Civilisations. Pourquoi Guéant n’a pas dit que des conneries
Aboyer avec, ou aboyer contre les loups, c’est toujours aboyer. S’agissant de civilisation, il devrait y avoir mieux à faire et surtout à dire. Soit donc le propos de Guéant, exerçant le ministère de l’intérieur de qui on sait et s’exprimant ce 4 février en ces termes :
« Contrairement à ce que dit l’idéologie relativiste de gauche, pour nous, toutes les civilisations ne se valent pas. Celles qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient. Celles qui défendent la liberté, l’égalité et la fraternité, nous paraissent supérieures à celles qui acceptent la tyrannie, la minorité des femmes, la haine sociale ou ethnique ». « En tout état de cause, nous devons protéger notre civilisation ».
Voilà donc le propos qui a enflammé le landerneau politico-médiatique selon le mode de la meute, donc selon la forme aboyante. Essayons de dépatouiller l’affaire qui, en ces enfiévrées périodes électorales, a vite pris l’allure d’une cabale.
Précision préalable : je ne saurais voler au secours de Guéant. Qu’il se démerde ! Surtout mon propos se veut, comme son auteur, résolument de gauche. Or, en l’occurrence, je trouve que l’idéologie gauchienne – comme on dit désormais souchienne – se met à patauger dans les fanges qu’elle prétend dénoncer.
Que le Guéant ait mitonné sa tambouille devant un parterre d’extrême droite et à l’intention délibérée de l’extrême droite dans le but de la bassement mais lourdement courtiser, on ne saurait le nier. Mais un type de droite ne dit pas forcément que des conneries. Et vice versa…
Le vrai sujet du débat, merdiquement lancé, se pose tout de même sur le fond : ce qu’on entend au juste par « civilisation ». D’où cet enchaînement possible de questions dans le but d’éclairer les lanternes et surtout ceux qui les tiennent :
– Qu’est-ce qu’une civilisation ?
– Les civilisations sont-elle comparables ?
– Qu’est-ce qu’une valeur en civilisation ?
– De là : quid du relativisme ? De l’universalisme ? De leurs places dans l’Histoire, les sociétés, la morale, etc. ?
Des thèses innombrables se sont affrontées autour de ces questions et je n’aurais ni l’outrecuidance ni l’intention de tenter de les reprendre. Je ne livre donc que mes propres réponses, elles-mêmes alimentées à ma propre histoire – tout étant donc relatif, en ce sens du moins…
Une civilisation, je tenterais de la définir ainsi… : l’ensemble des valeurs, croyances, coutumes, langues et mœurs auxquelles un groupe humain se réfère de manière plus ou moins consciente, par lesquelles il s’identifie et qui en même temps le constituent.
Ces ensembles multiples varient d’autant selon la situation géographique et l’Histoire (période historique et événements). La civilisation des Indiens d’Amérique précolombienne diffère de celle qui l’a suivie. Ces variations n’ont cependant pas totalement éliminé les structures basiques des sociétés dans lesquelles on peut observer des invariants. Des changements se sont ainsi produits, plutôt qu’une évolution, qui supposerait une progressivité – voire une finalité impliquant, justement, une notion discutable de progrès. Ces changements peuvent aller jusqu’à altérer la civilisation elle-même. Et l’on sait aujourd’hui que les civilisations sont mortelles [« Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles », Paul Valéry. Au passage, à quoi donc renvoie cet englobant « nous autres » ?] On le sait en particulier depuis que le mot ethnocide désigne ce qui tue non pas les peuples eux-mêmes – génocide – mais ce qui les caractérise et les représente. C’est le cas, justement, de l’ethnocide des Amérindiens ou encore des Mnong Gar au Sud Viêt Nam, ou des menaces pesant sur les Tibétains – sans parler des Berbères en Afrique du Nord et même des Celtes chez nous…
Ainsi dirons-nous que les civilisations existent, se différencient, changent et peuvent disparaître. En quoi elles sont donc comparables, d’autant plus qu’elles seront finement observées et analysées, si possible en dehors de tout jugement de valeur.
