Quand le chanoine Macron s’attaque à la laïcité
Le nouveau « chanoine de Latran » est revenu tout auréolé de son onction pontificale. Macron n’aura pas eu à se faire violence, il a suivi son penchant « naturel », celui de son éducation familiale, parachevée chez les jésuites de La Providence, à Amiens. Pour un président de la République française, tout cela n’est guère bien orthodoxe… mais parfaitement catholique et fort peu laïc. Voyons cela de plus près.
Déjà, le 9 avril dernier au Collège des Bernardins, dans son adresse aux catholiques, Macron avait assuré vouloir « réparer », le lien « abimé » entre l’Église et l’Etat. Il déclare encore : « Je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre Nation. »
Drôle de vision de l'Histoire de France… « La République, contrairement à ce que dit le président, ne s'est pas faite avec l'Église catholique mais contre elle, fulmine le socialiste Jean Glavany. Le parti religieux s'est opposé à la République, et systématiquement, au pouvoir civil. » L'ancien ministre rappelle les positions prises par le pape Pie XI (pontificat de 1922 à 1939), qui condamnait la République et excommuniait ceux qui voulaient réconcilier l'Église et l'État. « Cela a été d'une grande violence. Dire aujourd'hui que l'Église catholique a conforté la République ou a aidé à l'établir est un non-sens politique et je ne comprends pas pourquoi le président dit des choses pareilles. »[footnote]On notera toutefois que Macron a parlé de "Nation", non de "République"…[/footnote]
Pourquoi ? On dirait que Glavany découvre la démagogie politique et la pêche aux voix… tout autant que l’histoire personnelle de Macron. N’a-t-il pas baigné dans un environnement catholique ? Baptisé à 12 ans à sa demande, il effectue la majeure partie de ses études secondaires dans un lycée jésuite. Entre 2010 et 2017, il sera membre du comité de rédaction d’Esprit, revue d’idées ayant notamment publié Paul Ricœur, auquel Macron aime se référer.
Autre fait inquiétant pour ce qui est de la laïcité : le jour même de la rencontre Macron-pape François, passait en deuxième lecture à l’Assemblée nationale la loi dite « de confiance » accordant aux religions une place à part dans la République : au lieu de les soumettre aux mêmes obligations que tout représentant d’intérêt (les lobbies), le Président leur accorde un statut très particulier qui contredit le fait que l'Etat est censé ne reconnaître ni ne salarier aucun culte.
Pire encore, l'autre volet du projet de loi ouvre la possibilité pour les cultes d'obtenir et de gérer des immeubles à objet lucratif. Un moyen d'aspirer de façon détournée des subventions publiques, mais surtout le moyen d'utiliser la manne financière venant de pays étrangers, en opposition flagrante avec la loi de laïcité, déjà mise à mal s'agissant du financement des mosquées et des imams.
Seuls 80 parlementaires – de la majorité – ont présenté un amendement pour s'opposer à ce qu’ils considèrent comme une entorse à la laïcité.
C’est ainsi que la loi dite “de confiance” est devenue celle des coups tordus et des trahisons masquées.
[Avec France Culture, Marianne, Céline Pina de Viv(r)e la République]
• Lire aussi sur « C’est pour dire » : Président. « Dieu est avec nous » : pourvu qu’il ne nous oublie pas !
Il ne manque pas d’air celui-là… Il va toutes nous les faire… Je viens de passer, politiquement, de le la lassitude marécageuse à une inquiétude uligineuse. Si !
« Uligineuse », bigre, ça doit être grave !-)
Sur l’instant c’est ce que j’ai trouvé de plus aigre. 🙂
Ceci dit, l’abrutissement que nous sert l’élu par 14% de la population à de quoi inquiéter…
Mêler la politique à la religion n’a toujours donné qu’une infâme et puante miction…
En politique comme en religion ce que l’on nomme habileté et intelligence ne sont, à mon humble avis, que rouerie et méchanceté.
Athée souhait !!!
Le paradoxe dans cette affaire est que les pays qui font référence en terme social sont des monarchies constitutionnelles et que les femmes y ont exercé des pouvoirs que la République Française ne leur a jamais offerts depuis la Révolution Française. Catherine de Médicis, Anne d’Autriche ont effectivement gouverné la France alors qu’Olympe de Gouges a eu droit à la guillotine en remerciements de son féminisme lors de la Révolution.
