu­relle »… En fait, dis­cu­tant avec un api­cul­teur sur le mar­ché de Saint-Bonnet, celui-ci m’a dit ne pas consta­ter de pro­blèmes fla­grants avec les abeilles, du moins dans leur ter­ri­toire (le Champsaur), qui n’est pas vrai­ment tou­ché par l’agriculture chi­mi­co-indus­trielle. En revanche, il s’attend à la mon­tée pro­chaine du fre­lon asia­tique. Les autres grands absents consta­tés, hélas, ce sont les papillons…

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    • En effet ! C’est qu’il y avait peu d’abeilles en vue, et le fait que j’ai dû inté­grer cette triste réa­li­té comme « natu­relle »… En fait, dis­cu­tant sur le mar­ché de Saint-Bonnet, avec un api­cul­teur local, selon lui il n’y a pas de pro­blème majeur, le Champsaur n’étant pas trop livré à l’agriculture chmi­co-indus­trielle. Il redoute davan­tage l’arrivée pro­chaine du fre­lon asiatique.

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