Pour l’observateur à vocation scientifique les comportements humains ne relèvent pas de valeurs transcendantes. Ils sont observables, analysables, comparables. Ainsi les civilisations auxquelles ces comportements se réfèrent peuvent être présentées comme relatives – c’est ce qu’on appelle le relativisme culturel.
Le succès de cette thèse, et le contresens qui en a découlé, tient en particulier à sa réduction vulgaire et abusive selon laquelle « tout se vaut ». Certes, il n’y a pas lieu d’établir des hiérarchies de valeurs – surtout morales – entre les civilisations. Mais en même temps, peut-on contester l’universalité de certaines de ces valeurs ? Ainsi, quand Guéant déclare : « Celles [les civilisations] qui défendent l’humanité nous paraissent plus avancées que celles qui la nient », au nom de quoi – de quelle autre de nos valeurs « occidentales » ? – pourrait-on le dénigrer en réfutant son assertion ? Assertion qu’il entoure d’ailleurs d’une certaine retenue avec son « nous paraissent », tandis que le procès d’intention peut lui être fait de décréter la suprématie absolue et définitive d’une civilisation (la « nôtre ») sur toutes les autres.
Or, précisément, selon les lieux et les époques, toute civilisation aura vu naître en son sein ici des réalisations sublimes, là les massacres les plus atroces … Gare aux généralisations !
Non, tout ne se vaut pas, certes ! Même si tout peut plus ou moins s’expliquer et se comprendre. Mais en même temps, « nous autres » comme disait Valéry, nous tous ajouterai-je, faisons partie de la même humanité, en sa diversité de civilisations – primitives, sauvages, barbares, développées, civilisées… – précisément, selon l’Histoire, l’époque, le lieu.
L’autre volet de mon propos concerne les réactions moutonnières, sinon pavloviennes, déclenchées par cette déclaration de Guéan.
Ainsi Harlem Désir, numéro 2 du PS, y a vu "la provocation pitoyable d'un ministre réduit à rabatteur de voix FN. Une majorité en perdition électorale et morale".
Sur son compte Twitter également , Cécile Duflot (EELV) parle d’un "Retour en arrière de 3 siècles. Abject" !
Dans un communiqué, le Mouvement des jeunes socialistes (MJS) a "condamné les propos" de M. Guéant en lui "demandant "ce qu'il cherchait en s'enfermant dans son discours xénophobe et raciste. Le ministre "se range dans la catégorie de ceux qui différencient et hiérarchisent les hommes, permettant le basculement vers un véritable racisme culturel", ont-ils ajouté.
SOS Racisme dit "espérer un démenti urgent" de ces propos. "Si ces derniers, très graves, avaient été bel et bien tenus par le ministre de l'Intérieur en fonction, ils marqueraient une nouvelle étape dans une dérive vers des extrêmes inacceptables, structurés notamment par des logiques d'infériorisation de l'Autre".
Ces « EDL » – éléments de langage – d’effarouchés, qu’ils soient de droite et surtout de gauche, voilà ce que je trouve lamentable et qui me fait sortir de mes gonds de blogueur en hibernation. Je vois là une mascarade, une dérobade – soit une occasion de plus de fuir ses responsabilités et de noyer le désarroi politicien. Car la vraie question, celle qui concerne au premier chef le Parti socialiste – et avant eux les communistes, n’est-elle pas celle-ci ? : D’où vient la désaffection du « peuple de gauche » envers ses pôles historiques, partis et syndicats ? Ou autrement dit : Pourquoi cette attraction des prolétaires pour le Front national ? Prolétaires – j’insiste, à propos de ceux qu’on n’ose même plus nommer, que les situationnistes ont si justement qualifiés comme « dépossédés du plein emploi de leur vie », c’est dire leur écrasante majorité dans le monde !
