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Climat. Encore un peu de « durable », Monsieur le Bourreau !

 

[dropcap]Les[/dropcap] plus attentifs, voire fidèles lecteurs, de « C’est pour dire   s'en seront aperçu. Le panneau ci-contre le confirme : les travaux d'été battent leur plein à tous les étages de l'édifice blogueur, y compris au P'tit coin– ce qui peut se comprendre… La température caniculaire n'annonce rien de bon quant à une éventuelle éclaircie. Les climatologues sont catégoriques : « On va pas vers le beau ». D’autant que le fameux « Que tout change pour que rien ne change » y va à fond lui aussi dans sa nouvelle version : le du-ra-ble. M’sieur le bourreau, encore un moment svp ! Et que je te repeigne tout le tableau en verdâtre avec, au centre, la madone de la Croissance et ses adorateurs financiers, « économistes », politiciens, footeux, cultivateurs, ouvriers, chômeurs, intellos, Jaunes, badauds, etc. Alors que faire ? comme disait l’autre, pareillement embarrassé… On les voit s’agiter les faux-culs, les éco-tartuffe – ou seulement les abusés, assourdis par les parlottes, aveuglés par les promesses technologiques, le transhumanisme et les techno-sciences. Quand d’autres s’en foutent carrément, soudés à leurs grosses berlines, admirateurs des Trump et autres malfaisants. Que faire ? en attendant le déluge…

Par exemple se précipiter sur le dernier numéro (double) de La Décroissance – « 1er journal d’écologie politique » (puisque le seul…)[ref]N°161, juillet-août, 5 € chez les marchands.[/ref] – et son dossier consacré aux grandes confusions qui sévissent dans notre époque désemparée. Confusions entre les genres, les statuts, les valeurs (non marchandes) : homme/femme – adulte/enfant – individu/collectif – mort/vivant - objectif/subjectif, etc.  Remarquable travail d’analyse et de réflexion, même s’il ne fournit pas les recettes salvatrices ! À ce stade, soit-dit en passant, après avoir liquidé la pieuse espérance, qui peut encore prétendre au simple espoir ? Qui, sauf les imposteurs ?

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

12 réflexions sur “Climat. Encore un peu de « durable »,<span class="pt_splitter pt_splitter-1"> Monsieur le Bourreau !</span>

  • Faber

    Et c’est pas tout… Article “réjouis­sant” ce jour dans The Monde M ce jour : L’effondrement, que j’te dis. Encore 10 ou 20 ans à tirer et zou. Effondrés qu’on sera. Trois pen­seurs nous disent tout, cir­cuits courts, dépla­ce­ments réduits… Pour qui ? Vu qu’on sera plus là ? Pour les mouches. Effectivement. Inutile de se prendre le chou, pour­suivre des études longues ou inves­tir dans les pan­neaux vol­taïques. Reste à bul­ler au bord de la pis­cine et attendre le déluge. La pluie pour­rait même suf­fire. Bonne fin à tous, donc. Ah, aus­si ! Entendu dans le poste : une autre fin du monde est pos­sible. Tant qu’on a de l’humour…

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  • Binoit

    Entre dégra­da­tions, pannes et acci­dents, durée de vie d’une trot­ti­nette élec­trique à Paris, trois mois ; empreinte car­bone pour les impor­ter de Chine ; com­po­si­tion et recy­clage de la bat­te­rie ! Vive nos centres-villes éco­lo­gi­que­ment de plus en plus purs !

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  • Hélène

    Mais la petite allu­mette sué­doise va nous sau­ver du désastre !-)