Les pires criminels du vingtième siècle se proclamaient athées et socialistes (Hitler, Staline et ceux qui les ont promu). Emmanuel Macron aura encore réussi son coup par cette promotion diplomatique de chanoine de Latran. Pendant que le peuple jase, les députés votent tranquilles.
Hitler athée ? De nombreux témoignages de ses proches et des historiens sont très partagés sur cette question ; dans ses discours et ses écrits, il ne fut pas avare de références à Dieu. Par exemple, en 1938 à Nuremberg, Hitler a rejeté toute forme de mysticisme mais a exprimé sa croyance en Dieu. Selon lui, le travail du nazi devait répondre à une volonté divine, d’ailleurs invoquée sans réserve avec le slogan « Gott mit uns ! » (Dieu est avec nous). Rescapé d’un attentat, il a aussi évoqué la Providence. Mais peut-être avait-il aussi le souci de ne pas heurter le peuple allemand dans ses convictions religieuses… Il n’aurait pas été le premier en cela… De toutes manières, Hitler comme Staline ne croyaient qu’en eux… et se prenaient pour des dieux, ou du moins pour des messies censés sauver leurs peuples divinisés !
« Gott mit uns » apparait comme emblème militaire dès le XVIIème s. en Prusse, et c’est… la République de Weimar qui l’imprime sur le ceinturon des soldats de la Reichswehr : Hirler n’a fait que conserver pour sa Wehrmacht une tradition, qui se perpétuera d’ailleurs un temps encore avec la Bundeswehr de la RFA. Quant à la Providence, le moustachu l’invoquait bien plus souvent qu’après avoir réchappé d’un attentat, « Mein Kampf » en est truffé. Sa foi divine était quand même assez animiste, si l’on peut dire, genre mythologie nordique, il ne s’est marié avec Eva Braun que civilement, la veille de leurs suicides.
Je partage évidemment l’analyse de la dérive calotine de Macron. Juste une précision. Ricoeur n’est pas catholique, mais fermement protestant, de gauche, membre historique du Christianisme social, écrivant régulièrement dans sa revue, et de la Cimade, ONG de défense des réfugiés. Certes, Macron a joué pendant deux ans un rôle de documentaliste « dans les méandres du paysage historiographique », ce sont ses termes selon son prof d’histoire à Sciences Po, François Dosse*, qui l’a présenté à Ricoeur, alors en pleine préparation de son ouvrage qui paraîtra en 2000 « La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli ». Au fur et à mesure , Macron élargit son rôle à celui de conseiller éditorial, au jugement sûr si l’on en croit les exemples donnés par Dosse. Ricoeur venait de perdre sa femme, compagne de toujours, et vis-à- vis éclairée de son mari. Il ne s’agit pas de mettre en doute la réalité de longues conversations entre le vieux philosophe (83 ans), alors coupé de la jeunesse étudiante et le jeune homme brillant de 21 ans. Macron était d’ailleurs loin d’être ignorant en philosophie, il aurait commencé un DEA sur Hegel sous la direction de l’althussérien Balibar. qui le conteste. En tout cas, Macron ne le soutiendra pas, produisant en cours d’étude un travail sur Machiavel. Je ne gloserai pas sur le choix de ces auteurs. Je rappelle seulement que Macron n’a pas été assistant de Ricoeur au sens universitaire, et que s’il a sans doute beaucoup appris auprès de lui, il est abusif de laisser entendre qu’il en serait un disciple, Ricoeur étant « son mentor » comme l’a écrit l’Express. Le ET dialogique de Ricoeur n’a pas grand chose à voir avec l’embrouille du « en même temps » associant l’huile et l’eau, la croissance et la solidarité, les cadeaux fiscaux aux riches et la vis serrée aux pauvres, le productivisme et l’écologie, l’agriculture intensive au glyphosate et le bio.
*Le Philosophe et le Président
Merci pour ces intéressantes précisions. De mon côté, il me semble que la revue Esprit se situe plutôt dans la mouvance spiritualiste chrétienne de gauche.
