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Sans tabou vers la Restauration : Jean-Nanterre sur un air de 18-Brumaire

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Si on le prend à la rigolade, ce 18 Brumaire (en l’occurrence le 4 décembre prochain) du clan sarkozien sur les terres très juteuses de Nanterre et environs, peut en effet prêter à moquerie. Ainsi ce commentaire, d’un lecteur du Monde.fr : « Allons, allons: Jean est un bon gars, et Papa un Bongo. » dont l’humour fait cependant mouche. La-bas la Françafrique, ici sa version France-à-fric. Jean-Nanterre, 23 ans aux prunes, va s’installer sur un trône de roitelet qui, tout de même régnera sur quelque 800 hectares de hauts-profits – une sorte de principauté d’Ile-de-France, marquée du sceau d’un Pasqua, le territoire le plus stratégique par son potentiel économique du futur Grand Paris, manigancé par papa.

On croit rêver ! Ce n’est qu’un cauchemar de plus dans l’infernale saga du sarkozysme dont on peut désormais considérer la portée dynastique. On subit un bonaparte depuis deux ans et quelques, on n’en entrevoit même pas la fin, et déjà voici l’aiglon qui s’intronise ! On se croirait même revenus sous l’Ancien régime. Mais Louis le Capétien lui-même n’était-il pas finalement plus éclairé sous sa légitimité d’ « essence divine » ? D’où la tire-t-il, lui, sa légitimité, ce gommeux d’héritier né avec, non pas la cuiller en argent dans la bouche, mais tout le service en or massif ?

« Cela s’appelle l’Empire romain », tonne même Bayrou dans son inventaire des dérives du régime [Le Monde du 11/10/09] : le fric comme moteur « éducatif » ; le marché des jeux privatisé sur internet ; le déficit de l’État dépassant les 50% de la dépense publique ; le coup de piston au fiston. Mais aussi, complétons le tableau, le bouclier fiscal et, avant, l’allégement, voire la suppression des droits de succession (logique) ; mais encore les privatisations à tout va du bien commun ; le deglingage méthodique des avancées sociales issues de la Résistance ; mais les nominations à la direction des télés publiques ; la suppression programmée des juges d’instruction ; la recentralisation du territoire, et quoi encore ?… Dépassé, le Berlusconi derrière ses frasques d’opérette ! Enfoncés ces autres faiseurs de « fils de », ces grands démocrates, les feu Bongo, Kadhafi, Eyadema, Kabila sans oublier le « bien-aimé et respecté » Kim Il-sung !

On assiste ainsi, dans ce débridage généralisé du monde libéralisé – « sans aucun tabou », comme « ils » aiment à dire pour bien marteler leur credo de prédateurs « décomplexés » –, on assiste, depuis ces dernières décennies, à la reconstitution rampante (sinon au grand jour) des dynasties, c'est-à-dire de la transmission des pouvoirs et des richesses par le haut, jusqu’au droit divin dont le Roi était l’incarnation terrestre. « Était »… mais il n’a eu de cesse de renaître tel le phénix et d’entacher l’Histoire de tentatives multiples et parfois temporairement réussies de restaurations diverses et à l’occasion impériales.

Le monde politique n’a d’ailleurs pas l’apanage de ces pratiques dynastiques ; il sévit bien aussi dans certains milieux artistiques guettés par les tentations des pouvoirs liés au spectacle et à l’argent. Voyez les « charges » héréditaires transmises par l’inné d’un paternel – oui, le plus souvent en lignée patriarcale – bien en vue, cherchez les prénoms : les Depardieu, Mastroianni, Dutronc, Texier, Tavernier, Chabrol (qui place en général trois ou quatre de sa lignée par générique… c’est le cas de le dire). Le talent là-dedans ? Rien à voir, même s’il peut exister, auquel cas il ne justifierait aucun passe-droit. Mérite, savoir, compétence, qualités humaines, y compris la modestie : pfft ! rien ne vaut le fameux coup de piston et le bon vieux droit divin, ou ses variantes généalogiques, quand bien même le dieu d’opérette politicienne se hausse sur des talonnettes…

Le plus curieux dans ce cirque (romain…), me semble-t-il, c’est tout de même l’inertie apparente « des gens », à défaut d’oser le gros mot, démonétisé… de Peuple. Comme avant 89, il semblerait qu’une néo-bourgeoisie fût plus offensive que les sans-culottes. Déversés devant les préfectures, le lisier, ou le lait qui tourne mal, précèdent-ils la levée des fourches et des piques ?