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  • Gérard Bérilley

    J’ai lu le dos­sier de ce numé­ro double du jour­nal La Décroissance. Le moins que je puisse dire c’est que cette lec­ture ne va pas me lais­ser un sou­ve­nir impé­ris­sable. Je me demande tou­jours à la lec­ture occa­sion­nelle de ce jour­nal ce qui sous-tend, motive, les pro­pos qu’il contient, ou pour par­ler plus pom­peu­se­ment : quelle libi­do ou quelle volon­té de puis­sance (selon l’enseignement de Nietzsche) est à l’œuvre ici ? Que veulent vrai­ment ces par­ti­sans là de la décrois­sance ? c’est une ques­tion qui se pose véri­ta­ble­ment. J’y vois à l’œuvre des forces réac­tives, très en évi­dence dans ce dos­sier. Déjà son titre, en une, pose pro­blème et tra­hit la réac­ti­vi­té : Contre la grande confu­sion. J’aurais pré­fé­ré que le thème en soit : Pour une nou­velle clar­té !, car c’est cela qu’il fau­drait essayer de fon­der. Être contre la confu­sion actuelle par­ti­cipe de la confu­sion, ce n’est pas sor­tir du pro­blème, c’est s’y com­plaire (la jouis­sance de la cri­tique, de la cri­ti­co­ma­nie qui est quand même une des marques de fabrique de ce jour­nal). Certes, cer­taines grandes confu­sions modernes sont rap­pe­lées ici et là, le plus sou­vent avec jus­tesse, mais les pro­pos et les réponses de la qua­si-tota­li­té des inter­ve­nants sont empreints d’idées vrai­ment réac­tion­naires, dans les deux sens du mot. Un retour à : « c’était mieux avant ».
    Le dos­sier s’intitule : Grande confu­sion ou alté­ri­té ? C’est déjà biai­ser la ques­tion. Le cli­vage n’est pas là, le pro­blème, la crise du monde moderne, ne se pose pas de cette façon là. En la posant ain­si tous les retours au réac­tion­naire sont pos­sibles, et c’est ce qui se passe effec­ti­ve­ment, et je me demande bien quel est le rap­port avec l’écologie, la pen­sée écologique.
    Il est à remar­quer que deux seuls pré­cur­seurs de l’écologie sont cités (à l’envi) dans ce dos­sier : Bernard Charbonneau et Jacques Ellul, les deux d’obédience chré­tienne. On est loin de l’approche liber­taire d’un Elisée Reclus, d’un Pierre Kropotkine, d’un Murray Bookckin par exemple. Il y a dans ce dos­sier une volon­té mas­quée d’un retour à l’autoritarisme, avec sa cri­tique de l’horizontalité (pré­ten­due domi­nante actuel­le­ment, bien à tort) et l’apologie d’une néces­saire ver­ti­ca­li­té (pré­ten­due aus­si à tort dis­pa­rue, mal en point actuellement).
    Le sum­mum du retour de la réac­tion, des trucs curés, est atteint avec l’interview/entretien de Jacqueline Kelen en pages 21 et 22. Je n’en cite que quelques extraits, mais cela vaut son pesant de cacahouètes :
    « Or, en ce début de XXIème siècle où sévissent encore guerres, crimes et hor­reurs, l’homme se pro­clame libé­ré de toute contrainte, agis­sant selon son seul plai­sir, puisqu’il n’aurait plus aucun compte à rendre à un Dieu (déchu ou inexis­tant) et serait dégri­sé de l’opium de la reli­gion. » Quel homme se pro­clame ain­si, sinon la pro­jec­tion psy­cho­lo­gique même de Jacqueline Kelen ? C’est drôle, mais dans tous les gens que je connais je n’en connais aucun qui se pro­clame ain­si, j’en vois bien plu­tôt qui subissent de sacrées contraintes ! Je pense que les décrois­sants idéo­lo­giques ne vivent pas dans le même monde que moi ! (Remarquez aus­si les condi­tion­nels dans la phrase de Jacqueline Kelen, ils en disent très long pour qui sait lire !)
    Elle conti­nue plus loin :
    « Sans réfé­rence à une ins­tance supé­rieure (qu’on l’appelle Dieu, Absolu, Être, Principe suprême, Un), tout devient rela­tif et s’éparpille dans la mul­ti­pli­ci­té mou­vante : la véri­té, le bien, le beau varient selon les uns et les autres, les pays et les époques, au grand dam de Platon et des Idées immuables et éter­nelles ». Eh bien, nous y voi­là, le retour de l’autoritarisme, de ceux qui disent ce qui est vrai, bien et beau, en fait leur vrai, leur bien, leur beau qu’ils veulent impo­ser aux autres, le retour de la reli­gion et des idées sus­pen­dues, pré­exis­tantes à tout pen­ser de l’homme. Et tout cela en men­tant effron­té­ment, car le vrai, le bien, le beau n’ont jamais été des idées éter­nelles, uni­ver­selles ! Comme si les cri­tères du beau étaient les mêmes dans tous les pays et toutes les époques ! La Renaissance par exemple détes­tait le Gothique, mais toutes ces dif­fé­rentes, ces enjeux esthé­tiques, libi­di­naux au fond, sont éva­cués sans aucun pro­blème de conscience, sans aucun sou­ci de pro­bi­té intel­lec­tuelle. Voilà ce qu’elle nous pro­pose : le retour à Platon, à l’idéalisme phi­lo­so­phique, c’est-à-dire de reve­nir quatre siècles en arrière, avant Montaigne, Les Lumières, Feuerbach, Marx, Nietzsche, toute la socio­lo­gie et la phi­lo­so­phie modernes. On croit rêver, mais non… mal­heu­reu­se­ment. Cette femme, je pense, au vu de ses dires, doit détes­ter Montaigne, les Essais qui sont pour moi le plus grand livre de l’Occident. Et l’on nous vend (5 euros) tout ce fatras idéo­lo­gique comme étant lié à l’écologie comme école de pensée !
    J’arrête là, car il en est du texte de Jacqueline Kelen comme des écrits des Témoins de Jéhovah ou de cette hor­reur qu’est « L’existentialisme est un huma­nisme » de Sartre, livre qui comme les thèses de Jacqueline Kelen part du prin­cipe que le libre-arbitre est la réa­li­té pre­mière de la psy­ché humaine. A chaque phrase il fau­drait dire et écrire : « non ce n’est pas cela », car tout est biai­sé dans ce genre d’écriture, le rap­port au réel, à une véri­table volon­té de connaître le réel de façon mul­tiple, ayant disparu.
    Le jour­nal La Décroissance, c’était ma der­nière ten­ta­tive de lec­ture, c’en est fini pour moi.

