L’abus de colombienne nuit gravement à la santé
Je ne voudrais pas gâcher la fête. D’ailleurs je n’aurais pas cette vanité face au tsunami médiatique. Ce déferlement indécent, ce dégueuli de superlatifs en folie. Les journaleux « embedded » une fois de plus, cette fois shootés à la colombienne. Tant d’hallucinations collectives – un commentateur de télé n’a pas craint de la qualifier de « sainte » – laisseraient pantois si les explications n’étaient périodiquement fournies et répétées par les sociologues des médias, médiologues, médiologistes, médecins-légistes des meurtres journalistiques. Debout les Wolton, Charron, Debray, la guerre des clichés est repartie de plus belle ! Elle n’a jamais cessé en fait, c’est une guerre continue, implacable, « moderne », mondialisée, marchandifiée, financiarisée et spectaculaire d’abord. Bref, totalement politique. Avec accès fiévreux, poussées bubonesques, batailles épiques sans lesquelles les médias de masse seraient anémiques et leurs jours comptés.
Ça c’est pour la forme. C’est-à-dire, selon le mot de Hugo, « le fond qui remonte à la surface ». Question de fond, entre autres, celle posée par un copain journaliste en position de veille : « Je serais un FARC fatigué de la jungle, et avant de choisir l’exil en France, je demanderais à Marina Petrella [l’ex-brigadiste italienne réfugiée en France sepuis 86 et en attente d’extradition] ce qu’elle pense de l’engagement de Sarkozy qui, je le cite, est “prêt à accueillir tous ceux qui accepteraient de renoncer à la lutte armée“ ».
Salut Gérard
Bien dit, et la chronique de Schneidermann dans Libé de ce lundi 7 juillet n’est pas mal non plus sur ce sujet. Exit la raison, le doute, le recul sur l’information, voici le règne de l’hystérie compassionnelle, de l’émotion obligatoire : aux larmes citoyens ! Pleurons avec notre président, même s’il n’est pour rien dans cette libération (ou pour pas grand-chose)…
Et fermons nos postes de télévision si nous voulons éviter la nausée.
Kenavo
Christian