Republication. Des affiches de Mahomet en jeune éphèbe circulent à Téhéran
Cet article date du 27 février 2006 – peu après la publications des fameuses caricatures. D'abord publié sur lemonde.fr (fermé depuis), il avait suscité bien des émois et commentaires. Son actualité se double d'une dose d'ironie sur le rigorisme islamiste. Une rigueur aussi élastique que tout à fait hypocrite. Ces représentations du prophète sont-elles toujours en circulation ça et là ? gp
Maintenant que ça se tasse, dit l’incendiaire à l’affût, si on en remettait un coup sur les caricatures de qui vous savez ? Incendiaire ? Non, plutôt, rabatteur de caquets. Voici donc un «portrait» du prophète Mahomet, jeune et un tantinet équivoque – rien à voir, certes, avec le vieux barbu caricaturé au Danemark. Quoi qu’il en soit, cette icône n’a nullement été jugée iconoclaste en Iran où elle circule sous forme d’affiches depuis la fin des années 80.
C’est le quotidien de Genève, Le Temps, qui raconte l’affaire dans un article fort intéressant [22/02/06] intitulé Ces étranges portraits de Mahomet jeune. L’auteur, Patricia Briel, explique comment deux ethnologues suisses, Pierre et Micheline Centlivres, collectionneurs d’images populaires du monde musulman, ont ramené de leurs voyages quelques-uns de ces portraits à l’esthétique kitsch, imprimés et mis en vente à Téhéran, Qom et autres villes iraniennes.
« Au hasard d’une promenade à Paris, poursuit l’article, les deux ethnologues sont tombés sur une affichette signalant une exposition de photographies orientalistes de l’Allemand Rudolf Franz Lehnert (1878-1948). Le portrait figurant sur l’affiche ressemble étrangement à l’éphèbe de leurs posters. En visitant l’exposition, ils découvrent avec stupeur le modèle original: une photo datant de 1905 ou 1906, sur laquelle sourit un jeune Arabe à l’épaule dénudée.»
La découverte a été rapportée dans la revue Etudes photographiques de novembre 2005, images à l’appui [celles reproduites ici]. Les ethnologues disent ignorer comment cette photo, réalisée en Tunisie par Lehnert et éditée par son associé Ernst Heinrich Landrock (1878-1966), a pu arriver en Iran. Toujours est-il qu’elle y circule abondamment sous cette forme kitcho-sensuelle que doivent apprécier les amateurs d’éphèbes.
A ce propos, Patricia Briel précise : « Il est toutefois piquant de constater que les éditeurs iraniens se sont inspirés d’une photographie à l’esthétique sensuelle. Outre les déserts, les marchés et les quartiers de Tunis, Lehnert et Landrock aimaient également publier des photographies de fillettes prépubères et de jeunes garçons en partie dévêtus. Les deux associés, qui avaient créé une entreprise d’édition florissante à Tunis, puis au Caire, s’étaient rencontrés en Suisse en 1904. Comme le remarquent Pierre et Micheline Centlivres dans l’article paru dans la revue Etudes photographiques, «les jeunes garçons pris pour modèles ne laissaient pas insensible une clientèle européenne adepte de «l’amour qui n’ose pas dire son nom». C’est l’époque de L’Immoraliste d’André Gide, qui n’a pas hésité à chanter la beauté des jeunes garçons du Maghreb».
Ne doutons pas de l’aspect séduisant du jeune Mahomet, par contraste avec ses représentations danoises en vieux sbire barbu et, qui plus est, coiffé d’une bombe. Une bombe à retardement, certes, mais dont l’effet de souffle n’avait tout de même rien à voir avec l’interdit prétendu par d’aucuns de ladite représentation selon la loi islamique. On sait désormais à qui a profité le crime de lèse-prophète.
© Ph. Études photographiques
>> Commentaires à lire !