    Deux revues, d’un tout autre niveau, existent sur l’écologie. L’Ecologiste, tra­duc­tion fran­çaise de The Ecologist, tri­mes­triel, trou­vable en kiosque
    http://​www​.eco​lo​giste​.org/
    et la très sym­pa­thique revue Silence, men­suelle, fabri­quée à Lyon
    https://​www​.revue​si​lence​.net/

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    • Disputons-nous, surtout si « c’est bon pour la planète ! » Ce slogan se répand comme la peste, et sévit comme telle. C’est le comble de la séparation : entre ladite planète et ses habitants, entre les effets et la cause, en prenant les uns pour l’autre. Je m’égare à peine : nous devons bien nous disputer, et si possible nous disputer bien – sinon, à quoi bon ?

      Ta critique ici exprimée du journal <…>La Décroissance me semble relever, moins d’une mauvaise foi que d’une subjectivite aiguë alimentée par quelques procès d’intention et, surtout, par tes propres inférences qui contredisent tes critiques. Ainsi pour le titre général [un titre qui ne soit pas réducteur : un art et surtout une gageure…] « Contre la grande confusion » qui eût été mieux formulé en positif, certes ; mais ta proposition « Pour une nouvelle clarté ! » relève pour le moins d’une inversion tout aussi réactive, qui ne garantirait en rien la pertinence démonstrative de propos attendus. En l’occurence, le journal – en effet très porté sur la critique, parfois même sur la criticaillerie – entend avec ce dossier s’en prendre aux grandes confusions qui, ô combien, marquent notre époque en plein désarroi : incertitudes en tous genres troublant pur le moins une vision de l’avenir – climat, écologie, économie, technologies, genres sexuels, croyances, médias, complots, transhumanisme… autant de questions de fond qui « interpellent » sans guère offrir de réelles visions, marinant dans un flou relativiste dévastateur. Lequel repose surtout sur des oppositions binaires, souvent manichéennes, n’ouvrant que sur de sombres perspectives.

      C’est à partir de ces oppositions « confusionnantes » que La Décroissance a bâti son dossier spécial, suivant une série de thèmes binaires : moi/l’autre ; moi/nous ; masculin/féminin ; humain/animal, etc. jusqu’à vie/mort. Pour la plupart, ces thèmes sont traités sous forme d’entretiens avec des penseurs desdites questions. Autant d’éclairages – je pèse le mot, car j’ai en effet été éclairé dans mes propres questionnements et mes pensées. Et cela sur la plupart des sujets abordés et en particulier sur celui que tu torpilles avec, pour le coup, une vraie dose de mauvaise foi. Il s’agit de l’opposition entre le bien et le mal, fondement de la morale humaine et de ses dérivés religieux.

      Dans cet entretien dense, Jacqueline Kelen (écrivaine qui vient de publier Le Jardin des vertus – que je n’ai pas lu) s’insurge contre la vision mécaniste de la condition humaine, vision devenue dominante chez cette partie de l’humanité sous l’emprise du libéralisme croissantiste, capitaliste et ravageur. Je n’y vois rien à redire, y compris à partir des passages que tu reproduis. Passages extraits de l’ensemble, ce qui est souvent dommageable à la compréhension d’une pensée – on ne le sait que trop. Je comprends que l’auteure parle de « l’homme du XXIe siècle » et, de manière restrictive – non pas générique comme tu le fais avec tes reproches – de l’homme « moderne », « occidental » et privilégié – pas les laissés pour compte… –, traversé par l’idéologie dominante de la marchandisation mondialisée, des technosciences, de la technique au sens où Ellul y voyait le lieu du transfert du sacré – et qui seraient la cause de tes « sacrées contraintes », celles imposées par ladite marchandisation et son cortège d’aliénations et d’injustices en tous genres. Pour ma part, je comprends bien les conditionnels de la phrase comme répondant à la prétention de l’homme « qui se proclame » mais, pour autant, se jette dans un nouvel emprisonnement – celui de notre « modernité ».

