Une insulte contre la foi… et tout bascule dans le fanatisme
Il a donc suffi d’une vidéo de dix minutes pour ranimer la flamme du fanatisme islamiste. Cette actualité atterrante et celle des vingt ans passés le montrent : des trois religions révélées, l’islam est aujourd’hui la plus controversée, voire rejetée. Tandis que la judaïque et la chrétienne, tapies dans l’ombre tapageuse de leur concurrente, font en quelque sorte le dos rond – ce n’est pas leur tour. En ce sens, elles peuvent se donner à voir comme les « meilleures », alors qu’elles n’ont pas manqué d’être les pires dans leurs époques historiques flamboyantes, et qu’elles ne sont toujours pas en reste pour ce qui est de leurs dogmes, les plus rétrogrades et répressifs. *
Préalable : parler « religions » ici c’est considérer les appareils, et non pas leurs adeptes plus ou moins consentants. C’est donc parler des clergés, des dogmes et des cohortes activistes et prosélytes. On en dirait autant des idéologies, dont les pires – fascistes et nazies –, construites comme des religions, ont entaché l’Histoire selon des schémas similaires. Donc, distinguer les « humbles pécheurs » abusés par leurs « libérateurs », tout comme on ne confondra pas ces militants aux grands cœurs abusés par les Staline, Hitler et autres tyrans de tous les temps.
Parlons donc de l’islam politique, mis en exhibition dramatique sur la scène planétaire, voulant en quelque sorte se prouver aux yeux du monde. Aussi recourt-il à la violence spectaculaire, celle-là même qui le rend chaque plus haïssable et le renforce du même coup dans sa propre et vindicative désespérance. Et ainsi apparaît-il à la fois comme cause et conséquence de son propre enfermement dans ce cercle vicieux.
Que recouvre l’islamisme, sinon peut-être la souffrance de cette fraction de l’humanité qui se trouve marginalisée, par la faute de cet « Occident » corrompu et « infidèle ». C’est en tout cas le message que tente de faire passer auprès du milliard de musulmans répartis sur la planète, les plus activistes et djihadistes de leurs meneurs, trop heureux de décharger ainsi sur ce bouc émissaire leur propre part de responsabilité quant à leur mise en marge de la « modernité ». Modernité à laquelle ils aspirent cependant en partie – ou tout au moins une part importante de la jeunesse musulmane. D’où cette puissante tension interne entre intégrisme mortifère et désir d’affranchissement des contraintes obscurantistes, entre gérontocrates intégristes et jeunesses revendicatives. D’où cette violence de « cocotte minute » et ces manifestations collectives sans lesquelles les sociétés musulmanes risqueraient l’implosion. D’où, plus avant, les « printemps arabes » et leurs normalisations politiques successives.
Un nouvel épisode de poussées cléricales d’intégrisme se produit donc aujourd’hui avec la promotion d’une vidéo dénigrant l'islam diffusée sur la toile mondiale et attribuée à un auteur israélo-américain – ou à des sources indéfinies. Prétexte à ranimer – si tant est qu’elle se soit assoupie – la flamme des fanatiques toujours à l’affût.
On pourrait épiloguer sur ces conditionnements reptiliens (je parle des cerveaux, pas des personnes…) qui se déchaînent avec la plus extrême violence à la moindre provocation du genre. De tout récents ouvrages et articles ont ravivé le débat, notamment depuis la nouvelle fièvre éruptive qui a saisi les systèmes monothéistes à partir de son foyer le plus sensible, à savoir le Moyen Orient. De là et, partant, de la sous-région, depuis des siècles et des siècles, au nom de leur Dieu, juifs, chrétiens, musulmans – et leurs sous-divisions prophétiques et sectaires – ont essaimé sur l’ensemble de la planète, installé des comptoirs et des états-majors, lancé escouades et armées entières, torturé et massacré des êtres humains par millions, au mépris de la vie hic et nunc, maintenant et ici-bas sur cette Terre, elle aussi martyrisée. Et le tout au nom d’un Au-delà hypothétique, proscrivant à chacun sa libre conscience et l’art d’arranger au mieux la vie brève et, de surcroît, pour le bien de l’entière humanité.
