Macron et sa Lettre. L’impasse sur la Fortune, injure aux révoltés
1) L’Annonce faite au populo
De cette Lettre – l’Annonce faite au populo de feu Jupiter – que dire d’autre qu’elle enfonce des portes ouvertes ? C’est-à-dire qu’elle ne saurait donc ouvrir les portes, utiles, vraies, les seules susceptibles de changer la donne. Quelle donne ? Au fond, elle est simple, elle tourne autour d’une question unique, fondamentale, un mot : justice. Justice sociale, fiscale, politique (la représentativité du peuple), culturelle (contre les entre-soi de l’« élite »), sexuelle aussi (au sens de l’égalité hommes/femmes). Sorti de cette question, le reste n’est que blabla, com’, enfumage. Or, à ce fondamental, la Lettre oppose non seulement une fin de non-recevoir mais, pire encore, un Niet catégorique à la question pivotale : le rétablissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune.[ref]Prenons soin de le nommer entièrement, pas par « ISF », son abstraction sémantique.[/ref] Un nouvel accès de surdité peu propice à calmer les Gilets jaunes. Tandis que se déchaîne la violence haineuse, insidieuse, laissant redouter le pire.
À quoi bon détailler par le menu la suite des interrogations que Macron énumère ainsi, en faux humble à l’air ingénu, dans une sorte de renversement tactique ? D’où lui vient cette soudaine illumination ? : « La France n’est pas un pays comme les autres. Le sens des injustices y est plus vif qu’ailleurs. L’exigence d’entraide et de solidarité plus forte. »
Toutes ces questions qu’il se pose soudain – sauf une, donc, la principale – ont été exprimées sur les ronds-points depuis des semaines, puis déjà portées en doléances sur les fameux cahiers qui fleurent bon l’Histoire de France. En dresser l’inventaire sera tout juste redondant ; les faire digérer jusqu’à l’indigestion donnera trois bons mois de répit aux gouvernants, le temps de tenter une reprise en main des « affaires » en décidant des « priorités », des hiérarchies des décisions – selon cette gouvernance de boutiquiers, à l’origine et au cœur de la crise. Le chien se mord la queue.
Extrait de la toute fraîche livraison du site Lundi matin[ref]Site de réfractaires, anarchistes hors-normes, auteurs anonymes par conviction et néanmoins lettrés… Vaut le déplacement. [/ref], intitulée « Grand débat national – Le pouvoir face au grand loto des mots », et signée « Brigade d’Intervention Linguistique » :
« Je propose donc de requalifier ce grand débat en grande enquête zoologique de la France du XXIe siècle, sous-titrée A la recherche du pauvre, dont la question subsidiaire serait non pas « qu’est-ce qu’un gilet jaune ? » mais plus précisément « qu’est-ce qu’un pauvre ? », et de réécrire le grand appel du gouvernement, à tout le moins d’E. Macron, en « Mon brave, apportez-moi un gueux, que je l’observe. »
Voilà qui rejoint la question de fond sur la justice et, plus précisément, sur l’équité. Et j’entends par là ce qui est parfaitement défini par le Grand Robert : « Notion de la justice naturelle dans l’appréciation de ce qui est dû à chacun ; vertu qui consiste à régler sa conduite sur le sentiment naturel du juste et de l’injuste. Avoir le sens, le sentiment de l’équité. »
L’évocation de la nature dans cette définition s’oppose en quelque sorte aux carences de cette « justice sociale » qui, en effet, n’est le plus souvent qu’un jeu de mots, voire un loto comme on vient de voir. Et non pas une harmonie telle que la nature les dispense, cette nature depuis si longtemps entrée en conflit avec la sauvagerie des humains à l’égard du vivant – on alerte aujourd’hui sur les dangers encourus par la bio-diversité, dont les Terriens eux-mêmes, rendus à l’état de marchandises dévoratrices du Monde !
Alors oui, qu’est-ce qu’un pauvre ? Telle est LA question qui résume l’état des Français (et plus globalement des locataires de la « planète »), telle que notamment posée, de fait, par une grande partie des Gilets jaunes. Cette question est évidemment vieille comme la politique ; on la croise périodiquement à chaque poussée de fièvre révolutionnaire, finissant par les inévitables retombées dans les ornières du capitalisme – il faut appeler un chat un chat –, renforçant après chaque capitulation – la guerre économico-sociale étant des plus asymétriques – ses capacités de domination. Le capitalisme industriel du XIXe siècle a déclenché un mouvement particulièrement agressif vers l’exploitation de l’homme par l’homme, l’exploitation des colonies et de leurs ressources humaines et matérielles, l’exploitation de la Terre entière, mers et océans compris, jusqu’à la conquête de l’Espace.