Cette fois, c’est la chorale des horrifiés de gauche qui s’égosille, marquant ainsi la minable alternance de discours et de politiques qui meut le balancier entre gauche et droite – et retour. Leurs cris d’orfraie ne rameute que les bobos de très loin concernés – par exemple et entre autres, s’agissant de « civilisation » – par l’accroissement des pratiques musulmanes ostensibles. Ils n’habitent pas pour la plupart à Barbès ni dans le 9-3 ou dans les quartiers Nord de Marseille. Des déséquilibres sociologiques et culturels, ils ne connaissent que le spectacle médiatisé. Ils ont feuilleté Bourdieu mais n’ont pas dédaigné les boursicotages du social-libéralisme des années Mitterrand. Ce sont des humanistes, certes, et je peux bien me reconnaître en eux, puisque je vis aussi à l’abri relatif de ces graves tourments de nos sociétés désarçonnées. Voilà même pourquoi je la ferme (ici) depuis plusieurs mois, dégoûté et impuissant devant l’état de dégradation de notre monde. Et devant cette course en avant et droit dans le mur de la Croissance comme seul horizon et seule Salvation crypto-religieuse : soit du Toujours Plus et toujours du Même, dans la course perdue à l’Emploi imploré, tandis que pourrit au fond de l’égoût la belle utopie, celle que caressait mon père (et bien d’autres avant lui) tout en lisant et relisant La Grande relève des hommes par la machine, d’un certain Jacques Duboin dont on recommence à parler.. Lui qui avait écrit dans les années trente : « Le chômeur, au lieu d’être la rançon de la science, devrait en être la récompense. » Alors pourrait-on parler de civilisation, et parier sur son universalité.
Cher Gérard, quel texte !!! En vérité, il ne m’étonne guère de ta part. Tu devrais sortir plus souvent de ton « trou d’hiver ». Je parle concernant le blog, car je sais que tu es un homme de l’air libre (j’écris cela pour ceux qui n’ont pas la chance de te connaître). Je ne vais pas ici donner mon point de vue sur le fond… Tu as dit beaucoup de ce que je pourrai écrire, et de loin, beaucoup mieux pensé.
Sur deux points seulement : 1/ La réaction de la presse… tristesse… continuelle désormais, ou presque. Une exception (peut-être d’autres ?), Yvan Levaï, ce matin dans sa revue de presse sur France-Culture qui a cité l’entier propos de C. Guéant. 2/ La politique… Mon approche avec elle est élastique… et si on se dit « On y revient » pour ne pas la laisser à d’autres, malgré mon engagement actuel, il est de nombreux jours où je me dis que c’est au prix d’efforts qui n’atteignent en rien, ou presque, leurs objectifs. Ces EDL (Magnifiques EDL, je l’emploierai… avec citation évidemment !) sont révélateurs du pire : le manque d’honnête, d’intelligence, de vision. Et de capacité de combat, de débat démocratique. Sur ce sujet comme tant d’autres. Et pourtant, tu le sais, mais je profite de l’occasion pour « souiller » ton blog :=) je vais voter Hollande au premier, et au second tour. Et je ne me résous pas à écrire… sans espoir.
Bravo mec le Ponthieu. J’apprécie notamment la fin de ton billet. Cette foutue croissance servie chaque jour autant que l’austérité. Comme si le pôle nord allait rejoindre le pôle sud. Est-ce que mon fils va continuer à croître, lui qui fait déjà 1,85cm à 19 ans ? Faire plus, bouffer plus, chier plus et surtout en baver plus ! Ce mur de la croissance aussi haut qu’injuste bahhhh. Mur de souffrance qui sépare les nantis de ceux bossent pour leur payer leurs privilèges. Serait-ce ça qui nous distingue des barbares ?
Ainsi, dans l’histoire, la vérité n’est-elle pas un enjeu de luttes permanentes où les symboles culturels s’affrontent ? Peut-on reconnaître l’existence de notre ‘’réduit’’ culturel, généré par ce que nous reconnaissons comme base de notre propre civilisation ? D’autres histoires doivent »exister ».
