Société folle. 10 mai : à bas l’esclavage, vive l’Ego !
Le moi de mai, c’est fou, commence toujours par un 1er. Puis voilà le 9, férié également, marquant la « victoire » de 45 – guillemets pour dire que rien n’est jamais acquis, la preuve, voici le 10, aujourd’hui, censé commémorer l'abolition de l'esclavage. J’entendais ce matin sur France Culture les passionnants propos de Françoise Vergès, présidente du Comité pour la mémoire de l'esclavage, rappelant en passant que la Maison Blanche – oui, celle de Washington, haut lieu et symbole de la démocratie étatsunienne – avait été construite par des esclaves noirs. Ce qu’on appelle un effet de contraste…
Tant de peuples sur Terre restent à libérer de leurs innombrables chaînes… L’Histoire est encombrée des luttes de libération, dont certaines sont pourtant à peine esquissées, comme celles des Noirs d’Afrique et de leurs déportations massives. Et que dire de cette moitié de l’humanité que constitue le « continent noir », celui des femmes qui, y compris dans nos pays si avancés, sont encore et toujours maltraités, sous considérées, sous payées, surexploitées, dévaluées… Ou alors, par contre effet, ce qui peut parfois s’avérer bien aliénant, surévaluées, surdéterminées dans leur propre genre : la Femme, majuscule, encensée, mythifiée, déifiée…
Réflexions inspirées par l’annonce reçue ce jour, 10 mai-pour l’abolition de l’esclavage, du lancement de EGO Magazine… « Le seul magazine élitiste et glamour 100% événementiel » J’adore ! Dire que des attaché(e)s de presse se croient malin(e)s en m’envoyant de telles insanités. Enfin, merci tout de même, d’alimenter ma chaudière à indignation.
« Ego », au moins voilà bien un titre qui colle à son temps, ce temps qui ne sépare plus, dans sa fange superfétatoire, « égo » de son épithète « surdimensionné ». C’est le couple du siècle naissant (et de l’autre aussi, et peut-être même des temps plus anciens…) Voici les temps du « tout à l’égo » comme aime à déplorer Régis Debray.
Ne boudons pas notre plaisir moqueur à parcourir le « communiqué de presse » (en gras, souligné par mes soins…) :
« Le seul magazine élitiste et glamour 100% événementiel. Magazine événementiel de luxe trimestriel, EGO Magazine Paris cible le haut de gamme avec un contenu sélectif et propose un panorama des plus beaux événements. Le magazine offre une ligne éditoriale inédite et innovante, liée à une mise en page artistique perpétuellement renouvelée. Le premier magazine de luxe qui accompagne les marques à travers leurs événements afin de véhiculer leur notoriété. EGO Magazine Paris couvre en images l’ensemble des événements de référence en y associant identité et qualité, avec une sélection des plus beaux reportages photos de la capitale (vernissages, inaugurations, lancements de produits, galas, événements sportifs, expositions, défilés, rallyes, dîners caritatifs et soirées privées). Le contenu rédactionnel assure une communication dynamique liée à l’image de ses partenaires événementiels, annonceurs et sponsors. »
120 000 lecteurs sont attendus pour ce grand rendez-vous de presse et se société, « un lectorat mixe et haut de gamme, de 25 à 55 ans, cultivé, épicurien et dynamique »…
« Au sommaire du n°1 : Le Gala de la Truffe à la boutique Lancel, la présentation de la nouvelle collection Kate Moss pour Longchamp au Ritz Club, le lancement de l’Audi A8 à L’Olympia, la cérémonie des Césars, le Gala de l’association Vie Espoir au Château de Versailles, la 14è édition du Pavillon des arts et du design au jardin des Tuileries, la soirée Coca-Cola au 1515, les interviews de Bar Refaeli, Christophe Dechavanne, Jean Dujardin, Vincent Elbaz,… »
La une (ci-dessus) est évidemment à la hauteur, annonciatrice de la profondeur du contenu. On en doute d’autant moins que son directeur (un homme) n’est autre qu’un certain Christophe… Marx. Même Darwin n’avait pas prévu ce genre d’évolution.
Cher Ponthieu, dans cette liste d’anniversaires et d’hymne au nombril, tu oublies la constipation de l’Europe des hommes qui cède la place (si on avait des doutes) à la diarrhée de pognon ruisselant le long des murs de la spéculation. Oui je sais, je fais dans la régression anale, un plus plus bas que le nombril. C’est pas du Jazz à Vitrolles cette musique des exploiteurs, ça pourrait même être du pipeau, mais c’est plus grave. Prendre aux pauvres pour donner aux riches. 750 milliards et moi et moi et moi ! la dette, monnaie sacrificielle au service d’un système meurtrier pour un continent qui n’existe pas.
T’as raison cher Faber ! et heureusement que tu veilles aussi au grain ! On ne sera pas trop de tous pour résister ! A ce propos, ayant tâté du « twit » ce matin, et à propos des 750 méga-patates, j’en profite pour mettre ici le lien de Gérard Piloche, le filochard de la finance en délire. C’est là : http://twitter.com/gerardfiloche
S’il s’était nommé Christophe.…..Freud !
Onfray d’autres commentaires !
Bonne journée !!!
Ouh là là ! Y en a qui abusent d’on ne sait trop quoi ! Ainsi, au hasard, s’il s’était appelé Ricard, quel pastis on f’rait aussi 😉 …
« un public haut de gamme » ? ah ça, c’est pour moi !
je suis dans la bonne tranche d’âge, et à défaut d’être très cultivé, ni particulièrement dynamique, il m’arrive d’être épicurien.….
je compte d’ailleurs donner une petite sauterie le 15 courant au camping municipal de Buis-les-Baronnies et j’espère bien que cette sympathique revue dépêchera pour l’occasion un reporter sur place, quoi…