Va pour les croyances, qu’on ne discutera pas ici… Mais qu’en est-il de ces systèmes séculiers proliférant sur les plus noirs obscurantismes ? On parle aujourd’hui de l’islam parce que les guerres religieuses l’ont replacé en leur centre ; ce qui permet aux deux autres de se revirginiser sur l’air de la modération. Parce que l’islamisme « modéré » – voir en Tunisie, Libye, Egypte ; en Iran, Iraq, Afghanistan, Pakistan, etc. – n’est jamais qu’un oxymore auquel judaïsme et christianisme adhèrent obséquieusement, par « charité bien comprise » en direction de leur propre « modération », une sorte d’investissement sur l’avenir autant que sur le passé lourd d’atrocités. Passé sur lequel il s’agit de jeter un voile noir, afin de nier l’Histoire au profit des mythologies monothéistes, les affabulations entretenues autour des messie et prophètes, dont les « biographies » incertaines, polies par le temps autant que manipulées, permettent, en effet, de jeter pour le moins des doutes non seulement sur leur réalité existentielle, mais surtout sur les interprétations dont ces figures ont pu être l’objet. Quid, en effet, d’un Mahomet tel que dépeint ici ou là, c’est selon évidemment, comme ignare, voleur, manipulateur, cupide et amateur de fillettes ? Pas plus réel que sa divinisation, ni celle de Moïse et de Jésus construits hors de leur propre réalité, selon des contes infantiles psalmodiés et faisant appel à la plus totale crédulité.
Mais, admettons que les hommes aient créé leurs dieux par nécessité, celle de combler leurs angoisses existentielles, de panser leurs misères, leurs vertiges face à l’univers et devant l’inconnu des lendemains et d’après la mort. Admettons cela et regardons l’humanité dans la perspective de son devenir et de son évolution – dans le fait de se lever sur ses deux jambes et même de se monter sur la pointe des pieds pour tenter de voir « par dessus » ce qui abaisse, s’élever dans la condition d’humains désirant, parlant, connaissant, comprenant, aimant.
Alors, ces religions d’ « amour », ont-elles apporté la paix, la vie libre et joyeuse, la justice, la connaissance ? Et la tolérance ? Ou ont-elles aliéné hommes et femmes – surtout les femmes… –, maltraité les enfants, méprisé les animaux ; inculqué la culpabilité et la soumission ; attaqué la philosophie et la science ; colonisé la culture et imprégné jusqu’au langage ; jeté des interdits sur la sexualité et les mœurs (contraception, avortement, mariage et même l’alimentation) ; commandé à la politique et aux puissants…
Torah, Bible, Évangiles, Coran – comment admettre que ces écrits, et a fortiori un seul, puisse contenir et exprimer LA vérité ? Par quels renoncements l’humain a-t-il cheminé pour finalement dissoudre sa rationalité et son jugement ? Mystère de la croyance… Soit, encore une fois, pour ce chapitre ! Mais, tout de même, la religion comme système séculier, comme ordre ecclésial, avec ses cohortes, ses palais, ses forteresses spirituelles et temporelles… Son histoire marquée en profondeur par la violence : croisades, Inquisition (je voyais l’autre soir sur Arte, Les Fantômes de Goya, de Milos Forman… ; une histoire de tout juste deux siècles !), guerres religieuses, Saint-Barthélémy, les bûchers, et aussi les colonisations, ethnocides, soutiens aux fascismes… Ça c’est pour le judéo-christianisme.
Côté islamisme, qui dit se dispenser de clergé, son emprise ne s’en trouve que plus entièrement diluée dans les sociétés, d’où l’impossible laïcisme des islamistes, se voudraient-ils « modérés ». Et que penser de cette violence endémique devenue synonyme d’islam, jusque dans nos contrées d’immigration où d’autres extrémismes en nourrissent leurs fonds de commerce nationalistes ? Sans doute un héritage du Coran lui-même et de Mahomet présenté dans son histoire comme le « Maître de la vengeance » et celui qui anéantit les mécréants… Voir sur ce chapitre les nombreuses sourates invoquant l’anéantissement des juifs, chrétiens et infidèles – tandis que, plus loin, d’autres versets promulguent une « sentence d’amitié » – contradiction ou signe opportuniste de « tolérance » ? Voir en réponse les fatwas de condamnation à mort – dont celles de Salman Rushdie par Khomeiny (avec mise à prix réactivée à la hausse des jours-ci !) et de Taslima Nasreen qui a dû s’exiler de son pays, le Bengladesh. Voir l’assassinat de Théo van Gogh à Amsterdam, poignardé puis achevé de huit balles en pleine rue ; dans un documentaire, il venait de dénoncer le traitement réservé aux femmes dans l’islam. [Le voir ci-dessous.]