Parfaitement illicite ce principe de fonctionnement de notre civilisation du »TROP » qui pourtant ne nous parle que de solution par la »CROISSANCE »
En laissant aller cette croissance, facteur de destructions, au lieu de tenter un ‘’assez collectif’’, ne faut-il pas craindre le drôle de regard qu’on nous a déjà jeté … et qu’on en prenne bientôt plein la g… ?
A moins d’espérer en nos ‘’forces d l’ordre’’, largement provisionnées dans nos casernes ?
Pourtant : « il faut bien que ça s’arrête, si on veux que ça continue ! »
J’ai pas tout compris, alors je vais relire demain et – éventuellement – commenter alors. J’éprouve moi-même un trouble profond en me trouvant confronté à certaines « valeurs » de civilisations auxquelles je me frotte (au sens figuré uniquement hélas) très souvent. Quand même, j’ai peine à admettre qu’un Français puisse porter un jugement catégorique sur des civilisations aussi faux-cullement désignées. Tu l’as vue ta grosse poutre ! Qui sommes-nous, nous, sujets dévoués du chanoine honoraire de Saint Jean de Latran à talonnettes, pour évaluer les civilisations des autres. Balayons devant notre porte, il n’y aura plus de chanoine à talonnettes et plus de Guéant et on pourra penser en paix…éventuellement.
Belle analyse. Merci
Moi aussi j’ai été dégouté par ce que vous appelez la chorale. Chorale des pleureuses habituellles, et pleureurs qui courent derrière leurs illusions perdues.
Merci Gérard pour ton texte qui agite les neurones. J’adore.
Pour ma part, quoique de droite, je pense que dans l’absolu toutes les civilisations humaines se valent. Simplement parce que, comme tu le dis, elles sont mortelles, et nous autres aussi, pauvres observateurs pseudo scientifiques (je dis « pseudo » parce qu’il me semble qu’il y a de l’outrecuidance à se croire objectif sur un objet qui nous englobe et nous détermine complètement). Bref, quand la planète aura été poussiérisée, nos civilisations seront devenues extrêmement relatives.
En revanche, à l’instant T chaque observateur peut classer les civilisations en fonction de ses propres valeurs. Le problème est que les valeurs humaines varient fortement dans le temps et dans l’espace. Les Aztèques considéraient les pillards conquistadors comme de purs barbares (nonobstant Quetzalcóatl), et de leur coté les espagnols étaient horrifiés par les rivières de sang qui dégoulinaient des pyramides à sacrifices. Du coup les espagnols ont massacré tout le monde… Quelque soit nos civilisations, de Gengis-Khan à Hitler ou de Pharaon à Pol-Pot, elles se rejoignent toujours dans l’horreur.
Mais nous rejoignons aussi dans la pure beauté des arts où nous tentons de représenter nos infinis. Pour moi les peintures de la grotte Cosquer n’ont pas grand chose à envier à la Sainte Victoire de Cézanne. C’est là, me semble-t-il, et là uniquement que l’on peut chercher les valeurs universelles de notre humanité. Dans la façon dont les civilisations expriment ce qu’elles ont de plus profond en elles. Foin des idéologies modernes préfabriquées par untel ou untel et qui échouent dans les lamentations au premier imprévu qui passe.
Au fond je dois être relativiste, n’en déplaise à mon Eglise, n’en déplaise à Mr Guéant. Guéant qui oublie que les françaises n’ont le droit de vote que depuis 1948, et moi qui me souvient d’une photo de ma mère petite fille portant un voile à l’école (on appelait ça un fichu)… Et puis je ne connais aucune civilisation, ni d’aujourd’hui ni d’hier, qui « nie l’humanité ». Bref, Guéant raconte des c..ies mais la gauche fait ch..r à toujours vouloir décider ce que les gens doivent penser.
