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Une insulte contre la foi… et tout bascule dans le fanatisme

Il a donc suffi d’une vidéo de dix minutes pour ranimer la flamme du fanatisme islamiste. Cette actualité atterrante et celle des vingt ans passés le montrent : des trois religions révélées, l’islam est aujourd’hui la plus controversée, voire rejetée. Tandis que la judaïque et la chrétienne, tapies dans l’ombre tapageuse de leur concurrente, font en quelque sorte le dos rond – ce n’est pas leur tour. En ce sens, elles peuvent se donner à voir comme les « meilleures », alors qu’elles n’ont pas manqué d’être les pires dans leurs époques historiques flamboyantes, et qu’elles ne sont toujours pas en reste pour ce qui est de leurs dogmes, les plus rétrogrades et répressifs. *

Préalable : parler « religions » ici c’est considérer les appareils, et non pas leurs adeptes plus ou moins consentants. C’est donc parler des clergés, des dogmes et des cohortes activistes et prosélytes. On en dirait autant des idéologies, dont les pires – fascistes et nazies –, construites comme des religions, ont entaché l’Histoire selon des schémas similaires. Donc, distinguer les « humbles pécheurs » abusés par leurs « libérateurs », tout comme on ne confondra pas ces militants aux grands cœurs abusés par les Staline, Hitler et autres tyrans de tous les temps.

Parlons donc de l’islam politique, mis en exhibition dramatique sur la scène planétaire, voulant en quelque sorte se prouver aux yeux du monde. Aussi recourt-il à la violence spectaculaire, celle-là même qui le rend chaque plus haïssable et le renforce du même coup dans sa propre et vindicative désespérance. Et ainsi apparaît-il à la fois comme cause et conséquence de son propre enfermement dans ce cercle vicieux.

Que recouvre l’islamisme, sinon peut-être la souffrance de cette fraction de l’humanité qui se trouve marginalisée, par la faute de cet « Occident » corrompu et « infidèle ». C’est en tout cas le message que tente de faire passer auprès du milliard de musulmans répartis sur la planète, les plus activistes et djihadistes de leurs meneurs, trop heureux de décharger ainsi sur ce bouc émissaire leur propre part de responsabilité quant à leur mise en marge de la « modernité ». Modernité à laquelle ils aspirent cependant en partie – ou tout au moins une part importante de la jeunesse musulmane. D’où cette puissante tension interne entre intégrisme mortifère et désir d’affranchissement des contraintes obscurantistes, entre gérontocrates intégristes et jeunesses revendicatives. D’où cette violence de « cocotte minute » et ces manifestations collectives sans lesquelles les sociétés musulmanes risqueraient l’implosion. D’où, plus avant, les « printemps arabes » et leurs normalisations politiques successives.

Un nouvel épisode de poussées cléricales d’intégrisme se produit donc aujourd’hui avec la promotion d’une vidéo dénigrant l'islam diffusée sur la toile mondiale et attribuée à un auteur israélo-américain – ou à des sources indéfinies. Prétexte à ranimer – si tant est qu’elle se soit assoupie – la flamme des fanatiques toujours à l’affût.

On pourrait épiloguer sur ces conditionnements reptiliens (je parle des cerveaux, pas des personnes…) qui se déchaînent avec la plus extrême violence à la moindre provocation du genre. De tout récents ouvrages et articles ont ravivé le débat, notamment depuis la nouvelle fièvre éruptive qui a saisi les systèmes monothéistes à partir de son foyer le plus sensible, à savoir le Moyen Orient. De là et, partant, de la sous-région, depuis des siècles et des siècles, au nom de leur Dieu, juifs, chrétiens, musulmans – et leurs sous-divisions prophétiques et sectaires – ont essaimé sur l’ensemble de la planète, installé des comptoirs et des états-majors, lancé escouades et armées entières, torturé et massacré des êtres humains par millions, au mépris de la vie hic et nunc, maintenant et ici-bas sur cette Terre, elle aussi martyrisée. Et le tout au nom d’un Au-delà hypothétique, proscrivant à chacun sa libre conscience et l’art d’arranger au mieux la vie brève et, de surcroît, pour le bien de l’entière humanité.