Sans vouloir en rajouter une couche moi-même, je vous informe que l’article d’Etudes Photographiques des Centlivres avait d’abord été proposé à la rédaction du Monde des Religions pour un dossier sur l’Islam et l’image. L’article fut refusé (et oui, il n’y avait pas encore eu l’affaire des caricatures, et montrer qu’il n’y avait pas d’interdit sur l’image du Prophète à ce moment n’a pas été jugé digne d’intéresser alors vos lecteurs, ce qui est bien dommage, outre le raté sur le scoop!) et c’est donc « Etudes Photographiques » qui le publia. Je pense que votre « récupération » sur le mode ironique, même si elle a la vertu de dédramatiser enfin l’affaire, élude cependant la question principale : l’affaire des caricatures ne va-t-elle pas entraîner l’interdiction de la circulation des posters en Iran ? L’Islam a plusieurs figures, celui que nous n’aimons pas, ni vous ni moi, ni les musulmans réformateurs et ni la majorité des musulmans de France d’ailleurs : celle de l’intégrisme et du fanatisme. Mais l’Islam fut jadis une civilisation (et non pas seulement une religion) qui en matière de moeurs, de tolérance et d’ouverture sur les autres cultures, n’avait pas alors d’équivalent. Cette image séduisante qui vous fait sourire et qui paradoxalement nous vient d’Iran, le pays où les musulmans danois ont dû chercher de l’aide face à la xénophobie dominante au Danemark, et pays beaucoup plus complexe qu’on nous le décrit aujourd’hui, est l’image d’une religion qui est la seule des 3 religions monothéistes ayant intégré l’érotisme dans sa théologie. Evidemment au service de l’homme, çà c’est une autre histoire. Mais utiliser ces posters pour ridiculiser l’Islam n’est pas une bonne action, notamment pour tous ceux qui se battent contre l’Islam des interdits. Oui, on peut représenter Le Prophète, les posters iraniens en sont la preuve et des musées conservent des représentations réalisées par des musulmans eux-mêmes. On a manipulé des foules, mais beaucoup ont manifesté contre l’image que l’on donnait de leur religion et non à cause d’un prétendu interdit. Donc, l’ironie est-il de mise, quand c’est l’avenir de l’Islam et de ses réformateurs qui est en jeu aujourd’hui ? Donc un conseil à vos confrères : allez vérifier si à Téhéran ou à Qom, les posters sont toujours mis en vente ! Et donnez-nous la réponse : merci d’avance ! Michel http://michel.megnin.free.fr
Rédigé par : Michel MEGNIN | le 06 mars 2006 à 18:05 | |
s’il vous plai ‚arretez de parler sur nous encore et encore de cette façon et de chercher les histoires pour rien ‚vous essayer ed cacher la verité avec n’importe quoi ‚sa jamais tourné entre nous comme musulmant des images ou des portraits de notre prophet ‚c’est interdis das notre religion ‚interdis ‚comme musulamnt et sinite en maghreb ou larabi saoudite ou legypte ‚on est des sinites et on eccepte pas des images sur notre profet ert il ya pas de images qui tourne,et pur iran sil vous plai faut pas melanger ‚1ere faut verifier dabord avant dire que cette image c’est trouvé a tahran depuis un moment ‚de ma coté ji jamais ecouté ou vu sa ‚et 21eme iran c’est un pays islamique parmis les chiiste pas les sinites ‚alors chacun a son regard vers la religion et comme jai dis veuillez respecter notre religion , c’est pas de la politique ou du footbal pour quon parle sur elle comme sa , et comme on respecte vos religion faut respecter la notre , et sachez que a la fin on va tous visiter la meme place ‚le tombeau et la fin c obligé pour chacun de nous .….……alors faut rencontrer le dieu en bonne image quand meme.….….…j’espere quil ya qui comprend ce que chui en train de dire
On me répond sur agoravox, cher monsieur Ponthieu, on peut enfin réagir directement sur votre blog et éviter ainsi les débats de comptoirs, même si je m’en fais ici un peu l’écho :
« Mais l’Islam fut jadis une civilisation » : certes. C’était jadis, point barre. Ce n’est pas parce que le palais de l’Alhambra est très beau qu’on doit tolérer la décadence barbare de cette religion. Mais je veux bien reconnaître que les deux petites berbères que tu nous proposes en cartes postales colonialistes sont bandantes. Mais elles ne sont pas assez voilées, comme doivent l’être d’authentiques musulmanes ».
Ce à quoi j’ai répondu, faisant un lien direct entre les posters, la lutte des réformateurs et l’Islam multiple :
Je comprends bien l’ironie des « authentiques musulmanes » et vous avez raison. Pourtant, des femmes musulmanes vivent sans voile. En Tunisie, au Maroc et en Turquie par exemple. Les femmes berbères, au temps de la colonisation, et encore aujourd’hui, ont toujours été très libres de ne pas porter le voile qui s’est diffusé surtout à partir des villes. « Mes » cartes « colonialistes » Lehnert & Landrock, j’épargne à tout le monde le débat orientalisme ‑colonialisme, dialoguent aussi avec tous les traités d’érotologie arabo-berbère : un poète a écrit : « Parmi tous les vêtements, que Dieu confonde le voile, (interdit qui ne figure pas dans le Coran et que les intégristes, comme celui de la représentation du Prophète ont réussi à faire passer pour un dogme sacré), lequel sera pour jamais le fléau de l’humanité »(Dhou’l‑Roummah). Aujourd’hui encore, de nombreuses femmes musulmanes luttent contre le voile et pour l’égalité, et des musulmans réformateurs essaient de déclencher par la Raison ce qui fut en Europe « Le Siècle des Lumières », y compris par l’émergence d’une pensée laique, aujourd’hui encore impensable en Islam. La Turquie à laquelle l’Europe semble vouloir dire non, est pourtant un pays laic peuplé de musulmans. Ce sont ces réformateurs que l’on raille le plus souvent(Malek Chebel, Abdelwahab Medebb et bien d’autres) qu’il faut aider, même si leur combat nous paraît aujourd’hui une lutte vaine car vouée à l’échec, car leur succés ne pourrait passer que par une véritable révolution mentale et l’islamisme tire beaucoup trop de munitions de la pauvreté des peuples musulmans, de la corruption de la plupart des gouvernements en place qui se font de temps en temps une petite cure de popularité avec des alibis religieux, et de l’anti-américanisme. Sur ce point, l’Arabie Saoudite à qui Chirac est en train de faire des courbettes est un exemple insupportable de pays moderne, riche et corrompu, plus ou moins complice des USA, mais diffusant la doctrine la plus intolérante qui soit de l’Islam.