Même double langage chez le dieu juif Yahvé pour justifier…l’extermination de certains peuples de Palestine (dont les Cananéens…) Cela en vertu du fait que les juifs sont le "peuple élu par Dieu", dont le premier commandement est « Tu ne tueras pas » ! Ce fantasme juif alimente en les légitimant le colonialisme et ce qui s’ensuit en Palestine et l’affrontement des théocraties. Affrontement également par affidés interposés et leurs États ou organisations terroristes : Bush contre Al Quaïda, Tsahal contre le Hezbollah, kamikazes contre population civile. Violences innommables, guerres sans fin.
Quant au film « blasphématoire » qui agite de plus belle les fanatiques islamistes, il est curieux que nos médias de masse, radios et télés en chœur, semblent en contester la légitimité du fait qu’il serait bricolé, mal ficelé, pas pro… Comme s’il s’agissait d’une question d’esthétique ! Quoi qu’il soit et quels que soient ses commanditaires, il fait bien apparaître par les répliques qu’il provoque le niveau de fanatisme imprégnant les pays musulmans. Ce qui s’était déjà produit avec les caricatures danoises de Mahomet, dont certains avaient, de même, contesté la qualité artistique ! Et Goya, au fait, lorsqu’il représentait les visages de l’Inquisition, était-ce bien esthétique ?
La question porte nullement sur la nature du « blasphème » mais sur la disproportion de la réplique engendrée, allant jusqu’à mort d’hommes – l’ambassadeur états-unien et de ses collaborateurs en Libye, victimes sacrificielles et à ce titre totalement inscrites dans un processus d’expiation religieuse !
Et plus près de nous, que dire des provocations menées à Paris devant l’ambassade américaine ? Et aussi à La Courneuve, lors de la fête de l’Huma où Caroline Fourest a été chahutée, menacée, insultée et empêchée de débattre – entre autres sur ces questions d’intégrisme qui font les choux gras du Front national !
Comme quoi, pour résumer, une insulte contre la foi – ou ce qui en tient lieu –constitue un crime plus grave que de s’en prendre à un être vivant.
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- Même si on met un peu à part le judaïsme : cette religion du particulier ethnique sans visée planétaire directe retrouve toutefois le christianisme – ne dit-on pas le judéo-christianisme ? – et l’islamisme dans cette même volonté de pénétrer jusque dans les têtes et les ventres de chacun. En ce sens, celles qui se présentent comme les « meilleures » parviennent bien à être les pires dans leurs manoeuvres permanentes d’aliénation. De même que leur « modération » demeure relative à leur stratégie hégémonique.
Belle lettre aux « Trois imposteurs ».
Bravo.
Cependant tu m’énerves ! Pourquoi n’ai-je donc pas pas cette habileté des mots.…
Enfin « chacun son métier » dit-on.
Musicien, je ne suis jamais parvenu à accorder religions et modération…
Tout bascule dans le fanatisme ? Si on fait la somme des manifestants anti-insulte partout dans le monde, on arrive à moins de 100 000 personnes. Sur les 1,3 milliards de musulmans, on bien bien loin du Tout…
Par contre, les médias eux, ils basculent pour du vrai, et ils nous font prendre des vessies pour des lanternes. A l’image des 150 imbéciles qui ont manifesté à Paris, qui ne représentent personne, mais qu’on nous met à l’antenne à longueur de journée, qu’on analyse et re-analyse pour que le gogo soit bien terrorisé juqu’au fond de son slip. Probable que ça doit être bon pour la pub.
Il faut faire du chiffre ?
Désolé de donner raison à la loi de Godwin mais, historiquement, ça démarre souvent avec une poignée d’imbéciles.…
Une autre. Sur la violence soi-disante spécificité des religions.
