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IX – Chronique de la peste couronnée – Houellebecq : « Du même, en un peu pire » – « Big Oil » contre « Big Pharma »

[dropcap]Suite[/dropcap] de notre virulente Série Peste couronnée. Soit donc cette IXe saison de Chronique. Pour commenter, bien indiquer le numéro (IX #–) de référence. Merci aux presque deux cents lecteurs quotidiens ! Ne vous retenez pas de partager idées et propositions pour une humanité et un monde meilleurs. Sait-on jamais ?

 

IX #1  04/05/2020 – De Michel Houellebecq – « Je ne crois pas aux déclarations du genre “rien ne sera plus jamais comme avant” » 

L’écrivain Michel Houellebecq ce 04/05/20 sur France Inter. Extraits :

[dropcap]«[/dropcap] Je ne crois pas une demi-seconde aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant ». Au contraire, tout restera exactement pareil. Le déroulement de cette épidé­mie est même remarquablement normal. L’Occident n’est pas pour l’éternité, de droit divin, la zone la plus riche et la plus développée du monde ; c’est fini, tout ça, depuis quelque temps déjà, ça n’a rien d’un scoop. Si on examine, même, dans le détail, la France s’en sort un peu mieux que l’Espagne et que l’Italie, mais moins bien que l’Allemagne ; là non plus, ça n’a rien d’une grosse surprise.

[…]

« Il serait tout aussi faux d’affirmer que nous avons redécouvert le tragique, la mort, la finitude, etc. La tendance depuis plus d’un demi-siècle maintenant, bien décrite par Philippe Ariès, aura été de dissimuler la mort, autant que possible ; eh bien, jamais la mort n’aura été aussi discrète qu’en ces dernières semaines. Les gens meurent seuls dans leurs chambres d’hôpital ou d’EHPAD, on les enterre aussitôt (ou on les inci­nère ? l’incinéra­tion est davantage dans l’esprit du temps), sans convier person­ne, en secret. Morts sans qu’on en ait le moindre témoignage, les victimes se résument à une unité dans la statistique des morts quoti­diennes, et l’angoisse qui se répand dans la population à mesure que le total augmente a quelque chose d’étrangement abstrait.

« Un autre chiffre aura pris beaucoup d’importance en ces semaines, celui de l’âge des malades. Jusqu’à quand convient-il de les réanimer et de les soigner ? 70, 75, 80 ans ? Cela dépend, apparem­ment, de la région du monde où l’on vit ; mais jamais en tout cas on n’avait exprimé avec une aussi tranquille impudeur le fait que la vie de tous n’a pas la même valeur ; qu’à partir d’un certain âge (70, 75, 80 ans ?), c’est un peu comme si l’on était déjà mort.

« Toutes ces tendances, je l’ai dit, existaient déjà avant le coronavirus ; elles n’ont fait que se manifes­ter avec une évidence nouvelle. Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire. »

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IX #2  04/05/2020 – De Gian Laurens – « Big Oil » contre « Big Pharma » 

[dropcap]La[/dropcap] pandémie Covid-19 recèle plein d’énigmes, mais s’il en est une qui est particulièrement remarquable, c’est celle de son surgissement. Un gigantesque coup de tonnerre dans un ciel serein. La maladie mondiale a jailli du néant. Du jour au lendemain, elle a envahi le monde médiatique devenu monomaniaque et a accaparé presque toute l’humanité. Et plus particulièrement la moitié d’entre elle, confinée à domicile, qui a dû changer complètement de mode de vie. Ce qui a consisté surtout en une privation de liberté fondamentale, celle d’aller et venir à son gré, un B A BA en démocratie et même en dictature. Il est assez surprenant que ce confinement ait été aussi aisément accepté par l’immense majorité des gens, alors même que les raisons en étaient médiocrement rationnelles et pour le moins discutables, tant elles variaient – et continuent de varier – d’un pays à l’autre, d’un expert à l’autre et d’un moment à l’autre dans chaque pays.

Cette vaste vacillation a généré à la fois de l’incertitude – qui croire, Raoult ou l’Ordre des Médecins ? – et de l’anxiété. Moment d’hébétude, de sidération même pour certains, dans le travail de deuil, qui s’apparente à une confusion mentale collective. Face à un tel inattendu aussi massif que déroutant, on peut parler de « cygne noir. »

Avant qu’on découvre cet oiseau en Australie au XVIIIe s., on le tenait pour fantasmatique ; il est devenu depuis le symbole de ce phénomène – la sérendipité – qu’on peut définir comme « la découverte inopinée de quelque chose qu’on ne cherchait pas mais auquel on reconnait immédiatement une grande valeur, pour soi ou pour autrui. »

Le surgissement de la Covid-19 doit certes interroger par sa brutale soudaineté mais surtout par son ampleur paradoxale. Il y a en effet un très troublant décalage, une grande disproportion, entre l’énormité de l’accaparement médiatique et des esprits en général, associé aux mesures prophylactiques de masse, et la réalité des faits épidémiologiques : plus de 3 Md d’humains bloqués chez eux, un scoop historique et un gigantesque chaos économique prévisible, pour quelques petits milliers de morts.

Tout s’est passé à l’instar d’un phénomène de cristallisation : c’est comme s’il avait fallu attendre que se concentrent suffisamment de tensions et peurs planétaires (dérèglement climatique, menaces environnementales, terrorisme,…) avant qu’un germe minuscule n’opère le figeage subit de tout le système socio-économique mondial. Début 2020, les populations étaient prêtes pour la servitude volontaire.

Faisons le détective : à qui profite le « crime » qui entraîne cette propension des masses à se confiner docilement ? Pour l’heure – mais le match n’est pas fini – c’est Big Pharma qui mène aux points. Supplantera-t-il Big Oil qui arrive en bout de course ? Il s’agira d’ailleurs vraisemblablement plus d’une reconversion du second que d’une substitution par le premier. Le contrôle expansible des cerveaux versus la dépendance à l’énergie en voie d’épuisement. Huxley l’avait prévu avec l’enrégimentement neuroleptique des populations qu’il appelait « soma ». Qui mieux que Big Pharma est capable de comprendre l’encéphale ? « Celui qui contrôle la peur des gens devient le maître de leurs âmes » disait Machiavel.

GL, Annales de confinementologie

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

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