C de coeur, C de gueule

Ses Bonshommes à la rue, Faber a le bourdon

Sortie de case ! par André Faber

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Quand je me levais à 4 heures du mat', quand j'étais pauvre comme job, quand je bossais en usine, à vélo et tout, j'étais plus bon à rien ! Même plus bon à baiser, même lavé plusieurs fois, même aimé pourquoi pas, je valais pas un clou. Je faisais des boîtes de vitesse pour des machines agricoles sur une fraiseuse. Je prenais la pièce lourde comme un tank et je ne sais trop comment, j'avais chopé le coup et hop, je la balançais sur la machine. J'allais vite. Et le bruit de la fraise faisait toujours la même mélodie et je remplaçais cette mélodie par des mots du genre "mais vas-y", "sauve-toi de là", "t'es pas foutu", tout ça dans ma tête bien sûr et petit à petit cela devenait hypnotique et j'étais quasiment en transe et c'est dans cet état second que... Tadadam. J'ai vu ces personnages que je dessine maintenant. Des bonshommes tout simples avec trois quatre traits, quelque chose de mécanique, un mec assis avec un journal, et qui pense et dit des trucs sur la vie, de la philosophie de supermarché en trois vignettes comme on voit dans les journaux. Je voulais faire ce truc et que les autres le lisent un jour dans le journal. Que secrètement je dessine ces histoires dans mon grenier tandis que les "autres" le liraient. Et secrètement toujours, je serais en communion avec "les gens" que je ferais sourire, des gens qui boiraient le café le matin en posant leur tasse sur mes dessins, des gens qui emballeraient le poisson là-dedans, des bureaucrates, des secrétaires, des gros, des maigres, des malades, des chauffeurs de bus, bref toute une humanité et je serais le lien entre tous ces gens sans qu'ils le sachent. Même des gens qui allument leur barbecue, même des qui font des chapeaux en papier avec leur journal ! J'aurais une responsabilité en quelque sorte. C'est comme ça que j'ai arrêté la mécanique...
Quinze années de parution hebdomadaire dans Le Républicain lorrain interrompue ce matin because j’ai le malheur de bouger mon crayon pour La Semaine un nouvel hebdo local qui tente de faire sa place. C’est un péché mortel ici en Moselle. Mais qu’on se rassure. Je ne retournerai pas en usine, d’ailleurs même que je voudrais, y en a plus. Paraît que le dessin est de retour, j’ai lu ça dans la presse… nationale.

22faber→ On peut @dresser un p'tit coup de remontant à andre.faber@wanadoo.fr ou bien ci-dessous dans les commentaires, pour en faire profiter tout le monde.

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Une réflexion sur “Ses Bonshommes à la rue, Faber a le bourdon

  • J’ai été contac­tée par l’heb­do « La semaine » pour un article sur les blogs, et j’a­voue que je soup­con­nais même pas l’exis­tence de ce canard local. et plus du coup je l’ai ache­té, et au final je le trouve plu­tot pas mal et effi­cace. je me suis un peu ren­sei­gnée des­sus, et je remarque que le tou­tin­fo un peu light dis­tri­bué dans la rue est en fait une riposte à cet heb­do­ma­dire. puis je vois l’illus­tra­tion du dit ‑article, je vois « Faber » et je me dis « oh c’est le des­si­na­teur des bon­hommes » et bam je tombe ici. et je savais que l’é­quipe du replo était des c*ns, mais bon là on en a la confirmation.
    bonne conti­nua­tion en tout cas, je fai­sais par­tie de la majo­ri­té silen­cieuse qui, quand elle n’a pas le temps le matin, ne lit QUE les strips et la météo 🙂

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