Va pour les croyances, qu’on ne discutera pas ici…  Mais qu’en est-il de ces systèmes séculiers proliférant sur les plus noirs obscurantismes ? On parle aujourd’hui de l’islam parce que les guerres religieuses l’ont replacé en leur centre ; ce qui permet aux deux autres de se revirginiser sur l’air de la modération. Parce que l’islamisme « modéré » – voir en Tunisie, Libye, Egypte ; en Iran, Iraq, Afghanistan, Pakistan, etc. – n’est jamais qu’un oxymore auquel judaïsme et christianisme adhèrent obséquieusement, par « charité bien comprise » en direction de leur propre « modération », une sorte d’investissement sur l’avenir autant que sur le passé lourd d’atrocités. Passé sur lequel il s’agit de jeter un voile noir, afin de nier l’Histoire au profit des mythologies monothéistes, les affabulations entretenues autour des messie et prophètes, dont les « biographies » incertaines, polies par le temps autant que manipulées, permettent, en effet, de jeter pour le moins des doutes non seulement sur leur réalité existentielle, mais surtout sur les interprétations dont ces figures ont pu être l’objet. Quid, en effet, d’un Mahomet tel que dépeint ici ou là, c’est selon évidemment, comme ignare, voleur, manipulateur, cupide et amateur de fillettes ? Pas plus réel que sa divinisation, ni celle de Moïse et de Jésus construits hors de leur propre réalité, selon des contes infantiles psalmodiés et faisant appel à la plus totale crédulité.

Mais, admettons que les hommes aient créé leurs dieux par nécessité, celle de combler leurs angoisses existentielles, de panser leurs misères, leurs vertiges face à l’univers et devant l’inconnu des lendemains et d’après la mort. Admettons cela et regardons l’humanité dans la perspective de son devenir et de son évolution – dans le fait de se lever sur ses deux jambes et même de se monter sur la pointe des pieds pour tenter de voir « par dessus » ce qui abaisse, s’élever dans la condition d’humains désirant, parlant, connaissant, comprenant, aimant.

Alors, ces religions d’ « amour », ont-elles apporté la paix, la vie libre et joyeuse, la justice, la connaissance ? Et la tolérance ? Ou ont-elles aliéné hommes et femmes – surtout les femmes… –, maltraité les enfants, méprisé les animaux ; inculqué la culpabilité et la soumission ; attaqué la philosophie et la science ; colonisé la culture et imprégné jusqu’au langage ; jeté des interdits sur la sexualité et les mœurs (contraception, avortement, mariage et même l’alimentation) ; commandé à la politique et aux puissants…

Torah, Bible, Évangiles, Coran – comment admettre que ces écrits, et a fortiori un seul, puisse contenir et exprimer LA vérité ? Par quels renoncements l’humain a-t-il cheminé pour finalement dissoudre sa rationalité et son jugement ? Mystère de la croyance… Soit, encore une fois, pour ce chapitre ! Mais, tout de même, la religion comme système séculier, comme ordre ecclésial, avec ses cohortes, ses palais, ses forteresses spirituelles et temporelles… Son histoire marquée en profondeur par la violence : croisades, Inquisition (je voyais l’autre soir sur Arte, Les Fantômes de Goya, de Milos Forman… ; une histoire de tout juste deux siècles !), guerres religieuses, Saint-Barthélémy, les bûchers, et aussi les colonisations, ethnocides, soutiens aux fascismes… Ça c’est pour le judéo-christianisme.

Côté islamisme, qui dit se dispenser de clergé, son emprise ne s’en trouve que plus entièrement diluée dans les sociétés, d’où l’impossible laïcisme des islamistes, se voudraient-ils « modérés ». Et que penser de cette violence endémique devenue synonyme d’islam, jusque dans nos contrées d’immigration où d’autres extrémismes en nourrissent leurs fonds de commerce nationalistes ? Sans doute un héritage du Coran lui-même et de Mahomet présenté dans son histoire comme le « Maître de la vengeance » et celui qui anéantit les mécréants… Voir sur ce chapitre les nombreuses sourates invoquant l’anéantissement des juifs, chrétiens et infidèles – tandis que, plus loin, d’autres versets promulguent une « sentence d’amitié » – contradiction ou signe opportuniste de « tolérance » ? Voir en réponse les fatwas de condamnation à mort – dont celles de Salman Rushdie par Khomeiny (avec mise à prix réactivée à la hausse des jours-ci !) et de Taslima Nasreen qui a dû s’exiler de son pays, le Bengladesh. Voir l’assassinat de Théo van Gogh à Amsterdam, poignardé puis achevé de huit balles en pleine rue ; dans un documentaire, il venait de dénoncer le traitement réservé aux femmes dans l’islam. [Le voir ci-dessous.]