La quête de l’Eldorado, « le doré », le pays de l’or, voilà ce qui fait « marcher » le Monde : une névrose qui ravage l’Histoire, de la légende du Veau d’or jusqu’aux marches de Wall Street ; des barons de l’industrie jusqu’aux chantres du libéralisme, du néo-libéralisme, de l’ultra-libéralisme ; jusqu’aux Carlos Ghosn, aux Cahuzac, aux Fillon – mais plus « ordinairement » à cette pléiade, si on ose dire, de ces gros salaires, de l’État ou du privé, dont les montants astronomiques constituent des insultes au peuple des invisibles, des ploucs en jaune fluo, « qui fument et roulent en diesel » et qui menacent les points de croissance, horizon ultime des gouvernants.
De mon modeste poste d’observation, j’ai pu constater que l’article le plus vu de ce blog (1766 fois à ce jour, un record sur « C’est pour dire », c’est tout dire !) s’intitule : L’entre-soi de ces « Intouchables » à 300.000 euros . Il pointe précisément « la » question abordée ici.
De cette question découle celles, bien identifiées par les Gilets jaunes, de la représentation populaire (les politiciens), du système médiatique (concentration capitalistique des moyens d’informer et de former l’opinion dans le « bon sens »), de la violence sauvage et de la violence d’État. Le tout symbolisé par celui qui incarne désormais l’origine du « mal ». Lui qui, sorti de la cuisse de Jupiter, et Jupiter lui-même, s’était posé en maître des Forges européennes et quasi mondiales, aveuglé par son éminente puissance. Lui qui, désormais défait de ses dons d’illusionniste, aura mis au grand jour et par terre les fragments épars d’un pays qu’il croyait réconcilier et « sauver » en une macronie heureuse et réconciliée.
Que Macron et ses complices restent sourds à l’urgence d’entendre la réalité ne pourra certainement que précipiter la crise vers l’insurrection et ses redoutables conséquences ou, au moins pire, à de nouvelles élections après dissolution de l’Assemblée. Avec la probabilité d’une irruption de l’extrême-droite et l’éventualité d’une nouvelle cohabitation gouvernementale…
2) Évitons les anachronismes,
apprenons de l’Histoire
Du marivaudage politique, voilà ce que donne à voir la Cour des gouvernants. De vieille date, dira-t-on, aussi vieille que la politique. Cependant, la version actuelle semble élever l’exercice à un niveau inégalé. La poussée jaune ne vient-elle pas de là aussi, en conjonction avec la grande blessure sociale, de ce marivaudage ? Ce jeu de bagatelle entre possédants – de richesse ou de pouvoir, souvent des deux – rappelle tant l’Ancien régime qu’aujourd’hui remonte à la surface des pavés les références symboliques des grandes révoltes historiques et en particulier de 1789, 1830, 1848, 1871 : cahier de doléances, abolition des privilèges, bonnet (gilet) phrygien, sans-culottes, barricades – autant de marqueurs qui imprègnent l’imaginaire des Français. Ainsi inscrits dans l’« Histoire de France », l’inconscient individuel et collectif ressort au grand jour… sur des airs de Grand soir.
En 1773, seize ans avant la Révolution française, et prélude à l’américaine, le Boston Tea Party fut une révolte politique, anticoloniale, dirigée contre le Parlement britannique. Le thé, qui parvenait des colonies indiennes, s’était trouvé taxé de manière jugée insupportable. Dans le port de Boston, une cargaison de thé d’un bateau fut ainsi passée par-dessus bord. Début d’une révolte, répétée sous l’appellation de « Tea party ». Et prémisses d’une révolution ainsi amorcée par le mouvement du même nom, Tea Party, l’acronyme TEA signifiant « Taxed Enough Already », Déjà assez taxés.
Ce mouvement historique fut, plus de deux siècles après, l’objet d’une tentative de récupération par la droite étatsunienne[ref]Avec à sa tête, notamment, l’égérie Sarah Palin.[/ref], liguée en réaction aux plans de sauvetage du secteur bancaire, à la suite de la crise financière de 2008, et plus particulièrement contre le plan de relance fédéral proposé par le gouvernement d’Obama.