Fondée en 1932 par Emmanuel Mounier, Esprit est la revue du mouvement personnaliste, lequel n’a plus de structure organisationnelle, mais perdure comme carrefour d’amitiés et de sensibilités proches. Au cours de l’histoire, le fil rouge des positions politiques d’Esprit est l “anti-totalitarisme et la défense des droits de l’homme. Dans sa propre présentation, elle ne se réclame pas du christianisme, pas plus qu’ aujourd’hui, Les Temps modernes ne se réclame de l’existentialisme, ou Europe du communisme. Dans tous ces cas, il s’agit plus d’un courant central aux frontières floues et ouvert au débat. Toutes ces revues de référence pourraient se présenter comme le fait Le Débat : « revue d’analyse et de discussion ouverte à toutes les réflexions qui permettent de mieux comprendre les évolutions du monde contemporain ». Il suffit de jeter un coup d’œil sur les sommaires pour constater le large éventail de signatures, qui peuvent se retrouver dans plusieurs revues. Bref, l’intelligentsia, terme non péjoratif sous ma plume
Ricoeur a souvent écrit dans Esprit. Son disciple ? dauphin ? comment dire ?, Olivier Abel, professeur de philosophie éthique à l’Institut de Théologie protestante (entre autres) est un membre actif du comité de rédaction.
Macron a écrit cinq articles de bonne tenue dans Esprit, dont l’un intitulé « Lecture de « La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli », auquel il collabora dans les modalités que j’ai dites das mon premier post. On n’est jamais mieux servi que par soi-même ! Excusez la longueur, je n’y reviendrai pas, promis ;
Macron est un fléau, c’était prévisible, c’est une réalité. C’est pour moi le président le plus dangereux quant au social et à la démocratie de la 5ème république, et de très loin.
Bravo et remerciements à Herouard pour ses éclaircissements. Relire Emmanuel Mounier, Denis de Rougement et tant d’autres.
Je regrette qu’l n’y ait pas possibilité de commentaires pour les « Le P’tit coin » qui sont tous pertinents ! Sur celui du 28/6/2018 : si le mot « race » est aboli, est-ce que le mot racisme a encore un sens ? Voilà une bonne question. Pour ma part j’ai toujours pensé que le problème n’était pas dans l’existence ou non de races, mais dans la « hiérarchie des races » voulue et proclamée par certains. C’est comme si l’on voulait faire disparaître une différence au nom de l’égalité ! Avec des raisonnements pareils, l’on pourrait faire disparaître les différences masculin/féminin, homme/femme, au nom de l’égalité. Certains l’ont fait. Je me rappelle avoir entendu à la télévision Albert Jaccard justifier la négation des différences même sexuelles, pour lui il n’y en avait pas ! En fait tout bonnement la disparition de la sexuation de l’humanité, de notre vie de mammifères, excusez du peu. C’est comme pour les métiers, le travail : différents travaux sont nécessaires à l’humanité, pourquoi faudrait-il que certains soient mieux rémunérés que d’autres ? Pourquoi pas l’égalité en droit, l’égalité économique réelle, dans la différence ? Un médecin, à salaire égal, préférerait-il être aide-soignant, voire travailler sur la voirie en utilisant un marteau-piqueur plusieurs heures par jour ? Voilà encore une question qui n’est jamais posée. La question n’est pas dans l’existence de différences, fussent-elles d’essences (dites actuellement par l’intelligentsia « essentialisées » !) , mais dans l’inégalité économique et sociale, comme le disait toujours le grand Bakounine.
Gérard Berilley interroge : « si le mot “race” est aboli, est-ce que le mot racisme a encore un sens ? » Ben oui mon camarade, car la réalité du racisme perdure, et l’on a donc besoin du mot qui désigne ce fait social. Le législateur se raconte des histoires et nous enfume : J’te supprime le mot race, et zou, plus de racisme, youpi ! Hélas, le racisme est une CROYANCE (accompagnée des comportement qui l’expriment) selon laquelle il existerait des races, la mienne étant bien sûre supérieure aux autres. Toute croyance, aussi fallacieuse soit elle, produit des effets psychiques et sociaux. Penser que retirer le mot « race » du texte constitutionnel ferait reculer le fait social « racisme » relève d’une illusion nominaliste. Il ne faudrait pas que cette espèce de pensée magique conduise le législateur tout fiérot de son audace humaniste et républicaine à abolir dans la foulée les lois qui font des manifestations du racisme des délits, par ex. la Loi no 72 – 546 du 1er juillet 1972 au nom de laquelle Zemmour et Minute ont été pénalement condamnés. A surveiller.