Même double langage chez le dieu juif Yahvé pour justifier…l’extermination de certains peuples de Palestine (dont les Cananéens…) Cela en vertu du fait que les juifs sont le "peuple élu par Dieu", dont le premier commandement est « Tu ne tueras pas » ! Ce fantasme juif alimente en les légitimant le colonialisme et ce qui s’ensuit en Palestine et l’affrontement des théocraties. Affrontement également par affidés interposés et leurs États ou organisations terroristes : Bush contre Al Quaïda, Tsahal contre le Hezbollah, kamikazes contre population civile. Violences innommables, guerres sans fin.

Quant au film « blasphématoire » qui agite de plus belle les fanatiques islamistes, il est curieux que nos médias de masse, radios et télés en chœur, semblent en contester la légitimité du fait qu’il serait bricolé, mal ficelé, pas pro… Comme s’il s’agissait d’une question d’esthétique ! Quoi qu’il soit et quels que soient ses commanditaires, il fait bien apparaître par les répliques qu’il provoque le niveau de fanatisme imprégnant les pays musulmans. Ce qui s’était déjà produit avec les caricatures danoises de Mahomet, dont certains avaient, de même, contesté la qualité artistique ! Et Goya, au fait, lorsqu’il représentait les visages de l’Inquisition, était-ce bien esthétique ?

La question porte nullement sur la nature du « blasphème » mais sur la disproportion de la réplique engendrée, allant jusqu’à mort d’hommes – l’ambassadeur états-unien et de ses collaborateurs en Libye, victimes sacrificielles et à ce titre totalement inscrites dans un processus d’expiation religieuse !

Et plus près de nous, que dire des provocations menées à Paris devant l’ambassade américaine ? Et aussi à La Courneuve, lors de la fête de l’Huma où Caroline Fourest a été chahutée, menacée, insultée et empêchée de débattre – entre autres sur ces questions d’intégrisme qui font les choux gras du Front national !

Comme quoi, pour résumer, une insulte contre la foi – ou ce qui en tient lieu –constitue un crime plus grave que de s’en prendre à un être vivant.

 

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  • Même si on met un peu à part le judaïsme : cette religion du particulier ethnique sans visée planétaire directe retrouve toutefois le christianisme – ne dit-on pas le judéo-christianisme ? – et l’islamisme dans cette même volonté de pénétrer jusque dans les têtes et les ventres de chacun. En ce sens, celles qui se présentent comme les « meilleures » parviennent bien à être les pires dans leurs manoeuvres permanentes d’aliénation. De même que leur « modération » demeure relative à leur stratégie hégémonique.
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17 réflexions sur “Une insulte contre la foi… et tout bascule dans le fanatisme

  • Belle lettre aux « Trois imposteurs ».

    Bravo.

    Cependant tu m’é­nerves ! Pourquoi n’ai-je donc pas pas cette habi­le­té des mots.…

    Enfin « cha­cun son métier » dit-on.

    Musicien, je ne suis jamais par­ve­nu à accor­der reli­gions et modération…

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  • vincent

    Tout bas­cule dans le fana­tisme ? Si on fait la somme des mani­fes­tants anti-insulte par­tout dans le monde, on arrive à moins de 100 000 per­sonnes. Sur les 1,3 mil­liards de musul­mans, on bien bien loin du Tout…

    Par contre, les médias eux, ils bas­culent pour du vrai, et ils nous font prendre des ves­sies pour des lan­ternes. A l’i­mage des 150 imbé­ciles qui ont mani­fes­té à Paris, qui ne repré­sentent per­sonne, mais qu’on nous met à l’an­tenne à lon­gueur de jour­née, qu’on ana­lyse et re-ana­lyse pour que le gogo soit bien ter­ro­ri­sé juqu’au fond de son slip. Probable que ça doit être bon pour la pub.