En France, donc, les taxes sur le carburant ont joué ce rôle déclencheur comme le furent les taxes sur le thé à Boston, fin du XVIIIe siècle. Dans les deux cas – pour ne parler que de ceux-là –, les gouvernants n’ont rien vu venir. Car l’exercice du pouvoir rend aveugle – ce que l’Histoire aussi confirme. Un aveuglement qui ne manque pas d’interroger sur la nature même du Pouvoir et sur la nécessité d’en inventer une autre forme. On en est là. Et on comprend bien, à cet égard, le peu d’empressement, mêlé de méfiance des Gilets jaunes, du moins les plus lucides, à considérer les manœuvres des divers récupérateurs. À commencer par ce « Grand Débat » promptement annoncé par Macron et si mal embringué. Non seulement à cause des hésitations, contradictions, maladresses des gouvernants, mais aussi du fait des réalités nouvelles : agoras et forums se sont aujourd’hui déplacés sur les fameux réseaux sociaux, pour le meilleur comme pour le pire.
Un homme de lettres • « Vous n’allez pas me faire peur avec votre tee-shirt. » • « La meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler » • « Une gare, c’est un lieu où l’on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien » • « Il faut dans ce pays des jeunes qui ont envie de devenir milliardaires. » • « Je ne céderai rien, ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. « • « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux » • « Le Gaulois réfractaire au changement ! » • À un jeune chômeur qui peine à obtenir un travail : « Je traverse la rue, je vous en trouve ! » • « Les ouvriers GM&S ? Ils feraient mieux d’aller chercher un poste plutôt que de « foutre le bordel » • « Les femmes salariées de Gad, “pour beaucoup, illettrées” » • « Les gens qui pensent que le summum de la lutte c’est les 50 euros d’APL […] ne connaissent pas l’histoire de notre pays ». Ainsi, les cahiers de doléances se retrouvent sur Facebook ; le tiers-état s’y estime hors de la cité (lieu-même de la polis, étendue aux territoires délaissés) et dénonce la verticalité du pouvoir, l’aristocratie de la politique et de l’administration, la technocratie, la presse « vendue ». Emmanuel Macron, par ses maladresses successives, prend le rôle non de Louis XVI mais de Marie-Antoinette, ce qui est pire encore face à un peuple qui se sent méprisé. Sur ce président s’est désormais focalisé un rejet puissant, parfois haineux et empreint de ressentiment, portant sur sa personne même : son langage, ses postures, son côté « gendre idéal », ses piques hautaines, voire méprisantes renforcent une vraie rupture de classe. La mémoire du peuple s’est imprégnée de ses déclarations déplorables, même anciennes, sur le ton « Qu’ils mangent de la brioche ! »[ref]Citation en réalité tirée des Confessions, de Jean-Jacques Rousseau, et attribuée à tort à la reine. Phrase restée dans l’imaginaire collectif ; Marie-Antoinette l’aurait prononcée le 5 octobre 1789, lorsque les Parisiens sont venus se plaindre de l’augmentation du prix du pain sous les fenêtres du roi et de la reine à Versailles. [/ref][ Voir le florilège ci-contre]. Le divorce est donc consommé avec une grande partie du peuple (mot qui ressurgit de plus belle depuis les ronds-points, non sans ambivalence) qui l’exprime en un rejet radical et sans doute irréversible. Jusque-là, en effet, les dirigeants de la Ve République avaient pu, tant bien que mal, traverser leurs propres tempêtes. De Gaulle en statue du commandeur, Pompidou en bougnat lettré, Giscard en aristo poudré, Mitterrand en tonton-sphynx, Chirac en guignol menteur, Hollande en Flamby… Ça se gâte avec Sarkozy, le bling-bling du Fouquet’s et du « casse-toi pauv’ con ! ». L’actuel semble avoir synthétisé le matériel génétique de ses prédécesseurs, alors qu’il s’en était prétendu et présenté comme indemne ! On allait enfin voir ce qu’on allait voir ! Et on a vu : dix-huit mois de dégringolade d’un Bonaparte jupitérien auquel serait à jamais accolé l’étiquette de « président des riches ». Un tatouage fatal – marqué « ISF ».[ref] 25/1/19 : Hier, dans son one-man-show drômois, Macron a martelé qu'il ne reviendrait pas sur l'ISF. Bis repetita…[/ref]
