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Michel Onfray, le Haut-Karabakh, le choc des civilisations

Temps de lecture ± 3 mn


Se remettant à peine du covid, Michel Onfray a publié sur son blog un long texte remarquable, tant par la lucidité dont il fait preuve sur la maladie et les douleurs, que par les réflexions qu’il en tire, pour le coup en termes tout à fait philosophiques autour de la vie et de la mort. « Je suis entré dans la lumière blafarde du covid ce lundi 16 novembre vers 17h00 ; il me semble que j’en suis sorti cette nuit où j’écris, dimanche 6 décembre, à 4h16 du matin – soit pour un total de vingt et une journées. Disons : cinq-cents heures… » À lire ici.

Michel Onfray a réchappé du covid qu’il a sans doute contracté lors de son séjour en Arménie et dans l’enclave désormais reprise par les Turco-Azéris. Un voyage périlleux entrepris avec deux de ses amis pour y tourner un film-témoignage[ref]Réalisé par Alexandre Jonette et Stéphane Simon. Visible ici.[/ref] sur un drame humain aux enjeux et conséquences géopolitiques qui ne sauraient – ne devraient du moins – nous laisser inertes, pour ne pas dire indifférents. Or, le lourd silence des médias dominants sur cette actualité, littéralement aspirés par la situation pandémique et, plus encore, par l’élection états-unienne, a bien relevé d’une désertion sur ce drame touchant non seulement, et en premier, le peuple arménien mais, plus amplement, notre propre situation, en France, en Europe et dans ce qu’on appelle l’Occident.

Car il s’agit d’une question de civilisations – d’un choc de civilisation, ainsi que l’a fortement exprimé hier soir Michel Onfray, sur la web-tv consacrée précisément à l’Arménie, se référant maintes fois à ce concept développé par Samuel Huntington en 1996. Selon ce théoricien états-unien, la chute de l’URSS n’a nullement signifié la « fin de l’Histoire » énoncée par Francis Fukuyama avec le triomphe du modèle de la démocratie libérale. Huntington, au contraire, développe une description géopolitique du monde fondée non plus sur des clivages idéologiques « politiques », mais sur des oppositions culturelles dites « civilisationnelles », dans lesquelles le substrat religieux tient une place centrale.

Dans un contexte géopolitique des plus complexes lié notamment à des partitions territoriales aberrantes, la guerre au Haut-Karabagh a ainsi opposé la République autoproclamée du Haut-Karabagh – aussi appelé Artsakh –, soutenue par l’Arménie, et l’Azerbaïdjan, soutenu par la Turquie, pour le contrôle de ce territoire-État non reconnu par la communauté internationale. Les armes auront tranché, au détriment de l’Arménie, militairement démunie face au déferlement de bombardements particulièrement dévastateurs et meurtriers par des drones manœuvrés à distance. Un affrontement si asymétrique qui ne pouvait être soutenu par les résistants arméniens qui ont donc dû capituler.

Mais ce qui se joue dans cette guerre, c’est l’affrontement de la chrétienté et de l’islam, ce dernier se trouvant plus que jamais projeté dans sa phase conquérante, soutenue et armée par la Turquie d’Erdogan désormais investie de sa mission islamiste de reconstitution de l’empire ottoman.

Michel Onfray a désormais pris fait et cause pour l’Arménie considérée comme rempart de civilisation face à la menace du djihad islamiste, qui nous concerne aussi en tant que « mécréants » et « croisés », faut-il encore le démontrer ? S’est joué là-bas, en un combat perdu, un choc de civilisations et, en ce sens, une double défaite : celle du peuple arménien, certes, et celle aussi de cet Occident insignifiant et pleutre, dont médias dominants et gouvernements se seront tragiquement rendu complices. L’Histoire – bégayeuse plus que répétitive – nous rappelle tout de même au rêve hitlérien du grand Reich et à l’annexion de l’Autriche et des Sudètes. Le film rapporté par Onfray, surtout s’il connaît une diffusion plus large, nous évitera l’excuse du « on ne savait pas ».GP

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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

3 réflexions sur “Michel Onfray, le Haut-Karabakh, le choc des civilisations

  • Très bon repor­tage, que j’ai sui­vi avec le plus grand intérêt.
    C’est éton­nant que les médias aient si peu par­lé de cette nou­velle catas­trophe humanitaire.

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  • Gian

    Il est remar­quable qu’Onfray date avec une telle pré­ci­sion son « entrée en Covid. J’y vois pour ma part un pétage de plomb immu­ni­taire, un effon­dre­ment émo­tion­nel devant un tel désastre, une implo­sion d’im­puis­sance, une qua­si-néces­si­té d’en finir, du moins de fuir, une catas­trophe insoluble.

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  • Amassian

    Onfray, qui a par­fois pu paraître du genre péremp­toire, a pris ici une juste sta­ture par rap­port à cette guerre invi­sible. J’ai appré­cié qu’il ait mon­tré le lien entre le géno­cide de 1915 et la bru­tale vio­lence dès tur­co-azé­ris comme en mis­sion de ter­mi­ner le « tra­vail » des turcs.

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