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    • Il faut faire du chiffre ?
      Désolé de don­ner rai­son à la loi de Godwin mais, his­to­ri­que­ment, ça démarre sou­vent avec une poi­gnée d’imbéciles.…

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  • vincent

    Une autre. Sur la vio­lence soi-disante spé­ci­fi­ci­té des religions.
    J’aime les chiffres, ils remettent les choses à leur vraie place. Une com­pa­rai­son donc. Tu parles d’Inquisition catho­lique. Moi je la com­pare à la Terreur révo­lu­tion­naire. Les deux reposent sur des tri­bu­naux d’ex­cep­tion char­gés de répri­mer des « pen­sées déviantes ». Les chiffres (wiki­pé­dia): autour de 90 000 vic­times en 500 ans pour l’Inquisition et 45 000 en 2 ans pour la Terreur. Les révo­lu­tion­naires des Lumières ont donc été envi­ron 125 fois plus meur­triers que les cathos du Moyen-Age(règle de 3. Normal, quand on « cho­si­fie » l’être humain, qu’on le réduit à un objet maté­riel, il n’y a plus de bar­rière à son élimination.

    Le maté­ria­lisme du 20e siècle occi­den­tal a engen­dré les idéo­lo­gies natio­na­liste et com­mu­niste qui ont pro­vo­qué les pires héca­tombes de tous les temps par­tout sur la pla­nète. Infiniment plus que toutes les reli­gions réunies depuis tou­jours. Ces immenses mal­heurs du 20e siècle, dont l’Occident est entiè­re­ment res­pon­sable, nous dis­qua­li­fient com­plè­te­ment à don­ner des leçons aux autres civi­li­sa­tions. En par­ti­cu­lier aux musul­mans, dont les quelques mani­fes­tants d’au­jourd’­hui expriment avant tout une une haine pro­fonde de l’Occident. C’est très dif­fé­rent d’un fana­tisme reli­gieux. Et c’est beau­coup plus dangereux.

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    • Gérard Ponthieu

      En panne d inter­net mai­son , je prends date pour une suite à la disputation 😉

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    • Gérard Ponthieu

      Comptes d’apothicaire ! Comparer des nombres de vic­times pour excu­ser une ter­reur par une autre… Excuse, mais c’est pour le moins dis­cu­table. De plus, géné­ra­li­ser « les révo­lu­tion­naires des Lumières » pour en faire une caté­go­rie, n’arrange pas ton cas. Non seule­ment un Robespierre était déiste (culte de l’Etre Suprême), mais la plu­part des autres les plus en vogue aus­si : Voltaire (der­rière son anti­clé­ri­ca­lisme), Rousseau notam­ment. Sans doute  pas Diderot, athée comme quelques autres comme D’Holbach et La Mettrie.
      D’autre part, et je crois bien que je le dis dans mon jus ci-des­sus, ces régimes « révo­lu­tion­naires » se sont consti­tués selon moi (je n’invente rien) en tant que sectes puis reli­gions, avec tous leurs appa­reillage litur­giques, leurs gou­rous, prêtres, Livres, dieux, offi­ciants, sacri­fices (par mil­lions de vic­times !), etc. Si tu penses entre autres au com­mu­nisme sta­li­nien, je te ren­voie au socio­logue Jules Monnerot (années 60) qui en avait bien tra­qué les contours, à savoir ses trois com­po­santes inter­dé­pen­dantes : un empire, une reli­gion sécu­lière (il la com­pa­raît à un « islam conqué­rant »…), une entre­prise sub­ver­sive, le tout « armé » de pro­sé­ly­tisme et dans un contexte de guerre sou­ter­raine (la « guerre froide » en l’occurrence). Note que le nazisme hit­lé­rien relève tout à fait de ces composantes…
      De même, j’objecte fer­me­ment face à ton argu­ment selon lequel les abo­mi­na­tions de l’Histoire pour­raient absoudre celles à venir. Il ne s’agit nul­le­ment de « leçons à don­ner », mais plu­tôt de leçons à retenir.
      Enfin (réponse à ton com­men­taire pré­cé­dent), ok sur le rôle intoxi­quant des médias par effets répé­ti­tifs (la pros­ter­na­tion face à l’ambassade US mon­trée en boucle : yabon pour le FN). Mais pas d’ac avec ton équa­tion rela­ti­viste x = 100 000 /​ 1,3 mil­liard de musul­mans dont les 150 allu­més mani­fes­tant à Paris. Car ne sont-ce pas les mino­ri­tés agis­santes qui ont fait l’Histoire, fac­tions et sectes pro­pul­sant un Sauveur ? (Je me cite : « Le silence des pan­toufles est plus inquié­tant encore que le bruit des bottes »…).