      Quant à ton deuxième extrait de l’article, je le prends comme l’expression du désarroi de ce même homme « moderne » dépouillé de tout idéal sacré, en effet. D’où son grand effroi devant son propre vide intérieur, et ses errements consommatoires dans les allées du supermarché mondialisé et du spectacle médiatique. Et si, certes, le vrai, le bien, le beau ne relèvent pas de l’universel, l’idée de vrai, de beau, de bien, elle, porte son universalité – celle de l’humanité en quête… d’humanité. Sinon, comme l’exprime bien Jacqueline Kelen, on laisse la porte ouverte au relativisme, cause de tous les repliements actuels du « tout à l’égo » (Régis Debray) et ses dérives narcissiques et ses communautarismes.

      Hélàs, je trouve que ta critique s’étouffe dans ses excès (« Témoins de Jéhovah »…), ses généralisations et sa condamnation : « … tout est biaisé dans ce genre d’écriture », « La Décroissance, c’est fini pour moi ». Pour toi qui prétends à la confrontation des idées, ce rejet me désole plutôt – mais je ne veux y voir qu’un dépit passager, voire un ressentiment… 😉

      Ainsi, je maintiens que ce numéro double de La Décroissance est d’une grande richesse pour qui se questionne autant que l’ami Montaigne et son Que sais-je ? fondamental. Ce que tu résumes d’ailleurs si bien en invoquant la « véritable volonté de connaître le réel de façon multiple ».

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      • Gérard Bérilley

        Gérard,
        Je vais essayer de répondre sur quelques points sans m’appesantir.
        Ma pro­po­si­tion « Pour une nou­velle clar­té » est évi­dem­ment un genre de clin d’œil ! Il y a vrai­ment moyen de trou­ver mieux que cette pro­po­si­tion de titre, de pro­jet, trou­vée dans le feu de l’action de l’écriture d’un com­men­taire en urgence !
        Tu parles à mon sujet, quant à ma cri­tique, « d’une vraie dose de mau­vaise foi ». Comme tu ne la com­prends pas tu penses qu’elle est de mau­vaise foi, or je l’ai argu­men­tée, en ne pre­nant que l’article/entretien de Jacqueline Kelen (car j’ai vrai­ment autre chose à faire que pas­ser mon temps à tout argu­men­ter en décor­ti­quant tout, un com­men­taire est tou­jours succinct).
        Tu ne réponds aucu­ne­ment à la cri­tique que j’ai faite de deux extraits extrê­me­ment signi­fi­ca­tifs, par­lants, des pro­pos tenus par Jacqueline Kelen. Tu esca­motes mes argu­ments. Ce que dit cette Jacqueline Kelen est la néga­tion même de tout l’apport d’un Montaigne, d’un Nietzsche pour ne citer qu’eux. Que Jacqueline Kelen ait besoin d’un abso­lu, de la sou­mis­sion à un abso­lu, pour avoir une morale, c’est son pro­blème, et c’est, soit dit en pas­sant, ce que disent tous les réac­tion­naires, les inté­gristes : « sans Dieu, sans sou­mis­sion à un dieu, à un abso­lu, il n’y a plus de morale ». Un Montaigne, un Nietzsche, n’avaient nul besoin d’un abso­lu pour avoir une morale (peut-être pas la même d’ailleurs, mais ce n’est pas le sujet ici). Un Kropotkine a mon­tré que l’Entr’aide est au cœur même de l’humanité sans qu’il y ait besoin d’une sanc­tion pour cela. Ma « mau­vaise foi », ce ne sont que ces réfé­rences là, che­villées à mon âme, avec celles de Max Stirner et de Michel Bakounine, de Robert Hainard, etc. Montaigne s’est fait une morale à par­tir de son expé­rience de la Vie, une morale rela­tive en dehors de toute reli­gion, même si offi­ciel­le­ment il était chré­tien, et Jacqueline Kelen nie tout cela parce qu’elle vou­drait que le monde, les gens, soient à son image comme elle le vou­drait elle. C’est gros comme le nez au milieu de la figure ! C’est cela qui me révolte, de voir le retour de la réac­tion, des thèmes les plus écu­lés, sous cou­vert de pen­sée écologique !
        Je crois que dans la pen­sée de cette femme il y a un grand mépris pour les gens, pour les gens du peuple en par­ti­cu­lier. Le « vide inté­rieur » des autres, de ses contem­po­rains, mais qu’est-ce qu’elle en sait ?????? C’est cela le mépris de classe, des intel­los envers les gens du peuple dont je suis. C’est effa­rant. C’est tout cela que je ne sup­porte pas Gérard. Ce n’est pas de la mau­vaise foi, c’est de la révolte, car je vois le dan­ger dans ces pro­pos qui se veulent évolués.
        Les autres articles conte­naient tous des aspects réac­tion­naires (moi aus­si je déplore les confu­sions sus­dites, mais pas de cette manière là). Dans l’un par exemple, la reven­di­ca­tion d’un retour à une cou­pure entre l’homme et l’animal, alors même que les sciences„ depuis trois ou quatre décen­nies, battent en brèche cette cou­pure radi­cale, et reviennent aux intui­tions géniales de Montaigne (dans L’apologie de Raymond Sebond).
        Non vrai­ment, c’est sûr que le jour­nal « La Décroissance » c’est fini pour moi. Il y a vrai­ment d’autres richesses à lire, la Vie est trop courte pour ne pas aller direc­te­ment à l’essentiel, en l’occurrence aux meilleurs livres.
        J’aimerai bien savoir mal­gré tout ce qu’ont pen­sé d’autres lec­teurs de ce dos­sier, s’il y en a…