Eh ben merci aussi Vincent pour tes agitations neuronales ! A mon tour, à propos de ce mot de « civilisation », tellement fourre-tout comme on l’entend depuis l’envolée de Guéant. Tu cites Gengis-Khan, Hitler, Pharaon, Pol-Pot etc.; selon moi, ne pas confondre les acteurs et figures historiques avec la civilisation qu’ils magnifient ou pervertissent pour le pire. Ces personnages, en nous interrogeant, nous renvoient précisément sur ce qu’est ou pas une civilisation. Tu mets en avant le critère du beau ; j’aurais tendance à te rejoindre là-dessus, tout en rappelant son caractère on ne peut plus subjectif – qui, cependant, peut tendre à l’universel (les « merveilles » du monde). En termes plus politiques, le critère de solidarité me semble très pertinent pour évaluer le degré de civilisation. Or, il peut être totalement – totalitairement – subverti (les nazis solidaires dans l’inhumanité…). Au fond, ça balance toujours dans l’Histoire et les civilisations entre relativité et universalité, non ?
Tu as raison, on peut tout mettre dans le mot « civilisation », mais quand on a besoin de parler il faut bien utiliser les mots qu’on a, surtout quand on essaye de faire court. Au fait quid des peuples d’Océanie et de Nouvelle Guinée qui n’ont guère que l’anthropophagie et quelques masques à leur actif, civilisation or not ? Perso je dis oui, sans hésiter. Raccourcis aussi les Gengis-Khan and Co, mais qui sont des produits de leurs civilisations et qui parlent à nos imaginaires. Les mongols pour dire la civilisation indo-européenne. Hitler pour l’effroyable chute de notre propre civilisation européenne. Pharaon pour rappeler que la chasse aux juifs ne date pas d’hier, mais aussi pour les fellahs du Nil qui en 2010 vivaient à peu près du tourisme et qui crèvent la dalle en 2012. Quant à Pol-Pot il représente d’autres errements de nos idéologies européennes… Décidément, nous ne sommes pas qualifiés pour donner des leçons de civilisation aux autres peuples. Eux non plus d’ailleurs.
Je ne suis pas vraiment convaincu par ton critère de solidarité. Il me semble que tous les peuples et toutes les civilisations (comme on voudra) pratiquent la solidarité, chacun à sa manière, à sa mesure, presque toujours dans son propre groupe social. Notre solidarité française fonctionne parce que nous avons beaucoup de moyens, mais elle commence et finit avec nous-mêmes. D’accord pour la redistribution fiscale, le RSA, les restos du coeur, mais rien ou seulement des miettes pour les vrais pauvres de ce monde à Madagascar, en RDC, au Soudan. Là bas aussi il y a des solidarités internes, certes moins bien organisées et avec peu de choses à distribuer, mais bien réelles. Même les nazis avaient une solidarité (impeccable)… entre eux ! Tu vois, je reste un vilain relativiste…
Faut-il le préciser : je parle de solidarité dans le sens du bien commun, pour plus d’humanité – pas le contraire ! Là où je rejoins George Orwell et sa « décence commune » (j’en ai causé plusieurs fois sur ce blog, tape « orwell » dans la case de recherche). C’est aussi l’idée d’entraide qu’on trouve chez Kropotkine (L’entraide, un facteur de l’évolution) et avant lui chez Darwin (La descendance de l’homme). Bien sûr, ça vaut pour les peuples lointains (loin de nous autres « civilisés »…), et même en premier comme tu le suggères.
Les histoires de civilisations ne sont pas aussi tranchées que les clivages droite/gauche – qui ne le sont parfois pas du tout ! Je me comprends… (et c’est déjà ça ;-))
J’ai même entendu dans le poste Raffarin citer Levi-Strauss. Ou alors c’était Carlos qui chantait la Walkyrie ? Dans tout ça, je me demande tout de même si on mélange pas cultures, races, religions. Vousme direz que c’est sans doute tout ça que recouvre le mot civilisation et que chacun prend l’affaire par le bout qui l’arrange. Je suis quand même ok avec Ponthieu, y a pas de quoi monter sur ses grands canassons gauches et lourdingues du sabot dans la même pantoufle. Même Hollande a pas pu s’empêcher, croyant que ça grappilerait quelques pourcents. Mais les tarés c le F haine qui s’empifre ! Parlons pinard et sauciflard, ça c’est du sérieux !