      On ne peut igno­rer le contexte mon­dial, la pro­cla­ma­tion de « la fin de l’Histoire » puis sa ten­ta­tive de relance sur l’air du « choc des civi­li­sa­tions », une cer­taine déca­dence de l’empire amé­ri­cain, l’irruption de la Chine et des pays « émer­gents » (Brésil, Inde), la mise en coupe réglée de l’Afrique et, en dehors de cette scène mon­diale, ou tout au moins sur le bord, ce 1,3 mil­liard de musul­mans pas­sifs – sinon fana­tiques – dont le seul bien appa­rent, la seule res­source à part le pétrole arabe, se résume à une croyance mys­tique. Pour ma part, ce n’est pas satis­fai­sant. Et ça ne me laisse pas tranquille.

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  • Il ne m’é­nerve point d’être en phase, comme sou­vent… mais pas tou­jours, avec l’a­mi Gérard. Non seule­ment c’est bien écrit, on ne se refait pas à ct’âge, mais comme qui dirait : « Y’a une cer­taine connais­sance de la chose ». Nous sommes (je n’ose écrire tous car je sens que la famille se réduit, même s’il me semble vrai que le nombre des mani­fes­tants est « peu nom­breux ») un cer­tain nombre à pen­ser comme toi. Les laïcs, tolé­rants qui plus est. Cet évé­ne­ment invite aus­si à se pen­cher sur la force de mani­pu­la­tion d’Internet (je n’ose com­men­cer à lis­ter toutes les affa­bu­la­tions, pro­vo­ca­tions et autres mani­gances soi­gneu­se­ment « publiées » par cer­tains et pro­ba­ble­ment cer­taines offi­cines) et sur les moyens démo­cra­tiques d’en faire alerte avec suf­fi­sam­ment d’é­coute… Oui, peu de par­ti­ci­pants aux mani­fes­ta­tions (disons en pour­cen­tage du moins), oui c’est du fana­tisme et non l’is­lam, mais quand même un sen­ti­ment m’in­ter­roge parce que je le res­sens… A force d’être gen­til, tolé­rant, de modé­rer mes pro­pos, de res­pec­ter même ce qui me semble si… disons naïf, une atti­tude que je m’ef­force d’a­voir sans garan­tir y par­ve­nir tou­jours, je crains de n’être plus enten­du. Un des ensei­gne­ments – ter­rible s’il se confirme – ne serait-il donc pas celui de l’ir­rup­tion des temps du Cri dont seul le volume fait propos ?

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  • BION

    A quand la sor­tie de l’ère « Néolithique » ?
    Cette assez sale ère, est éri­gée sur le temps linéaire (en sub­sti­tu­tion du cyclique, ain­si que sur l’in­ven­tion des divi­ni­tés anthro­po­morphes et leurs récits mythiques consti­tuants ain­si autant de fac­teurs d’ap­par­te­nance afin de sou­der des  »popu­la­tions » dans leurs efforts vers la puis­sance … son plus … son trop ?
    Mais com­ment sor­tir de notre pri­son culturelle ?
    Le pois­son pense-t-il à sor­tir de l’eau …
    Notre huma­ni­tude envi­sa­ge­rait-elle de chan­ger ses comportements ?

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  • vincent

    Une der­nière.
    J’avais d’a­bord réagi à fleur de peau sur le titre (pas de pous­sée « fana­tique »), puis sur la vio­lence (les reli­gions beau­coup moins vio­lentes que les maté­ria­lismes). Ce coup-ci j’ai bien lu ton article dans sa tota­li­té, voire dans son infi­ni. Je ne suis d’ac­cord sur pra­ti­que­ment rien, sauf qu’il est sin­cère et bien écrit. Je pour­rais argu­men­ter sur tout, mais ça pren­drait la vie des rats… Je réagis juste à celle de tes propres « croyances » qui me heurte le plus, celle qui affirme que les fidèles d’une reli­gion sont « abu­sés » par l’ap­pa­reil de leur religion.