J’aime les chiffres, ils remettent les choses à leur vraie place. Une comparaison donc. Tu parles d’Inquisition catholique. Moi je la compare à la Terreur révolutionnaire. Les deux reposent sur des tribunaux d’exception chargés de réprimer des « pensées déviantes ». Les chiffres (wikipédia): autour de 90 000 victimes en 500 ans pour l’Inquisition et 45 000 en 2 ans pour la Terreur. Les révolutionnaires des Lumières ont donc été environ 125 fois plus meurtriers que les cathos du Moyen-Age(règle de 3. Normal, quand on « chosifie » l’être humain, qu’on le réduit à un objet matériel, il n’y a plus de barrière à son élimination.
Le matérialisme du 20e siècle occidental a engendré les idéologies nationaliste et communiste qui ont provoqué les pires hécatombes de tous les temps partout sur la planète. Infiniment plus que toutes les religions réunies depuis toujours. Ces immenses malheurs du 20e siècle, dont l’Occident est entièrement responsable, nous disqualifient complètement à donner des leçons aux autres civilisations. En particulier aux musulmans, dont les quelques manifestants d’aujourd’hui expriment avant tout une une haine profonde de l’Occident. C’est très différent d’un fanatisme religieux. Et c’est beaucoup plus dangereux.
En panne d internet maison , je prends date pour une suite à la disputation 😉
Comptes d’apothicaire ! Comparer des nombres de victimes pour excuser une terreur par une autre… Excuse, mais c’est pour le moins discutable. De plus, généraliser « les révolutionnaires des Lumières » pour en faire une catégorie, n’arrange pas ton cas. Non seulement un Robespierre était déiste (culte de l’Etre Suprême), mais la plupart des autres les plus en vogue aussi : Voltaire (derrière son anticléricalisme), Rousseau notamment. Sans doute pas Diderot, athée comme quelques autres comme D’Holbach et La Mettrie.
D’autre part, et je crois bien que je le dis dans mon jus ci-dessus, ces régimes « révolutionnaires » se sont constitués selon moi (je n’invente rien) en tant que sectes puis religions, avec tous leurs appareillage liturgiques, leurs gourous, prêtres, Livres, dieux, officiants, sacrifices (par millions de victimes !), etc. Si tu penses entre autres au communisme stalinien, je te renvoie au sociologue Jules Monnerot (années 60) qui en avait bien traqué les contours, à savoir ses trois composantes interdépendantes : un empire, une religion séculière (il la comparaît à un « islam conquérant »…), une entreprise subversive, le tout « armé » de prosélytisme et dans un contexte de guerre souterraine (la « guerre froide » en l’occurrence). Note que le nazisme hitlérien relève tout à fait de ces composantes…
De même, j’objecte fermement face à ton argument selon lequel les abominations de l’Histoire pourraient absoudre celles à venir. Il ne s’agit nullement de « leçons à donner », mais plutôt de leçons à retenir.
Enfin (réponse à ton commentaire précédent), ok sur le rôle intoxiquant des médias par effets répétitifs (la prosternation face à l’ambassade US montrée en boucle : yabon pour le FN). Mais pas d’ac avec ton équation relativiste x = 100 000 / 1,3 milliard de musulmans dont les 150 allumés manifestant à Paris. Car ne sont-ce pas les minorités agissantes qui ont fait l’Histoire, factions et sectes propulsant un Sauveur ? (Je me cite : « Le silence des pantoufles est plus inquiétant encore que le bruit des bottes »…).
On ne peut ignorer le contexte mondial, la proclamation de « la fin de l’Histoire » puis sa tentative de relance sur l’air du « choc des civilisations », une certaine décadence de l’empire américain, l’irruption de la Chine et des pays « émergents » (Brésil, Inde), la mise en coupe réglée de l’Afrique et, en dehors de cette scène mondiale, ou tout au moins sur le bord, ce 1,3 milliard de musulmans passifs – sinon fanatiques – dont le seul bien apparent, la seule ressource à part le pétrole arabe, se résume à une croyance mystique. Pour ma part, ce n’est pas satisfaisant. Et ça ne me laisse pas tranquille.