Aujourd’hui, dirait-on, c’est une certaine bourgeoisie – des élus UMP par exemple, menacés dans leurs terroirs ou même, parfois, outrés dans leurs convictions républicaines – qui commence à frémir d’effroi ; elle ne tremble peut-être pas seulement, comme au XVIIIe siècle, dit des Lumières, pour protéger ses biens, avantages ou privilèges, mais aussi des principes qu’elle avait faits siens. Des principes qui avaient germé depuis l’antique philosophie pour éclore, notamment en Europe et aux jeunes États-Unis, dans d’ardents jardins éclairés d’idées nouvelles portées par les d’Alembert, Condorcet, Diderot, Montesquieu, Rousseau, Voltaire, Franklin, Jefferson, Lessing, Kant, Locke… pour s’en tenir à ceux-là. Souvent lumineuses, mais pas toujours si éclairantes, ces idées, quand elles s’agrippaient à de nouvelles croyances, aveuglantes parfois, comme celles en la Science et en la Raison – dont on ne se défait pas toujours aisément de nos jours, loin s’en faut. Mais enfin, l’essentiel – au sens propre – en avait pris un fameux coup : les Lumières avaient éteint leur variante divine. Restait à en défaire son incarnation sur terre et sa force symbolique : le Roi. Ce qui fut exécuté, c’est bien le mot, de manière radicale et aujourd’hui encore discutée. Mais, avait-on cru, il en était ainsi fini du Pouvoir divin. Parole et pouvoir au Peuple – autre périlleuse incarnation, on le sait, l’histoire l’a montré, l’actualité le confirme au jour le jour.

Comme pour l’Hydre légendaire, les têtes du Pouvoir sans cesse repoussent… Sur le terreau fertile de la démagogie, donc de l’ignorance et de la versatilité populaires, alimentés par les médias industriels et leurs mises en spectacles aliénants. Même un quotidien comme Le Monde laisse l’affaire sous une plume visiblement débutante, titrant l’article par un cliché des plus éculés : « L'irrésistible ascension de Jean Sarkozy dans les Hauts-de-Seine » ! Comme rétorque un internaute : « Irrésistible ...c'est vous qui le dites. Si la presse faisait son travail il y aurait possibilité de résister ! » Et tel autre de rêver « à ce que "Le Monde" de Vianson-Ponté ou Jacques Fauvet aurait fait de cet événement. Quelle dégringolade! Bien sûr que le scandale n'est pas Mitterrand (pas reluisant pour autant) ni même cette ahurissante nomination d'un gamin à une fonction éminente, mais bien le comportement méprisable des élus qui auraient les moyens de s'y opposer – carpettes consentantes – et dans celui des médias qui se couchent. » Un autre lecteur encore, sur le même registre : « "Irrésistible"? La langue du Monde a encore fourché! C'est de la résistible ascension de Jeannot Sarkoz-Ui qu'il s'agit, comme aurait dit le regretté Brecht... Qui avait aussi écrit "Dans la jungle des villes", un titre qui va bien à La Défense. Mais pourquoi est-ce "Main basse sur la ville" qui me vient à l'esprit ? »

Restons en bonne compagnie. La dernière œuvre de Brecht est un roman : Les Affaires de Monsieur Jules César. Encore une histoire d’empire romain. Une histoire de pouvoir et d’argent.

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Une réflexion sur “Sans tabou vers la Restauration : Jean-Nanterre sur un air de 18-Brumaire

  • Tandis qu’une droite “bien pen­sante », catho, Gauliste, tous­sote devant le sacre du fils, la sexua­li­té roman­tique de Fredo, la taxe al car­bone, voire le bou­clier fécale, les cour­ti­sans se pros­ternent, flattent l’om­ni ou fond dans leur froc. La Fadela, sou­mise comme per­sonne sou­tient le roi. Et la gauche cama­rade ? Faudra chan­ger le logi­ciel comme ils disent. Inconscient ou culot­té comme per­sonne, l’om­ni trace sa route et se gave à donf sans klaxon­ner, les plus for­tu­nés règlent la cir­cu­la­tion. Certes quelques comiques en résis­tance le cha­touille et nous font sou­rire. Mais ! Mais si tant de merde gou­ver­ne­men­tale vole en esca­drille, c’est que les avia­teurs n’ont peur de rien. Qui ose­ra dire niet dans les urnes pro­chai­ne­ment ? Qui dira oui à … quoi d’autre déjà ?

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