France Inter. Air du temps pour météo politique
Je me dis toujours « Arrête de te faire mal ! T’occupe ! ». Et puis là, au 13 heures de ce dimanche sur France Inter, c’en était trop. Le présentateur, Philippe Abitboul, d’habitude plutôt propret et pépère en pyjama du ouiquende, le voilà-t-il pas aligné total sur l’air dominant : Ségolène, c’est plié, trop naze, connaît que dalle aux sous-marins nucléaires, d’ailleurs les sondages…
Exactement ce que j’exècre chez les journalistes : cette propension à virevolter au moindre coup de tête, au moindre frétillement de l’air du temps. Donc, puisque le sondage du jour l’affirme, deux politiciens le confirment aussitôt à l’antenne : un UMP, le néo-sarkozyste Lellouche, et un UDF que j’ai pas noté le nom.
Du seul point de vue professionnel – sans même parler démocratie –, le minimum syndical est d’ « équilibrer » les points de vue. Un coup à droite, un coup à gauche, et hop ! Pas terrible comme pratique journalistique mais « ça le fait » et l’honneur paraît sauf. En l’occurrence, s’agissant de la candidate du PS, l’usage professionnel aurait dû permettre à son camp de s’exprimer. Là, non : rien. A droite toute. Manquait que Le Pen.
Non pas qu’on ait donné un ordre quelconque au journaleux de faction, non. Pas la peine ! Ça se fait tout seul. Laisser tourner les girouettes avec la météo politique. Peu exigeants avec eux-mêmes, moins encore avec leurs destinataires. Malhonnêtes, au fond. Tels sont ces petits journalistes.
Abitboul aurait pu inviter Douste-Blabla, sidérante incarnation du néant politique : un face-à-face vertigineux, l’ère du vide s’insinuant alors au plus profond de nos conduits auditifs, jusqu’à l’ivresse du Rien.….