Il ne m’énerve point d’être en phase, comme souvent… mais pas toujours, avec l’ami Gérard. Non seulement c’est bien écrit, on ne se refait pas à ct’âge, mais comme qui dirait : « Y’a une certaine connaissance de la chose ». Nous sommes (je n’ose écrire tous car je sens que la famille se réduit, même s’il me semble vrai que le nombre des manifestants est « peu nombreux ») un certain nombre à penser comme toi. Les laïcs, tolérants qui plus est. Cet événement invite aussi à se pencher sur la force de manipulation d’Internet (je n’ose commencer à lister toutes les affabulations, provocations et autres manigances soigneusement « publiées » par certains et probablement certaines officines) et sur les moyens démocratiques d’en faire alerte avec suffisamment d’écoute… Oui, peu de participants aux manifestations (disons en pourcentage du moins), oui c’est du fanatisme et non l’islam, mais quand même un sentiment m’interroge parce que je le ressens… A force d’être gentil, tolérant, de modérer mes propos, de respecter même ce qui me semble si… disons naïf, une attitude que je m’efforce d’avoir sans garantir y parvenir toujours, je crains de n’être plus entendu. Un des enseignements – terrible s’il se confirme – ne serait-il donc pas celui de l’irruption des temps du Cri dont seul le volume fait propos ?
A quand la sortie de l’ère « Néolithique » ?
Cette assez sale ère, est érigée sur le temps linéaire (en substitution du cyclique, ainsi que sur l’invention des divinités anthropomorphes et leurs récits mythiques constituants ainsi autant de facteurs d’appartenance afin de souder des »populations » dans leurs efforts vers la puissance … son plus … son trop ?
Mais comment sortir de notre prison culturelle ?
Le poisson pense-t-il à sortir de l’eau …
Notre humanitude envisagerait-elle de changer ses comportements ?
Une dernière.
J’avais d’abord réagi à fleur de peau sur le titre (pas de poussée « fanatique »), puis sur la violence (les religions beaucoup moins violentes que les matérialismes). Ce coup-ci j’ai bien lu ton article dans sa totalité, voire dans son infini. Je ne suis d’accord sur pratiquement rien, sauf qu’il est sincère et bien écrit. Je pourrais argumenter sur tout, mais ça prendrait la vie des rats… Je réagis juste à celle de tes propres « croyances » qui me heurte le plus, celle qui affirme que les fidèles d’une religion sont « abusés » par l’appareil de leur religion.
Je suis croyant, catholique. Je sais pourquoi j’adhère à la foi chrétienne et je ne suis abusé par personne. Les autres croyants sont comme moi, ni plus bêtes ni plus intelligents que le commun des mortels. Chacun a ses motivations et ses raisons pour croire ce qu’il croit. Affirmer que quelqu’un est « abusé » parce qu’il n’a pas les mêmes points de vue ou les mêmes choix que soi, me paraît très orgueilleux et surtout très méprisant pour ces pauvres croyants qui seraient incapables de discerner le vrai du faux. Sûrement ils ont besoin qu’un sage anticlérical les prenne en main sur le chemin de la liberté…
Cette opinion me parait aussi une grave erreur d’appréciation de la nature et de l’histoire humaine. Le phénomène religieux existe depuis que l’homme est homme. La religion est même l’un des premiers critère d’humanité pour les archéologues. Depuis l’aube des temps, donc, des milliards et des milliards d’êtres humains ont été religieux. Il est impossible que ces foules innombrables, la quasi-totalité de l’humanité d’hier et d’aujourd’hui, aient été intellectuelement défaforisées au point de tous se laisser « abuser » par des « appareils ». Au contraire l’importance massive du phénomène religieux chez les humains montre que ton explication par l’escroquerie est parfaitement insuffisante.
Bien sûr, chacun est libre de croire aux salmigondis matérialistes du 19e siècle (provoc volontaire et amicale), mais il n’est guère raisonnable d’affirmer que les fidèles des religions sont massivement des gogos…
Camarade ! 😉 Tu m’auras mal lu autant que je me serai mal fait comprendre… Donc, je le répète : il n’était pas question de foi dans mon papier, mais de religions en tant qu’appareils ecclésiastiques, séculiers, se mêlant moins du spirituel que de l’ordre des choses du monde, politique en particulier… De ce seul point de vue, je ne verrais que cohérence de la part de tout croyant à se détacher de ces appareils d’aliénation : accès direct à Dieu, même morale humaniste entre le croyant et l’athée, mêmes buts personnels et sociaux de réalisation ici-bas dans l’harmonie des sociétés, pour le Bien commun, etc. Où seraient les problèmes ? N’est-ce pas d’ailleurs ce qui, au fond, peut bien nous rapprocher ?! Les problèmes, ce sont ceux posés par les prophètes, messies, ayatollas, gourous ; leurs dogmes, commandements et injonctions ; leurs « lois » imposées, sauf à eux-mêmes si souvent.
