Bayer-Monsanto. L’héroïsme du pissenlit, hommage au Grand Résistant
Carnet de montagne. Je pourrais aussi bien écrire « carnet de campagne », saluant ainsi l’émission quotidienne de Philippe Bertrand sur France Inter. Sortant de mon P’tit coin (à vocation quotidienne… et ci-contre, en haut à droite), j’emmène mon chien pour notre hommage (fermement quotidien) à la prairie merveilleuse. En quoi je me suis senti pousser des ailes de naturaliste en herbe (drôle d’oiseau…)
[dropcap]Donc[/dropcap], je venais d’écrire sur l’affreux couple Bayer-Monsanto pour en dénoncer la tare historico-génétique – je me recopie :Par leur satané mariage, Bayer et Monsanto ont engendré le plus monstrueux des rejetons chimico-industriels. Tous deux chargés d’une lourde hérédité. Pour Bayer : gaz Zyklon B pour les chambres à gaz ; trafic d’êtres humains avec achat des déportés du camp d’Auschwitz… Pour Monsanto : l’agent orange pour la guerre du Vietnam ; herbicides, pesticides, Gaucho, Round up, semences OGM… Un rejeton taré, génétiquement appelé à périr – mais Phénix reste à l’affût.
L’emblème de Larousse
La fleur de pissenlit isolée dans un cercle représentatif du globe terrestre, et dispersant les akènes du savoir, ainsi que la devise « Je sème à tout vent », remontent à 1876, quand le dessinateur Émile-Auguste Reiber en fait l'emblème de Larousse, le choix de cette fleur suggérant que le dictionnaire se propose de dispenser une science familière et sans prétention. Associée à la devise, l'allégorie de La semeuse (une nymphe qui a la main droite sur le cœur et qui tient de la main gauche un pissenlit, soufflant sur le pappus) apparaît en 1890 et est due à l'affichiste Eugène Grasset. [Wikipedia]
Le pissenlit, salade des dieux et fleur solaire, abondance de la semence céleste, ancrage profond de la racine terrestre. Comment ne pas s’extasier devant tant de beauté nue ?
Encore appelé dent-de-lion [ref] Cette expression a donné : en anglais dandelion, en italien dente di leone, en catalan dent de lleó, en espagnol diente de león, en portugais dente-de-leão, en gallois dant y llew, en allemand Löwenzahn, en espéranto leontodo, etc. Il existe d'autres appellations régionales, notamment en Franche-Comté : des cramaillots. [/ref]par analogie avec la dentelure de sa feuille, le pissenlit demeure, en français, identifié à ses qualités diurétiques, une affaire de pipi.
On doit aussi – et surtout en ce qui me concerne – le voir sous l’angle du résistant ancien & moderne aux bandits envahisseurs, aux barbares de la légion Round up. Résistant « anti-monsantien » à l’Attila de l’agro-chimie, pour autant il devrait aussi alerter le paysan : bon indicateur de prairies riches tant que la plante n'est pas dominante, mais révélateur d'aggravation des engorgements lorsqu'elle explose. Donc, ami de la terre, gaffe aux engrais et aux épandages de lisier !
Tant qu’il y aura des pissenlits… Et peut-être nous survivront-ils, si nous ne les avons pas tous bouffés… par la racine.
Détail croustillant : le Zyklon B de Bayer a été mis au point par quelques chimistes dont Fritz Haber (prix Nobel de chimie en… 1918, pour des travaux sur la synthèse de l’ammoniac, bien utile pour fabriquer des explosifs, entre autres). Haber avait déjà bien aidé sa patrie allemande en mettant au point le chlore utilisé pendant la Grande Guerre pour gazer nos grands-pères (j’ai 73 ans). Sa fragile épouse Clara également chimiste, qui lui reprochait ses manquements quant à l’éthique scientifique, se suicida de désespoir.
Haber était juif, du moins selon les critères raciaux nazis, et réussit à émigrer pour aller mourir en Suisse en 1934. J’imagine quelle aurait été sa dernière pensée si, n’ayant pu fuir, il s’était retrouvé dans une chambre à gaz…
Tant d’érudition sur le pissenlit, c’est formidable ! Par contre, tu ne dis rien sur la présence ou non des abeilles en Champsaur, car le pissenlit est une plante très mellifère !
Tu as raison : pas d’abeilles dans mon propos, alors que j’aurais dû parler de leur rareté apparente. Comme si j’avais intégré cette rareté dans la réalité « naturelle »… En fait, discutant avec un apiculteur sur le marché de Saint-Bonnet, celui-ci m’a dit ne pas constater de problèmes flagrants avec les abeilles, du moins dans leur territoire (le Champsaur), qui n’est pas vraiment touché par l’agriculture chimico-industrielle. En revanche, il s’attend à la montée prochaine du frelon asiatique. Les autres grands absents constatés, hélas, ce sont les papillons…
En effet ! C’est qu’il y avait peu d’abeilles en vue, et le fait que j’ai dû intégrer cette triste réalité comme « naturelle »… En fait, discutant sur le marché de Saint-Bonnet, avec un apiculteur local, selon lui il n’y a pas de problème majeur, le Champsaur n’étant pas trop livré à l’agriculture chmico-industrielle. Il redoute davantage l’arrivée prochaine du frelon asiatique.