Giscard, le chasseur aux 50 éléphants
[dropcap]Giscard[/dropcap], s’il faut encore en parler après les flots médiatiques. Tout ayant été dit ou montré. Enfin presque. Ne pas trop gâcher le portrait en pied. L'aristo-bourgeois avait acquis quelques lettres de noblesse… en politique, certes, et plus encore en matière immobilière – voyez l’ampleur de son patrimoine sur Wikipédia. Ne chipotons pas… « C’était un homme simple », comme disent les gens simples, peu regardants sur l’orgueil des grands modestes. De même, lui chercher des poux sur une affaire de diamants serait mesquin – il les a payés fort cher, au prix de sa non-réélection – , passons. Mais le chasseur « au gros » – qui se voulait contre la peine de mort[ref]Mais avait refusé de gracier Christian Ranucci.[/ref]–, là, ça ne passe pas à mes yeux amoureux de la nature et de ses merveilles, en particulier les animaux. Voyons :
« Grand amateur de chasse, Valéry Giscard d'Estaing participait notamment aux chasses présidentielles quand le général de Gaulle était chef de l'État. Il a pris part à de nombreux safaris en Afrique et sera même cité dans le Rowland Ward, livre des records des grands chasseurs. On estime qu'il a tué une cinquantaine d'éléphants.[ref]Patrick Pesnot, Les Dessous de la Françafrique, Nouveau Monde Éditions, 2008.[/ref] » [Wikipédia].
Alors voilà : un chasseur de ce type, pour moi, ne peut être foncièrement bon[ref]W. C. Fields :« Un homme qui n’aime pas les enfants et les chiens ne peut être foncièrement mauvais ! »[/ref]. Je veux bien lui passer tout le reste, au titre de la condition d’homme, c’est-à-dire pétri de ses manques, contradictions, faiblesses, mais pas cette abomination.[ref]VGE a toutefois eu la chance d'échapper sur ce chapitre à la vindicte populaire, à l'instar de Juan Carlos, adepte des mêmes pratiques et lieux de divertissement.[/ref] GP
Un beau tableau
[dropcap]Féru[/dropcap] de chasse, Valéry Giscard d’Estaing la pratiquait chez lui, en Auvergne, mais aussi à Rambouillet et à l’international. Sur une photo daté de 1967, publiée par Paris Match, on le voit dans la neige de sa propriété de Chanonat, dans le Puy-de-Dôme. L’inspecteur des finances, comme on sait grand amateur du continent africain, s’y rendait régulièrement pour des parties de chasse en compagnie de chefs d’Etat, dont l’Empereur de Centrafrique, Jean-Bedel Bokassa. Dans un dossier du Canard enchaîné retrouvé sur Internet - et malheureusement non daté - sur le blog d'un opposant à la chasse, on apprend d’ailleurs que les deux hommes étaient “Membres d’honneur” de la Maison de la chasse et de la nature, un “club très fermé”.
On y lit aussi que Valéry Giscard d’Estaing s’adonnait à la chasse au moins deux fois par semaine en France, notamment sur les terres de chasse présidentielle, à Marly, Chambord ou Rambouillet. De (très) grandes parties de chasse, à en croire le chiffrage des bêtes tuées à ces occasions : 140 sangliers auraient ainsi été abattus lors d’une de ces parties à Chambord, lors de la saison 1975-1976, et même “893 pièces à Marly, le 3 novembre 1976”, écrit le Canard enchaîné.
Mais Giscard a aussi chassé le bison en Pologne (fin septembre 78), le mouflon au Tibet (les 19 et 20 octobre 1980), l’ours en URSS … L’article du Canard fourmille d’anecdotes au sujet de ces chasses. Ainsi, sur l’ours soviétique : Janvier 1964. Invité par Khrouchtchev, l'alors ministre des Finances demande à tirer un ours. C'est la période d'hibernation ? N'importe : on enfume la tanière, l'animal sort en bâillant et pan ! Giscard le fusille courageusement.