    Je suis croyant, catho­lique. Je sais pour­quoi j’adhère à la foi chré­tienne et je ne suis abu­sé par per­sonne. Les autres croyants sont comme moi, ni plus bêtes ni plus intel­li­gents que le com­mun des mor­tels. Chacun a ses moti­va­tions et ses rai­sons pour croire ce qu’il croit. Affirmer que quel­qu’un est « abu­sé » parce qu’il n’a pas les mêmes points de vue ou les mêmes choix que soi, me paraît très orgueilleux et sur­tout très mépri­sant pour ces pauvres croyants qui seraient inca­pables de dis­cer­ner le vrai du faux. Sûrement ils ont besoin qu’un sage anti­clé­ri­cal les prenne en main sur le che­min de la liberté…

    Cette opi­nion me parait aus­si une grave erreur d’ap­pré­cia­tion de la nature et de l’his­toire humaine. Le phé­no­mène reli­gieux existe depuis que l’homme est homme. La reli­gion est même l’un des pre­miers cri­tère d’hu­ma­ni­té pour les archéo­logues. Depuis l’aube des temps, donc, des mil­liards et des mil­liards d’êtres humains ont été reli­gieux. Il est impos­sible que ces foules innom­brables, la qua­si-tota­li­té de l’hu­ma­ni­té d’hier et d’au­jourd’­hui, aient été intel­lec­tue­le­ment défa­fo­ri­sées au point de tous se lais­ser « abu­ser » par des « appa­reils ». Au contraire l’im­por­tance mas­sive du phé­no­mène reli­gieux chez les humains montre que ton expli­ca­tion par l’es­cro­que­rie est par­fai­te­ment insuffisante.

    Bien sûr, cha­cun est libre de croire aux sal­mi­gon­dis maté­ria­listes du 19e siècle (pro­voc volon­taire et ami­cale), mais il n’est guère rai­son­nable d’af­fir­mer que les fidèles des reli­gions sont mas­si­ve­ment des gogos…

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    • Gérard Ponthieu

      Camarade ! 😉 Tu m’au­ras mal lu autant que je me serai mal fait com­prendre… Donc, je le répète : il n’é­tait pas ques­tion de foi dans mon papier, mais de reli­gions en tant qu’ap­pa­reils ecclé­sias­tiques, sécu­liers, se mêlant moins du spi­ri­tuel que de l’ordre des choses du monde, poli­tique en par­ti­cu­lier… De ce seul point de vue, je ne ver­rais que cohé­rence de la part de tout croyant à se déta­cher de ces appa­reils d’a­lié­na­tion : accès direct à Dieu, même morale huma­niste entre le croyant et l’a­thée, mêmes buts per­son­nels et sociaux de réa­li­sa­tion ici-bas dans l’har­mo­nie des socié­tés, pour le Bien com­mun, etc. Où seraient les pro­blèmes ? N’est-ce pas d’ailleurs ce qui, au fond, peut bien nous rap­pro­cher ?! Les pro­blèmes, ce sont ceux posés par les pro­phètes, mes­sies, aya­tol­las, gou­rous ; leurs dogmes, com­man­de­ments et injonc­tions ; leurs « lois » impo­sées, sauf à eux-mêmes si souvent.
      D’autre part, écris-tu, « Le phé­no­mène reli­gieux existe depuis que l’homme est homme. » Un pos­tu­lat ! En bon mono­théiste, tu sembles confondre inter­ro­ga­tion spi­ri­tuelle et reli­gion ; là où, jus­te­ment, la paléo-anthro­po­lo­gie montre que les plus anciennes mani­fes­ta­tions spi­ri­tuelles (voir l’art parié­tal) étaient net­te­ment païennes, puis par la suite ani­mistes, poly­théistes et tar­di­ve­ment mono­théistes. (Je fais vite…) Or, c’est bien de cela dont le parle : les reli­gions révé­lées, avec Livres et tout ce qui s’ensuit.
      Enfin, quand bien même, ce n’est pas parce qu’un phé­no­mène est ancien qu’il est sacré ! L’histoire humaine est une évo­lu­tion. L’Homme s’est gran­di peu à peu tout au long d’un che­mi­ne­ment (si acci­den­té !) qui, en effet, a eu davan­tage besoin de lumière que d’obs­cu­ri­té. Tandis que l’acte fon­da­teur, tout au moins sym­bo­lique, de ta reli­gion a été de frap­per l’homme – et en fait la femme ! – du péché de la connais­sance ! Tandis que se met­trait en bat­te­rie, pour ces trois reli­gions concur­rentes et pour­tant si sem­blables, tout l’at­ti­rail mys­ti­fi­ca­teur tou­jours en vigueur : imma­cu­lée concep­tion et vir­gi­ni­té de Marie, les rois mages, mort et résur­rec­tion de Jésus, sans oublier le Buisson ardent et autres fables innom­brables dans les trois Livres prin­ci­paux. Libre à toi, certes, de pré­fé­rer ces « salmigondis »… 😉

