Coup de cœurHommage

Pour saluer Anémone, une grande dame

[dropcap]Bien[/dropcap] sûr, j'aurais dû, pour le moins, saluer ici également Jean-Pierre Marielle, comédien de haute volée. Arte a honoré sa mémoire et son talent en rediffusant Tous les Matins du monde[ref]…qui sont sans lendemains, le sait-on assez ?[/ref], d'Alain Corneau (1991) qui lui offrit ainsi son plus beau rôle avec le personnage du musicien baroque, Jean de Sainte-Colombe.

anemone[dropcap]Anémone[/dropcap], un nom de fleur, une grande dame. J’évite autant que possible ce genre de qualification, trop souvent vite envoyée. Anémone, l'actrice, la comédienne, la personne : le tout dans une même enveloppe de femme libre. Elle est morte à 68 ans, entre autres d’avoir trop fumé. Sans doute fut-elle « trop », en général : entière jusqu’à l’intransigeance, peut-être même un peu teigneuse.

Sans reprendre ce que les médias auront déjà dit– de la pensionnaire du couvent Notre-Dame-des-Oiseaux à la Thérèse caritative du Père Noël est une ordure (1982) – je retiens d’elle, surtout, son personnage dans Le Grand Chemin (de Jean-Loup Hubert, 1987 – dézingué dans Télérama…). Elle y incarne une bouleversante Marcelle, au côté de Paulo (Richard Bohringer, tout aussi remarquable). Cette bande annonce s’impose :

Militante comme son frère, l’agronome Claude Bourguignon, pour un retour à une société plus éthique et écologique, elle avait choisi de vivre à la campagne dans un petit village du Poitou. Elle fut aussi membre d’Attac, proche des Verts, puis de Mélenchon, avant d'en revenir.[ref] "Je me demande si ce n'est pas un vieux stalinien pour finir, c'est un vieux politicard en tout cas. La politique, c'est un concours de crétins et de menteurs.. " Entretien au Parisien, décembre 2017.[/ref] En 2017, dans Le Monde, elle déclare : « On ne peut pas rêver d'une croissance infinie de la population et de la consommation individuelle sur une planète qui n'est pas en expansion. », s’affirmant ainsi pour la décroissance. Dans ce même article-portrait, elle est particulièrement maltraitée, ainsi que le releva alors Daniel Schneidermann, dans un article également publié sur « C’est pour dire ».

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

6 réflexions sur “Pour saluer Anémone, une grande dame

  • Fausse moche, une râleuse comme je les aime !

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  • Gérard Bérilley

    Merci pour cette évo­ca­tion. En géné­ral je n’aime pas du tout (pour ne pas dire plus) les comiques. Je les trouve super­fi­ciels, m’as-tu-vu, faux avec leur humour et leurs rires for­cés, et très sou­vent car­ré­ment bêtes et sadiques (mis à part peut-être les plus grands et ils sont rares). Anémone était d’une toute autre trempe, du peu que j’ai pu l’en­tendre s’ex­pri­mer. Chapeau bas devant cette grande dame.

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  • Le brut de fon­de­rie sur pattes, l’an­ti cirage de pompe, une vision du monde sans conces­sion et plu­tôt lucide.

    Je regrette sim­ple­ment – pour elle – qu’elle n’ait pas su (ou pu) bâtir l’es­pé­rance sur le désespoir.
    Parce qu’il faut bien conti­nuer de se les retrous­ser, les amis !

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  • Oui, Le Monde, via sa jour­na­leuse (péjo­ra­tif), n’a vu que la » vieille dame », pas la grande. Déplorable. La honte.

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  • Cancer du déses­poir et de l’impuissance

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  • Cela dit, la « grande dame » avait des comptes en Suisse. Précision de ses des­cen­dants : « Les enfants d’Anémone tiennent à pré­ci­ser que les comptes suisses résultent de dona­tions en nue pro­prié­té, récentes et décla­rées à l’ad­mi­nis­tra­tion fis­cale fran­çaise. Elles ont été consen­ties par la mère d’Anémone, rési­dente suisse »,

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