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Jazz. Mort de Horace Silver, messager du hard bop

Vidéo du concert filmé en public à Copenhague, Danemark, en avril 1968. Horace Silver y présente le fameux morceaux « Song for my flatter » – Chanson pour mon père – enregistré pour Blue Note en 1964. Les morceaux de ce disque ont été composés suite à un voyage au Brésil. La couverture reproduit une photo du père du musicien [ci-dessous].

Le pianiste et compositeur de jazz Horace Silver est mort ce 18 juin aux Etats-Unis, où il est né il y a 85 ans. Un musicien important dans l’histoire du jazz qu’il a contribué à vivifier et à renouveler à travers le courant dit du hard bop.

Courant qu’illustre assez bien, à sa manière, le film de Martin Scorsese, New York, New York (1977), montrant l’évolution de son héros saxophoniste (Robert De Niro) passant d’orchestres swing et be bop à des groupes de Harlem. Là, des musiciens afro-américains ont décidé de réagir à la domination du cool jazz de la côte ouest des Etats-Unis – surtout des Blancs comme Chet Baker, Gerry Mulligan, Lennie Tristano, Dave Brubeck également rejoints, il est vrai, mais provisoirement, par un Miles Davis.

Pour aller vite, disons que l’acte de naissance (jamais unique !) est marqué en 1954 par le quintette que forment le batteur Max Roach et le trompettiste Clifford Brown, rejoints en 1955 par le saxophoniste ténor Sonny Rollins. Toutefois, le premier représentant de ce style fut le groupe des Jazz Messengers créé par le batteur Art Blakey et, nous y voilà, le pianiste Horace Silver en 1955, qui formera ensuite son propre quintette.

L’affaire est lancée, dans le contexte états-unien de luttes pour les droits civiques et contre le racisme. Les artistes en général, les musiciens en particulier et les musiciens de jazz surtout sont à la pointe de ce combat politique et culturel. Sourcé au blues, notamment, le jazz est né d’un sentiment d’injustice mêlé de résignation et de révolte.

C’est en1955 également que Miles Davis embauche John Coltrane (Sonny Rollins a décliné l’invitation) dans son quintet, au côté de Red Garland (piano), Paul Chambers (basse) et Philly Joe Jones (batterie). À cette époque, Coltrane était encore un musicien inconnu.

En 1957, Sonny Rollins se rattrape en rassemblant Silver, Monk, Chambers – et inaugure l’apparition du trombone dans le hard bop avec Jay Jay Johnson.
Blue Note et Prestige sont les principaux labels qui produisirent des groupes de hard bop.

Le père d'Horace Silver – couverture du disque "Song for my father", 1964
Le père d'Horace Silver – couverture du disque "Song for my father", 1964

Biographie [Wikipedia]Horace Silver est né le 2 septembre 1928 à Norwalk (Connecticut) aux États-Unis. Son père (né Silva) était natif de Maio (Cap-Vert) alors que sa mère née à New Canaan dans le Connecticut était d'origine irlandaise-africaine. Son père lui enseigne la musique folklorique du Cap Vert. Il commence sa carrière comme saxophoniste tenor dans les clubs du Connecticut et en 1950, il est repéré par Stan Getz. Il part pour New York ou il changera d'instrument pour le piano. C'est dans son orchestre qu'il s'affirme comme compositeur be bop. Il travaille ensuite avec Miles Davis, Milt Jackson, Lester Young et Coleman Hawkins. Il effectue les premiers enregistrements sous son nom aux côtés du saxophoniste Lou Donaldson en 1952.

En 1953, il fonde avec le batteur Art Blakey le quintette des Jazz Messengers marquant ainsi l'entrée dans l'ère du hard bop. Peu après, il quitte le groupe pour fonder le Horace Silver Quintet qui sera avec les Jazz Messengers et les groupes de Miles Davis un des principaux tremplins de jeunes talents.

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

6 réflexions sur “Jazz. Mort de Horace Silver, messager du hard bop

  • HEROUARD

    Etre cité par Ponthieu, meilleur cri­tique que Sarko sur Art Davis, c’est quand même très flatter 😉

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  • Venu d’une époque où le Jazz, sans car­can, en pre­nait à son aise…

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  • Toute musique est poli­tique dès lors qu’elle libère l’ex­pres­sion, appelle à l’har­mo­nie, rythme la col­lec­ti­vi­té, oeuvre à l’en­ri­chis­se­ment com­mun. Non mais !

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  • « Flatter », pour father, est-ce à dire que son papa l’ap­pla­tis­sait (flat = plat), lui don­nant l’i­dée du bop ava­chi sur le crâne ?

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    • À moi zos­si alors : « Every flat­te­rer lives at the expense of those who take him serious­ly (Jean de La Fontaine, The Crow and the Fox).

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