500 emplois en Moselle, tu parles… Et les 600 supprimés à Gandrange, et les milliers d’autres avant !
par André Faber, envoyé spécial, permanent et même Lorrain
La Moselle est sauvée ! À écouter le poste ce matin, vendredi 25 avril, il y a de quoi être rassuré. 500 emplois crées d'ici à 2011 dans l'industrie de la bagnole, ouf, ça va déjà mieux ! Une bouffée d'oxygène qu'ils disent, ceux qui lisent les dépêches triomphantes. À croire qu'il y a 2.000 habitants en Moselle ! Faut mettre cela en parallèle des 600 emplois supprimés à Gandrange, à quelques kilomètres de chez Peugeot !
Faudrait aussi avoir un minimum de décence envers un pays pressé comme un citron – je dis bien un pays car trop souvent la Moselle est située en Allemagne – où on a sabré les emplois par dizaines de milliers depuis les années 80 !
De fermeture en fermeture, l'industrie du fer et ses satellites ont disparu. Il faut aller se balader vers Hayange, Hagondange, les villes d'anges comme on dit, vers Longwy, Fameck, Rombas pour voir qu'il n'y a plus rien à voir ! Les petites boutiques ont suivi, les magasins, les maisons grises de crasse et de sueur, les bistrots et le reste, c'est « ville à vendre ».
500 emplois à quel prix, à quel tarif ? Bienvenue en Moselle, il pleut ! Bienvenue dans l'après guerre et la récession, la grandeur et décadence, l'usine de la France et du chômage ! Quand les plus grands groupes délocalisent, quand des mecs de 50 piges poireautent entre près-retraite, longue maladie ou plan social, 500 emplois, merde ! Quand on connaît le courage de nos prolos, fiers au travail, bosseurs comme personne, c'est pas un cadeau !
Il y a longtemps déjà, un ouvrier de la sidé en conversion de travail exprimait les choses à sa manière : "J'ai les doigts trop gros pour faire de l'informatique !"
Qu'ils les gardent leurs 500 emplois et qu'on plante des patates et qu'on les mange ! Enfin, quoi, 500 emplois, nous on aimerait des vacances !