Ça y est, à l’Assemblée aujourd’hui, on a donc atteint le point Godwin, celui qui marque toute discussion mal engagée ; de sorte qu’elle finit dans l’impasse d’une comparaison ou allusion impliquant les nazis ou Adolf Hitler.
Salut Gérard,
Je ne suis pas surpris de constater que cette allocution de notre sinitre de l’intérieur (comme disait Coluche) ait allumé une telle polémique (objectif atteint?). D’ailleurs, à l’heure où j’écris ces mots elle a rebondit à l’Assemblée suite à l’intervention de Serge Letchimy, député de la Martinique, qui a provoqué le départ du gouvernement de l’hémicycle. Je salue là ta prise de position « à contre courant » et tes arguments se tiennent. Pourtant, Claude Guéant n’a pas confondu régime politique et civilisation, chaque mot distillé en public est soupesé, choisi et les éléments de language fourbis dans cette campagne qui s’annonce violente, ce ne sont pas les cris d’orfraie des socialistes, mais cette stratégie minutieuse mise en place par l’entourage du Président pour séduire la droite de la droite. On ne me fera pas croire que Guéant allait donner une leçon d’humanisme à ces jeunes étudiants chaussés de rangers, en terminant son allocution par « nous devons protéger notre civilisation »…
Beaucoup d’honneur pour des propos violemment raciste et dans lesquels il n’y a aucune connerie puisqu’ils ont totalement atteint leur but.
Bernard
Bonjour,
Le numéro 18 – 19 de SexPol consacré à Wilhelm Reich est disponible ici :
http://acorgone.free.fr/indexSexPol.html
Bonne lecture : acorgone
Le Mouvement International pour une Ecologie Libidinale (M.I.E.L.) vient d’achever la numérisation des 39 numéros de la revue Sexpol, que j’ai animée de 1975 à 1980. Cette publication, qui sera annoncée ici prochainement, comme il se doit, se trouve rassemblée sur un DVD vendu au prix coûtant. Précision importante, notamment à l’intention des auteurs du lien ci-dessus (« acorgone ») : Les contenus de cette nouvelle publication sont mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Pas d’Utilisation Commerciale – Pas de Modification.
Cela ne signifie pas l’abandon des droits d’auteur relatifs à la propriété intellectuelle. Cela implique que les termes de la licence Creative Commons Attribution soit expressément reportés sur tout ou partie des documents reproduits. Simple mais indispensable formalité préservant de cette disposition préservant la nature non commerciale des échanges entre les savoirs. Merci à « acorgone » de respecter cette modalité.
Le DVD Sexpol peut être commandé ici :
http://www.ecologielibidinale.org/fr/miel-revuesexpol-fr.htm
Rassurez-vous, la licence Creative Common et le maintien des droits sont très bien spécifiés sur la page mentionnée : et acorgone n’a jamais rien vendu de la vie, acorgone la partage. Vous auriez tout aussi bien pu nous contacter à l’adresse indiquée : tout est vrai !
Alors pas de problème, tout va bien !
Il y a deux manières d’interpréter ce mot « civilisation », devant et derrière un fusil : celui qui le tient est le civilisateur, celui qui se trouve devant est à civiliser. Bon… fusil, tension économique, pétrole ou commerce inter-nation, tout cela c’est du pareil au même. Suivant donc qui tient le fusil et sa nature, le mot n’aura pas la même signification : il s’agira toujours de justifier le fait qu’on fasse travailler un Autre pour le moins cher possible ; et par conséquent son usage même trouvera lieu à interprétation : ici , une justification, là une revendication. En fait, rien que du blabla de menteurs, les uns d’une estrade, les autres le regard vers les cieux !