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      • Gérard Bérilley

        Je rajoute ceci :
        Si l’on est contre la « porte ouverte au rela­ti­visme, cause de tous les replie­ments actuels du « tout à l’e­go » (Régis Debray) », alors il faut brû­ler les Essais de Montaigne que l’on peut aisé­ment, quand on a un esprit de volon­té tota­li­taire, accu­ser de rela­ti­visme et de « tout à l’e­go ». C’est bizarre : comme si Regis Debray, lui, n’a­vait pas d’é­go !!!!!!! Montaigne avait un ego liber­taire, Debray et Kelen ont cha­cun un égo auto­ri­taire (ils pensent pour les autres), mais dans tous les cas il y a de l’é­go, et cer­tai­ne­ment plus encore chez Debray et Kelen que chez Montaigne. Seulement l’é­go de Debray et celui de Kelen se masquent sous des morales, c’est tou­jours le tour de passe-passe de tous les curés.

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        • Gérard Bérilley

          Gérard,
          Quoique je ne le sou­hai­tais pas, je reviens sur le sujet, parce que cela m’énerve.
          Tu m’as accu­sé de « mau­vaise foi », accu­sa­tion que je ne ferai à per­sonne. Certes, j’ai une mau­vaise foi chré­tienne ou reli­gieuse en géné­ral, ce que j’assume tota­le­ment, mais l’on ne peut m’accuser de manque de pro­bi­té intellectuelle.
          Tu écris aus­si : « Je trouve que ta cri­tique s’étouffe dans ses excès (« Témoins de Jéhovah… ») ». Eh bien, je per­siste et signe. Suite à ton com­men­taire j’ai relu dans ce dos­sier de « La Décroissance » l’article/entretien d’un cer­tain Dominique Salin sur le thème : LE PSYLE SPI (enten­dez le psy­cho­lo­gique contre le spi­ri­tuel). Eh bien, plus encore qu’à ma pre­mière lec­ture je pour­rais pen­ser que les pro­pos tenus ont été finan­cés, spon­so­ri­sés par le dio­cèse (d’où un cer­tain rap­port tout de même avec les Témoins de Jéhovah, même si je sais la dif­fé­rence appa­rente entre ces deux confré­ries !). Dans cet entre­tien, évi­dem­ment, la cri­tique, non tota­le­ment affi­chée, est faite contre la psy­cho­lo­gie moderne (en oubliant évi­dem­ment l’apport moderne des neu­ros­ciences qui expliquent tant de choses comme nous l’apprend par exemple l’émission « Sur les épaules de Darwin » sur France Inter, les same­dis, de 11 à 12.), au pro­fit d’une cer­taine pro­mo­tion d’une « spi­ri­tua­li­té » irré­duc­tible à toute ana­lyse, à toute com­pré­hen­sion. Je n’avais encore jamais vu dans un jour­nal éco­lo­gique (qui plus est qui se pré­tend le « 1er jour­nal d’écologie poli­tique », excu­sez du peu) une telle apo­lo­gie des « ana­lystes de la vie spi­ri­tuelle et du cœur humain qu’avaient été dans l’Antiquité, les Clément d’Alexandrie, Evagre le Pontique, Augustin ; au Moyen Age, Bernard, Denys le Chartreux ; à la Renaissance, Ignace de Loyola, Jean de la Croix, François de Sales, etc., etc. » (page 22). Quel est le rap­port avec la pen­sée éco­lo­gique, je me le demande. Le but est d’opposer ces reli­gieux aux décou­vertes de la psy­cho­lo­gie moderne, la fameuse oppo­si­tion entre psy­cho­lo­gie et spi­ri­tua­li­té reven­di­quée comme une ques­tion fon­da­men­tale par ce dos­sier. La pen­sée réac­tive, la réac­tion à l’œuvre, ici, sous nos yeux.
          Alors l’auteur, par contre, est un finaud : il a com­pris que le pro­blème arri­vait avec Montaigne. Je cite tou­jours (page 23) : « Cette laï­ci­sa­tion était déjà per­cep­tible chez Montaigne, à la fin de la Renaissance. Les Essais sont la pre­mière grande explo­ra­tion d’une conscience humaine, après saint Augustin et à peu près à la même époque que l’autobiographie de Thérèse d’Avila. Mais l’ « inté­rieur » de Montaigne, c’est-à-dire sa vie spi­ri­tuelle au sens large du mot, à la dif­fé­rence de Thérèse d’Avila, est entiè­re­ment laïque. Montaigne, certes, se veut bon catho­lique, mais, à lire les Essais, Dieu et le Saint-Esprit n’interviennent jamais dans sa vie spi­ri­tuelle per­son­nelle, y com­pris dans le cha­pitre inti­tu­lé « Des Prières ». Laïcisation de la vie de l’esprit donc. »
          Je suis entiè­re­ment d’accord avec cette remarque. Cet « inté­rieur » de Montaigne je l’appelle « inté­rio­ri­té liber­taire », terme que je n’ai ren­con­tré chez aucun auteur, nulle part.