Ses partisans trouveront la condamnation prématurée et fort injuste, masquant une réelle volonté de réforme… Réforme du capitalisme néo-libéral, ça oui, entre les saintes bornes de la Croissance pour toujours plus de profit, de la phobie de la Dette justifiant la casse du Bien commun, les concentrations urbaines (métropolisation) au détriment des territoires ruraux en déshérence, les délocalisations industrielles.[ref]Nouveau concept macronien : l’industrie écologique…, resucée du flop de la « transition énergétique ».[/ref] Vraiment pas chanceux, le fringant Marcheur qui voulait sauter les étapes ! Voilà que le baril d’or noir lui saute à la figure au moment même où il projetait de transvaser de la « transition énergétique » dans 20% d’écologie et 80% de déficit budgétaire… Erreur fatale : la ficelle était trop grosse. Tandis qu’il reste sourd à l’orage qui gronde, Macron, depuis le Portugal, (le samedi 17 novembre, Acte I), prononce une longue homélie d’autosatisfaction sur le concept décalé de « multilatéralisme »…[ref]Ce n'est qu'à la toute fin de son laïus qu'il en vient à évoquer les manifestations des Gilets jaunes. Quant au mulilaté…, je serais curieux de savoir ce qu'y comprend le pékin de base.[/ref]
La mèche était allumée, comme dans le port de Boston, en avant-goût de la révolution américaine. Les maladresses répétées, l’arrogance des tenants du pouvoir drapés dans leur posture républicaine, ont mis à bas la notion de légitimité gouvernementale. On obéit aux lois que si elles sont reconnues comme légitimes. Jupiter ne tient plus la foudre : elle lui tombe sur la tête. La violence comme accoucheuse de l’Histoire. Hélas ! La violence intra-spécifique, à l’intérieur de l’espèce, est un trait de… l’humanité. Comme si l’homo sapiens, n’ayant pas achevé son évolution, ne pensait pas tant que ça, et pas si souvent au-delà de ses intérêts immédiats. Ou bien, rattrapé par ses pulsions animales, il redevient un loup, pour lui-même et ses semblables. Ou bien, pire encore, sous la même emprise, il ne reconnaît plus lesdits semblables. Accoucheuse de l’Histoire, l’actualité nous le prouve chaque jour depuis trois mois maintenant : sans ce déchaînement de violence, les Gilets jaunes n’auraient pas été entendus par les gouvernants. Lesquels, Macron en tête bien sûr, en leur « cédant » en partie, ont de fait légitimé la violence comme partenaire politique. En même temps, ils ont montré et même démontré l’inanité de la politique en tant qu’expression de la séparation : séparation d’avec le peuple, ses conditions de vie, ses besoins, ses aspirations. Le macronisme, qui se voulait autre – en rupture, voire en « disrupture » ! – est apparu au grand jour comme une variante illusoire, seulement prétentieuse, d’un système qu’il se faisait fort de renverser. Dix-huit mois auront suffi à démasquer l’illusionniste ; il n’aura jamais été qu’un autre « pousse-toi de là que je m’y mette ! » Hier encore, sa Lettre ignorait encore le fond revendicatif des « fins de mois », du « pouvoir de vivre » avec le Smic, le chômage, les taxes… Telle apparaît la tricolore violence de l’État : seulement oublieuse, inattentive, voire douce dans sa version bucolique, celle des annonces, des promesses, des « visions » ; puis rugueuse, soudain, lorsque la berceuse ne trompe plus son monde, apparaissant au grand jour. S’ensuivent, au nom de la République, les semonces martiales ; et enfin la répression : matraques, gazages, flash-ball [ref]Le « lanceur de balle de défense » (LBD) est, selon la terminologie de l’administration, une « arme sublétale »… intermédiaire entre la matraque et l’arme de poing. 1 270 LBD-Flash-Ball ont été livrés à la police de 2002 à 2005. Leur usage se trouve aujourd’hui des plus contestés, ayant plus ou moins gravement blessé plusieurs dizaines de personnes. [/ref], blindés, arrestations. Car entretemps, la violence en jaune s’est déchaînée – la violence des « gens de peu », ceux qui n’ont rien à perdre, eux ; ceux d’un autre langage, émanant de la rue, des campagnes, des territoires délaissés par ladite République – cette catin effarouchée, raptée par les « Intouchables » à 300.000 euros, enchaînée par les « experts » hors-sol et assimilés à l’élite. Et le jaune a bruni, rattrapé par les « loups », mêlés au troupeau pacifique pour le noyauter, l’exploiter au bénéfice de leur fonds de commerce : cette vraie violence