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      • vincent

        Bah, je savais que tu allais me repro­cher de mélan­ger foi (je pré­fère « idée de Dieu ») et reli­gions en tant qu’ap­pa­reils ecclé­sias­tiques. Aussi je me suis gar­dé de par­ler de foi dans mon com­men­taire. Relis-le, je reste bien dans ta logique d’ap­pa­reil. L’être humain est un ani­mal social. Pour tout ce qui a trait aux choses impor­tantes de nos vies, nous nous agré­geons en groupes ou en com­mu­nau­tés, avec leurs orga­ni­sa­tions et leurs pou­voirs. Il en est de même pour les reli­gions dont les asso­cia­tions ne sont pas pires que n’im­porte quelle autre com­mu­nau­té humaine, et en tout cas, j’in­siste, elles sont beau­coup moins vio­lentes que les nations.

        L’accès direct à Dieu est une illu­sion. Comme l’ac­cès direct à la science ou à l’art, sauf à en res­ter au stade « pri­mi­tif ». Par nature les humains pro­gressent en construi­sant sur l’ex­pé­rience de ceux qui les ont pré­cé­dés. Il n’y a aucune rai­son que ça se passe dif­fé­rem­ment pour les reli­gions. Perso les mes­sies et les aya­tol­lahs ne me posent pas plus de pro­blème que les poli­tiques ou les phi­lo­sophes, et beau­coup moins que les conqué­rants ou les révolutionnaires.

        C’est la mode aujourd’­hui d’ac­cu­ser les mono­théismes de tous les maux. Peut-être parce qu’on ignore presque tout des poly­théismes, mais plus sûre­ment parce que quand on est anti­clé­ri­cal il est plus facile de bri­ser ce qui est proche. Pourtant, avec le boson de Higgs, le mono­théisme a de beaux jours devant lui… Bref, pour ma part je traite poly­théismes et mono­théismes comme sor­tants du même ton­neau fon­da­men­tal de la reli­gio­si­té humaine, que j’oppose au maté­ria­lisme moderne. Quant à nos loin­tains anciens, la prin­ci­pale inter­pré­ta­tion actuelle de l’art parié­tal est cha­ma­nique, donc d’ordre religieuse.

        Un phé­no­mène très ancien et très mas­sif révèle la nature de l’homme. Il est ter­ri­ble­ment dan­ge­reux de vou­loir modi­fier notre nature par idéo­lo­gie. Sans aucun doute l’homme est une évo­lu­tion (même si ça s’ar­rê­te­ra pro­ba­ble­ment dans un sou­bre­saut pla­né­taire du genre de ceux qui ont éli­mi­né nos pré­dé­ces­seurs dinos). Dans cette évo­lu­tion, l’é­ra­di­ca­tion des reli­gions n’est en rien une gran­deur ou un pro­grès. Bien au contraire je n’y vois que tyran­nie, vio­lences, obs­cu­ran­tisme, déshu­ma­ni­sa­tion, ampu­ta­tion du meilleur de nous mêmes… Pour info ce que tu appelles le « péché de connais­sance » n’est pas un inter­dit, c’est une prise de conscience par l’être humain de ses imper­fec­tions et de ses propres limites. Quand l’homme se prend pour Dieu il ne pro­voque que des catas­trophes. Amicalement.

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  • Dominique Dréan

    Puisque Jacques Brel est en vogue ici :
    « Avant eux, il n’y avait pas de problème
    Quand pous­saient les bananes même pen­dant le carême
    Mais ils sont arri­vés bar­dés d’intolérance
    Pour chas­ser en apôtres d’autres intolérances
    Car ils ont inven­té la chasse aux Albigeois
    La chasse aux infi­dèles et la chasse à ceux-là
    La chasse aux singes sages qui n’aiment pas chasser
    Et c’est depuis lors qu’ils sont civilisés
    Les singes, les singes, les singes de mon quartier. »

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  • Laurence D

    Vous y faites allu­sion mais je vou­drais reve­nir sur la débi­li­té vio­lente et dan­ge­reuse oppo­sée à Caroline Fourest lors de la fête de l’Huma. Faut voir la vidéo qui montre la charge des oppo­sants déchaî­nés, jus­te­ment à l’i­mage des fana­tismes dénon­cés de façon si per­ti­nente par Caroline Fourest ! Quand la rai­son rai­son­nante se trouve ain­si cor­se­tée par l’in­sulte et les voci­fé­ra­tions, on ne peut que dou­ble­ment être inquiets. Votre ana­lyse me semble des plus justes, merci !