          La fin de cet article en vient à une apo­lo­gie d’un auteur que je ne connais pas, mais si j’en crois l’auteur celui-ci défen­dait une « spi­ri­tua­li­té » irré­duc­tible à aucune approche psy­cho­lo­gique. Certes Michel de Certeau, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était prêtre jésuite, nous dit-on, et « était à l’aise avec la pen­sée de Lacan » ; ces deux aspects ne m’étonnant guère, le laca­nisme n’étant rien d’autre pour moi qu’un retour for­te­ment accen­tué à toute la dimen­sion curé de l’idéologie freu­dienne. (Les laca­niens sont ceux qui ont le plus com­bat­tu ou mépri­sé Wilhelm Reich, entre autres méfaits, et voir par exemple leur approche déli­rante de l’autisme, et la souf­france qu’il en a décou­lé en France pour les autistes et leurs familles.)
          Alors, le rap­port avec l’écologie comme école de pen­sée, je le cherche tou­jours. Un rap­port avec les thèmes les plus réac­tion­naires me semblent plu­tôt évident, un retour de la curaille­rie sous cou­vert d’écologie, de pen­sée éco­lo­gique et contes­ta­taire. Je sais, les aus­tères cis­ter­ciens, Bernard de Clairvaux, eux aus­si étaient décrois­sants quant à la gabe­gie et la magni­fi­cence de Cluny. Tout cela n’est peut-être pas sans rapport.
          J’en reviens aus­si à Jacqueline Kelen, afin de ne plus être accu­sé de ne pas argu­men­ter mon point de vue. Page 21, dans l’article LE BIEN /​ LE MAL, elle dit (c’est écrit) :
          « La vul­gate thé­ra­peu­tique qui enva­hit tous les champs de la pen­sée et de l’action m’apparaît comme l’ennemi prin­ci­pal de la Morale éter­nelle. Là où celle-ci donne des repères et des règles de conduite intan­gibles, et sur­tout éveille à la res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle et com­mu­nique le goût du per­fec­tion­ne­ment, une cer­taine psy­cho­lo­gie bien­veillante et fla­gor­neuse rela­ti­vise et sème le flou, elle entre­prend d’excuser le pauvre et fra­gile indi­vi­du, d’invoquer son enfance, son envi­ron­ne­ment social, bref de le des­sai­sir de son libre-arbitre et de sa volon­té. La morale for­ti­fie et redresse l’être humain, là où le suave dis­cours thé­ra­peu­tique le débilite. »
          Je demande à mes lec­teurs de lire et relire ce pas­sage car c’est un som­met de la pen­sée de l’extrême-droite. Je m’explique, s’il est besoin, mais c’est déjà faire injure aux lec­teurs de C’est pour dire. Non seule­ment cette per­sonne sait ce qu’est la « Morale éter­nelle » (quelle pré­ten­tion tout de même !!!) mais elle sait aus­si que cette morale ne contient pas l’once d’une com­pas­sion, car le « pauvre et fra­gile indi­vi­du » est sans excuse, d’après elle. Elle confond d’ailleurs, comme tous ceux qui ne veulent sur­tout rien com­prendre, rien apprendre, com­pré­hen­sion et excuse, voire par exemple ce que disait Manuel Valls à pro­pos des ter­ro­ristes. Suite à « l’enseignement » de cette dame, je pro­pose donc la sup­pres­sion dans les tri­bu­naux des avo­cats qui eux, dans le Droit fran­çais, plaident tou­jours les cir­cons­tances atté­nuantes (une enfance sou­vent catas­tro­phique, des condi­tions sociales, de Vie, déplo­rables, etc.), car l’individu, tout indi­vi­du d’après Jacqueline Kelen, a tou­jours son libre-arbitre (tom­bé du ciel peut-être ?). C’est un retour en arrière ter­rible avec ces thèmes curés et fas­cistes les plus écu­lés. Avec cette dame, M le Maudit, le per­son­nage de ce chef‑d’œuvre de Fritz Lang, serait condam­né sans avoir pu béné­fi­cier, ce qui est le droit de tout homme, d’aucune défense, comme s’il avait eu le libre-arbitre de ne pas tuer (voir et revoir ce film qui est l’un des films majeurs du ciné­ma). Cette dame n’a aucune com­pas­sion pour le faible, pour le pauvre, pour le déshé­ri­té. « Servir pre­mier celui qui souffre » disait à contra­rio l’Abbé Pierre, Kropotkine en aurait dit de même. Comme si le fait d’être, de deve­nir res­pon­sable pour un indi­vi­du, ne néces­si­tait aucune condi­tion ! Les pro­pos de cette femme sont la néga­tion de tout ce que les sciences humaines nous ont appris depuis un siècle. Et l’on donne la parole à cette femme dans un jour­nal qui se pré­tend éco­lo­gique, sans aucune remise en ques­tion de pareils pro­pos, je n’avais encore jamais vu cela ! D’où ma ques­tion, posée à bon escient dans mon pre­mier com­men­taire : que veulent au fond ces par­ti­sans-là de la décrois­sance ? Au ser­vice de qui ou de quoi sont-ils ?
          J’espère cette fois que mon pro­pos est clair et net, qu’il est fon­dé en argu­men­ta­tion. Je suis stu­pé­fait, voire atter­ré, que toi, Gérard, tu tombes dans un tel aveu­gle­ment. Et tes lec­teurs, qu’en pensent-ils ?