D’autre part, écris-tu, « Le phénomène religieux existe depuis que l’homme est homme. » Un postulat ! En bon monothéiste, tu sembles confondre interrogation spirituelle et religion ; là où, justement, la paléo-anthropologie montre que les plus anciennes manifestations spirituelles (voir l’art pariétal) étaient nettement païennes, puis par la suite animistes, polythéistes et tardivement monothéistes. (Je fais vite…) Or, c’est bien de cela dont le parle : les religions révélées, avec Livres et tout ce qui s’ensuit.
Enfin, quand bien même, ce n’est pas parce qu’un phénomène est ancien qu’il est sacré ! L’histoire humaine est une évolution. L’Homme s’est grandi peu à peu tout au long d’un cheminement (si accidenté !) qui, en effet, a eu davantage besoin de lumière que d’obscurité. Tandis que l’acte fondateur, tout au moins symbolique, de ta religion a été de frapper l’homme – et en fait la femme ! – du péché de la connaissance ! Tandis que se mettrait en batterie, pour ces trois religions concurrentes et pourtant si semblables, tout l’attirail mystificateur toujours en vigueur : immaculée conception et virginité de Marie, les rois mages, mort et résurrection de Jésus, sans oublier le Buisson ardent et autres fables innombrables dans les trois Livres principaux. Libre à toi, certes, de préférer ces « salmigondis »… 😉
Bah, je savais que tu allais me reprocher de mélanger foi (je préfère « idée de Dieu ») et religions en tant qu’appareils ecclésiastiques. Aussi je me suis gardé de parler de foi dans mon commentaire. Relis-le, je reste bien dans ta logique d’appareil. L’être humain est un animal social. Pour tout ce qui a trait aux choses importantes de nos vies, nous nous agrégeons en groupes ou en communautés, avec leurs organisations et leurs pouvoirs. Il en est de même pour les religions dont les associations ne sont pas pires que n’importe quelle autre communauté humaine, et en tout cas, j’insiste, elles sont beaucoup moins violentes que les nations.
L’accès direct à Dieu est une illusion. Comme l’accès direct à la science ou à l’art, sauf à en rester au stade « primitif ». Par nature les humains progressent en construisant sur l’expérience de ceux qui les ont précédés. Il n’y a aucune raison que ça se passe différemment pour les religions. Perso les messies et les ayatollahs ne me posent pas plus de problème que les politiques ou les philosophes, et beaucoup moins que les conquérants ou les révolutionnaires.
C’est la mode aujourd’hui d’accuser les monothéismes de tous les maux. Peut-être parce qu’on ignore presque tout des polythéismes, mais plus sûrement parce que quand on est anticlérical il est plus facile de briser ce qui est proche. Pourtant, avec le boson de Higgs, le monothéisme a de beaux jours devant lui… Bref, pour ma part je traite polythéismes et monothéismes comme sortants du même tonneau fondamental de la religiosité humaine, que j’oppose au matérialisme moderne. Quant à nos lointains anciens, la principale interprétation actuelle de l’art pariétal est chamanique, donc d’ordre religieuse.
Un phénomène très ancien et très massif révèle la nature de l’homme. Il est terriblement dangereux de vouloir modifier notre nature par idéologie. Sans aucun doute l’homme est une évolution (même si ça s’arrêtera probablement dans un soubresaut planétaire du genre de ceux qui ont éliminé nos prédécesseurs dinos). Dans cette évolution, l’éradication des religions n’est en rien une grandeur ou un progrès. Bien au contraire je n’y vois que tyrannie, violences, obscurantisme, déshumanisation, amputation du meilleur de nous mêmes… Pour info ce que tu appelles le « péché de connaissance » n’est pas un interdit, c’est une prise de conscience par l’être humain de ses imperfections et de ses propres limites. Quand l’homme se prend pour Dieu il ne provoque que des catastrophes. Amicalement.
