Chronique d’un été (suite, hélas !) Catastrophe écologique sur l’étang de Berre
Mauvaise suite à ma « chronique d’été », la première, où je m’alanguissais au bord d’« un paradis… si malmené », l’étang de Berre. Eh bien, la pollution a produit ses effets tout l’été, provoquant ce qui, à l’échelon de l’étang et de son fragile biotope, constitue une catastrophe écologique. Un arrêté d’interdiction de pêche des coquillages fouisseurs, pour les pêcheurs de loisir et les pêcheurs professionnels, a été pris par le préfet des Bouches-du-Rhône. Plusieurs années seront sans doute nécessaires pour reconstituer un équilibre précaire, tant que les déséquilibres écologiques resteront inchangés – ici comme ailleurs, partout dans le monde. Penser global, agir local… Cette formule date de… 1972 ; on la doit à l'agronome, biologiste et écologiste René Dubos (1901-1982) lors du premier Sommet de la Terre à Stockholm il y a presque un demi-siècle.
- Une baisse de la salinité : elle est due aux fortes pluies de cet été, aux rejets d'eau douce de la centrale hydroélectrique EDF et à un fort apport de nitrate dans l'étang (50% des nitrates de l'étang proviennent des rejets de la centrale hydro-électrique). De plus, en raison des travaux sur la Durance, EDF déverse également depuis le 10 août dernier, des eaux douces limoneuses (chargées en nutriments). Ces rejets représentent une nouvelle source d’azote entretenant ce phénomène d’eutrophisation, avec croissance accélérée des algues.
- Les fortes chaleurs et le soleil ont provoqué une surproduction de phytoplancton. La dégradation de ce phytoplancton dans les profondeurs a provoqué la diminution puis la disparition de l'oxygène dans une grande partie des eaux de l'étang.
- L'absence de vent n'a pas permis un brassage suffisant des eaux, aggravant le manque d’oxygénation. D’où une anoxie touchant surtout les profondeurs de l'étang, où réside l'essentiel des ressources halieutiques.
Les spécialistes du Gipreb[ref] Syndicat mixte dénommé Gestion intégrée, prospective et restauration de l’étang de Berre.[/ref] affinent leur analyse :
Ce lundi 10 septembre, les plongeurs du Gipreb et des représentants des pêcheurs professionnels n'ont pu que constater la disparition totale des organismes vivants (vers, crabes, palourdes, moules... ) jusqu’à environ 2,5 mètres de profondeur. Seule la bordure littorale compte encore quelques palourdes.
De la patience sera nécessaire pour mesurer précisément l’impact de cet épisode sur l’état écologique de l’étang et sur la ressource en palourde. […] Sur certains secteurs, comme au Jaï, la côte est ou l’étang de Vaïne, les anoxies semblent être remontées jusqu’à 1,5 m de fond. Dans ces secteurs, la mortalité des organismes benthiques est totale. Cet épisode a également eu un impact sur les herbiers de zostères dont certains ont perdu leurs feuilles de manière précoce (normalement la chute intervient fin novembre) et il faudra attendre l’année prochaine pour connaître leur état de conservation. En ce qui concerne les palourdes, le stock profond (au-delà de 3 m de fond), selon nos premières observations, a complètement disparu. Des palourdes sont encore présentes sur la bordure littorale (0 – 1,5 m) et peuvent toutefois servir de base à une nouvelle colonisation des fonds sous réserve de les préserver.
bonsoir, je viens de lire votre article et effectivement il y a urgence devant une telle catastrophe. Cette situation n’est pas spontanée, elle s’est lentement construite en évoluant un peu plus chaque année. J’habite vers le JAI et j’ai constaté depuis plusieurs jours que l’étang était devenu tout noir mais ce qui nous choque ici c’est l’inertie totale du maire et de nos représentants qui alertés, nous ont répondu que ce n’était pas de leur ressort ! que font-ils exactement ? l’étang était presque mort, ils sont en train de l’achever ! ils ont même fait fermer la circulation et les passages d’eau entre l’étang et les marécages !!!
Cette catastrophe n’en est pourtant pas une au sens médiatique, elle n’a pas provoqué de grands titres dans les journaux, que je sache. Elle est pourtant révélatrice des relations qui lient les éléments de la nature les uns aux autres. On veut se développer, produire de la croissance, peut-être du mieux être, c’est la prétentions des humains… en voie de déshumanisation puisqu’ils perdent le contact avec la nature. Alors, on construit des barrages, des canaux comme celui qui se déverse dans l’étang, modifiant tout son équilibre millénaire ; aussi parce que en amont, les cultivateurs (plus des paysans, des techniciens productivistes) balancent pesticides et roundup à la tonne, etc
Euh… La centrale hydroélectrique rejette des nitrates ? Ses espaces verts sont aussi gigantesques et ensemencés de blé ?
Oui ! Parce qu’elle est alimentée, via un canal de captage, par les eaux de la Durance qui draine en amont toute l’agriculture nitratée.
Et donc phosphatée et potassique…
Une fois de plus je regrette qu’il n’y ait pas une place, une plage spécifique pour des commentaires, des rajouts, des réponses, etc., pour Le P’tit coin !
En réponse aux questions posées par le dernier P’tit coin intitulé « Hallucinant » voici ce que je dirais :
Le système politico-économique actuel se satisfait très bien de tous ces trafics de drogue : comme il est dit cela « fait vivre entre 250 000 et 300 000 personnes ». Si ce système était cassé par la fin de la prohibition des drogues (et c’est le seul moyen de mettre fin aux trafics) il faudrait donc assurer des revenus à ces 250 000 à 300 000 personnes, soit par un retour à l’emploi (totalement utopique vu déjà le nombre actuel de chômeurs et le développement inexorable du remplacement des êtres humains par des machines), soit par l’attribution d’un revenu de base universel inconditionnel à partir de la majorité légale, soit 18 ans. Le système actuel a besoin du trafic, et prétendre qu’il lutte contre ce trafic est une pure hypocrisie, un foutage de gueule. La question est celle-ci : quelle société voulons-nous ? Une société de mise en tutelle des majeurs, des citoyens donc, avec un Etat qui prétend savoir et imposer ce qui est bon pour untel ou untel, donc quel type de drogue est autorisé ou pas, une société qui préfère le trafic à un revenu de base pour tous, étant entendu ici que le Revenu de base n’est pas une finalité mais un moyen pour permettre une certaine égalité et la démocratie. Que choisirons-nous, c’est la question à laquelle chacun a et aura à répondre pour et dans l’avenir.