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          • C’est déjà leur mérite, à La Décroissance et son numé­ro spé­cial, de nous agi­ter le bon­net… Je ne compte pas reprendre tes argu­ments à la lettre, ça tour­ne­rait trop à un duel qui n’intéresserait que peu nos lec­teurs – s’il y en a, et qui ne disent rien de toutes façons.

            Comme tu dis, tu es « éner­vé » et je vois là une cer­taine véhé­mence, celle d’un être entier fort de savoir qui il est, ain­si que tu me l’écris par ailleurs. Je n’ai pas cette pré­ten­tion (ne prends pas le mot de tra­vers : rien de répro­ba­teur ici). Je ne sau­rais, certes, mettre en doute ta pro­bi­té intellectuelle.

            Quel est le pro­pos de ce dos­sier de La Décroissance ? Il me semble : ques­tion­ner l’état du monde et de ses rési­dents au vu du capi­ta­lisme mon­dia­li­sé et, tout autant, du désar­roi des humains dont ce capi­ta­lisme est consi­dé­ré comme en par­tie res­pon­sable – en par­tie. C’est dans ce « reste » que résident, selon moi (et eux aus­si), les ques­tion­ne­ments autour de la « grande confu­sion », et c’est plu­tôt à cela que mon atten­tion se trouve por­tée. J’y inclus par consé­quent ce que tu exclus : place et rôle des spi­ri­tua­li­tés dans la spé­ci­fi­ci­té humaine, y com­pris, et même en pre­mier lieu, celle des reli­gions et, plus géné­ra­le­ment, des croyances. En quoi, je trouve Régis Debray très per­ti­nent, venant de lui qui fut ce croyant laïc en la libé­ra­tion révo­lu­tion­naire et qui en est reve­nu (de peu) pour déve­lop­per une réflexion que je ne sau­rais qua­li­fier de « curé » comme tu le fais aisé­ment à pro­pos de ceux que tu critiques. 