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  • Gérard Ponthieu

    Pas mal non plus, cette paire de lunettes afin de « cacher ce seins » qu’un juif ultraor­tho­doxe ne sau­rait voir… Cité par Courrier international :
    http://​www​.cour​rie​rin​ter​na​tio​nal​.com/​a​r​t​i​c​l​e​/​2012​/​08​/​22​/​u​l​t​r​a​o​r​t​h​o​d​o​x​e​s​-​l​e​s​-​l​u​n​e​t​t​e​s​-​f​l​o​u​e​s​-​d​e​s​-​p​a​t​r​o​u​i​l​l​e​s​-​d​e​-​l​a​-​p​u​d​eur

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    • Sont-elles rem­bour­sées par la caisse de mala­die (men­tale)?
      Encore une entorse à l’évolution.
      Peut être que « ces gens là » ( Cf. Brel, encore ) pensent que la cata­racte est un don de dieu !

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  • Christophe

    J aime bien ce débat. Il montre bien aus­si les dif­fi­cul­tés dans ce domaine à char­ger les mots d une signi­fi­ca­tion non impré­gnée des fameuses croyances dont on parle… Au fait, « on » m’a appe­lé Christ-ophe…

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  • Satan est de sexe fémi­nin : c’est la Putain qui donne toutes les mala­dies parce l’homme les lui a toutes données ;
    Satan est la Mère à qui l’on donne une rétri­bu­tion comme accep­ta­tion de ce désir de ren­trer en elle, dans son sexe ;
    Satan, c’est la Femme que l’on désire coï­ter sans les consé­quences de la reproduction ;
    Satan c’est la Vierge qui vous accueille sans fin comme incon­nue et si peu ouverte, car vous l’a­vez lais­sée sans la liber­té de dis­po­ser de son corps selon son esprit ;
    Satan, c’est le sexe vers lequel toutes vos éner­gies convergent et que vous décul­pa­bi­li­sez de la bles­sure par de l’argent ;
    Satan, c’est l’es­clave qui réside en vous, homme, et dont la culpa­bi­li­té, un court ins­tant, dans un petit cri, se décharge, comme vous déchar­gez de vos poches votre avoir ;
    Satan c’est la perte de votre être que vous ten­tez, comme on tente d’at­tra­per le sable, de chan­ger en avoir ;
    Satan est la Fillette, nubile qui JOUE sans la pen­sée pré­ci­sé­ment sexuée, je veux dire, ver­geale, qui vous excite de ce JEU, car vous vou­lez lui faire recon­naître que votre viri­li­té n’est pas, elle, innocente ;
    Satan est la Vierge qui fré­mit de vous rece­voir et que vous bles­sez ; c’est cette Vierge qui vous appré­hende, tremble devant la force de votre vigueur qui ne tient plus que sur le fil de l’au­to­ri­té dépra­vant Autrui ;
    Satan, c’est cette Vierge de vous, que vous pous­sez dans les abimes de l’Enfer alors que vous vio­lez son inti­mi­té ; les souf­frances de l’Enfer, lorsque vous vio­lez sa déné­ga­tion ; que vous pré­ci­pi­tez dans les affres de la tur­pide de votre culpa­bi­li­té impo­sée lorsque vous la for­cez et mon­trez à tous le sang de votre forfait.
    Satan a un sexe fémi­nin, issu de l’homme, effec­ti­ve­ment, comme cette mythique Côte, que le dieu-homme a créée selon son os ;
    Satan c’est l’os de l’homme qui bat, tue, étripe, viole, égorge, dé-ongu­lise, castre ; un os qu’il veut retrou­ver, non pas de sa propre chair, mais de celle sur qui sa vio­lence peut encore et encore et tou­jours la faire putain, comme sa propre vie ;
    Satan c’est la Femme doté de la mala­die de l’homme et de sa honte qu’il res­sent avec tant de force et si pro­fon­dé­ment et ne com­prend pas, mal­gré le sang et la misère qu’il génère et qui l’entoure ;
    Satan c’est l’an­ti-amour, le doux, le fluide, le joyeux, de bien­heu­reux, le sin­cère, le bon, le bien­veillant, l’at­ten­dri, l’at­ten­tif, le libé­ra­teur, l’oi­gnant, le créa­teur, l’in­fi­ni, l’i­ci-bas amour.

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