Gérard Berilley interroge : « si le mot “race” est aboli, est-ce que le mot racisme a encore un sens ? » Ben oui mon camarade, car au delà du tour de passe-passe, la réalité du racisme va perdurer, et l’on a donc besoin du mot qui désigne ce fait social. Le législateur se raconte des histoires et nous enfume : J’te supprime le mot race, et zou, plus de racisme, youpi ! Hélas, le racisme est une CROYANCE (accompagnée des comportement qui l’expriment) selon laquelle il existerait des races, la mienne étant bien sûre supérieure aux autres. Toute croyance, aussi fallacieuse soit elle, produit des effets psychiques et sociaux. Penser que retirer le mot « race » du texte constitutionnel ferait reculer le fait social « racisme » relève d’une illusion nominaliste. Il ne faudrait pas que cette espèce de pensée magique conduise le législateur, tout fiérot de son audace humaniste et républicaine, à abolir dans la foulée les lois qui font des manifestations du racisme des délits, par ex. la Loi no 72 – 546 du 1er juillet 1972 au nom de laquelle Zemmour et Minute ont été pénalement condamnés. A surveiller.
J’avais posé une question découlant de ma lecture du « P’tit coin » du 28/06/2018 : « Si le mot « race » est aboli, est-ce que le mot racisme a encore un sens ? » Je crois cette question pertinente quant à la logique.
Le mot « racisme » est élaboré avec un suffixe « isme » accolé à une racine « race », et l’on me dit maintenant que le mot race est infondé, que les races n’existent pas, que cette racine linguistique n’a pas de sens. Or, si les races n’existent pas, si le mot « race » concernant l’humanité n’a pas de sens, comment un mot dérivé du mot race peut-il encore avoir un sens ? Peut-il y avoir racisme sans race ? Qu’est-ce qui fonde le racisme alors si ce n’est pas une question de races ? Et qu’appelle-t-on communément race ?
C’est pour moi comme si l’on voulait abolir le nationalisme en disant que les nations n’existent pas ; comme si l’on voulait abolir le sexisme en disant (comme Albert Jacquard) que les sexes n’existent pas, autrement dit qu’il n’y a pas de différence sexuelle entre le masculin et le féminin.
Je crois que c’est une fois de plus la « bien-pensance » qui prétend régler un problème par un tour de passe-passe en faisant disparaître un mot, en niant une différence qui pourtant saute aux yeux de tous.
Quelque chose, de mon point de vue, est grave ici : ce tour de passe-passe laisse croire qu’être raciste c’est penser qu’il y a des races, que le racisme consisterait justement en ceci : penser qu’il y a des races. Or, pour moi, le racisme n’est pas là : le racisme c’est penser qu’il y a des races supérieures ou inférieures à d’autre, de même que le sexisme n’est pas dans la reconnaissance de la différence des sexes mais dans le fait d’affirmer qu’un sexe est supérieur à l’autre, a plus de valeur que l’autre.
Qu’il y ait existence de races ou pas, pour moi la question n’est pas là, elle est dans la reconnaissance ou non de la dignité humaine et des droits humains fondamentaux pour tous les êtres humains, c’est-à-dire pour CHAQUE ETRE HUMAIN, quels que soient son sexe, sa couleur de peau, sa religion ou non, etc. (En fait les droits énoncés dans la Déclaration Universelle de 1948, dont l’Article premier « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »)
L’on me dit maintenant, les biologistes et autres scientifiques « de gauche », que les races n’existent pas, car par exemple le sang d’un noir ou d’un blanc, du même groupe sanguin, sont les mêmes. Aucun doute là-dessus. L’espèce humaine est une, depuis la mort de Neandertal. Mais le racisme ne s’est pas fondé sur des analyses biologiques, mais sur des apparences visuelles : un noir est noir, un blanc est blanc, etc., et cela continue ainsi, avec en plus le « racisme » culturel qui a toujours existé. Donc, pour lutter contre le racisme, il ne suffit pas de dire qu’il n’y a pas de différences, il faut reconnaître les différences qui sont, qui existent, MAIS DIRE QUE CES DIFFERENCES N’IMPLIQUENT EN RIEN UNE HIERARCHIE.