J’ai un peu de mal à y voir clair dans tout ça…
En tout cas beaucoup de mal à écrire sur le sujet.
Je peux éventuellement « musiquer » la civilisation…
C’est plus sur ! chacun son domaine !
http://f.lovisolojob.free.fr/Blog/index.php/2010/05/26/civilisations/
Quand aux propos Guéant… Le personnage, comme la plupart de ses collègues de tous bords, ne m’inspire aucune confiance .
Sommes-nous toujours une civilisation ? Bonne ou mauvaise ?
Je ne saurai le dire tant le système s’épuise.
Mais nous aurons l’occasion d’en reparler lors d’un prochain concert…
@ bientôt…
Frank
J’étais passé à côté, mais c’est excellent !
Très bon texte (que je n’avais pas encore lu, étant un lecteur plus récent). Selon moi les civilisations ne sont et ne peuvent être égales, car s’il en était ainsi aucun progrès ne pourrait avoir lieu à l’intérieur d’une même civilisation, puisque le résultat du progrès serait dans ce cas équivalent à ce qu’il y avait avant ce progrès ! Non, tout dépend d’après les critères d’après lesquels nous jugeons. Une civilisation répressive a‑t-elle la même valeur qu’une civilisation libertaire ?
J’emploie à dessin l’expression « civilisation libertaire », terme créé (à ma connaissance) et prôné par le théoricien socialiste libertaire et anarcho-syndicaliste Gaston Leval (1895 – 1978), bakouninien et kropotkinien convaincu, pour définir l’horizon humaniste vers lequel tout socialisme sincère devrait tendre. Gaston Leval connaissait les thèses de Jacques Duboin (un homme lui aussi vraiment à redécouvrir), mais à l’époque Leval (théoricien majeur de l’anarchisme espagnol) pensait que l’on était encore loin de l’abondance (l’Espagne était dans une pauvreté incroyable). La solution actuelle me semble dans la synthèse entre Duboin et les théoriciens libertaires. Pour info, l’on doit, entre autres, à Gaston Leval, un livre merveilleux « Espagne libertaire 36 – 39 L’oeuvre constructive de la révolution espagnole », totalement édité sur Internet. D’autres textes théoriques de lui se trouvent aussi sur Internet.
Tu ravives de vieux souvenirs ! Celui de Gaston Leval justement, que des amis anarchistes espagnols avaient fait venir à Strasbourg pour témoigner de l’histoire récente. Image d’un homme de petite taille, fort modeste, évoquant les « communes libertaires » d’Aragon. C’est un peu effacé dans ma mémoire… Merci, Gérard, d’avoir fait remonter tout ça à la surface.
Eh oui, c’est tout à fait cela ! Moi aussi j’ai eu la chance de le voir une fois, en 1975, lors d’une semaine consacrée à l’Espagne, dans une Maison des Jeunes, où le thème en était le communisme libertaire. Je me suis retrouvé plus d’une fois, et même pour ainsi dire toujours, dans sa critique de l’anarchisme français. Le tourment de sa vie – la dégénérescence de l’anarchisme en ressentiment, l’oubli de la grandeur de la pensée des Bakounine, Kropotkine, Guillaume, de l’aspect constructif du socialisme libertaire – fut aussi pendant des années le mien. Gaston Leval est peut-être l’homme le plus remarquable que j’ai pu voir, je me le suis plus d’une fois dit. Son importance pour libérer en 1921 certains anarchistes emprisonnés dans les geôles bolchevistes est considérable, ainsi que sa dénonciation de ce système inhumain dès 1921, et c’est grâce à lui si la CNT n’est pas entrée dans l« Internationale des Syndicats rouges ! J’ai lu
et médité beaucoup de textes de lui, textes magnifiquement écrits où il y a une grandeur, une absence totale de ressentiment. Gaston Leval fait partie à jamais de la bonne dizaine de « héros » qui m’ont permis de construire ma pensée.