En conclusion, cette affaire des posters iraniens montrent cependant que même pour des motivations de propagande religieuse, certains musulmans enfreignent ce que d’autres jugent comme des interdits : la diffusion d’une image du Prophète même d’origine occidentale. Les posters iraniens du Prophète jeune, par exemple, furent interdits en Afghanistan, jugés « offensant » pour Le Prophète, sans doute l’aspect sensuel légèrement féminin, et cela en 2004, pas par les talibans ! Alors que l’on sait que dans sa vie, le Prophète fut particulièrement gourmand de plaisirs sensuels… L’Islam qui fut jadis (oui, en effet, jadis…)la civilisation la plus tolérante au monde (jusqu’à Lépante et le déclin politique) est surtout un Islam multiple où réformateurs combattent le plus souvent de l’extérieur l’intégrisme et où, en Irak, chiites et sunnites se font exploser aujourd’hui leurs mosquées. De ce point de vue, l’Islam est revenu 500 ans en arrière et se retrouve au temps de nos Guerres de Religion. Même l’Irlande nous semble enfin apaisée. Les réformateurs militent d’ailleurs pour la suppression du concept de Guerre Sainte. On est bien loin du Siècle des Lumières et non, ce n’est pas encore GAGNÉ ! D’où l’intérêt du débat de fond : l’Islam peut-il ou non être réformé ? Répondre non n’implique pas pour autant que l’on doive mépriser les efforts de ceux qui essaient, en redonnant aux musulmans d’aujourd’hui la mémoire, sinon la conscience de leur passé et de leur patrimoine, ce que fut l’Islam en ses siècles de gloire, c’est à dire au temps de notre Inquisition. Cela n’interdit personne non plus de militer pour la laicité, ou de professer (avec talent et conviction comme Michel Onfray)l’athéisme et de considérer que quelle qu’elle soit, la religion est toujours l’opium des peuples. D’autres, comme Maurice Béjart, se convertissent encore à l’Islam, mais lequel ? Sans doute un Islam bien plus proche de la sagesse du souffisme que de la folie des barbus !
Je termine avec cette supplique de nouveau adressée à tous les journalistes, et notamment ceux du Monde : les posters iraniens sont-ils toujours en vente à Téhéran et à Qôm ?
Merci de nous informer, mais je ne peux m’empêcher de vraiment conclure avec Alain Souchon, grand philosophe des Temps modernes, » Et si en plus, il n’ y a personne ? ».
Rédigé par : Michel MEGNIN | le 06 mars 2006 à 18:58 | |
Les arguments de Michel Megnin m’ont intéressés même si je ne les partages pas tous : c’est ce qui permet le dialogue. Quant à Michel Onfray je le trouve sectaire et méprisant envers ceux qui ne partagent pas ces opinions. Il a des comptes à régler par rapport à sa jeunesse« populaire ». Camus (que j’aime depuis toujours) est en ce moment dans l’air du temps :Onfray toujours opportuniste s’y engrouffre.( la cuisine aussi !!!) Il a dit son mépris des agnostiques qui ‚lâchement, ne s’engagent pas. J’ai été
irritée : Je suis agnostique !Mais je suis hors sujet ! Ce matin j’ai écouté sur France Culture (Les nouveaux chemins de la connaissance ») Adèle Van Reeth parler avec l’auteur du livre « Pourquoi lire les philosophes arabes » Très instructif ! Je vais l’acheter.
Je suis Agnostique, ouvert ‚ayant fait le pari de PASCAL
pour mon bien être sur terre .
Après , avec ou sans Dieu , je serai en PAIX .
Les illuminés et les athées sont 2 ORGUEILLEUX
qui affirment SANS preuve .
J” aimais Michel ONFRAY ,
mais je trouve sont caractère changé
depuis sont accident cérébral .
Il n’est pas responsable des séquelles
mais il est devenu caractériel :
coléreux , intransigeant , intolérant
lui qui savait philosopher .
Cela me peine car je l’aimais .