            Ce qui semble à l’œuvre aujourd’hui dans la « psy­cho­lo­gie moderne », selon ton expres­sion, c’est la réduc­tion de l’être à des tech­niques dites, en par­ti­cu­lier, de « déve­lop­pe­ment per­son­nel ». Je sais un peu de quoi je parle en l’occurence, ayant en quelque sorte accom­pa­gné ce mou­ve­ment avec les der­niers numé­ros de la revue Sexpol, sexualité/​politique, que j’ai diri­gée pen­dant six années comme tu le sais. Un numé­ro double fut même entiè­re­ment consa­cré aux « bio-éner­gies », sans y por­ter toute la contre­par­tie cri­tique qui eût été néces­saire face à cette éma­na­tion « cali­for­nienne », c’est-à-dire néo-capi­ta­liste sous des cou­verts d’individualisme résis­tant, de glo­ri­fi­ca­tion de l’égo comme rem­part aux col­lec­ti­vismes – le com­mu­nisme reven­di­qué comme tel et le capi­ta­lisme glo­ri­fiant l’individu pour mieux le lami­ner comme uni­té mar­chande et consommatoire. 

            Il appa­raît désor­mais – pas seule­ment à mes yeux – que ce mou­ve­ment pré­fi­gu­ra ce néo-libé­ra­lisme de la mar­chan­dise et de la réi­fi­ca­tion géné­ra­li­sée dont sa pro­lon­ga­tion actuelle frise la per­fec­tion… Où l’on revient à l’écologie poli­tique – en elle-même un pléo­nasme : il s’agit bien, comme pour l’éco-nomie, de l’organisation de la mai­son cos­mique (oïkos), au cœur même des ques­tion­ne­ments du dos­sier de La Décroissance. Que tu ne par­tages pas tous les points de vue expri­més, c’est évi­dem­ment ton droit, sinon ton devoir. Pour ma part, j’aime qu’un jour­nal comme celui-ci me donne plus à pen­ser, à me remettre en ques­tion, qu’à me ré-confor­ter. D’ailleurs, leur cour­rier des lec­teurs exprime sou­vent cette fonc­tion, par­fois en termes viru­lents. Ça me ramène encore à Sexpol et à ce numé­ro inti­tu­lé « A poil les mili­tants ! » pour lequel j’ai inter­viewé Roger Holeindre, alors bras droit de Jean-Marie Le Pen, dans le but de ten­ter de com­prendre com­ment on devient « facho » [les idées comme miroir de nos vies, tou­jours selon Montaigne…] Dans le même état d’esprit, à la même époque, j’ai aus­si sol­li­ci­té Alain Geismar (Gauche pro­lé­ta­rienne… puis ins­pec­teur de l’Éducation natio­nale…) pour ten­ter de com­prendre comme on devient « mao ». Il a refu­sé. Prétexte : « Je ne parle pas à un canard qui fait par­ler des fachos ! »… Ainsi se confortent les cer­ti­tudes de l’entre-soi et du com­mu­nau­ta­risme. Ainsi éga­le­ment voit-on le Front natio­nal s’épanouir en Rassemblement natio­nal sous le nez et à la barbe des socia­listes deve­nu sourds aux appels (il est vrai peu audibles…) du peuple. On voit le résultat.

            Concernant la morale et la « sou­mis­sion à un abso­lu «  selon Jacqueline Kelen, à laquelle tu opposes Montaigne, Kropotkine, Nietzsche, etc. en parais­sant oublier qu’il s’agit d’exceptions dans ce monde plus que jamais domi­né par la reli­gio­si­té, c’est-à-dire par le besoin de croyances, fussent-elles laïques, autour de « valeurs » comme la pri­mau­té de l’égo (relié à un au-delà reli­gieux ou idéo­lo­gique), à l’économie, aux tech­no­lo­gies, au trans­hu­ma­nisme, bref, au « Progrès ». C’est une ques­tion par essence phi­lo­so­phique, abor­dée dès l’antiquité gre­co-romaine et ques­tion­née par la plu­part de nos contem­po­rains, s’agissant notam­ment du « sen­ti­ment océa­nique » expri­mé par Goethe ou de l’énergie vitale selon Bergson et Reich ( l’« orgone »).

            J’en reste là de notre dis­pute qui pour­rait ne pas en finir, comme pour l’infini de la connais­sance auquel se super­pose le flou de nos lan­gages – selon les vécus qui les ont sculp­tés comme nous-mêmes… (autre sujet !).

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