Puisque Jacques Brel est en vogue ici :
« Avant eux, il n’y avait pas de problème
Quand poussaient les bananes même pendant le carême
Mais ils sont arrivés bardés d’intolérance
Pour chasser en apôtres d’autres intolérances
Car ils ont inventé la chasse aux Albigeois
La chasse aux infidèles et la chasse à ceux-là
La chasse aux singes sages qui n’aiment pas chasser
Et c’est depuis lors qu’ils sont civilisés
Les singes, les singes, les singes de mon quartier. »
Vous y faites allusion mais je voudrais revenir sur la débilité violente et dangereuse opposée à Caroline Fourest lors de la fête de l’Huma. Faut voir la vidéo qui montre la charge des opposants déchaînés, justement à l’image des fanatismes dénoncés de façon si pertinente par Caroline Fourest ! Quand la raison raisonnante se trouve ainsi corsetée par l’insulte et les vociférations, on ne peut que doublement être inquiets. Votre analyse me semble des plus justes, merci !
Pas mal non plus, cette paire de lunettes afin de « cacher ce seins » qu’un juif ultraorthodoxe ne saurait voir… Cité par Courrier international :
http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/22/ultraorthodoxes-les-lunettes-floues-des-patrouilles-de-la-pudeur
Sont-elles remboursées par la caisse de maladie (mentale)?
Encore une entorse à l’évolution.
Peut être que « ces gens là » ( Cf. Brel, encore ) pensent que la cataracte est un don de dieu !
J aime bien ce débat. Il montre bien aussi les difficultés dans ce domaine à charger les mots d une signification non imprégnée des fameuses croyances dont on parle… Au fait, « on » m’a appelé Christ-ophe…
Satan est de sexe féminin : c’est la Putain qui donne toutes les maladies parce l’homme les lui a toutes données ;
Satan est la Mère à qui l’on donne une rétribution comme acceptation de ce désir de rentrer en elle, dans son sexe ;
Satan, c’est la Femme que l’on désire coïter sans les conséquences de la reproduction ;
Satan c’est la Vierge qui vous accueille sans fin comme inconnue et si peu ouverte, car vous l’avez laissée sans la liberté de disposer de son corps selon son esprit ;
Satan, c’est le sexe vers lequel toutes vos énergies convergent et que vous déculpabilisez de la blessure par de l’argent ;
Satan, c’est l’esclave qui réside en vous, homme, et dont la culpabilité, un court instant, dans un petit cri, se décharge, comme vous déchargez de vos poches votre avoir ;
Satan c’est la perte de votre être que vous tentez, comme on tente d’attraper le sable, de changer en avoir ;
Satan est la Fillette, nubile qui JOUE sans la pensée précisément sexuée, je veux dire, vergeale, qui vous excite de ce JEU, car vous voulez lui faire reconnaître que votre virilité n’est pas, elle, innocente ;
Satan est la Vierge qui frémit de vous recevoir et que vous blessez ; c’est cette Vierge qui vous appréhende, tremble devant la force de votre vigueur qui ne tient plus que sur le fil de l’autorité dépravant Autrui ;
Satan, c’est cette Vierge de vous, que vous poussez dans les abimes de l’Enfer alors que vous violez son intimité ; les souffrances de l’Enfer, lorsque vous violez sa dénégation ; que vous précipitez dans les affres de la turpide de votre culpabilité imposée lorsque vous la forcez et montrez à tous le sang de votre forfait.
Satan a un sexe féminin, issu de l’homme, effectivement, comme cette mythique Côte, que le dieu-homme a créée selon son os ;
Satan c’est l’os de l’homme qui bat, tue, étripe, viole, égorge, dé-ongulise, castre ; un os qu’il veut retrouver, non pas de sa propre chair, mais de celle sur qui sa violence peut encore et encore et toujours la faire putain, comme sa propre vie ;
Satan c’est la Femme doté de la maladie de l’homme et de sa honte qu’il ressent avec tant de force et si profondément et ne comprend pas, malgré le sang et la misère qu’il génère et qui l’entoure ;
Satan c’est l’anti-amour, le doux, le fluide, le joyeux, de bienheureux, le sincère, le bon, le bienveillant, l’attendri, l’attentif, le libérateur, l’oignant, le créateur, l’infini, l’ici-bas amour.