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La COP-21 et la voiture qui mène les peuples en bateau (fable moderne sur la fin de l’humanité)

Pépère va régulièrement faire ses dévotions écologiques en déposant son obole ordurière dans des tabernacles mochetingues placés sur le trottoir. Un jour une boutanche, un autre quelques poignées de papier journal, de celui qu’il prend encore en fin de semaine, pour les programmes télé. Parfois, il croise Mémère et son teckel en manteau, venus aussi célébrer à leurs manières – elle ses maigres déchets, lui sa modeste crotte – cette messe à peu près généralisée à force d’arguments culpabilisants.

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Une civilisation des déchets en quête de survie. © gp

Mais hier a éclaté le scandale VW, "Das Auto". Et la COP-21 qui nous attend, cette vingt et unième « conférences des parties », va désormais nous apparaître comme un aimable concert sponsorisé par Volkswagen. Au programme, des airs de violon et pas mal de pipeau, des œuvres ringardes cataloguées à la façon des pièces de Bach, cette fois sous le préfixe VW.

La catastrophe n’est pas tant pour VW, mais bien plutôt, bien plus rudement pour le climat planétaire et ses conséquences humaines. Comment, en effet, parvenir dorénavant à persuader « les peuples » de l’urgence extrême de la diminution – impérieuse, drastique – des gaz à effet de serre ? Comment ne pas rendre dérisoires nos « petits gestes » de prétendus « sauveteurs de la planète » (merci pour elle, qui se démerdera, fût-ce au bout de milliers d’années, voire de millions), tandis que les principaux fauteurs de l’asphyxie climatique – les fabricants de bagnoles abusant leurs utilisateurs – ajoutent de la fraude au poison ?!

Les conséquences de cette affaire de logiciel menteur sont doublement graves : d'abord en tant qu’escroquerie (éthique mais aussi marchande et trébuchante), ensuite parce qu’elles vont détourner les « usagers » de la Terre – ses habitants, nous autres pauvres Terriens – des réels enjeux climatiques et catastrophiques. À quoi bon mes gestes pieux quand d’autres se gaussent et se goinfrent sans vergogne !

Je viens de finir un bouquin formidable ; il date de 2006 et m’avait alors échappé. Par un coup du hasard, chez un bouquiniste, il m’a tendu les bras et son titre un rien provocant : L’Humanité disparaîtra, bon débarras ! C’est un pamphlet aussi implacable que documenté et sacrément envoyé. Yves Paccalet, son auteur, est philosophe et naturaliste – bel alliage – et a fait partie de l’équipe sous-marine de Cousteau (ce qui ne garantit rien… Voir ici…) Tout est bon là-dedans, rien à jeter. Florilège :

Paccalet« L’homme est une espèce jetable, à l’image de la civilisation qu’il a inventée. » À l’origine du Malheur : la démographie galopante, suicidaire. De 1945 à 2025, en quatre-vingts ans, la population de la Terre aura doublé, passant de quatre à huit milliards d’habitants. « Pour le médecin, une population excessive de cellules prend le nom de “tumeur”. Si le processus de multiplication s’emballe, la tumeur devient maligne : on a affaire à un cancer. » […] « Nous envahissons, nous dévastons, nous salissons l’air, l’eau, l’humus fertile, les mers, les prairies, les forêts, les marais, les montagnes, les déserts et les pôles ; demain la Lune et la planète Mars.… Nous produisons des quantités phénoménales de déchets. Nous menons à l’agonie Gaïa, le super organisme qui nous inclut. Du même coup, nous nous précipitons dans le néant. » […] « L’homme est le cancer de la Terre. Cette formule choquera les âmes sensibles ; mais peu me chaut d’offusquer les “humanistes” qui ont des yeux pour ne pas voir et un cerveau pour imaginer que Dieu les a conçus afin qu’ils passent leur éternité à chanter des cantiques au paradis ou à cuire en enfer. Si Dieu existe, il nous a faits pour s’amuser, comme nous fabriquons nos programmes de télévision, nos OGM et nos armes de destruction massive. À la fin, c’est toujours la catastrophe. »