haineuse, méchante, destructrice autant qu’aveugle. Cette violence des impasses, fermée à tout, sans la moindre lumière, nihiliste. C’est celle-là qui, aujourd’hui, se déchaîne contre les journalistes. Des bêtes de meutes handicapées du cerveau et de la qualité d’humains, n’ayant de langage que la force mortifère. Tel est le territoire restreint des « anti-tout », prompts à casser tout ce qui ne leur ressemble pas. Des pousse-au-crime par qui les foules trahissent le peuple, pour paraphraser Victor Hugo[ref]« Souvent la foule trahit le peuple. »[/ref]. Ces foules qui peuvent passer de la joie simple aux déchaînements haineux, aux lynchages, aux meutes fascistes. Il appartient aux révoltés eux-mêmes, ceux des causes justes, défendables, de se démarquer fermement de cette malfaisance en la dénonçant et en la chassant de ses rangs.[ref]De même, on peut déplorer que les musulmans dits modérés ne se démarquent guère des islamistes.[/ref] C’est à cette condition que les révoltés, aussi déterminés que dignes, éviteront que leur mouvement périsse dans la désapprobation de la population et au grand soulagement du gouvernement.3) De la violence, jaune, brune – ou tricolore
Très intéressante et questionnante synthèse sur la situation ! Je pense en effet que nous ne pourrons pas échapper à une dissolution et à de nouvelles législatives. Avec ce qu’il faudra de proportionnelle pour satisfaire la Le Pen sans pour autant la propulser au delà d’un groupe parlementaire plus important. Ça promet quand même !
Très bon article, très bien écrit, comme toujours.
Je suis malgré tout un peu sceptique sur ta conclusion : “Et le jaune a bruni, rattrapé par les « loups “”. Globalement je ne crois pas que le mouvement des Gilets Jaunes soit rattrapé par ceux que tu appelles “loups” (à tort, car le loup n’est pas un loup pour le loup !). Des débordements, des actes impardonnables de lynchage, il y en aura toujours malheureusement dans un mouvement de révolte mêlé de ressentiment tel que celui-là, mais ce n’est pas ce qui le caractérise fondamentalement. Pour une fois le ressentiment contre plus faible, plus pauvre que soi – les soit-disant assistés – , poussé à son paroxysme par et sous Sarkozy, s’est muté, métamorphosé en révolte, en révolte contre l’injustice et l’incroyable et inadmissible inégalité sociale moderne. La révolte des Gilets Jaunes est avant tout contre les plus riches, les véritables profiteurs, et c’est une très bonne chose qu’il en soit ainsi. En ce sens les forces réactionnaires, bourgeoises, ont déjà perdu une bataille.
Ce qu’a lâché Macron suite au mouvement des Gilets Jaunes, il faut le dire car personne ne le dit, ne concerne pas les plus pauvres, ceux qui sont au RSA, ceux qui n’ont rien, les SDF, les toutes petites retraites, et aussi les Handicapés (car contrairement à ce qui est dit par des gens ou des journaleux n’y connaissant rien l’AAH, l’Allocation Adulte Handicapé, n’a pas été augmentée, vu qu’elle est liée au revenu familial, au revenu du conjoint, comme le RSA d’ailleurs ! Pour que quelque chose change il faudrait avant tout transformer les Allocations Familiales en Revenu de Base individuel). Donc, aucune mesure n’a été faite en faveur des plus pauvres.
Il est quand même quelque chose d’incroyable dans l’humanité : non seulement l’homme est le seul animal qui apprend à ses jeunes à tuer leurs semblables comme le rappelait Théodore Monod, mais c’est la seule espèce dans laquelle certains se goinfrent pendant que d’autres, tout à côté, crèvent de faim, sans que cela gêne le moins du monde ceux qui se goinfrent ni ne limite leur goinfrerie. Aucune espèce animale ne connaît une inégalité comparable à celle de l’humanité dans le capitalisme, chaque jour accentuée. Par nature le capitalisme est l’anti-écologie même.
Article bien écrit mais pas populaire, à mon avis, mais encore (sauf en commentaire approchant différemment ce problème), « Les Pauvres », les vrais pauvres, ceux qui n’ont quasiment plus rien, et ne crient plus, ni ne censurent le travail des vrais journalistes, ne sont pas Gilets Jaunes (qui ont certaines raisons d’être en colère et tort d’en arriver à la violence, tout en laissant dériver les nauséabonds extrémistes.) Peut-être que les GJ ont peur de devenir de vrais pauvres…