Ou sur le bison polonais : VGE avait bêtement oublié ses armes à Paris. Elles lui furent apportées par un Mystère 20 du GLAM (Groupe de liaisons aériennes ministérielles).
Une passion dévorante qui a d’ailleurs valu au président de la république d’être qualifié de “viandard” par un garde-chasse cité par l’hebdomadaire satirique. Il fut le dernier président de la République à s’adonner aux chasses présidentielles, qui furent définitivement abandonnées par… Nicolas Sarkozy. [D’après Le Lab politique]
Que restera-t-il de lui d’essentiel, sinon qu’il fut l’artisan de l’islamisation de la France avec le Regroupement Familial (qu’il regretta plus tard du bout des lèvres – sic – ce qui fait douter de sa capacité de vision d’homme d’état) ? Cette monstrueuse erreur risque d’effacer tout le reste, y compris l’IVG.
Pour le regroupement familial on peut penser que c’était une erreur, un manque de vision à long terme dus à sa générosité, mais ces parties de chasse !
Ça on ne peut pas lui pardonner.
Une abomination, une horreur.
Très bien ton article sur Giscard le chasseur !
J’espère que les pachydermes l’attendent.
Ils ont une proverbiale mémoire d’éléphants !
Oui, bien vu ! On pourrait étendre le sujet aux « actifs » détenus par les différents Giscard en Afrique. Comme quoi les affaires et le pouvoir restent fortement liés
Toute la perversité de cette Noblesse « Républicaine ».
Il faut savoir choisir ses amis. Internet, qui a de la mémoire, nous rappelle que Giscard, dont le septennat vit le retour en grâce politique de la partie de la droite honteuse des années de l’occupation eut pour ministre du budget de 1978 à 1981 un certain Maurice Papon adepte d’un autre genre de chasse : celle aux Juifs sous le régime de Vichy et aux Algériens vingt ans plus tard. Il avait eut, en effet, la mauvaise idée de lancer un contrôle fiscal contre le Canard Enchaîné qui exhuma ces cadavres oubliés d’un placard rempli à ras-bord. Et l’on sait que la justice prit tout son temps pour le condamner en 1998 à 10 ans de réclusion pour complicité de crime contre l’humanité.
J’ai été rabatteur à Rambouillet, militaire en 1974, sous Giscard, nous avions été réquisitionnés, les cages de faisans étaient cachées par des branchages dans des champs de maïs, ne servant que pour ça, un grillage de 60 cm était installé non loin du chemin où devait se tenir les « tireurs ». Ordre était donné de ne pas discuter avec les invités au cas où ils auraient été aimables avec nous et surtout ne pas dévoiler l’histoire des cages et du grillage. Nous devions ratisser le champ de maïs en tapant sur les tiges de maïs , je refusais comme d’autres de taper, les cages étaient ouvertes, les faisans nous fuyaient mollement, on pouvait les attraper en imitant un goal.
Arrivés au grillage , ils étaient obligés de s’envoler et plus haut sur le chemin les « tireurs » tiraient, certains étaient pas vraiment tireurs , nous nous demandions si nous n’allions pas prendre du plomb car ils ne nous voyaient pas. Un copain avait pris un pain de maïs, l’avait légèrement épluché, les feuilles en arrière et l’avait lancé, un invité avait canardé ce faux faisan, le copain a eu sa permission supprimé. Rigolade néanmoins ! Les faisans plus malins faisaient demi-tour, le garde à l’arrière les canardait ! En revenant à la maison le lundi je tombe sur un article du journal local où le journaliste expliquait exactement ce que j’avais vécu, sauf qu’il nous parlait des chasses royales du 18eme siècle aujourd’hui révolues ! G Lafaille avait fait une chanson « l’éléphant et le président »
Merci Mario pour cet intéressant témoignage sur la chasse aristo vue et vécue depuis les coulisses !