Je saute quelques pages pour arriver à cette saillie (Ô Wilhelm Reich et sa Psychologie de masse du fascisme !) : « L’espèce humaine est affreuse, bête et méchante. Nous avons tous en nous quelque chose d’un peu nazi. […] Je cherche l’humanité au fond de l’homme : je n’y vois que la moustache d’Hitler. »[*] Provocateur ? Oui, nécessairement. Et je passe ici sur l’argumentaire, je ne vais pas recopier tout le bouquin. Tâchez de vous le procurer, il est salutaire et clairvoyant, dix ans avant la COP-21 qu’il devance largement avec ses conclusions radicales sous la forme de Treize bonnes raisons de mourir, car « la pédagogie de l’environnement n’existe pas ou ne sert à rien : l’humanité est condamnée. »

L’énumération des Treize catastrophes qui nous guettent (notez le fatidique « 13 ») semble implacable. Je crois aussi qu’elle l’est. Mais on est tout de même tenté de reprendre à notre compte le mot de la comtesse du Barry sous le tranchant de la guillotine :  «Encore un moment, monsieur le bourreau ! » 

  • Yves Paccalet, L’Humanité disparaîtra, bon débarras !, 191 p. Essai. J’ai lu.
  • [*] Histoire d'atteindre le Point Godwin, je rappelle que Das Auto, la Voiture du peuple, a vu le jour dans les années trente, en Allemagne nazie, selon les souhaits d'Hitler.
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Gerard Ponthieu

Journaliste, écrivain. Retraité mais pas inactif. Blogueur depuis 2004.

5 réflexions sur “La <span class="caps">COP-<span class="numbers">21</span></span> et la voiture qui mène les peuples en bateau (fable moderne sur la fin de l’humanité)

  • Pour WV ça ne m’é­tonne pas du tout…
    Ils feraient n’im­porte quoi pour vendre.
    Si l’on inflige des sanc­tions au groupe ils licen­cie­ront et le peuple paie­ra l’addition des mons­trueux cré­tins qui dirigent WV, cré­tins qui, bien sûr, ne savaient rien…

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  • faber

    Encore une jour­née qui s’an­nonce bien ! On com­mence à les compter.

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  • Gian

    Et dire que le Combi VW a été, aux USA comme ici, le sym­bole du road movie hyp­pie… Reste que les US vont reprendre les rênes de la bagnole mon­diale, Detroit va res­sus­ci­ter, et pour ce qui est de das Auto, la deutsche Qualität nous ramène à la Trabant. Quant à Paccalet, que j’a­vais lu en son temps, il est actua­li­sé par Onfray, s’a­dres­sant aux jeunes gens : « Sachez mou­rir avec digni­té, comme l’y invi­tait l’or­chestre du Titanic ».
    La ques­tion se pose : pour­quoi payer encore des impôts, des loyers, payer tout court ? C’est alors qu’on croit encore que le temps de pour­suite judi­ciaire pour le juge­ment et le recou­vre­ment est infé­rieur à ce qui nous reste à (sur)vivre !

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    • Précision quant à ma « phi­lo­so­phie finale » (je ne dis pas « solu­tion » !) : si nous devons être sauve, je crois que ce sera par l’hu­mour. Jacques Vaché, un dadaïste proche de Breton, écri­vait « umour », sans h, comme amour. (Parce que hamour…). Et, mer­ci gogol, je viens de retrou­ver ceci dans une lettre à André Breton, une sorte de défi­ni­tion de lumour donc :  » Je crois que c’est une sen­sa­tion — J’allais presque dire un SENS — aus­si — de l’i­nu­ti­li­té théâ­trale (et sans joie) de tout. » À peu près aus­si nihi­liste que mon papier sur l’a­ve­nir de l’hu­ma­ni­té « climatisée ».
      Résumé : mer­ci pour ce superbe clin d’oeil – mais je garde encore tout pour le moment.
      PS – « Avant la faim » : lap­sus ou voulu ?

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