Une fois de plus, je constate que la méthode de ceux qui veulent mettre fin à une injustice n’est pas la bonne. Si l’on combat bêtement la connerie, il ne faut pas s’étonner que la connerie perdure.
Je suis bien d’accord sur le fait que le sujet essentiel est la négation de l’égale dignité des membres de l’espèce humaine, qui est UNE comme vous le reconnaissez, et donc comme je soutiens, ne saurait comporter de races. La génétique confirme l’unité du genre humain et le caractère secondaire des différences telles que les couleurs de peau. La notion de race est fort récente. Je ne nie pas bien au contraire, les identités culturelles par définition différentes, mais impossibles à hiérarchiser. Levi-Strauss l’explique très bien dans ses deux essais « Race et histoire » et « Race et culture ». Mais je tiens que cette notion de race, que vous ne définissez pas, car personne n’y arrive …et pour cause, je tiens que la notion de race est faite pour justifier les effets de la domination de la « race supérieure » sur les « races inférieures ». Sans aller chercher l’aryanisme des hitlériens, il suffit de relire la justification de la colonisation par notre bon Jules Ferry (discours du 28 juillet 1885, cf. le J.O.)
« Qu’il y ait existence de races ou pas » dîtes-vous …mais pour vous elles existent bel et bien, en tant que « différence qui pourtant saute aux YEUX de tous » (et pourquoi pas au nez de tous, M. Chirac ?) : « un noir est un noir, un blanc est un blanc ». Vous oubliez le Jaune, qui complétait la trilogie de Gobineau. Avouez que c’est un peu court comme définition, j’ai connu des peaux délicieuses que ce maigre vocabulaire ne pouvait définir ;-). Les « savants » sud-africains de l’apartheid raffinaient à l’infini des sous-classifications engendrées par les métissages des quatre groupes de base de leur Population Registration Act de 1950 (aboli en juin 1991) : Bantous (Noirs africains), Européens (Blancs), Métis (Coloureds) et Asiatiques (Indiens). Idem aux Etats-Unis de l’esclavage et de la ségrégation, avec toutes les nuances des peaux « mulâtres ». Pour les nazis, un seul arrière-arrière-aïeul vous faisait juif. D’ailleurs, de quelle race sont les Juifs suivant l’Act de 1950 ? Blanc de peau ? asiatiques ? sémites n’existe pas dans cette classification, qui n’aurait d’ailleurs pas valu pour les Azkhénazes.
Levi-Strauss lie comme vous race et racisme, mais pour un effet inverse : »« Le racisme est une doctrine qui PRÉTEND voir dans les caractères intellectuels et moraux attribués à un ensemble d’individus l’effet nécessaire d’un commun patrimoine génétique » in « Le regard étonné » . J Dire que la race est une réalité matérielle au motif qu’existe le mot race, cela s’appelle du nominalisme. Tout autant que déduire du mot Dieu l’existence du Dit. Je maintiens donc qu’aussi fallacieuse, ou illusoire, si vous préférez, soit une « doctrine » (je préfère dire « croyance », plutôt que doctrine ou « idéologie »), elle produit des effets. Compte tenu de l’unité du genre humains, (qui s’accélère, pour le meilleur et pour le pire), les races n’existent qu’en tant que représentations imaginaires, qui produisent ce fléau aux effets bien réels : le racisme. Supprimer le mot race de la Constitution est une foutaise démagogique, mais qui pourrait avoir un jour comme effet le démontage des pénalités appliquées aux actes racistes, ou la délégitimation des ONG et associations anti-racistes et des maigres avantages en découlant (fiscalité des dons et cotisations).
Ne me faites surtout pas dire que je vous aurais traité de raciste ! Je vous crois sincèrement anti-raciste. Et je sous-signe votre : « Si l’on combat bêtement la connerie, il ne faut pas s’étonner que la connerie perdure ». Cordialement